Auteur : Isa (silencebleuvoila.fr)

Base : Final Fantasy VIII

Genre : Suite du jeu, sérieux. (Ma vision des personnages (OOC))

Couple : SxS

Les personnages et le monde de FFVIII ne m'appartiennent pas, je ne fais que jouer avec eux

Grand merci à mon sapin pour avoir pris de son temps pour corriger une fic tirée d'un univers qu'elle ne connaissait même pas. KOUIK !

Sapin : fffffff

Toujours avec toi

PART 1

Linoa fixa la lourde porte en fer qui la séparait du bureau du nouveau chef des Seeds. Elle tentait de trouver le courage pour passer le seuil mais le regard glacial de Squall lui donnait parfois des sueurs froides. Contrairement à tout ce qui aurait pu se produire après la fin de la guerre, elle n'aurait jamais pensé que le jeune homme se renfermerait ainsi, redevenant encore plus taciturne et solitaire que jamais. D'ailleurs ce travail lui convenait parfaitement, aucun contact avec les autres, juste des ordres et des rapports de missions.

Elle soupira ; aujourd'hui elle devait le faire. Elle devait à tout prix parler avec lui. Il devait faire quelque chose, lui seul pourrait remettre les choses en place. Il le fallait, pour elle, pour lui.

Elle sursauta quand la porte s'ouvrit et qu'elle se retrouva nez à nez avec Irvine Kinneas. L'homme portait son éternel chapeau de cow-boy et avait son sourire amusé aux lèvres.

« Tiens, on dirait la princesse. Tu viens voir Squall ? ».

Elle hocha de la tête en faisant un pâle sourire.

« Tu as de la chance, il est de bonne humeur ».

Il lui donna une petite tape encourageante dans le dos et pénétra dans l'ascenseur. Il lui fit encore un signe puis disparut. Elle aimait beaucoup la présence rassurante de cet homme, malgré son air de play-boy, il prenait toujours soin des autres et en particulier de Selphy. D'ailleurs le couple avait annoncé leur futur mariage et elle était ravie pour la jeune femme. Elle seule était capable de le tenir et ils allaient si bien ensemble.

Elle revint au moment présent et regarda une nouvelle fois la grande porte. Prenant son courage à deux mains, elle fit les pas qu'elle n'osait pas faire depuis plus d'une semaine maintenant.

Le bureau restait le même que dans son souvenir. Seul l'occupant de la pièce avait changé. Cid avait décidé de laisser les rênes à la personne la plus capable et Squall s'était vu propulsé, sans grande surprise, à la tête des mercenaires.

Il était penché sur une pile de rapports de mission, à moins que ce ne soit des demandes de missions, elle l'ignorait.

Elle s'approcha de la large table en silence et s'assit sur l'un des deux sièges confortables en face de lui. Il ne releva pas la tête continuant à lire avec attention le dossier qu'il avait sous les yeux. Son sérieux était légendaire et il n'avait pas changé de ce côté là. Elle eut un petit sursaut quand la voix grave s'éleva d'un ton brusque :

« Quoi ? ».

Elle ne répondit pas, attendant qu'il daigne vouloir lever les yeux vers elle. Ce qu'il fit peu après. Il la fixa avec surprise et demanda aussitôt :

« Linoa ? Que veux-tu? Il y a un problème?".

Elle sourit devant le regard gris légèrement inquiet. Même s'il était redevenu assez froid, il lui montrait toujours une forte considération. Et elle l'aimait pour cela. Squall était un vrai soldat, solitaire et autosuffisant. Une femme ne ferait que le rendre incertain et c'était l'une des raisons pour laquelle elle avait stoppé leur relation. Elle ne regrettait pas même si elle aurait aimé finir ses jours près de lui. Sa gentillesse et son attention lui manquaient parfois. Mais elle n'était pas la bonne personne pour lui. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour le réaliser.

Elle acquiesça à sa question et le fixa toujours quand il se leva.

"Asseyons-nous là-bas".

Elle tourna la tête vers un confortable sofa puis la secoua.

"Non, je suis venue voir le chef des Seeds, pas Squall".

Il ouvrit la bouche puis se réinstalla en acquiescant. Il posa ses coudes sur la table et joignit ses mains devant lui.

"Très bien. Je t'écoute".

XOXOX

Squall ferma les yeux et se leva. Vingt et une heures venaient de sonner et il n'était parvenu à effectuer que le tiers du travail qu'il s'était imposé au matin. L'une des principales raisons de sa déconcentration était la visite de Linoa. C'était la première fois qu'elle s'adressait à lui par la voie hiérarchique et ce qu'elle lui avait demandé ne cessait d'aller et venir dans sa tête. Il savait qu'il aurait dû intervenir plus tôt, ne pas attendre qu'elle vienne le supplier de faire quelque chose. Mais il était un être humain comme les autres, avec ses propres peurs et inquiétudes. Or ce qu'elle lui demandait était sa principale frayeur, la plus secrète, la plus profonde. Il soupira et s'approcha de sa fenêtre. Son bureau étant au troisième étage de l'université, il avait une vue d'ensemble sur tous les bâtiments ainsi que sur l'horizon. Le soleil disparaissait à l'Ouest, peignant de couleurs sombres la mer. Il pouvait apercevoir les animaux nocturnes commençant à sortir des forêts et de leurs grottes. Au loin, la cave où reposait Effrit rejetait par intermittence une fumée noire, montrant que son propriétaire était revenu chez lui. Il serra les poings et murmura:

"Je vais le faire, il faut que je fasse quelque chose".

Il attrapa sa Gunblade suspendue à un crochet au mur et se dirigea vers la sortie. Il prit la direction des dortoirs sans hésitation. Arrivé devant le branchement menant vers les dortoirs des étudiants et celui des Seeds, une boule d'angoisse se forma dans sa gorge. Heureusement pour lui, à cette heure-ci les couloirs étaient quasiment vides. Afin d'instaurer le plus de discipline que possible, il avait décidé de conserver le couvre feu.

Il se laissa aller contre un mur et fixa les deux couloirs. Son cœur manqua un battement : il ne savait même pas quel côté il devait prendre. Il avait laissé la décision à Quisty de lui trouver une chambre et ne s'en était plus préoccupé, jusqu'à aujourd'hui. Mais connaissant Quisty et son infaillible sens des responsabilités, il prit la direction du quartier des Seeds. Il inspecta chaque nom et parvint finalement devant la porte qu'il recherchait. A sa grande surprise, ce n'était pas une chambre isolée des autres, mais tout de même placée entre celle de son instructrice et de Zell.

Il prit un grand bol d'air et allait frapper quand une voix s'éleva derrière lui:

"Vous ne le trouverez pas là à cette heure-ci".

Il se détourna pour croiser un regard émeraude qui le fixait avec curiosité. La jeune femme auquel il appartenait était une fraîche recrue qui avait obtenu son diplôme avec succès. Il lui fit un petit sourire.

"Et où est-il alors?".

"Il passe beaucoup de temps dans la serre, vu que c'est le seul endroit où l'on peut être après le couvre-feu".

Dans la serre, oui évidemment. Lui aussi se serait sans doute réfugié ici, s'il n'avait pas eu un bureau pour lui seul. Il hocha de la tête et la remercia avant de prendre la direction du lieu où il le trouverait certainement. Il sentit le regard le suivre jusqu'à ce qu'il tourne au coin du couloir. Cela ne le préoccupait pas, mais il était quand même un peu étonné qu'une personne connaisse ses habitudes.

Il pénétra dans l'humidité de la serre de combat et écouta avec attention les bruits qui résonnaient. Aucun son de combat ne lui parvenait, alors il s'avança vers la zone secrète évitant avec l'habitude propre aux combattants émérites les quelques monstres qu'il croisait. Il aperçut effectivement une personne appuyée contre la rambarde donnant sur les jardins de l'université. Elle lui tournait le dos mais il pouvait facilement deviner que c'était bien la personne qu'il cherchait à cause de la chevelure blonde qui méritait, d'ailleurs, un sérieux coup de ciseaux. Etait-ce du laisser aller ? Ou bien une envie de changer ?

Il s'approcha en silence, observant les moindres gestes de l'homme face à lui. Il avait une cigarette à la main et restait la tête relevée vers le ciel qui s'assombrissait, contemplant sans doute les premières étoiles qui apparaissaient. La cigarette n'était nullement une surprise pour lui. Il savait qu'il ne les fumait pas en entières. D'ailleurs il s'était toujours demandé pourquoi il fumait. Il sursauta quand sa voix s'éleva sans prévenir :

« Qu'est-ce que tu veux ? ».

Squall le regarda se tourner vers lui. Le regard si clair reflétait la désinvolture comme s'il l'invitait à le réprimander d'être là. La lueur taquine qu'il lui avait toujours connue avait pourtant disparue, seul le vide apparaissait dans ces émeraudes. Il ne souriait pas comme il en avait l'habitude et le fixait de la même façon que lui-même. Ils s'étaient toujours dévisagés ainsi, mais il manquait quelque chose, une petite étincelle qui faisait qu'ils se comprenaient, qu'ils étaient rivaux. Comme il l'avait remarqué par derrière, ses cheveux avaient poussé, une frange de quelques centimètres recouvrait son front, et des mèches plus longues cachaient -volontairement?- sa cicatrice entre les deux yeux.

Squall s'approcha de lui et s'accouda à la rambarde. Il lui prit la cigarette des mains et l'écrasa dans un cendrier présent sur le rebord. D'une voix qu'il voulut la plus neutre possible, il demanda :

"Que fais-tu ici?".

Seifer reprit sa position initiale et releva les yeux vers le ciel, ne répondant pas immédiatement.

Etant plus près de lui, Squall pouvait voir que le blond avait dû se battre. Son uniforme était mouillé et quelques marques de sang, - son sang? - s'étalaient ici et là. Par contre, il ne voyait pas d'arme, s'était-il battu à mains nues ?

Cette proximité, cela faisait si longtemps. Pourquoi avait-il attendu? A cause de cette peur profonde? Un désir inquiétant s'installa en lui et il le chassa d'un mouvement de tête.

"C'est tranquille...".

Squall rouvrit les yeux qu'il avait momentanément fermés et acquiesça. Le ton s'était fait plus doux. Il devinait que le chevalier devait toujours être sur ses gardes, ne parlant que quand cela était nécessaire, se méfiant de tout. Même s'il avait été déclaré innocent de ses précédentes actions, il n'en restait pas moins une personne dangereuse, à éviter. Et Squall était le premier à ne pas vouloir le voir. Pourtant ses états de services étaient parfaits, depuis le début aucune insubordination n'avait été déclarée. Il ne lui confiait que des missions simples et il avait tort. Seifer était du même niveau que lui, mais...Il avait eu peur, encore une fois. Peur de redevoir se battre pour une raison stupide.

Inconsciemment, il bougea de quelques centimètres afin que son coude touche celui de Seifer. Un contact éphémère mais qui prouvait qu'ils étaient bien là, l'un près de l'autre. Le blond ne bougea pas, mais pourtant il le sentit se tendre. L'air autour d'eux avait subtilement changé. L'envie revint en force, mais il l'ignora.

"Que veux-tu?".

Ce qu'il voulait? Squall ne le savait même pas. Il était venu le voir sur la demande de Linoa qui lui avait dit que Seifer allait mal. Et il n'avait quasiment pas hésité à venir, alors qu'il l'avait évité depuis plus de six mois. Ne le croisant que de temps en temps au détour d'un couloir et ne lui adressant jamais la parole. Quisty servait d'intermédiaire pour les rapports de mission.

Alors, pourquoi était-il là, près de lui? Son estomac se noua. La réponse était évidente : il avait toujours souhaité être près de lui.

"Comment as-tu su que c'était moi?".

"Les étudiants font un vacarme pas possible et détalent comme des lapins quand ils me voient. Les Seeds ne viennent quasiment jamais la nuit. Je n'ai pas entendu de bruit de combat et mis à part ton groupe je ne vois personne capable de ne pas faire de bruit en venant jusqu'ici".

Squall fit un sourire et hocha de la tête. Il ferma les yeux, son envie ne disparaissait pas et il devait faire quelque chose pour y remédier.

"Pourquoi souris-tu?".

Squall se mordit les lèvres puis prit sa décision. Il se détacha de la rambarde et prit un visage sérieux. Celui qu'il avait toujours pour impressionner ses hommes. Pas qu'il voulait se montrer ainsi devant Seifer mais c'était plus une habitude.

"Viens avec moi".

Il ne prit pas la peine d'attendre un commentaire et se dirigea vers la sortie. Il évita à nouveau sans difficultés les créatures habitantes de la serre et stoppa à la sortie de celle-ci. Seifer l'avait suivi et ils se fixèrent. Le blond avait maintenant un regard curieux, plus vivant qu'auparavant. Ce fait ne fit qu'empirer ce désir qui s'était installé plus tôt et il se remit rapidement en marche. Il prit la direction de son bureau. Ce serait l'endroit le plus simple et le plus stratégique pour faire ce qu'il voulait faire. Ils montèrent dans l'élévateur en silence puis pénétrèrent dans le bureau du chef des Seeds. Il s'installa immédiatement à sa place habituelle et fit signe à Seifer de s'asseoir en face de lui. Le chevalier arborait toujours un visage étonné et fit ce qu'il lui était demandé.

Squall sortit de son tiroir plusieurs piles de dossiers. Il en fit cinq tas qu'il répartit devant lui.

"Sais-tu ce que c'est?".

Le blond fronça des sourcils et répondit:

"Des missions?".

Squall acquiesça et montra la première pile, la plus élevée.

"Ce sont les missions de niveau un. Pour les débutants Seeds et parfois les étudiants. Elles ne demandentque très peu des capacités combattantes et sont surtout diplomatiques".

Il montra ensuite les deux piles suivantes qui diminuaient en taille.

"Missions d'ordre deux et trois. Demandent plus de capacités. Le combat est envisageable et souvent présent. Je les confie à mes Seeds de plus de trois années d'expérience".

Le quatrième tas présentait moitié moins que le précèdent.

"Ordre quatre. Pour les vétérans et les Seeds ayant des capacités exceptionnelles. Et enfin les missions spéciales".

Une seule feuille se trouvait là.

"Je m'en occupe personnellement ou un membre de mon groupe comme tu les as appelé".

Seifer hocha de la tête. Il ne devait pas comprendre où il voulait en venir.

"Sais-tu quelgenre de missions je t'ai confié jusqu'à présent?".

Le blond ouvrit la bouche pour la fermer aussitôt. Ses joues prirent une teinte plus pâle. Il acquiesça sans répondre et montra du doigt la première pile.

"C'est exacte. Sais-tu pourquoi?".

Seifer baissa les yeux. Squall vit ses mains trembler légèrement. Il se rendit alors compte qu'il était en train de lui faire du mal. La voix qui lui répondit confirma ses doutes, une voix rauque, brisée.

"Je...Je ne suis pas apte à en faire d'autre".

Ce n'était évidemment pas la bonne réponse. Mais Squall ne démentit pas. Les émeraudes se replacèrent sur lui. Il voyait avec stupeur que Seifer devait faire des efforts pour rester de marbre. Ses yeux brillaient comme prêts à verser des larmes trop longtemps retenues.

Oui, Linoa avait raison, il allait mal, très mal. Qui aurait pu imaginer le chevalier de la sorcière, l'une des personnes les plus puissantes au monde, montrer un tel signe de faiblesse? Pas lui en tous cas.

"Seifer...".

"Quoi?".

Le ton s'était fait brusque. Il devait l'avoir retranché dans ses dernières défenses. Et ses protections s'étaient craquelées.

"Que veux-tu? Me montrer à quel point j'ai eu tort?".

Les yeux verts reflétaient toujours l'angoisse mais une lueur de colère s'y était mêlée. Squall secoua la tête.

"Je crois qu'il y a longtemps que tu l'as compris. Je suis désolé".

La surprise remplaça la colère et Seifer secoua la tête à son tour.

"Je ne vois pas pourquoi. C'est moi qui devrait l'être".

"Parce que je n'ai pas réagi avant. Et que je t'ai laissé évolué ainsi. J'avais...Peur".

Squall ne détourna pas les yeux en prononçant ces derniers mots. Le blond ne répondit rien, la réflexion se lisait sur son visage, et Squall aurait donné n'importe quoi pour pouvoir lire ses pensées.

"Tu as toujours parlé de devenir une personne importante et tu rêvais d'être chevalier. Je n'ai jamais vraiment cherché à te comprendre et à ce moment-là je me suis quasiment moqué de toi. Pas ouvertement évidemment, mais je t'ai ignoré, et au lieu de te dire que tu avais tort je t'ai laissé suivre ce chemin. Et maintenant que tu es revenu parmi nous, je continue à t'ignorer et à te laisser sombrer. Je crois que je suis un mauvais chef".

Différents sentiments avaient traversés les émeraudes lors de ce discours et le dernier était un mélange de lassitude avec une pointe d'ironie.

"Je ne t'ai jamais rien demandé, Leonheart".

"Oui, je sais. Mais cela n'empêche".

Seifer poussa un petit soupir et croisa ses longues jambes devant lui, comme il le faisait quand il était ennuyé.

"J'arrive pas à croire que tu puisses culpabiliser pour une décision que j'ai prise. Tu n'étais pas mon supérieur à cette époque et je ne t'aurais certainement pas écouté".

"Mais, j'aurais pu te dissuader".

"Et qu'est-ce qui te fait penser cela?".

"Nous étions...".

Il hésita et Seifer répondit à sa place.

"Amis?".

Squall hocha imperceptiblement la tête.

"Ne dis pas n'importe quoi. Nous étions tout sauf amis Leonheart. Et je pense que nous ne le serons jamais".

Ces derniers mots le transpercèrent et il baissa la tête en fermant les yeux. Il se mordit les lèvres. Le désir de se jeter sur Seifer et de lui faire enlever ses paroles le traversa, mais il devait rester calme, montrer son assurance, être le chef qu'il n'avait jamais vraiment désiré être. Le silence s'installa, un silence pesant et angoissant. Tel qu'ils les avaient partagés parfois durant la guerre des sorcières. Il ne voulait plus cela.

Il se leva tout d'un coup et fixa le blond.

"Même si c'est ce que tu penses ça m'est égal. Pour le moment, je voudrais que tu m'accompagnes pour cette mission".

Il prit l'unique feuille du cinquième tas et la lui tendit. Seifer lui jeta un coup d'oeil puis attrapa le feuillet. Il le parcourut rapidement et leva un sourcil.

"Tu en es sûr?".

"Certain. Cela me confirmera si tu as les capacités. Il est sans doute temps de les exploiter".

Il se réinstalla sur son fauteuil et se frotta les yeux. La journée avait été longue, trop longue. Il avait envie de rejoindre son lit maintenant.

"Lis-la avec précaution et sois prêt à embarquer demain à sept heures".

Rien ne lui fut répondu et il reposa ses yeux gris sur Seifer. Celui-ci fixait toujours le papier.

"Pourquoi?".

Squall se prit le front dans les mains et murmura:

"Pourquoi quoi?".

"Pourquoi me confier cette mission après tout ce temps ?".

"Parce que j'ai perdu assez de temps justement. Je vais affronter mes peurs".

Seifer déplaça la feuille vers ses genoux et le fixa avec stupeur.

"Tes...Peurs?".

Squall ne le lâcha pas des yeux et hocha de la tête.

XOXOX

C'est l'esprit encore confus de sa rencontre avec Squall que Seifer rentra dans sa chambre cette nuit là. Il avait été si surpris de le sentir arriver dans la serre qu'il n'avait pas vraiment su quelle attitude adopter. Il avait choisi de rester neutre mais avait tout de même failli craquer. Dire qu'il avait quasiment pleuré devant lui. Quel idiot ! Etait-il devenu si faible qu'il voulait se faire réconforter par son éternel ennemi ? Amis ? Squall les considéraient-ils vraiment ainsi ? N'importe quoi ! Ils n'avaient jamais pu terminer une discussion sans que celle-ci se termine en bain de sang. C'était la première fois, aujourd'hui que tout se passait…Normalement.

Mais les derniers mots de Squall résonnaient encore dans sa tête. Etait-il vraiment une des peurs du brun ? L'homme qui avait battu la sorcière la plus puissante de toutes les générations avait-il peur de lui ? C'était tellement stupide, Squall avait montré plusieurs fois qu'il était bien plus fort que lui. Et leur position actuelle le confirmait. Lui au plus bas de l'échelle et Squall au plus haut.

Il se laissa tomber sur son lit et ferma les yeux contre son oreiller. Cela faisait plus de six mois qu'il revivait à la BGU et il était parvenu à se retrouver, enfin un peu. Il restait le plus discret possible et obéissait à tous les ordres de ses supérieurs. Les étudiants plus jeunes l'évitaient le plus possible et du coup il restait la plupart du temps seul. Cela lui convenait, il pouvait réfléchir ainsi.

Mais pourquoi le chef des Seeds était venu le voir tout d'un coup ? Alors qu'il l'évitait comme la peste depuis tout ce temps ?

Il se retourna et s'assit sur le lit. Il reprit la feuille de mission et la parcourut. Il s'agissait d'une mission de reconnaissance dans la région d'Esthar. Il ne se souvenait pas de cette partie du monde. Il était complètement contrôlé à ce moment et ne gardait que des bribes de mémoires de ce qu'il avait fait. La demande émanait du président Loire. Il ne le connaissait pas. Il avait juste eu vent de rumeurs sur cet homme d'une quarantaine d'années considéré comme le meilleur dirigeant de toute la planète. Il se demanda un moment pourquoi Squall avait jugé cette mission comme spéciale. Elle n'avait pas l'air très difficile : simplement un monstre à abattre.

Il soupira et décida de prendre une douche avant de se reposer. Il ôta son uniforme et se dirigea vers sa salle de bain. Sa chambre était confortable comme toutes celles des Seeds. Même si Squall ne lui avait pas accordé le titre, il était considéré comme tel. A moins que ce ne soit un autre moyen de le garder à l'œil ? Il s'en fichait. Il avait un endroit où vivre et un travail pour survivre. Mais il comprenait plus facilement pourquoi il se sentait démotivé ces dernières semaines. Savoir qu'il n'avait que des missions de niveau débutant était une raison simple.

Il resta un long moment sous le jet d'eau chaude puis se sécha rapidement avant d'enfiler une longue chemise qu'il utilisait comme pyjama.

Quand il retourna dans sa chambre il comprit pourquoi Squall était venu le voir. Assise sur le lit, sa feuille de mission à la main, Linoa lui souriait avec douceur. Il la fixa un moment puis secoua la tête.

« Je vois. C'est à toi que je dois cela ».

Elle se leva vivement et s'approcha de lui. Elle était l'une des rares personnes à lui parler – et le regarder- normalement et il lui en était reconnaissant.

« Et ça a marché ? ».

Il lui fit un pâle sourire et hocha de la tête. Elle sauta alors sur place.

« Ah ! J'aurais dû le faire plus tôt ! Mais j'avais peur de sa réaction. Il peut être si imprévisible parfois ».

Elle le prit par la main et le fit asseoir sur le lit.

« Alors ? De quoi avez-vous parlé ? ».

« Hum, rien de particulier ».

« Seif ! ».

« Je…Je ne sais pas Linoa. On n'a jamais réussi à se parler tous les deux. Il m'a demandé de l'accompagner demain pour une mission à Esthar ».

« Une spéciale ? Pour Esthar ? ».

Il la fixa en sentant l'étonnement dans son ton.

« Pourquoi ? ».

Elle secoua la tête.

« Et bien, il s'occupe toujours personnellement des missions du président. Je suis juste surprise qu'il t'ait demandé. Aucun de nous n'y a jamais participé. Je crois qu'il respecte beaucoup Laguna. A moins qu'il ne nous cache quelque chose à son sujet ».

Elle prit un air rêveur. Il sourit et demanda :

« Laguna ? ».

Elle fit un petit rire.

« C'est le prénom du président d'Esthar ».

« Ah ».

Ils se fixèrent et Linoa se laissa tomber contre son épaule. Il la laissa faire.

Leur amitié avait heureusement survécue à la guerre même s'il savait qu'elle lui cachait des choses. Parfois, il lui arrivait de faire des cauchemars où il la tuait. Il ne parvenait jamais ensuite à se rendormir. Quand ils en parlaient ensemble, elle se mettait à rire et lui disait que s'il avait voulu la tuer, il y serait certainement arrivé. Lui ne riait pas, car s'il avait voulu la tuer, Squall se serait certainement interposé et il n'y serait pas parvenu. Par moment, il lui en voulait de ne pas lui dire la vérité. Il devinait facilement de par les regards parfois haineux qu'il recevait qu'il n'avait certainement pas fait que des bonnes actions. Mais dans ces moments-là, Linoa lui prenait la main et le rassurait. Elle était toujours présente quand il se sentait prêt à tout lâcher – ce qui était le cas, avant que Squall ne vienne le voir -. Pour une raison assez évidente, il savait qu'elle était intervenue en sa faveur pour qu'il puisse réintégrer la BGU, il lui en était éternellement reconnaissant et s'était juré de lui rendre la pareille, un jour.

Il posa sa propre tête contre la brune.

« Je suis sûre que tout va bien se passer maintenant ».

Il ne répondit rien. Profitant de la chaleur humaine près de lui qui lui manquait parfois.

« Pourquoi fais-tu tout cela pour moi ? ».

Elle bougea afin de le regarder dans les yeux.

« Car tu m'as sauvé ».

Il se redressa et secoua la tête.

« Ne dis pas n'importe quoi ! Ce n'est pas moi qui t'ai sauvé ! ».

Elle lui fit un sourire.

« Si tu ne m'avais pas écouté ce jour-là à Timber, rien ne se serait passé, et aujourd'hui nous serions peut-être tous morts ».

Il la fixa et regarda sur le côté. Après un moment de silence, il murmura :

« Pourquoi l'as-tu quitté ? ».

Elle répondit aussi bas que lui, ne prenant même pas la peine de lui demander de qui il parlait :

« Parce que ce n'est pas de moi dont il a besoin ».

A suivre…