Chapitre 4

« Ginny ma chérie, tu devrais manger plus, tu es si pâle… Comment espères tu trouver un mari en étant si maigre et en mangeant si peu ? » se plaignit Mrs Weasley en voyant sa cadette jouer avec sa fourchette, son assiette toujours pleine. A l'allusion de sa mère, le cœur de Ginny manqua un battement et elle jeta un regard à son frère. Il ne semblait même pas avoir relevé, mais le regard insistant de Ginny lui fit lever les yeux.

« Maman, pourquoi tu ne t'occupes pas plutôt des jumeaux ? intervint-il. Laisse Ginny tranquille, elle a encore le temps… Et puis elle est très jolie comme ça, qui serait assez fou pour ne pas la trouver à son goût ? »

Sa dernière phrase fut de trop, mais seul le coup de pied George sembla le lui faire comprendre. Il fronça les sourcils, mais comprit rapidement.

« Et sinon, comment marche les affaires ? » s'empressa t-il d'ajouter, changeant de conversations. Tout reprit comme si de rien était, mais Ginny n'avait pas oublié, elle ne l'avait jamais réellement fait.

« Maman a raison tu sais », entama Fred en rejoignant Ginny dans sa chambre, un peu plus tard.

« Vous vous êtes passé le mot pour être H24 sur mon dos ou quoi ? » s'énerva Ginny.

« Calme toi, on s'inquiète pour toi, c'est tout. Tu es vraiment pale tu sais, et tu manges très peu. Ne me dis pas que tu veux ressembler à toutes ces filles de Sorcière Hebdo, qui n'ont que la peau sur les os et aucunes formes… Tu es parfaite ptite sœur, le rayon de soleil de cette maison. Tu as toujours été celle qui redonnait le sourire, celle qui nous amusait. Où est passé la fée clochette, qui voyait le bien partout, qui trouvait la vie si belle, remplie de milles merveilleuses choses à découvrir... »

« Elle est morte, en même temps que ses rêves et ses illusions perdues ! »s'exclama Ginny en se dégageant vivement de l'étreinte de son frère.

« Tu ne l'as toujours pas oublié n'est ce pas ? »

Elle lui jeta un regard noir, il avait le don de toucher là où ça fait mal.

« Comment le pourrais-je, en le voyant tout les jours, en revivant tout le mal qu'il m'a fait ? »

« Mais enfin Ginny, ce n'est qu'un garçon ! Ton ami qui plus est, tu ne pourras pas lui tenir rigueur toute ta vie pour quelque chose qu'il n'a rien fait… »

« Tu ne sais pas de quoi tu parles, alors fermes la ! » s'écria Ginny, les larmes aux yeux.

Elle se leva et se posta près de la fenêtre, regardant ses frères disputer un match improvisé de quidditch. Aussitôt, elle retrouva cette innocence perdue, et le sourire lui revint. En voyant Fred toujours assis sur son lit, le visage triste, elle s'en voulut. Elle se précipita vers lui et le prit dans ses bras.

« Pardonne moi, je suis désolée, je n'ai pas à m'en prendre à toi. Tu es venu pour m'aider, et moi je te rejette. C'est juste que… sans doute la peur de grandir, de perdre cette innocente et cette naïveté qui me caractérisent tant. J'ai bien peur de ne plus être celle que vous aimiez tant… »

« Mais quelle idiote ! se mit rire Fred. Bien sur que tu l'es toujours, tu es Ginny, notre petite fée ! Tu resteras toujours toi-même. Ne change surtout pas, et si tu as un problème, quel qu'il soit, je serai toujours là pour toi, tu le sais ça ? »

« J'en prend bonne note alors, la prochaine fois que j'aurais besoin de bras pour déménager mon appartement, je t'appellerai, promis », sourit Ginny.

« Même pour aller te décrocher la lune, j'irai s'il le fallait. Aller ptite sœur, il est temps de redescendre, et d'aller monter à notre cher Ron comment on joue au quidditch, avant qu'il ne se ridiculise davantage ! »

Tout en disant ça, il lui avait prit la main et l'avait incitée à se relever. Il l'avait serrée dans ses bras, mais à peine s'était-il détaché qu'elle se sentit tourner, et le verre de vin qu'elle avait bu n'y était pour rien.

« Fred… » parvînt-elle à l'appeler en lui agrippant le bras, avant de s'effondrer.

Ginny se réveilla doucement, la tête groggy et la bouche pâteuse. Elle ouvrit péniblement les yeux, tout était blanc, du blanc à perte de vue, et une lumière aveuglante. Elle avait mal de tête, et se sentait très fatiguée. Elle bougea légèrement et appela.

« Ron… »

« Votre famille vous attends à l'extérieur Miss Weasley. Voulez-vous que je les fasse rentrer ? »

Elle ne se sentait pas la force de les affronter, tous en même temps. C'est pourquoi elle hocha la tête.

«Ron… »

« Très bien, je le fais entrer », répondit le médicomage en sortant de la chambre. Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit doucement et Ron approcha du lit. Il l'avait déjà vu pale et faible, mais en la voyant ainsi, allongée dans ce lit, dans cette pièce vide, si blanche, si… malade, il sentit sa gorge se serrer. Il passa sa main sur son front, ce qui la fit sursauter et ouvrir les yeux. Ses yeux avait perdu leur éclat, la malice qui les caractérisait tant.

« J'ai eu si peur… » murmura Ron avant de poser ses lèvres sur les siennes. Elle répondit à son baiser, et posa sa main sur sa joue. Elle était glacée.

« Qu'a dit le médicomage ? » demanda Ginny en rompant leur baiser.

« Il n'en sait pas plus que nous pour l'instant. Il a fait des examens et attend les résultats. Il dit qu'on ne doit pas s'inquiéter, qu'il s'agit sûrement d'une baisse de tension, d'une fatigue passagère, rien de plus. Il veut te garder en observation jusqu'à demain matin », expliqua Ron.

« Que se passe t-il ? » demanda t-elle en le voyant mal à l'aise, confus.

« Le ministère m'a confié une nouvelle mission. Elle ne prendra que trois jours, mais je dois partir dans deux heures. Mais je ne… »

« Ne t'en fais pas pour moi, vas-y. Ton métier est important et »

« Mais tu l'es bien plus ! s'emporta Ron malgré lui. Je t'aime, et je ne veux pas te laisser. »

« Mais tu es aussi mon frère, au même titre que Fred, George, Charlie, Bill et Percy… Ils seront tous à mes côtés pour prendre soin de moi, et puis de toute façon, comme l'a dit le médecin, je n'ai rien, alors ne t'inquiète pas, pars en mission, et reviens-moi vite », répondit-elle en prenant sa main et en y entremêlant la sienne. Une lueur de tristesse traversa son regard alors qu'il le posait sur son annulaire gauche.

« J'aimerais que tout soit plus simple… » regretta t-il.

« Mais ça peut l'être, si on le décide ».

« Nan, ça ne le sera pas ! Pas tant que ma femme ne pourra pas porter son alliance ! » répliqua Ron un peu plus fort, en prenant dans ses mains la chaîne ornée d'une bague que Ginny portait autours du cou.

« Tu devrais y'aller, ils vont finir par se douter de quelque chose. Je te vois dans trois jours ».

Elle semblait triste, ou vexée. Sans doute cette situation l'insupportait tout autant, ou alors l'attitude de Ron, tout simplement. Il l'embrassa légèrement avant de quitter la pièce. Ginny respira un long coup, le plus dur rester à venir, elle allait devoir affronter et supporter toute sa famille, les inquiétudes de ses frères, l'angoisse de son père, les réprimandes de sa mère. Elle sourit malgré elle et fit signe au médecin de les laisser entrer.

Dès le lendemain matin, Ginny était autorisée à sortir de Ste Mangouste, à condition de se reposer, se détendre, et prendre ses médicaments. Car elle était malade. Le médecin était venu la voir, tôt dans la matinée. Il lui avait expliqué le résultat de ses analyses, ses diverses anémies, et plus grave, la maladie de sang qu'elle avait développé depuis quelques mois et dont ses malaises et pertes d'appétits étaient les effets. Seul le fait qu'elle soit majeure et de ce fait libre de ces choix contraint le médicomage à la laisser sortir, avec la promesse de ne rien dire à sa famille. Une fois sortie de l'hôpital, elle marcha de longues heures, arpenta des dizaines de rues et visita quelques amis. Arrivée dans un quartier chic du Londres moldu, elle s'arrêta devant une petite maison, sobre, mais très jolie. Elle gravit quelques marches et frappa.

« Weasley ? » s'étonna le propriétaire en ouvrant la porte.

« Tu sais que j'ai dû tuer père et mère pour avoir ton adresse ? Pourquoi le Londres Moldu d'ailleurs ? » plaisanta Ginny en entrant.

Comme elle s'y attendait, l'intérieur était magnifique. Elle semblait en admiration totale devant le design moderne, la décoration très colorée, et en oublia presque son ami.

« Je peux te faire visiter si elle te plaît autant… » plaisanta l'homme, ramenant Ginny à la réalité.

« Pardonne mon impolitesse, je suis désolée ».

« Je plaisantais Ginny, ce n'est rien rassure toi. Alors, que me vaut cette visite ? »

« Je passais, prendre des nouvelles et… »

« Et… ? »

« J'ai besoin de ton aide Draco… »

A suivre…