Chapitre 2

Le soleil venait de se levait alors que Yumi courait sur place pour se maintenir chaud. Ses cours ne commençaient que dans trois heures, ce qui lui laissait le temps de courir et faire quelques exercices avant de passer une nouvelle journée assise à prendre des notes.

Un bonnet lui couvrait la tête et de fin gans lui assuraient de ne pas perdre de doigts face à ce froid polaire. Chacune de ses expirations provoquaient un nuage de buée au bout de ses lèvres. Elle remonta les mains au niveau de sa bouche pour souffler dedans et tenter de les réchauffer tout en continuant de sautiller sur place. Elle se trouvait au niveau des quais de Seine, un de ses endroits fétiche pour ses courses matinales. Elle ne croisait presque personne et cela lui permettait de faire un bon parcours qu'elle terminait par un tour dans le parc avant de se changer rapidement chez elle pour aller en cours. C'était une habitude qu'elle avait mis en place depuis presque deux ans. Deux fois par semaine, elle se rendait au point de rendez-vous aux premières lueurs du jour.

Elle fronça les sourcils en regardant l'heure. Presque quinze minutes de retard. Enfin, elle entendit les pas de son ami se diriger vers elle. Jérémie courait presque au point de manquer de glisser sur une fine couche de glace lorsqu'il s'arrêta à côté de Yumi.

« Tu es en retard.

Je sais, je suis désolé, j'ai travaillé tard et j'ai à peine entendu le réveil. Le café est pour moi.

Ça me va. »

Il se redressa après avoir repris son souffle et lui sourit. Même si Jérémie n'avait pas un corps d'athlète, il s'était joint à Yumi pour ses séances de course il y a un peu plus d'un an. L'expression « un esprit sain dans un corps sain » commençait à avoir de plus en plus de sens pour le jeune homme. Le fait de courir lui avait permis de gagner une endurance qu'il ne se connaissait pas. De plus, il pouvait compter sur son amie pour le motiver à sortir, même si les températures étaient bien trop proches des négatives. Il s'aérait la tête avant de replonger dans ses manuels.

Ils commencèrent leur routine en s'échauffant avant de courir le long des quais pour remonter la Seine. Ils ne parlaient pas mais cela ne les dérangeait pas, ils avaient développé ce mode d'entrainement qui leur convenait à tous les deux. Même s'il s'y était mis plus tard que Yumi, Jérémie avait très vite pris gout à la course et ils couraient maintenant en synchronisation, sans avoir besoin de faire de pauses récurrentes ou de ralentir le rythme pour rester à côté. A la rentrée de septembre, ils avaient même été obligés de rajouter une boucle dans leur parcours après s'être rendu compte qu'ils n'avaient plus assez de challenge.

Lorsqu'ils terminèrent leur course avec un sprint traditionnel, les rues de la capitale étaient déjà plus animées qu'à leur départ. Ils avaient tous les deux le visage rougi par l'effort et le froid mais leur sourire montrait qu'ils étaient fiers de leur effort. Après avoir repris leur souffle, ils se dirigèrent vers un petit café qui proposait des cafés à emporter. Dans la queue pour passer leur commande, ils discutèrent avec enthousiasme de leurs vacances qui se rapprochaient rapidement.

« Aelita a trouvé une superbe maison, l'endroit est un peu reculé mais il y a assez de place pour nous tous et le prix est vraiment abordable.

C'est génial, j'ai tellement hâte ! souri la jeune femme.

Tes parents n'ont pas été trop durs quand tu leur as annoncé que tu ne serais pas avec eux pour les fêtes ?

Un peu au début, mais ils ont compris que je les voyais presque tous les weekends alors que vous, pas tant que ça. Et les tiens ?

J'ai négocié un peu quand même. La grimace sur le visage du jeune blond traduisit la conversation houleuse qu'il avait eue avec sa famille. Mais bon ils ont finalement compris que nous n'étions plus au lycée, ça leur a mis un coup.

J'imagine oui. Je n'arrive toujours à croire que l'on part déjà dans trois jours, ça m'a paru si long, et pourtant ! »

Ils passèrent commande rapidement, toujours un grand sourire aux lèvres, avant de retourner affronter le froid en s'installant sur un banc du parc en face du café. Ils discutèrent encore un peu de leurs dernières épreuves à venir en tenant étroitement leur tasse de café pour profiter de leur chaleur.

Le vent se mis à souffler assez violent autour d'eux. Ils froncèrent les sourcils en décidant qu'il valait sans doute mieux rentrer. Ils se levèrent pour jeter leurs gobelets dans la poubelle la plus proche lorsque Yumi manqua presque de s'envoler suite à une rafale particulièrement violente. Elle se rattrapa au banc que Jérémie tenait de toutes ses forces. Ils durent élever la voix pour réussir à s'entendre à travers les bourrasques.

« Ce n'est pas normal tout ça ! Yumi plaça une main sur sa tête pour tenter de garder son bonnet sur les oreilles.

Qu'est-ce qui se passe ?!

C'est toi le génie ici !

Yumi ! »

Le jeune homme pointa la route devant eux, où de nombreux embouteillages venaient de se former. Certains conducteurs sortaient même de leurs véhicules pour essayer de déterminer la cause de leur arrêt mais ils retournaient rapidement dans leur habitacle lorsqu'ils sentirent la violence du vent.

Les deux amis se fixèrent. Ils se posaient la même question au plus profond d'eux, même s'ils ne voulaient pas y croire.

« Tu penses que ça peut être… commença Yumi.

Non ce n'est impossible ! Tu sais comme moi que … Yumi attention ! »

Il se jeta sur elle pour sauter loin du banc sur lequel un arbre venait de tomber. La force du vent le fit même rouler sur quelques mètres avant que le tronc ne s'immobilise au milieu du chemin. Ils regardèrent les éléments se déchainer quelques instant avant de lever la tête vers le ciel. Alors que ce dernier était couvert de nuages grisonnant, il semblait se couvrir d'une couche bleuté, qui n'avait rien de naturelle.

« Qu'est-ce que c'est que ça … ? Demanda Jérémie, autant à son amie qu'à lui-même.

On dirait une sorte de voile, de …

De dôme. Comme un couvercle…

Jérémie, qu'est-ce qui se passe ? »

Il ne lui répondit pas, les yeux du jeune homme étaient fixés sur l'infrastructure lumineuse qui s'étalait au-dessus d'eux. Le vent sembla se calmer doucement. Ils se redressèrent et regardèrent autour d'eux.

« C'est fini… ? S'interrogea Yumi

J'en sais rien du tout… »

Ils ne s'étaient pas encore remis sur pieds que le vent s'intensifia d'un coup, accompagné cette fois par un boucan à les rendre sourd. On aurait dit qu'une centaine d'explosions avaient eue lieu en même temps. Ils tombèrent à genoux alors que la terre se mise à trembler sous eux. Leurs cris se mêlèrent à ceux des toutes les personnes autour d'eux, dans la rue, le parc ou même dans leurs voiture. Ils cherchèrent des yeux un lieu où se réfugier mais il semblait que le chaos de l'enfer s'était libéré sur eux. Et peut-être c'était là où ils se trouvaient à présent, en enfer.