Chapitre 8
Les quatre amis étaient en train de marcher les uns à côté dans l'obscurité des égouts. Ils avaient tous l'impression d'être revenu des années en arrière. Yumi était en être avec Aelita à ses côtés, mais tournait sans arrêt la tête pour s'assurer que les garçons étaient toujours derrière elle. Elle leur expliqua comment elle s'était retrouver à vivre si loin de chez elle.
« Voilà. Depuis, on utilise l'hôtel comme point de rassemblement. On a l'eau, l'électricité, une bonne réserve de nourriture. Jérémie a même réussit à prendre le contrôle de certaines caméra de surveillance, du coup on peut savoir où sont les blocks.
« Vous aussi vous les avez appelé comme ça ? Souri Odd.
« C'est comme ça que j'ai su que c'était toi qui menaçait de me tuer. »
Aelita et Ulrich tournèrent la tête vers le blond qui leva rapidement les mains en l'air en signe de défense. Yumi rit face à la scène, ce qui détendit instantanément l'atmosphère. Ils arrivèrent devant l'échelle qui débouchait juste devant l'hôtel. La jeune femme monta la première, voulant s'assurer que le chemin était sans danger, avant de sortir complètement. Les autres la suivirent à travers les décombres jusqu'à une porte presque dissimulée dans le noir. Yumi les guida à travers les cuisines et les mena jusque dans la salle de contrôle. Seulement en ouvrant la porte, elle remarqua que les écrans étaient en veille. Elle ramena ses amis dans le hall de réception et leur demanda d'attendre là. Elle courut vers le sous-sol mais fut presque rassurer de ne pas voir de filet de lumière sous la porte de la cave à vin. Elle retourna donc à son point de départ. Lorsqu'ils la virent revenir seule, les trois amis froncèrent les sourcils mais elle balaya leur inquiétude d'un geste de la main. Elle les guida à travers les couloirs de l'hôtel jusqu'à se placer devant la porte numéro 14 au premier étage. Elle porta trois coups contre e bois mais n'obtenant pas de réponse, elle enclencha la poignée et je ta un regard dans la chambre. Elle ouvrait la porte plus largement et invita ses amis à la suivre.
La lampe de chevet sur la table de nuit était la seule source de lumière dans la chambre. Le lit au centre était parfaitement fait, le corps endormie de Jérémie n'était même pas sous les couvertures. Yumi s'approcha du blond et lui secoua doucement l'épaule. Il bougea doucement et se frotta les yeux. Il sourit à Yumi lorsqu'elle lui tendit ses lunettes, qu'il avait posées sur la table de chevet.
« Hey, dit-il d'une voix endormie. Alors, tu as trouvé quelque chose d'intéressant ?
« On peut dire ça comme ça. »
Il fronça les sourcils face à la réponse mystérieuse de son amie. Elle se décala pour lui donner une vue parfaite sur l'entrée de la chambre. En voyant les trois silhouettes, il prit un air ahuri. Il retira même ses lunettes pour les replacer sur son nez. Il secoua la tête avant de se tourner vers Yumi.
« J'ai encore trop bu c'est ça ?
« T'y crois pas ! Einstein bourré ? Tu nous l'a pas raconté celle-là ! »
Odd avait toujours su détendre l'atmosphère et il avait réussi une nouvelle fois. Ils se prirent tous dans les bras, Jérémie passant par toutes les phases, de l'incompréhension, au soulagement, jusqu'à la plus grande des joies.
Quelques embrassades plus tard, ils réfléchirent à comment organiser leur soirée.
« Attendez, je veux savoir. Commença Odd. Comment est-ce que Einstein peut être bourré ?
« En général il suffit de boire beaucoup d'alcool, lui répondit Yumi
« Et vous en avez encore en stock ? »
Sous le fou rire général, Jérémie sortie de sa chambre, annonça qu'il partait « chercher de quoi fêter ça. » Il n'en fallut pas plus à Odd pour le suivre en courant, Aelita à sa suite, le sourire aux lèvres.
Yumi souriait encore devant la scène dont elle venait d'assister. Elle se tourna vers Ulrich, se rendant compte que c'était maintenant la première fois qu'ils étaient seuls depuis, depuis si longtemps. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas senti cette petite appréhension qui naissait au creux de son ventre à chaque fois qu'elle était seule avec lui. Contrairement à l'époque où il était au collège, ou même au lycée, Ulrich ne fuyait pas son regard. Il la fixait avec une telle intensité qu'elle avait le sentiment qu'il voyait au-delà de toutes ses barrières, qu'il était capable de déchiffrer son âme. Elle releva la tête pour essayer de garder un peu de contenance, même s'il était possible de deviner son angoisse en la voyant jouer avec ses propres doigts. Il lui sourit doucement, cherchant sans doute à la rassurer, ce qui fonctionna parfaitement. Il sortit alors la main de sa poche et la tendit vers elle. En un simple mouvement, il lui proposait tellement. Elle avança doucement vers lui, sans jamais quitter ses yeux, et entremêla ses doigts aux siens. Elle continua d'avancer jusqu'à ce que le bout de ses chaussures touche les siennes. Ils prirent tous eux une grande inspiration, si peu habitués à cette proximité. Le besoin de se toucher était pourtant si présent qu'il baissa la tête et s'approcha, jusqu'à poser son front contre le sien. Ils fermèrent tous deux les yeux et apprécièrent cette proximité nouvelle. Yumi sera ses doigts un peu plus fort autour de ceux d'Ulrich. L'esprit de la jeune femme tournait à cent à et pourtant elle avait l'impression qu'il était complètement vide, elle ne parvenait pas à se concentrer sur quoi que ce soit, si ce n'est l'homme en face d'elle.
« Comment tu te sens ? » lui demanda-t-il
Sa voix était encore plus grave lorsqu'il parlait si doucement. Elle avait l'impression de sentir une vague de velours lui couvrir le corps pour la réchauffer de l'intérieur. Sentir son souffle chaud sur son visage lui donna des frissons.
« Bien, elle chuchota, comme si parler trop fort briserait cette bulle qu'ils avaient créé autour d'eux. Mieux. »
Le doux sourire qui se dessina sur les lèvres du brun fut le seul mouvement perceptible dans la pièce. Ils étaient figés dans leur contemplation, absorbant toute l'énergie qui se dégageait de leur pose. Si bouger voulait dire quitter le bonheur d'être si proche, ils souhaitaient rester figés ainsi pour toujours.
« J'ai vraiment cru que je te reverrais jamais.
« Moi non plus, répondit-elle. J'ai essayé de vous chercher partout. Ton école était effondrée, je ne te parle même pas de ton appartement, ou de celui des autres. Elle rouvrit ses yeux pour plonger dans son regard brun, une couleur brune chaleureuse parsemée de pigments dorés. Et quand j'ai vu que la maison de mes parents avait été… elle souffla doucement pour chasser les larmes qui lui montaient aux yeux. »
Il lâcha sa main pour passer ses bras autour du corps de la jeune femme et de la serrer contre lui. Il était si rare qu'ils se prennent dans les bras comme ceci, et pourtant ça semblait être la chose la plus naturelle à faire à cet instant même.
« Je suis tellement désolée.
« De quoi ?
« D'avoir baissé les bras, de ne pas vous avoir mieux cherché. Si je n'avais pas abandonné si tôt, on aurait pu-
« Hey, calme-toi. Il s'écarta et encadra le visage de la jeune femme pour s'assurer qu'elle le regarde dans les yeux. Tu n'as absolument rien à te faire pardonné. En ce qui me concerne, tu n'as jamais abandonné, sinon tu ne nous aurais pas trouvé.
« Mais-
« Il n'y a pas de « mais », on est tous ensemble grâce à toi, ok ? »
Elle hocha la tête et lui sourit discrètement. Elle sentit une rougeur lui monter aux joues en sentant qu'il détaillait chacun de ses traits. Il avait l'impression de la revoir pour la première fois. De loin, elle n'avait pas changé, mais en se concentrant un peu, il pouvait distinguer les légers changements. Son visage était un peu plus fin, sans doute dût aux rations plus faible de nourriture, elle avait des poches sombres sous les yeux qui témoignaient de sa fatigue, et la lèvre inférieure coupé du côté droit, sans doute suite à ses combats contre les blocks. Elle était sans doute épuisée, mais ses yeux pétillaient et illuminaient tout son visage.
Elle ouvrit la bouche pour lui répondre, mais le fracas de la porte de la chambre contre le mur les fit sursauter. Ils tournèrent la tête vers l'entrée où se trouvait Odd avec un paquet de biscuit à la main. Ce dernier haussa un sourcil équivoque lorsqu'il remarqua la proximité entre ses deux amis, qui s'éloignèrent en rougissant, chacun de leur côté. Il leva les yeux au ciel face à leur tentative, ratée, de cacher leur retrouvailles. Il entra, suivit de Jérémie et Aelita qui discutaient des différentes inventions de Jérémie pour protéger l'hôtel au mieux.
Yumi se rapprocha des génies et les aida à mettre en place une sorte de pique-nique improvisé dans la chambre de Jérémie. Odd se posta aux côté d'Ulrich, qui ne manquait rien de la scène qui se déroulait devant lui.
« Alors ? Demanda le blond.
« Alors rien du tout.
« T'y crois pas ! Il baissa d'un ton quand Ulrich le fusilla du regard. Certaines choses ne changent vraiment pas, fin du monde ou non. »
Ce fut au tour d'Ulrich de lever les yeux au ciel face à l'air boudeur de son meilleur ami. Ils finirent par s'installer à même le sol avec leurs amis. Aelita leur tendit un verre chacun, avant d'attraper le sien et de le porter devant elle.
« Je n'aurais jamais cru ça possible il y a quelques jours à peine, et pourtant nous revoilà tous ensemble. Après XANA, le lycée, et maintenant la fin du monde, c'est incroyable de se dire qu'il n'y a vraiment rien qui puisse nous séparer. »
Elle s'arrêta un instant pour essuyer les larmes qui lui avait échappé, sous le regard attendri de tous ses amis. Elle attrapa la main que Yumi lui tendit, et souri à Ulrich lorsqu'il lui pressa doucement l'épaule, en signe de soutien.
« Alors à nous, reprit-elle. Puissions-nous traverser tout ce qui reste à venir.
« Jusqu'au bout du monde, trinqua Odd, en souriant à Yumi, qui lui avait rappelé cette promesse.
« Jusqu'au bout du monde, reprirent-ils tous en cœur. »
Plus tard dans la soirée, les rires étaient sans doute la seule chose qui se dégageait de la chambre. Même les paroles approximatives d'Aelita parvenaient à déclencher le plus grand des fous rires. La jeune femme aux cheveux rose était maintenant allongée de tout son long sur le sol, la tête appuyée sur les jambes étendues d'Odd. Yumi s'était décalée à côté d'Ulrich afin de laisser de la place à Jérémie, qui s'était lancé dans un récit mimé de leur dernier jogging. Un nouveau fou rire explosa lorsqu'il imita Yumi qui se brulait la langue avec son café trop chaud. Elle n'eue même pas le cœur de contredire cette version de l'histoire tant les expressions faciales de Jérémie était hilarante. Ce dernier tirait une certaine fierté à faire autant rire ses compagnons, même si le vin qu'ils avaient tous bu devait sans douter aider.
Fatigué de sa quatrième imitation, il retourna s'asseoir auprès de son public. Ils soufflèrent tous les uns après les autres pour essayer de calmer leurs rires et profiter de la soirée. Ils finirent cependant par s'endormir les uns après les autres. Aelita ne bougea pas du sol, Odd s'étant lui aussi allongé à même la moquette. Jérémie était remonté s'allonger sur son lit. La tête d'Ulrich reposait sur le côté du matelas contre lequel il avait pris appuie. Le brun ouvrit les yeux en sentant du mouvement près de lui, mais sourit discrètement lorsqu'il devina la tête de Yumi se poser sur son épaule. Même si ce n'était pas la meilleure des positions, il n'eue jamais aussi bien dormi.
