Avant-propos : Parce que j'ai moi-même reconnu ailleurs qu'il était dommage que des histoires disparaissent sans raison de l'Internet, j'ai décidé de vous faire à nouveau partager cette histoire qui fut publiée ici même à l'automne 2004 avec le nom de plume d'Armor.

Pour autant, je ne crois pas ce fichier soit le fichier original et donc il se peut qu'il y ait des fautes et autres coquilles (ou bien des noms en anglais et en français). Je tiens à m'en excuser.

Disclaimer : Tout appartient à JKR.


Chapitre premier : Avant

Brisée. Anéantie. Elle n'avait pas de mot pour décrire ce qui lui était arrivé, ce qu'elle ressentait. Personne n'était venu pour elle. Tous des traîtres. Ils l'avaient abandonnée. Elle leur avait tout donné. Et maintenant rien.

Elle se regarda dans la glace, ses cheveux étaient longs, complètement en bataille. Avant, elle n'aurait jamais supporté une telle apparence ; avant, elle passait un temps infini à les coiffer, à utiliser différents sorts. Oui, mais c'était avant.

Ses traits étaient tirés. Sa peau était d'une pâleur effroyable, presque verte… Et oui, elle avait été longuement malade. Mais tout le monde s'en fichait. Ses yeux étaient cernés et vides. Ils ne reflétaient plus aucune émotion. Mais qui d'autre n'en ferait pas autant après ce qu'elle avait traversé ? Elle jeta son poing dans la glace, le sang coula abondamment, elle ne ressentit même pas la douleur. Méthodiquement, froidement, elle prit une serviette posée à côté d'elle et s'essuya la main. Elle ne prit même pas la peine d'utiliser un sort de soin.

Elle sortit de la pièce d'eau, prit son sac de voyage dans la main gauche, sa baguette dans la droite et sortit de la chambre.

Elle allait sortir de Sainte Mangouste lorsqu'une voix autrefois familière l'interpella « Hermione ! ».

Elle ne se retourna pas et sortit dans les rues de Londres. Elle avait à peine fait quelques pas qu'une main se posa sur son épaule. Plus rapide que l'éclair, elle se retourna en un instant, son sac tombait à ses pieds, et elle pointait sa baguette directement sous la gorge de son assaillant.

Immédiatement, elle reconnut les yeux vert émeraude.

Potter.

Le traître.

Il n'avait pas changé.

Elle entendit des murmures d'indignation.

L'espace d'une seconde ses yeux scannèrent son entourage. Ils étaient tous là. Mc Gonagall, Dumbledore, Snape, les Weasley (Ron, Fred, George, Ginny, Bill, Charlie, Molly et Arthur), Maugrey Fol-Oeil , Lupin et même Pomfresh.

Tous des traîtres.

Sur leurs visages, elle pouvait lire l'incrédulité.

Elle se sourit à elle-même.

Elle retourna son attention vers Potter.

« Ne me touche pas. Ne t'approche pas de moi. Jamais ! »

Elle ne criait pas, même Snape n'utilisait pas un ton aussi froid que le sien.

Elle baissa sa baguette, reprit son sac et continua son chemin.

« Miss Granger, attendez. »

Cette fois la voix était pleine d'émotions… d'inquiétudes aussi.

Elle se retourna une fois encore, reposa son sac et croisa les bras. Elle ne prononça pas un mot. Elle attendait que Dumbledore continue.

« Comment allez-vous ? Nous sommes tous venus vous voir, vous chercher, vous ramener dans votre maison à Poudlard. »

Le vieil homme souriait…

L'espace d'un instant Hermione aurait pu être séduite… mais pas après ce qu'ils lui avaient fait.

Elle le regarda avec dédain, secoua la tête et siffla amèrement « Oh comme c'est gentil, la première visite en six ans… Quelle mansuétude ! »

Cette fois ils semblaient tous choqués.

Ron s'avança les larmes aux yeux, l'air suppliant il tendit la main vers elle « Hermione… ne pars pas… On a besoin de toi...Ne me quitte pas…»

En un instant, Hermione avait de nouveau pointé sa baguette vers lui… Il comprit le message, il baissa la main et recula d'un pas, les yeux pleins d'effroi.

Elle se mit alors à rire, d'un rire malsain qui les rendit tous plus mal à l'aise.

Elle les pointa chacun, tour à tour, de sa baguette… Le regard plus dur que jamais.

« Pas un de vous, pas un seul n'est venu me visiter pendant six ans… pas un de vous… »Sa voix se fit moqueuse. « Oh, la pauvre petite Hermione pourquoi la visiter si elle est dans le coma ? Elle ne se réveillera pas… On ne va pas s'embêter avec elle… Quel poids mort… Il vaut mieux l'écarter de notre vie, quelle en sera la différence ? »

Elle secoua la tête.

Elle vit que certains pleuraient, Harry et Ron avaient les yeux brillants de larmes. Les yeux de Dumbledore ne pétillaient plus. Seul Snape semblait demeurer impassible mais ses yeux noirs reflétaient quelque chose de presque humain.

« Et bien désolée pour vous, mais il ne s'agissait pas d'un coma. J'étais prisonnière de mon corps… J'étais consciente de tout. Oh vous ne le saviez pas ? Quel dommage… » Elle se mit à parler plus lentement, chuchotant presque, laissant à ses mots le soin d'atteindre leur cible, de taper là où cela ferait mal, en plein cœur.

« Vous auriez au moins pu montrer un peu de respect voire de compassion, au pire de la pitié pour celle qui a sauvé le monde sorcier. Je me suis jetée sur le sort que Lestrange avait lancé sur Potter. Sans moi votre sauveur serait le garçon-qui-a-survécu-et-a-été-vaincu. Et personne n'est venu, pas une seule fois… Aucun d'entre vous… Et dire que j'ai attendu ce jour pendant si longtemps. Vous êtes pathétiques… »

Molly éclata bruyamment en sanglots.

Hermione la regarda avec dégoût.

« J'imagine votre tête quand vous avez appris que je m'étais réveillée. Le choc. Au début, je me suis battue pour retrouver ceux que j'aimais. Savez-vous ce que c'est que de ne voir personne, de ne pas bouger, d'être paralysée, seule au fond d'un minable lit d'hôpital ? »

Aucun un d'eux ne broncha.

« Non. Vous ne savez pas. Chaque jour, j'ai travaillé et développé mon habilité à être legilimens espérant jour après jour que quelqu'un viendrait et me regarderait dans les yeux… jusqu'à la semaine dernière, je n'avais plus d'espoir… mais j'ai réussi à imprimer dans l'esprit du médicomage de garde mon état de conscience et ce qu'il fallait faire pour me libérer. Un nouveau venu qui a éprouvé quelque chose pour moi… de la pitié mais cela m'a suffit… Merlin, c'était un ETRANGER ! »

« Hermione nous ne savions pas… » plaida Harry.

« La belle affaire… On ferait n'importe quoi, n'est-ce pas Potter, pour alléger sa conscience… »

Sa voix était pleine de venin. Harry cilla sous le choc d'entendre prononcer son nom de cette manière par celle qui était sa meilleure amie.

« Et je suppose que tu ne le savais pas non plus, que c'est uniquement parce que ce médicomage m'a regardé dans les yeux que j'ai pu me libérer… la première fois en six ans que quelqu'un m'ait regardée dans les yeux. Si l'un d'entre vous était venu me visiter, peut-être aurais-je été libre avant… »

Elle vit la culpabilité s'introduire dans leur regard, dans leur cœur. C'en était trop.

Elle ferma les yeux un instant puis les rouvrit aussitôt.

Tous pouvaient voir qu'ils ne reflétaient aucune émotion. Ils étaient le miroir d'une âme désormais vide.

« J'ai mis six longues années à parfaire mon art, et à attendre, chaque minute de la journée. Pendant deux mil cent quatre vingt dix jours exactement, j'ai frisé la folie… Je ne me retenais qu'à une chose, vous ! Vous qui m'avez faillie… »

Aucun d'eux n'osa prononcer une seule parole, ils étaient pétrifiés.

« Et maintenant vous êtes tous là. Je ne peux pas dire que je vous déteste. »

A ces mots, une lueur d'espoir brilla dans chacune des prunelles qui la fixaient.

Ils s'avancèrent.

Elle sourit gentiment.

Elle leva la main, ils s'arrêtèrent un instant.

« Je ne peux pas dire que je vous déteste » répéta-t-elle mielleusement « parce que la haine cache toujours l'amour. Or si je vous aimais, je ne vous aime plus. C'est pire, vous m'êtes indifférent » continua-t-elle d'un ton sarcastique.

Ils furent saisis d'effroi.

« Hermione, reste, on a besoin de toi… » la supplia Ron.

D'autres voix s'élevèrent pêle-mêle, toute sauf une.

« Tu es la sœur qu'on n'a jamais eue »

« On a besoin de vous à Poudlard, un poste de professeur vous attend si vous le voulez. Vous avez toujours aimé le cours de sortilèges »

« Comme une fille pour moi »

« STOP » hurla-t-elle.

« Vous me rendez tous malade avec votre hypocrisie débordante… Vous vous imaginiez que la petite Hermione allait se réveiller comme si de rien n'était… qu'elle allait courir à Poudlard, s'enfermer dans la bibliothèque et papoter avec ses petits camarades.»

Sa voix était à nouveau douceâtre pour ne leur laisser aucune prise, leur montrer qu'ils n'étaient plus rien pour elle

Elle regarda Snape. Lui seul n'avait rien dit. « Enfin presque tout le monde. »

Elle regardait le maître des potions droit dans les yeux comme personne n'osait le faire « Vous Snape, j'ai espéré que vous viendriez…mais finalement vous êtes comme les autres !» Elle lut la détresse dans ses yeux, elle n'en avait que faire…

Qu'ils aillent tous au diable.

Elle reprit son sac et ajouta calmement « Je n'ai pas besoin de votre générosité, vous ne vous rachèterez jamais à mes yeux. J'ai l'argent de mes parents pour vivre. Ils étaient assez riches. Et maintenant, j'espère que jamais nos chemins ne se croiseront à nouveau. »

Et avec un léger pop, elle fut partie, laissant derrière elle la tristesse, le désespoir, le remord et la colère…