Titre : Noir

Auteur : Ayako

Genre : mystère, un peu d'humour et peut-être un autre genre.

Bases : Harry Potter 1 à 5

Disclaimer : Les personnages se promenant entre les lignes de ma fic, à part ceux que vous n'avez jamais vu gambader ailleurs ne m'appartiennent pas mais sont la propriété de JKR. Les autres (Artanis, Lydia & cie) sont ma propriété. N'ayant pas trop eu le temps d'aller à la chasse au Severus Snape ces temps ci, j'ai attendu que les cloches et/ou le lapin me l'apporte (oui les cloches viennent d'Italie et le lapin d'Allemagne, mais ils font bien un tour en Angleterre avant de venir…) bah j'ai attendu, attendu mais à part les chocolats je n'ai rien vu venir…

Du coup pour me consoler je me suis vengée sur les chocolats….

Sinon je gagne rien pour cette fic… Même pas un chocolat !

Un grand merci : A mes betas Mephie, Pandi et Hybrid pour leurs conseils avisés et leur patience à l'égard de cette fic. Et encore un énôrme merci à Hybrid pour les arts qu'elle a fait de mes enfants (même que Artanis il est trooooooooooooop classe, et Lydia prometteuse)

Chapitre 21 : Accalmie

N'ayant plus le temps d'esquiver la flèche, mais surtout trop surpris pour le faire, Harry ferma les yeux en attendant l'impact. Devant l'imminence de sa mort, une seule chose le préoccupait : savoir s'il allait souffrir intensément avant de mourir. Il espérait que non, toutefois, il doutait de la magnanimité de l'elfe à son égard. Mais l'arme ne le tua pas. Elle se contenta de le frôler avant d'atteindre un autre être vivant qui s'éteignit dans un râle.

-En voilà un qui n'aura plus le loisir de causer du tort à quelqu'un, déclara Artanis d'un ton satisfait.

C'est à peine si Harry l'entendit, trop choqué par les derniers évènements. Le moment de tension passé, il venait de réaliser qu'il avait cru mourir et n'avait fait aucun geste pour esquiver. Fort heureusement d'ailleurs, sinon c'est bien lui que la flèche aurait frappé ! Rétrospectivement, il fut secoué de violents frissons. Ses jambes flageolantes ne le supportèrent bientôt plus et il s'affala sur le sol. Il entendit quelques voix crier son nom sans pour autant réussir à les distinguer, avant de sentir plusieurs présences autour de lui. Ouvrant les yeux, il distingua les visages de ses amis, mais également celui d'Artanis. Tous étaient marqués par l'inquiétude.

-Hey ça va mon vieux ? demanda Ron.

-Je crois que oui, parvint à articuler le brun.

Un soupir de soulagement parcourut l'assistance.

-On peut dire que tu nous as foutu une belle trouille, déclara Ginny.

-Désolé, fut tout ce que le jeune homme trouva à répondre.

-Ce n'est pas la peine de t'excuser, on sait bien que tu n'y pouvais pas grand-chose, assura Luna.

-Ce serait plutôt à moi de le faire, ajouta Artanis d'un air penaud. J'avais crains que si je vous prévenais de mes intentions, l'éclaireur, qui m'aurait sans doute entendu, ne lance vers moi son poignard, avec le risque que celui-ci vous atteigne.

-Mais là, vous auriez pu atteindre l'un d'entre nous ! protesta Ron. Imaginez si l'un de nous avait fait un mouvement malencontreux….

-Ma flèche ne l'aurait pas atteint mortellement. De toute façon, il y avait peu de chances que cela arrive, j'avais pris en compte cette possibilité.

-Vous saviez exactement où nous étions ? demanda Hermione surprise.

-Bien sûr. Le gobelin, lui, le devinait. C'était une bonne idée de vous faire passez pour des fantômes, car c'est ce que vous faisiez n'est-ce pas ? Seulement vous aviez omis un détail qui aurait pu se révéler fatal : le son de votre voix ne couvrait pas totalement le bruit de vos pas. Et, même si les gobelins ont une ouïe beaucoup moins développée que la mienne, ils vous ont parfaitement entendus.

-Ils ont? releva immédiatement Lydia.

-Les éclaireurs gobelins travaillent toujours par paire. L'un va prévenir l'avant-garde de la position de leurs ennemis, tandis que l'autre continue discrètement à les suivre.

-Ce qui veut dire que l'armée gobeline sait où nous nous trouvons ? demanda Ginny, anxieuse.

-Pas encore. Artanis se tut un instant, ses yeux fixant le lointain. il semblerait que notre ami se soit perdu dans le château. Toutefois il serait judicieux que nous regagnions au plus vite la Grande Salle. Nous éviterons peut-être ainsi de faire de mauvaises rencontres. Tu pourras courir sans problème Harry ?

-Ça devrait aller, répondit ce dernier en se relevant.

-Tant mieux. Si tu ressens le moindre signe de faiblesse n'hésite pas à nous en faire part !

-OK.

-Bien, voici comment on va s'organiser : je passerai devant et Ron fermera la marche. Je vous demanderai également de vous taire durant le trajet. Il serait regrettable que nous soyons attaqués par des gobelins que je n'aurais pas entendus arriver.

Une fois qu'Artanis eut l'assurance que les élèves lui obéiraient, il alla récupérer sa flèche puis s'élança dans la direction opposée. Il imposa rapidement au groupe un rythme soutenu, suivi avec plus ou moins d'entrain par ses cadets. Contrairement à la majorité du groupe, Harry trouvait la cadence trop lente. Il avait hâte d'arriver dans la Grande Salle, pour ne plus avoir à ressasser les derniers évènements qu'il ne parvenait pas à chasser de son esprit. Il ne voulait plus penser à sa réaction pour le moment, il ne devait plus y penser. La situation ne se prêtait pas à ce genre d'introspection très poussée qui retenait toute l'attention. Il tenta de faire le vide en lui, en se concentrant uniquement sur les ordres donnés par Artanis, mais en vain. Il avait la sensation qu'il ne parviendrait jamais à se débarrasser de ces désagréables pensées, et que, quoiqu'il fasse, elles resteraient tapies au fond de son esprit, n'attendant qu'un moment d'inattention de sa part pour revenir à la charge.

Harry regarda autour de lui et constata, avec soulagement, que ses amis n'avaient pas remarqué son trouble. Il ne voulait pas les tracasser tant que la bataille n'était pas achevée. Il ne tenait pas à être un poids pour eux lors des combats et risquer ainsi qu'ils soient blessés – ou pire – par sa faute.

Le brun esquissa un sourire à Hermione, s'étant retourné vers lui. Elle s'était sans doute sentie observée. La jeune fille lui rendit son sourire mais Harry vit que le cœur n'y était pas. Elle était bien trop préoccupée par le sort de toutes les personnes retranchées dans la Grande Salle dont ils étaient sans nouvelles depuis plus d'une heure. Une vague de honte le submergea. Hogwart menaçait de tomber, entraînant dans sa chute un grand nombre de vies, et la seule chose qui lui importait pour le moment son petit confort ! Certes il avait subi un grand choc, mais ce n'était pas une raison pour se laisser aller ! Il fallait qu'il se ressaisisse et se jette à corps perdu dans le combat. Il se doutait qu'il ne pèserait pas lourd face à l'ennemi, mais il ne comptait pas donner un trop gros avantage aux gobelins par son manque de réaction. Il aurait de toute façon bien assez de temps pour se poser des questions existentielles après la bataille… s'il pouvait à ce moment là encore se les poser !

Ces pensées fort gryfindoresques lui firent rapidement oublier ses propres inquiétudes. Dès qu'il se fut rassuré, il attrapa la main d'Hermione, y exerça une légère pression et lui sourit d'un air encourageant. Il voulait lui signifier de cette manière que s'il avait compris ses angoisses, il ne les partageait pas.

Si les gobelins avaient percé les défenses de la Grande Salle, ils auraient été mis au courant, car même si Artanis ne les avait pas prévenu – Harry se méfiant de l'elfe, avait prévu cette possibilité– Remus ou Dumbledore l'aurait fait au moyen du miroir. La jeune fille hocha la tête ; elle avait saisi son message. De nouveau, elle lui rendit son sourire, à la différence que ce dernier était bien plus franc que la fois précédente, puis elle retira sa main de celle d'Harry, sans doute gênée par cette promiscuité. Le brun ne s'en formalisa pas, il était également habitué à garder une certaine distance avec les gens qu'il côtoyait, même avec ses meilleurs amis. Seul Sirius passait outre cette distance sans que ça ne le dérange.

Ils couraient depuis quelques minutes lorsqu'Artanis, d'un geste de la main, leur somma de s'arrêter une première fois. L'elfe continua à avancer sans un bruit tandis qu'il bandait son arc. L'instant d'après, il récupérait son projectile sur le cadavre d'un gobelin et s'engageait à vive allure dans le couloir d'où venait l'intrus. Il en ressortit moins d'une minute après semblant content de lui. Il fit ensuite signe au groupe de venir le rejoindre, et ils repartirent au pas de course sans avoir eu le temps, comme ils l'avaient espéré, de reprendre leur souffle…

D'autres haltes du même genre furent effectuées durant le reste du trajet. Chacune d'entre elles semblaient rendre l'elfe perplexe. Artanis donnait l'air d'attendre quelque chose qui n'arrivait pas. Ce n'était pas vraiment pour rassurer Harry. Ses amis ne devaient pas l'être non plus à voir leur visage soucieux. Ils arrivèrent pourtant devant les lourdes portes de la Grande Salle sans. Dès qu'Hermione eût ouvert les portes après qu'ils se soient faits reconnaître, Artanis, toujours préoccupé, les poussa à l'intérieur, avant de rejoindre à grandes enjambées MacGonagall qui se trouvait à l'autre bout de la salle. Harry et ses amis, quant à eux, furent rapidement encerclés par un groupe de curieux dont la majorité faisait partie de la DA. Ils furent alors assaillis de questions jusqu'à ce qu'ils aient raconté en détail leur escapade dans les couloirs du château et rassuré les grands frères et sœurs au sujet de leurs cadets. Peu à peu l'attroupement se dispersa, et il ne resta bientôt autour d'eux guère plus qu'une dizaine de personnes, des Gryffindors pour la plupart, qui se chargèrent de leur expliquer la situation.

-Après la première attaque nous avons-nous aussi attendu quelques minutes, relata Pavarti qui se trouvait dans le groupe le plus éloigné de la Grande Salle. Le professeur Black nous a ensuite annoncé que nous devions nous replier dans la Grande Salle car les gobelins seraient bien trop nombreux pour que nous puissions les vaincre. Nous avions à peine commencé à avancer qu'une vingtaine de ces sales bestioles nous est tombée dessus ! Nous sommes parvenus à les repousser sans trop de mal, mais nous avons rapidement été encerclés par ces horribles créatures ! Elles surgissaient de nulle part et arrivaient à chaque fois par dizaines entières ! Une fois de plus nous avons essayé de les vaincre, mais elles étaient beaucoup trop nombreuses. Nous avons alors tenté de les maintenir à l'écart au maximum pour tenter de nous frayer un chemin, mais certains d'entre nous ont tout de même été blessés par les gobelins. C'était horrible ! J'ai vraiment cru ma dernière heure arrivée à ce moment-là. Nous avions beau tenté de les repousser, ils se rapprochaient de plus en plus de nous. Heureusement, un groupe d'Aurors est arrivé rapidement pour nous prêter main forte. Grâce à eux nous avons pu reprendre le dessus et nous avons finalement réussi à faire perdre les gobelins avec des charmes aveuglants et assourdissants. Nous nous sommes ensuite dirigés vers la Grande Salle et nous sommes rapidement tombés sur le groupe du professeur Sprout qui tentait tant bien que mal de repousser un groupe de ces créatures hideuses. C'était Neville, épaulé par Artanis, qui se chargeait de garder les gobelins à l'écart et de coordonner la défense de leur groupe. Il s'en sortait plutôt bien…

-Le problème, intervint Padma, c'est que lorsqu'il nous a vus, il n'a plus surveillé ses arrières, et il s'est pris un coup de massue et a été assommé.

-Merlin, le pauvre ! s'exclama Hermione. Comment va-t-il ?

-Pas trop mal, la rassura Pavarti. Il s'est réveillé il y a une demi-heure avec une migraine pas croyable et une horde de fans, que Miss Pomfrey a vite dissipées.

-La horde de fans ou la migraine ? demanda Ron, amusé.

-Les deux, répondit Pavarti. Tu connais notre infirmière, elle ne fait jamais les choses à moitié ! Bref pour en revenir à ce que je disais, nous avons aidé le groupe du professeur Sprout à se débarrasser des gobelins et à transporter le corps de Neville en toute sécurité. Ils nous ont ensuite, comme vous devez vous en douter, accompagnés vers la grande salle. Le deuxième groupe que nous avons rencontré était celui du professeur Snape.

-Une belle brochette de Slytherins en somme, fit Ron d'un air dégoûté. Les gobelins les avaient massacrés ? demanda-il ensuite, les yeux remplis d'espoir.

-Je dirais plutôt que c'était l'inverse. Quand nous sommes arrivés le sol était jonché de cadavres de gobelins, la plupart avaient la tête écrabouillée, c'était dé-goû-tant ! Enfin les gobelins commençaient à devenir un peu trop nombreux pour eux. Nous les aurions bien laissés se débrouiller, seulement ils étaient sur notre passage, et il y avait le professeur Sprout qui ne cessait de nous rabâcher – sans grande conviction d'ailleurs – que les quatre maisons devaient être unies.

-Et puis de toute façon les Aurors avaient déjà commencé à leur prêter main forte, renchérit Colin, nous serions passé pour des couards.

-Une fois que nous les avons tirés de leur mauvais pas, reprit Pavarti, c'est à peine s'ils étaient reconnaissants, ils pestaient même d'avoir été sauvés par des sangs impurs…

-Mais un regard de du professeur Snape et ils se sont vite tus ! coupa Lavande.

-Les Aurors sont ensuite intervenus pour arranger « l'espèce de tas désorganisé »comme ils nous appelaient. Il était essentiel pour eux qu'on soit le plus efficace possible, et que ceux qui avaient pris des mauvais coups ne se retrouvent pas en mauvaise posture. Nous ne sommes donc repartis qu'après avoir fait de notre petite troupe une sorte de petite armée. Mais ils n'ont pas pu placer où ils voulaient ni les professeurs Snape et Black ni Artanis. Ils voulaient absolument se trouver devant pour soi-disant nous protéger du gros des troupes ennemies, mais ça ressemblait plutôt à une sorte de compétition entre les deux professeurs et à une furieuse envie d'en découdre avec les gobelins pour Artanis ! Du coup, les Aurors qui devaient être devant ont fermé la marche. Nous nous sommes ensuite dépêchés de retrouver les groupes suivants avant qu'ils ne soient submergés par les hordes de gobelins ! Sur le chemin nous avons été pris plusieurs fois en embuscade par ces immondes bestioles, et, comme l'avaient déclarés Artanis et les professeurs Black et Snape ils se sont chargés de la plupart de ces monstres, enfin, ils les ont seulement achevés, c'est nous qui les aveuglions et les désarmions. Ils ont d'ailleurs fait un véritable carnage ! C'était atroce !

-C'était géant plutôt ! s'exclama Colin, complètement exalté. Vous auriez dû voir ça ! Le professeur Black avançait de gobelins en gobelins pour les passer au fil d'une épée qu'il avait ramassée sur le corps d'un gobelin. Le professeur Snape et Artanis étaient restés en retrait par rapport à Black et massacraient tous les gobelins qui se trouvaient hors de sa portée. Artanis tirait flèche sur flèche avec une précision déconcertante, il n'avait pas l'air de viser. Le professeur Snape quant à lui avait collecté une bonne vingtaine de poignards et dagues et les faisait tournoyer en spirale autour de lui – ainsi les gobelins ne pouvaient pas s'approcher de lui sans y laisser des écailles – et d'un geste nonchalant de sa baguette, il envoyait les poignards se loger dans le cou des gobelins, là aussi avec une précision mortelle. Ils étaient vraiment impressionnants à voir et j'aurais tellement aimé pouvoir vous les montrer dans le feu de l'action, mais je n'avais pas pris mon appareil photo ! Quand j'y repense ça m'énerve ! Pourquoi a-t-il fallu que j'oublie de prendre mon appareil photo juste aujourd'hui ? Je suis vraiment le pire des idiots ! Une telle occasion ne se présentera certainement pas de sitôt !

-Tu sais, les photos auraient certainement été floues ou très mal cadrées, vu que tu n'étais pas dans de bonne conditions pour les prendre, tenta de le consoler Padma. Et puis, ton appareil aurait sûrement été détruit dans la cohue.

-Je sais, mais je n'arrive pas à décolérer !

-Arrête d'y penser !

-Je vais essayer…

-Pour en revenir à ce que je disais, intervint Pavarti, les gobelins n'ont pas tenu longtemps face à nous, mais nous ne sommes pas pour autant ressortis tous indemnes de ces affrontements avec eux. Il y a eu pas mal de blessés, mais il y en avait davantage parmi les groupes que nous récupérions au passage. Nous avons tout de même réussi à arriver tous sauf dans la Grande Salle, mais nous étions talonnés par les gobelins. Il nous a donc fallu repousser une dernière fois les gobelins avant de pouvoir fermer les portes. Et depuis, nous attendons ici. Les gobelins on bien tenté de forcer les portes, ils n'ont néanmoins pas réussi à passer outre les protections posées sur celles-ci ! Depuis ils cherchent une autre issue pour pouvoir entrer, seulement une fois verrouillée, il parait que cette pièce est imprenable.

-Mais alors, pourquoi nous avoir demandé de conduire les plus jeunes dans la Chambre des Secrets ?

-Je crois que c'était surtout pour qu'ils ne voient pas l'horrible spectacle que donneraient les blessés et aussi qu'ils évitent de nous communiquer leur panique, déclara Lavande.

-Je ne suis pas certaine que ce soit une très bonne idée, déclara pensivement Hermione après quelques instants. Ils risquent de constituer une proie de choix pour V-Voldemort si jamais celui-ci venait dans le château.

-N'est-ce pas toi qui disais il y a à peine quelques heures qu'il fallait faire confiance à Dumbledore ? rétorqua Pavarti. S'il a décidé de séparer les premières années des dernières, c'est qu'il avait une bonne raison de le faire. Je ne pense vraiment qu'il ferait une erreur de stratégie telle que de laisser les plus vulnérables à la merci de V-Vol-Vous-Savez-Qui.

-Bien sûr que non ! s'exclama la brune. Il devait penser que cet état de siège serait très provisoire ! Seulement je ne sais pas si tu as remarqué, mais il semblerait que cette situation est en train de s'éterniser. La preuve, Dumbledore n'est toujours pas là et les professeurs ont l'air assez inquiets. Et puis, en cas d'attaque telle que celle-ci, notre directeur n'aurait pas manqué d'appeler du renfort, or personne n'est venu à notre secours.

-Merlin, murmura Ron blême. Si personne n'est venu nous prêter main forte, c'est qu'ils doivent tous être occupés ailleurs. Hermione tu penses vraiment que Vo-Tu-Sais-Qui a lancé une attaque massive sur tout le pays ?

Il venait par là même d'exprimer ce que tous avaient craint.

-Ce serait bien son genre en effet, déclara sombrement Harry.

Lavande se mit à sangloter bruyamment, elle se voyait déjà agonisante dans le petit matin, achevée à coup de hache par un gobelin.

-Calme-toi ! l'exhorta Ginny, tandis que Ron la prenait maladroitement dans ses bras, tu tiens franchement à alerter tout le monde ? L'atmosphère n'est déjà pas au beau fixe, autant ne pas achever le moral des troupes, continua-t-elle sur un ton qui se voulait plus léger.

-Je suis désolée, hoqueta la sixième année.

-Ce n'est pas grave, tempéra la rousse, on est tous un peu à cran pour le moment. Qui ne le serait pas avec une armée de gobelins aux trousses ?

-Cesse de jouer à la fille qui n'est pas concernée Ginny, conseilla Ron, ce n'est pas vraiment le moment pour faire la fière. Tu sais personne ne t'en voudras si tu craques.

La jeune fille resta un moment interdite, puis les larmes aux yeux, elle tenta de sourire.

-Viendras-tu me consoler, comme toi et les autres le faisiez si bien avant ? interrogea-t-elle d'une voix altérée.

-Evidemment, puisque Dean n'est pas capable de bien tenir son rôle !

-Idiot, murmura-t-elle en enfouissant son visage au creux de l'épaule de son frère, si tu savais comme je t'adore.

De son bras libre Ron serra sa sœur de façon protectrice.

-Ne t'en fais pas Gin' il ne nous arrivera rien, nous sommes en sécurité ici et il l'est aussi dans la chambre des secrets.

-Mais, Hermione a dit que…

-Je suis certain que Dumbledore aura trouvé une solution d'ici là ! affirma avec force le roux. Sa voix dénotait pourtant un profond manque de conviction.

-J'en suis sûre également, intervint d'une voix tranquille Luna jusqu'alors silencieuse. Hogwart est le lieu le plus sûr de tout le pays.

-C'est d'ailleurs pour ça que Vous-Savez-Qui nous a envoyé ses gobelins, ironisa Padma, pour que lui même ne se casse pas lui-même les dents sur les défenses ô combien efficaces de ce château.

-Et ne trouves-tu pas Luna que nous avons fait face à bien plus de dangers, parfois mortels, que nulle part ailleurs en Angleterre ?

-Je serais curieuse de savoir à quels périlleux dangers vous avez fait face durant votre scolarité, railla Hermione avant que Luna n'aie eu le temps de répondre. A part en deuxième année, vous ne risquiez rien dans l'enceinte de l'école, si on excepte certaines grosses frayeurs et beaucoup d'heures de retenues données par Filch, Snape ou Umbridge. Si quelqu'un a plus d'une fois risqué sa vie ici, c'est Harry. Enfin est-il réellement nécessaire de vous rappeler que le monde sorcier vit dans l'insécurité et la peur depuis que… V-Voldemort est revenu il y a plus d'un an, et ce malgré toute la campagne de diffamation du ministère ! C'est bien ici qu'on est le plus en sécurité ! acheva, avec fougue, la jeune fille.

-C'est surprenant d'entendre ça de la part de la personne qui nous a justement fait douter de notre sécurité, commenta avec aigreur Padma.

Voyant que l'ambiance commençait à dégénérer rapidement, Harry s'empressa d'intervenir.

-Ce n'est vraiment pas le moment de nous disputer, sinon si, et je dis bien si, Voldemort s'empare du château, il n'aura pas grand mal de nous vaincre tous ! Je sais bien que vous êtes sur les nerfs, nous le sommes tous, ce n'est pas une raison pour vous entretuer pour des queues de cerises. Quelle importance ce soir de savoir si nous sommes ou non plus en sécurité entre ces murs que nulle part ailleurs dans le monde ? Comme vous avez pu le constater nous ne sommes pas dans une situation très favorable, alors au lieu de débattre sur des sujets sans aucune importance, cette nuit, il vaut mieux nous préparer au pire. Ce n'est plus la peine de paniquer ou de regretter quoique ce soit, il est bien trop tard pour cela. Nous devons nous tenir prêts à défendre notre école, et, si la situation devient vraiment tragique, à vendre chèrement nos vies !

Le reste du groupe approuva ses dires par un murmure indistinct. Certains d'entre eux, comme Hermione et Parvati, baissaient la tête, honteux d'avoir ainsi paniqué et de s'être emportés. Toutefois, la plupart de ses amis l'avaient à peine écouté et avaient murmuré leur approbation juste pour la forme, mais Harry s'en moquait, sa diatribe avait eu l'effet escompté. Le calme était enfin revenu dans leur petite communauté. Certes les tensions étaient encore vives, mais au moins Harry avait pu goûter pendant un petit instant aux joies du silence. Il se doutait cependant que l'accalmie ne durerait pas et que la dispute reviendrait incessamment sous peu lui agresser de nouveau les oreilles et l'empêcher d'avoir les idées claires. Aussi songea-t-il à glisser sur un autre sujet. Malheureusement il était bien trop fatigué pour pouvoir penser correctement, et, malgré l'intense concentration dont il tentait de faire preuve, il ne trouva rien à dire pour détourner subtilement l'attention. Il continua vainement à se creuser la tête mais à chaque fois c'étaient les mêmes idées qui lui venaient à l'esprit. Voyant que cette solution ne le mènerait nulle part, il se décida à l'abandonner pour en prendre une autre, certes un peu moins subtile, mais tout aussi radicale.

Il se racla la gorge, regarda chaque personne d'un air dissuasif de toute objection et allait se lancer dans un nouveau discours lorsque Luna déclara à la cantonade qu'elle allait rendre visite à Neville, si évidemment l'infirmière le lui permettait ! Harry, heureux de cette diversion et également honteux de ne pas l'avoir trouvée lui-même s'empressa de l'accompagner, laissant pantois le reste du groupe. Silencieusement, ils traversèrent la salle, se frayant un chemin entre les élèves qui, fatigués, s'étaient assis, parfois allongés, à même le sol. Harry aurait aimé pouvoir faire de même tant ses jambes courbaturées le faisait souffrir, mais sa conscience aigue du danger – qu'il maudissait à cet instant précis – le forçait à rester sur ses gardes, bien qu'il doutât fortement être encore en pleine possession de ses moyens. Il remarqua qu'à part quelques groupes épars d'élèves encore en train de discuter, seuls les Slytherins dans leur totalité étaient encore debout, certainement plus pour montrer leur supériorité par rapport aux autres élèves que pour être prêts en cas de coup dur. Une mauvaise langue, ce que – bien évidemment – Harry n'était pas, aurait immédiatement songé en les voyant ainsi qu'ils se préparaient à s'enfuir en cas de problème !

Rapidement, le regard de Harry fut attiré par Lydia, car si cette dernière avait retrouvé son cousin sain et sauf, elle semblait toujours aussi préoccupée qu'avant, et le bras réconfortant de Blaise posé sur ses épaules ne semblait pas la rassurer tellement. Harry se demandait ce qui pouvait bien inquiéter à ce point la jeune fille. Il ne semblait pas que ce soient les combats, sinon elle n'aurait pas pris part à la bataille. Elle devait donc certainement être arrivée aux mêmes conclusions qu'Hermione, et s'inquiétait pour un proche dehors.

Lorsqu'elle les aperçut, la jeune fille masqua rapidement ses appréhensions et tenta discrètement d'attirer sur elle le regard de son amie. Lorsqu'elle y parvint elle signifia d'une moue boudeuse tout l'ennui qu'elle pouvait éprouver à devoir rester du côté des Slytherins. Pour toute réponse la Ravenclaw haussa les épaules, désirant certainement montrer ainsi qu'elle ne pouvait pas faire grand-chose pour son amie sans compromettre cette dernière. Elle avait sûrement joint à ce geste un sourire moqueur puisque Lydia afficha une mine contrite puis détourna son regard et entama une conversation avec son cousin. Luna se contenta d'hausser une nouvelle fois les épaules avant de presser le pas vers l'infirmerie.

-Et bien, vous en avez mis du temps avant de venir ! s'exclama Neville en guise d'accueil.

-Il a fallu qu'on attende que tes groupies se calment avant de venir, chuchota Harry à moitié hilare à la vue d'un Neville complètement groggy qui tentait de faire –sans grand succès – une moue boudeuse.

-Nous avons ensuite dû persuader Miss Pomfrey de nous laisser venir te voir, ajouta Luna.

-Mais pourquoi les autres ne sont pas avec vous ?

-Ne t'en fais pas, ils arrivent ! Il faut juste qu'ils arrivent à négocier avec notre chère infirmière pour que l'on puisse être à plus de deux dans ton compartiment !

-En les attendant tu ne pourrais pas nous raconter comment tu es arrivé là ? demanda Luna en s'asseyant sur le rebord du lit de Neville. Les autres nous ont seulement appris que tu t'étais pris un mauvais coup en défendant ton groupe.

Neville prit une jolie teinte cramoisie tout en bafouillant que son rôle dans l'affaire avait été très exagéré, qu'il n'avait que contribué modestement à la défense du groupe. Il ne cessait d'envoyer à Harry des regards suppliants pour que ce dernier fasse diversion, mais le brun ne l'entendait pas de cette oreille. D'humeur étrangement badine depuis qu'il était entré dans l'infirmerie, il ne se contenta pas d'ignorer les suppliques silencieuses que lui envoyait son ami : avec un large sourire, il déclara que Neville était bien trop modeste et que lui aussi avait hâte d'entendre sa version des faits. Le jeune homme lui lança un regard chagriné avant de se racler la gorge pour commencer son récit, récit qu'il axa plus sur le mérite de Harry qui lui avait inculqué quelques sorts de base que sur son propre courage.

Il aurait pu terminer rapidement son récit si Luna ne l'avait pas interrompu sans cesse pour demander des précisions sur des points qui lui semblaient obscurs. Cette attitude avait d'ailleurs surpris Harry, Si la jeune fille affichait toujours un air désintéressé, c'était bien la première fois que la Ravenclaw semblait si attentive. Elle ne remarqua pourtant pas que la soudaine attention qu'elle portait pour le jeune homme le gênait au plus haut point. Il ne cessait de perdre le fil de ce qu'il racontait et de bafouiller sans que cela interpelle leur cadette . Harry lui, resta en retrait. Il préférait se taire plutôt que d'embarrasser son ami, mais surtout il avait la désagréable sensation d'être de trop dans la pièce. Cette sensation ne se dissipa que lorsque le reste du groupe les rejoignit enfin, au grand soulagement de Neville qui put ainsi échapper à l'interrogatoire de Luna… pour se faire submerger de questions par le reste du groupe.

Dès qu'il eût satisfait la curiosité de son entourage – enfin presque, au grand dam de Ron il n'avait pas compté le nombre de gobelins que son groupe avait achevé et il ne savait pas non plus combien il y avait de clans, et ce malgré qu'ils aient chacun eu une arme de prédilection ; il n'y avait pas fait attention – il leur demanda de raconter à leur tour ce qu'il leur était arrivé.

Ce fut Ron qui s'en chargea, tout du moins au début, mais comme sa sœur n'arrêtait pas de l'interrompre pour ajouter des commentaires à sa sauce, il la laissa rapidement narrer leur aventure et ne se priva évidemment pas pour ajouter certaines précisions au récit de sa sœur. Ce qui devait arriver arriva, les deux roux se mirent à se chamailler sans que leur ami n'ait eu le fin mot de l'histoire. Pour ne pas le laisser dans l'ignorance la plus totale, Hermione reprit l'explication après avoir insonorisé l'espace dans lequel ils se trouvaient.

-Je suis content que tout le monde soit sain et sauf, déclara Neville dès qu'Hermione eut terminé son récit. A mon réveil personne n'a su m'expliquer ce qui vous était arrivé, j'étais vraiment inquiet !

-Moi j'aimerais bien envoyer un message à Dean pour lui dire que tout va bien, murmura Ginny. J'espère que de son côté…

-Ne t'en fais pas ! s'exclama Harry. Là où il est il ne peux rien lui arriver de fâcheux !

-Comment peux-tu en être aussi certain, répliqua Ginny piquée au vif.

-Car seules deux personnes peuvent ouvrir la chambre des secrets, répondit Harry sur un ton léger, l'une est ici et l'autre n'est pas à Hogwart pour le moment La jeune rousse rougit de confusion : elle venait de réaliser ce qu'elle avait dit. Elle marmonna une vague excuse avant de se cacher au creux du cou de son frère qui la serra à l'en étouffer dans ses bras.

-Quelqu'un sait ce qu'on attend là ? demanda Neville autant pour être au courant que pour éviter le silence pesant qui menaçait de poindre à l'horizon.

-Il y a une dizaine de minutes j'aurais répondu les hypothétiques renforts, répondit Luna. Maintenant je ne sais absolument pas.

-C'est sûr que les renforts risquent pas de venir de suite, soupira Harry. Reste à savoir ce qui va arriver.

-Lydia l'ignorait…

-Artanis a sûrement dû la repérer lorsqu'elle jouait les espionnes, expliqua Ginny dans un petit rire, c'est pour ça qu'elle était aussi renfrognée !

-Elle aurait du s'en douter pourtant, déclara Hermione sur un ton sentencieux, Artanis nous a prouvé plus d'une fois que son ouïe était bien plus développée que nous aurions pu le penser, acheva-elle en fixant Harry.

Le brun comprit son allusion. Il se promit d'avoir une fois de plus une discussion avec elle au sujet de l'elfe.

-Moi je l'aime bien Artanis, avoua Neville. En tout cas je lui dois une fière chandelle, sans lui je serais mort à l'heure qu'il est !

-Nous aussi certainement, déclara Ron, et je lui en suis très reconnaissant. Mais je ne crois pas que je tomberais en admiration pour autant…

-Eh ! Je n'ai jamais dit que je comptais entrer dans son fan club, protesta Neville.

-Je ne suis pas d'accord avec vous, déclara Ginny. Certes sans lui on serait certainement mal en point, mais il n'a fait qu'utiliser les dons dont la nature l'a pourvu. Ce n'est pas comme d'autres qui ce soir ont montré un vrai courage face au danger.

-Tu dis ça parce que tu milites contre les groupies d'Artanis… l'accusa Luna.

-J'aurais alors attendu la première intéressée dans l'affaire !

-Ce n'est donc pas la peine que je défende ses intérêts.

Ginny fit semblant de réfléchir quelques instants.

-Non !

-Je suis du même avis que toi, affirma Hermione, je ne pense pas qu'il soit utile de sanctifier telle ou telle personne qui aurait prouvé sa valeur au combat. Après tout, on y a tous pris part au combat, chacun à notre manière, alors pourquoi mettre en lumière quelqu'un plus qu'un autre…

-Harry, je crois que tu dois te sentir visé là, déclara Ron hilare.

-Harry c'est différent, le contredit Hermione, Harry c'est l'espoir, la bannière à laquelle notre cause est attachée… On ne peut pas vraiment comparer la prestation d'Artanis ce soir et le combat que mène Harry.

-M'ouais la différence est quand même très subtile…

-Tu vois où une subtilité entre quelqu'un qui choisit et quelqu'un qui est choisi ?

-Il n'y a qu'un mot qui diffère…

-Oui mais ce mot change totalement la portée du verbe qu'il accompagne.

-Certes mais si on creuse un peu, tu es d'accord pour dire que Harry et Tu-Sais-Qui ont le même pouvoir de représentation. Or Tu-Sais-Qui n'a pas vraiment été choisi… c'est lui qui a choisit d'être choisi, dans ce cas-là la différence est subtile…

-Ron, tu crois franchement qu'il est l'heure de philosopher ? geignit Ginny. Je sais que pour une fois tu voudrais avoir raison sur 'Mione, mais s'il-te-plait… Epargne nos neurones ! Vous aurez tout le temps de reprendre ce passionnant débat un autre jour, lorsque Hermione sera plus en forme pour contre-argumenter.

-Ta sœur a raison, renchérit Neville, hilare, il est indigne du Gryffindor que tu es de choisir ainsi la facilité en provoquant Hermione dans une joute verbale vers cinq heures du matin…

-Il n'est pas déjà cinq heures ! s'exclama Harry surpris.

-A vrai dire, j'ai un peu arrondi, précisa le châtain. C'est dans environ un quart d'heure.

-Ça fait déjà plus de trois heures que nous avons été envahis, déclara d'un ton funèbre Ron. Et les secours ne sont toujours pas là !

-Ils arriveront bien à un moment ou à un autre, soupira Harry

-Mais tant qu'à faire, je préférerais que le château soit encore debout quand ils daigneront enfin venir nous sauver, avec si possible nous vivants à l'intérieur.

-Ron ? commença Hermione, ce n'est pas toi qui, sur le chemin de l'infirmerie, nous a demandé de garder nos inquiétudes pour nous, pour éviter de miner le moral des autres ?

-Certes, mais dans mon cas c'est différent, je ne faisais qu'exprimer tout haut ce que tous nous pensons tout bas.

-Ah non ! objecta Neville. Moi je me disais que ce serait une bonne idée de distribuer des rations de croissants et de boissons chaudes à tout le monde.

-Maintenant que tu en parles, c'est vrai que je ne serais pas contre un grand bol de chocolat chaud, déclara Ginny.

-Ou un café bien fumant, renchérit Hermione.

-Et tremper un toast dedans…

-Et cesser d'importuner un jeune homme alité, termina Miss Pomfrey. Je vous avais dit un quart d'heure ! Ça fait plus d'une demi-heure que vous êtes là. Allez, filez, Mr Longbottom a besoin de repos !

-Mais madame, protesta Neville, je suis en pleine forme !

-Ce n'est pas à vous d'en juger il me semble, jeune coq ! Maintenant buvez-moi ça et tâchez de rester tranquille. Quant à vous autres, je croyais vous avoir dit de partir ?

Le groupe eut à peine le temps de dire au revoir Neville et Luna de faire une énorme bise sur sa joue – devenue cramoisie –, avant de se faire chasser en bonne et due forme par l'infirmière.

Dans la Grande Salle, le silence régnait en maître. La plupart des élèves, vaincus par la fatigue et la résignation, tentaient désespérément de dormir, malgré les coups qui faisaient rage de l'autre côté des portes. Seuls les professeurs étaient restés debout, mais ils ne semblaient plus tellement inquiets, seulement contrariés. Harry en déduisit que si les événements ne se passaient pas comme prévus, au moins ils n'étaient pas en danger.

Le regard du brun fut attiré la fine silhouette d'Artanis. Ce dernier se trouvait légèrement en retrait par rapport au reste des adultes. Assis en tailleur, il avait les yeux fermés et le visage contracté par la concentration dont il devait sûrement faire preuve. De temps à autre ses lèvres bougeaient, mais Harry était bien trop loin pour essayer de comprendre ce qu'il disait. Si le Gryffindor avait d'abord cru que l'être prononçait des paroles indistinctes, telles celles d'un rituel dont lui seul connaissait la signification, il comprit rapidement son erreur lorsqu'il aperçut la forme sombre qui se trouvait aux côté d'Artanis. Snape ne perdait pas une miette de ce que l'elfe disait. Il secouait parfois la tête à l'intention du professeur de métamorphose, lorsque cette dernière se tournait vers l'étrange duo qu'il formait avec l'elfe. MacGonagall poussait alors un soupir désabusé avant de continuer sa ronde auprès des élèves et de rassurer ceux qui avaient besoin de l'être.

Les Aurors étaient postés près des portes et gardaient jalousement l'entrée de la grande salle. Ils vérifiaient à intervalles constants que les protections, qui bloquaient aux gobelins l'accès aux réfugiés, étaient toujours effectives et en profitaient à chaque fois pour les renforcer. Harry apprit par son parrain, alors que celui-ci s'était arrêté quelques instants près d'eux, que les Aurors avaient eu l'intention de tenter des sorties avant de se faire vertement tancer par la sous-directrice. Cette dernière avait en effet estimé qu'ils seraient plus utiles à protéger les élèves dans la salle en cas de problème qu'à se disperser en essayant de battre les gobelins qui étaient de toute façon en trop grand nombre. Le chef des Aurors ne partageait évidemment pas le point de vue de la directrice. Selon lui il fallait absolument diviser les troupes gobelines avant qu'elles ne tentent un grand coup. Il ne pensait pas s'en sortir indemne, mais il espérait infliger de grandes pertes à l'ennemi. MacGonagall refusa de nouveau de les laisser sortir, non seulement elle ne voulait pas les envoyer au suicide, mais elle estimait également – à juste titre selon Sirius, et tous l'avaient approuvé – qu'ouvrir les portes de la Grande Salle présentait un trop grand risque. Elle avait alors fait parvenir un message à Dumbledore pour lui demander ce qu'ils devaient faire. La réponse du directeur ne s'était pas faite attendre : Tout le monde devait rester dans la Grande Salle jusqu'à nouvel ordre. Il fallait absolument maintenir les portes closes et si possible vérifier que les protections tenaient toujours. Le chef des Aurors avait pris le ton de la missive au sérieux et depuis s'y conformait scrupuleusement. Il y mettait tout de même beaucoup de mauvaise grâce, vexé sans doute qu'on ne l'ait pas laissé jouer au héros, avait conclu Sirius goguenard, avant de se lever et de continuer sa ronde.

L'attente recommença alors, longue, monotone.

Les coups continuaient à pleuvoir sur les portes sans que ça n'inquiète plus personne. L'ennui avait depuis longtemps remplacé la peur et certains élèves étaient bien plus préoccupés par ce qui se passait au dehors qu'entre les murs du château. Ce n'était pas tellement qu'ils étaient inconscients, mais la situation restait bloquée pour le moment et ils se savaient en sécurité.

Leur comportement avait rassuré bien des adultes et surtout des Aurors qui n'avaient pas spécialement envie de devoir gérer une panique générale. Malgré tout, ils savaient que cette apathie collective ne durerait pas si la situation s'éternisait, si les secours ne venaient pas, si le château se trouvait réellement en état de siège. Lorsque la faim se ferait ressentir de trop, ils auraient à faire face à une véritable crise, et ils priaient Merlin de toute leur force pour que la situation ne dégénère pas à ce point.

Leur autre préoccupation était l'inertie des élèves : Ils étaient tous affalés les un sur les autres. Au moindre problème, aucun d'entre eux ne serait prêt à réagir.

Ils ne pouvaient toutefois pas leur dire de rester sur leurs gardes, l'inquiétude des élèves remonterait en flèche, et ils risqueraient de ne plus trouver en eux le courage nécessaire lorsque les évènements l'exigeraient. Il valait donc certainement mieux les laisser se reposer tant qu'ils le pouvaient.

Les élèves étaient eux à mille lieues de penser à tout cela. Ils ne rêvaient que d'une chose : retourner dans leurs dortoirs ou avoir des nouvelles de leurs proches, pour certains. Une partie d'entre eux était bien loin d'avoir pressenti que la nuit n'avait pas dû être tranquille non plus hors du château, ils étaient bien trop fatigués pour cela ! Ceux qui avaient compris se taisaient, préférant les laisser dans l'ignorance encore quelques heures. Cela ne servait à rien de les faire se morfondre et de toute façon, la réalité les rattraperait bien vite, trop vite…

L'attente continuait, étrangement silencieuse...

Tous se taisaient, il n'y avait même pas le moindre chuchotis. Les mots étaient devenus bien inutiles, ils n'étaient guère réconfortants et bien moins parlants que les gestes de soutien que les élèves pouvaient avoir entre eux. Mais, malgré ces dialogues muets, les élèves semblaient se murer dans une sorte de solitude. Aucun ne regardait ceux qui se trouvaient à ses côtés dans les yeux, de peur d'y voir de l'angoisse ou d'en communiquer. Certains préféraient de loin l'immensité du ciel que leur offrait le plafond de la grande salle, d'autres fermaient simplement les yeux ou regardaient un point au loin. C'était leur façon de faire le vide en eux, de ne plus penser à leur situation, ne plus penser aux gobelins, ne plus penser à rien, juste à cette attente qui se prolongeait toujours, semblant vouloir s'étirer jusqu'au bout de cette trop longue nuit. Beaucoup ne se préoccupaient plus maintenant de savoir si la situation se débloquerait un jour. La fatigue achevait maintenant d'engourdir les esprits les plus inquiets. Les attaques répétées des gobelins sur les portes, si elles ne faisaient plus sursauter personne depuis longtemps, berçaient maintenant une minorité d'élèves trop exténuée pour penser à l'urgence de la situation et à l'importance vitale d'être en état de vigilance constante. Tous avaient attendu trop longtemps et ils s'en étaient accommodés, ils sombraient peu à peu dans un sommeil sans rêves, sans angoisses, et sans attente…

Un bruit fracassant les sortis soudainement de leur léthargie

Malgré la fatigue et malgré la peur, de nouveau présente dans leur esprit, ils se levèrent tel un seul homme, prêts à affronter leur destin, ce qui serait sans doute un des plus grands combats de leur vie et peut-être leur dernier.

Pourtant les portes étaient toujours debout et les gobelins n'étaient pas entrés. Ils continuaient vainement de porter un coup fatal au seul obstacle qui leur restait à franchir.

Les élèves rassurés par l'échec de la tentative de leurs ennemis à les rejoindre commencèrent à se rasseoir et à extérioriser la crainte qu'ils venaient juste d'avoir en discutant avec leur voisin… Lorsqu' un deuxième bruit bien plus retentissant se fit entendre.

Dans le silence qui venait de nouveau de tomber dans la grande salle, une voix s'éleva :

-Marteas !

La Grande Salle venait d'être plongée dans le noir.