Chapitre 5 Les limites du corps

Severus s'éveilla près de son amant, et le regarda dormir un instant. Qu'aurait-il fait sans Remus, sans son sourire et ses caresses ? Aurait-il été le même, sans la présence de Remus ? Non… Et il le savait. Il aurait été réellement à la botte de Vous-savez-qui-y'en-a-marre-de-toujours-parler-de-lui-changer-de-gros-méchant-syouplait, et non pas un espion pour Dumbledore et l'Ordre du Phénix. Il aurait été un type aveuglé de pouvoir, avide de prouver aux autres ses talents, mais en utilisant des moyens draconiens pour y arriver… Oui, Remus(et Erik, bien sur, il ne fallait pas sous-estimer l'amour paternel), l'avait empêcher de tomber dans la déchéance.

Il se pencha doucement, et frôla les lèvres de son amant avec les siennes. Lorsqu'il s'éloigna de Remus, un doux sourire flottait sur les lèvres de l'endormi. Souriant à son tour, il se leva, passa une robe de chambre et se dirigea vers la cuisine, bien décidé à préparer un petit festin, pour les remettre tous deux sur pied après leur nuit… plutôt agitée. Il eut un petit rire en se rappelant qu'Erik avait, malheureusement, été le témoin auditif d'un petit moment. Fichue téléphone, avec tous ces boutons !

Il ouvrit la porte de réfrigérateur… pour découvrir qu'il n'y avait plus d'œuf, et plus de lait, donc pas de café. Remus allait en mourir. Et lui qui aurait mit sa main au feu qu'il restait du bacon, il ne découvrit que quelques tranches, qui ne devaient plus être très fraîche… Il du donc se résoudre à aller faire des courses. Il s'habilla rapidement, sans réveiller son petit ami, et sortit de l'appartement pour aller à l'épicerie, située à quelques rues de là.


Remus s'éveilla, mais décida de rester coucher et de ne pas ouvrir les yeux. Doucement, il se tourna sur le coté, et tendit le bras, dans l'espoir d'atteindre son amoureux, mais son bras ne rencontra que du vide. Il ouvrit les yeux pour voir qu'il était seul dans le lit. Il fit une petite moue, puis se reprit.

« Sev ! »

Mais personne ne lui répondit. Il se leva, enfila rapidement un pantalon et entra dans le salon. Personne. L'appartement était vide. A ce moment, il entendit cogner. Il eut à peine le temps d'ouvrir la porte qu'il entendit une voix rauque.

« Stupéfix. »

Remus s'écroula au sol, les yeux ouvert de frayeur.


Severus retournait chez lui en sifflotant, bien décidé à préparer un petit déjeuné royal pour son Remus adoré. Il fronça les sourcils en voyant la porte de l'appartement ouverte. Ne l'avait-il pas fermée… et barrée ? Il entra dans l'appartement pour le trouver vide. Nul trace de Remus dans le salon, ou dans la cuisine. La salle de bain ne contenait pas de loup-garou chantonnant sous la douche, et la deuxième chambre était vide comme à l'habitude. Et dans leur chambre, leur refuge, le matelas avait encore l'emprunte du corps souple du jeune homme. Les draps portaient encore son odeur. Il était là, quelques minutes auparavant. Mais où pouvait-il être ?

Severus attrapa le téléphone rapidement, abandonnant les denrées au sol.

« Papa ?

-Severus ! le gronda Erik. Non seulement vous me réveillez en pleine nuit, mais tu ose me réveiller le matin, alors que je viens de trouver le sommeil ?

-As-tu vu Remus ?

-Diantre ! Que ce passe t'il encore ? Vous vous êtes disputés !

-Non ! Je suis allé à l'épicerie pour préparer le déjeuné, et à mon retour, l'appartement était vide !

-As-tu appelé ses amis ?

-Non… Je n'ai pas eu le temps, je viens de remarquer son absence.

-Bon, et bien appelles-les ! Sais t'on jamais, il a peut-être reçu un appel urgent… Tu sais comment ils sont ces 4 là, toujours près à s'aider les uns les autres, toujours aussi unis qu'à Poudlard, toujours d'accord…

-Sauf…

-Sauf à ton sujet.

-Oui.Bon… Je les appelle.

-Bien. Tu me donneras des nouvelles lorsque tu en aura.

-Oui… Désolé de t'avoir éveillé…

-Ça va, ça va… »

Severus raccrocha, poussa un soupir, puis souleva le combiné à nouveau pour appeler les Maraudeurs.

« Sirius Black à l'appareil, vous me dérangez pendant mon facial.

-Toujours aussi puéril, Black.

-Toujours aussi dérangeant, Snape. Que me veux-tu ?

-Je ne veux rien de toi. Je cherche Remus.

-Il n'est pas ici.

-Tu ne sais pas où il pourrait être ?

-Vous vous êtes disputés ?

-Non.

-Et bien désolé, je sais pas du tout où il est.

-Bon…

-T'a appeler les autres ?

-Pas encore. Connaissant Remus, j'avais plus de chance de le trouver chez toi que chez les deux autres, mais sais t'on jamais…

-Ouais. Bon, bin tu dira à Moony quand tu le trouvera que ces petits jeux de cache-cache ne sont pas drôle, et surtout, plus de son âge.

-Tout à fait d'accord.

-Pour la première fois de leur vie, Sirius Black et Severus Snape sont du même avis ! Je crois que je vais faire un x dans mon calendrier pour me rappeler de ce jour

-Tu m'emmerde.

-Merci, c'est gentil. Bon, ce n'est pas que la perspective de m'engueuler avec toi ne soit pas amusante, ni que je me moque de l'endroit où mon Moony-adoré-que-j'aime-et-que-j'adore se soit caché, mais je dois aller rincer mon visage.

-C'est ça Black, va soigner tes rides.

-Salut, et bonne chance à la recherche de ton petit loup ! »

Potter. Il devait être chez Potter.

« Lily Evans à l'appareil.

-Lily…

-Ah. Salut, Severus. Qu'est-ce que tu veux ?

-Remus. Il est chez vous ?

-Non. Il devrait ?

-Je le cherche. Et sachant les liens entre Potter et lui…

-Désolée, mais il n'est pas là.

-Bon…

-T'a appeler les autres ?

-Il me reste le petit idiot.

-Peter est gentil, arrête.

-Vous savez que je me méfie de lui. Quelqu'un près de vous donne des informations à Tu-Sais-Qui, et je penche fortement pour cette petite tête d'imbécile qu'est Pettigrew.

-Moi, si je ne faisais pas confiance en Remus, je dirais que c'est toi qui nous vends.

-Désolé de te décevoir Lily, mais je ne suis pas un chien sale, comme tu aimerais le croire. On ne pourrait pas arrêter cette dispute stupide d'adolescent ?

-Bonne chance avec Remus. »

Et elle raccrocha. Severus soupira. Lily lui pardonnerait-elle un jour de s'être confié à elle, de l'avoir considéré comme sa seule amie, et d'avoir partager avec elle ses problèmes ?

« Peter Pettigrew à l'appareil.

-Pettigrew ?

-Snape ! Pourquoi tu m'appelle ?

-Aurais-tu vu Remus ?

-Non…

-Tu ne sais pas où il est ?

-Non… Vous vous êtes disputés ?

-Argggggggggggggggggggggggggggggggggggggg! »

Enragé, Severus raccrocha, fit les 100 pas, puis réprima ses larmes. Selon la procédure, Remus avait deux jours pour rentrer. Puis, il contacterait les Aurors.


Remus tomba face contre terre, et son nez se brisa à cause du choc. Une voix froide, légèrement nasillarde, se fit entendre.

« Ranimez-le. »

Un Mangemort lança le sort, et Remus sentit tous les muscles de son corps perdre leur rigidité. Une main sur son nez d'où coulait du sang qui aurait excité le loup en lui, si la situation n'avait pas été aussi grave, il se releva lentement. Devant lui, Lord Vol-de-la-mort-qui-pue se tenait, et le regardait, l'air victorieux.

« Ainsi donc, te voilà enfin avec nous, mon cher…

-Qu'est-ce que vous me voulez ? demanda Remus, la bouche pâteuse.

-Nous voulons seulement te faire passer quelques petits tests tout simple, voir si tu es bien celui dont j'ai réellement de besoin.

-Plutôt mourir que de vous aider. »

Lord je-suis-pas-beau-crasseux-et-j'aurais-besoin-d'un-bain se mit à ricaner.

« Tu n'aura pas besoin de nous aider, nous avons déjà ce que nous voulons de toi. Quant à mourir… Cela n'est plus qu'une question de temps. Ton très cher amant est parmi mes rangs. Comme tous les gens qui me sont chers, il a une protection qu'il peut activée, et qui cache sa Marque. Le jour où je lui aurais demander de te tuer, tu aurais trouver la mort, donnée par celui avec qui tu partage ta vie. »

Remus se retint de ne pas balancer la vérité à l'homme devant lui. Il se concentra à ce qui était convenu, ce qu'il avait espérer ne jamais devoir faire, ce qui pourrait lui coûter la vie, mais sauver son amour; il éclata en sanglots à genoux.

« Vous mentez ! s'écria t'il. Jamais il ne vous aurait rejoint ! Il… Il m'aime…

-Que tu crois, répondit Lord truc-muche-truc-moche en jouant avec sa baguette négligemment. Tout cela fait parti de mon plan. Depuis que d'autres Mangemorts m'ont apprit ton état, et que ton très cher me l'a certifié… Tu aurais pu m'être d'une aide précieuse, mais les lions et les serpents n'ont jamais fait bon ménage… Tu es trop stupide, trop… naïf… Bien sur qu'il est de mon coté ! Que croyais-tu ? Qu'il allait se contenter de la vie d'étudiant, d'un vie à être victime de préjugé, d'une vie a vivre avec un monstre ? Il mérite bien mieux que cela. Il mérite de faire parti de l'élite, et sait ce qui est le mieux pour lui. Comme tous mes hommes, il a sut te tromper, endormir ta méfiance, te faire croire à des sentiments en lui à ton égard… Balivernes. »

Remus savait que le Mage Noir essayait de le déstabilisé, de le faire douter… Et d'une manière, il y réussissait. Mais Remus se ressaisit, tout en affichant son masque de détresse. C'était impossible. Severus l'aimait réellement, rien ne l'en ferait pas douter. Ces 5 années qu'ils avaient passés ensemble n'était pas des chimères. Non. Le regard amoureux de Severus lors de leur nuit ne pouvait pas être faux. Mais il devait faire comme si tout cela était vrai.

« Vous mentez… Vous mentez… Il ne peut pas… »

Sa voix n'était plus qu'un murmure. On lisait le doute dans ses yeux. Lui qui n'avait jamais été un bien bon acteur, il donnait tout ce qu'il pouvait dans cette comédie, afin de, s'il ne pouvait sauver sa vie, sauver son âme et la vie de son amant.

«Emmenez-le au donjon. Mais avant… DOLORIS ! »

Le loup-garou tomba au sol, le souffle court. La douleur qui le poignardait était insupportable. Il avait mal ! Oh, comment décrire cette douleur, cette souffrance ? De tels mots n'existaient pas.

« Sache que lorsque je dis quelque chose, je sais de quoi je parle. Emmenez-le. »

Remus fut jeté au cachot, sans soins ni rien. Mais le plus important avait été accompli; il avait réussi a rassurer Voldemort sur la soi-disante fidélité de Severus. Un Mangemort s'approcha de la porte de sa cellule, et sourit.

« J'ai hâte qu'on en arrive au torture… On verra si tu es le puissant loup-garou que notre maître recherche… Je ne vais que te donner un avant-goût de l'enfer… »

Il approcha du loup-garou étendu au sol une barre de métal avec, au bout, un symbole travaillé, tel ceux que l'on utilisait pour marquer les animaux, à la différence que celui-là n'était pas chauffé. Lorsque la barre s'approcha encore plus près de lui, Remus ouvrit de grands yeux effarés. Lorsque la barre d'argent fut plaquée contre sa chair, il hurla tout ce qu'il avait de voix, l'argent lui chauffant la peau encore pire qu'un feu ardent. Le Mangemort s'éloigna en riant.

« Bienvenue en enfer ! »

Le silence emplit les cachots. On n'entendait plus que les hoquets de Remus, les mains sur le symbole qu'on lui avait marqué dans la chair de sa hanche; la Marque des Ténèbres, démontrant à jamais qu'il avait été leur victime, l'empêchant d'oublier. Remus tenta de se calmer. Severus serait sauvé. Voldemort ne pouvait le punir, s'en prendre à lui. Sa couverture d'espion, et sa vie, étaient sauves. Et c'était là le plus important. Lui devait se montrer assez fort pour résister à la torture, et ne jamais, jamais, trahir son amant. Même si pour cela, il devait subir au-delà des limites de son corps, au delà des limites de sa vie.

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Eum... Je sais pas si c'est clair, pour la mascarade de Remus ? En fait, il doit faire semblant de croire Voldy, pour ne pas que la couverture de sev tombe... C'est simple, mais quand je relis ce bout, j'ai l'impression que ça ne l'est plus...