Chapitre 6 L'attente
Severus se laissa tomber sur sa chaise et s'appuya le visage sur ses bras, le front sur le bureau de bois. Déjà 3 jours que Remus avait disparu. Les Aurors avaient commencer a le chercher le matin même. La nouvelle de la disparition de Remus avait rapidement fait le tour de l'Université, et tout ceux qui avaient été au party déploraient le fait qu'un aussi gentil et mignon garçon ait été, assurément, la cible de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom-Sous-Peine-D'un-Dégout-Sans-Nom. Mais, parallèlement, la nouvelle de Martin avait fait le tour de l'Université tout aussi vite; Snape était gai, et couchait avec son coloc. Vraiment, on aurait tout vu !
« Alors Snape… Toujours pas de nouvelle de ton petit copain ? lança un garçon en ricanant. Tu devais vraiment être mauvais pour qu'il foute son camp ! De toute façon, c'est normal ! Qu'est-ce qu'un gars comme lui ficherait bien avec un imbécile comme toi, hein ?
-Retournez tous à vos places ! lança le professeur. »
Cela prit un moment avant que Severus ne relève la tête pour écouter le cours. Le temps qu'il fallait aux larmes de cesser de couler sur ses joues. Il ne pouvait, cependant, se concentrer sur le contenu du cours, trop préoccupé par Remus.
Il avait été voir Lucius, lui avait demander si le Maître avait prévu quelque chose concernant Remus, pourquoi il n'avait pas été mit au courrant. Lucius avait eu un sourire mauvais et avait répondu « C'est une surprise. ».
Il n'avait aucune idée d'où était enfermé Remus, et il avait beau être un excellent legilimen, il n'arrivait pas à découvrir où les Mangemorts l'avait enfermé. Erik lui avait conseillé d'attendre, d'aller en cours, et de faire comme si le sort du loup-garou ne l'intéressait pas. Si on le voyait chercher, cela ne pendant pas longtemps avant que le Lord ne comprenne, et que la couverture de Severus ne soit grillée. C'est donc la mort dans l'âme que Severus assistait à ses cours, l'air morose, n'écoutant pas ce que le professeur disait.
A la fin du cours, alors que les élèves sortaient en riant, Severus se dirigea lentement vers la porte.
« Mr Snape ?
-Oui ? »
Il se tourna pour voir son professeur qui le regardait avec un sourire bienveillant.
« Ne perdez pas espoir. Et de grâce, essayez d'écouter un peu, ou de promettre de reprendre ce que vous allez avoir perdu. Les autres professeurs et moi pouvons comprendre que vous êtes inquiets, que vous préfèreriez chercher plutôt que d'être en cours… Nous sommes même prêts, une fois que toute cette histoire sera terminée, à vous donner du travail de rattrapage, afin de ne pas faire baisser votre moyenne… Mais vous devez faire un effort, et surtout, ne pas perdre confiance, et n'écoutez pas les autres élèves.
-Oui, monsieur… »
Severus sortit de la classe et s'éloigna, alors qu'une fenêtre s'ouvrait et qu'un hibou se posait devant le professeur.
« Cher monsieur,
avec ce qui se passe présentement dans la vie de mon fils, je vous demande d'être clément avec lui. Je connais la réputation de votre université, où les professeurs se moquent des problèmes émotionnels des élèves et ne laissent pas de chance. Jusqu'à aujourd'hui, Severus a toujours été le meilleur de sa classe, d'après ce que je sais. Son enfance, avec son père biologique, fut loin d'être rose, et ses raisons de vivre sont Remus et moi-même, qui l'aime comme mon propre fils. Il n'a commencer a exister réellement que grâce à nous deux. A présent que Remus a disparut, c'est la moitié de son univers qui s'écroule. Comment réagiriez-vous si votre femme disparaissait ? Auriez-vous envie de donner vos cours, ou de participer aux recherches ? Veuillez vous assurer, monsieur, que la situation reviendra à la normale dès le retour de Remus( si Merlin peut entendre nos prières et le ramener sain et sauf.).
Étant moi-même professeur, je peux comprendre que ce n'est pas facile pour vous de gérer les problèmes des élèves… mais de grâce, ne faites pas la bêtise de pénaliser mon fils alors qu'il souffre déjà. Le devoir d'un enseignant n'est-il pas, non seulement d'apprendre à ses élèves ce qu'il sait, mais aussi de les soutenir ? Il me semble que, depuis les années, cette notion ait été perdue, et c'est fort dommage. Les professeurs, ayant un bon vécu, sont apte à comprendre et à aider les jeunes, qui débutent dans cette vie un peu à l'aveuglette.
Veuillez agréé, monsieur, à mes sentiments les plus sincères,
Mr Erik »
Un sourire fleurit sur les lèvres du professeur.
« Je vous ai devancer, cette fois, mon cher… Oui, il faudra que je rencontre ce curieux personnage, un jour ! »
Remus poussa un gémissement. Il n'avait même plus la force de se recroquevillé ou de pleurer. Étendu sur le sol de sa cellule, il tentait d'oublier sa douleur. Il essayait de ne pas crier devant ses bourreaux, même sous les coups. Ils n'auraient pas le plaisir de voir sa souffrance. Jamais. Cela lui appartenait. Jamais il ne flancherait devant eux. Plutôt mourir.
Devant son champ de vision apparut deux bottes noires, parfaitement cirée. La personne s'accroupie, et le regarda pendant un moment. Remus n'avait même plus la force de lever la tête.
« …Mmm… Tu ne peux pas savoir à quel point c'est jouissif de te voir dans cet état, Lupin. Cela me console pour les mauvais coups que vous avez fait aux Serpentards, pendant mes études… Tu sera peut-être heureux de savoir que Severus te cherchait. En sachant que je n'avais aucunnnne idée de l'endroit où tu étais, il s'est intéressé à un autre sujet… Ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'il n'oublie ton existence. Quelqu'un saura bien te remplacer auprès de lui… »
Une lueur mauvaise passa dans les yeux de Remus. Il avait devant lui la DERNIÈRE personne qu'il souhaiterait voir. Quelqu'un qu'il détestait plus que Voldemort. Lucius Malfoy. L'ancien amour secret de Severus. Son principal rival, ce que Remus n'avait pu oublier, toutes ces années. Toutes les fois où il avait croisé le blond, il avait du serrer les poings et s'éloigner.
« Peut-être t'aimait-il, Lupin. Peut-être qu'il s'était habitué à ta présence. Maintenant… Il lui faudra bien t'oublier. Nous devrions peut-être accéléré le processus, le forcer à t'oublier, pourquoi pas dans les bras d'un autre ? Tu le connais bien, ne sais-tu pas s'il aurait déjà aimer quelqu'un d'autre ? Tu comprends, Severus est mon ami, et je veux lui éviter d'avoir a souffrir de ton départ, si réellement cela lui fait quelque chose… Alors ? A part, peut-être, ta petite personne, qui Severus a t'il déjà aimer ? »
Remus releva la tête d'un coup sec, et regarda le Mangemort dans les yeux avec une lueur de violence. Son regard ambré était à présent rouge. Avant que Lucius ne put rien faire, il avait sur lui un loup-garou enragé, le frappant sans retenue, le ruant de coups, alors que quelques instants plus tôt, il ne pouvait lever le petit doigt.
« A L'AIDE ! VENEZ M'AIDER ! »
Un coup de feu retentit, et Remus tomba sur le flanc, haletant. Lucius Malfoy se releva, replaçant ses cheveux, une main sur son œil blessé. Il regarda le loup-garou se tordant de douleur, la balle d'argent le brûlant, s'étant logée dans sa côte. Il prit son élan, et le coup de pied dans le ventre du loup-garou le fit hurler. Il se tourna pour sortir de la cellule.
« Retirez-lui cette balle. Elle ne doit pas le tuer. Le maître le veut vivant. Il possède une grande force, c'est indéniable. Même par terre, il est capable de se relever, lorsque l'on joue sur les sentiments… Intéressant. Méfiez-vous de lui. Attachez-le, s'il le faut. »
Severus ne dormait, ni ne mangeait plus, depuis deux semaines. Depuis que son Remus avait disparu. Les jours se ressemblaient. Cours. Études. Inquiétudes. Fausses joies. Et, bien sur, les réunions du Maître. Il demandait où en était les recherches des Aurors. Severus ne savait comment lui dire. Et le faux regard peiné de Voldemort, emplit d'une jubilation morbide, lui indiquait que son maître n'était pas si ignorant que cela de l'endroit où Remus était.
Remus. Son Remus. Il avait sûrement du faire le plan de secours. Se prétendre désespéré d'apprendre la trahison de son amant. Severus aurait tout donné pour que Remus n'ait pas à jouer cette mascarade, mais c'était Dumbledore qui avait établie cette stratégie, afin de sauver la couverture de Severus. Mais que valait sa couverture, face à la vie de son amour ? Mais pouvait-il désobéir à Dumbledore ? Ce dernier le fit venir sans son bureau, à Poudlard, au courrant des évènements grâce à Erik, qui secondait son fils chaque jour par écrit ou par téléphone, et venait le voir le plus souvent qu'il lui était possible.
Assis devant le bureau du directeur, des larmes silencieuses sur ses joues, les yeux rouges d'avoir trop pleurer, serrant la main d'Erik, assis à coté de lui, à la lui briser, Severus restait silencieux.
« Severus… Je sais que la situation est dure pour vous, et…
-Vous n'en savez rien. »
Sa voix était rauque. Cela faisait des jours qu'il n'avait pas parler. Il n'en avait plus la force.
« …Vous avez raison, je n'ai jamais vécu cela, mais je peux imaginer à quel point cela est dure pour vous, et je vous jure que l'Ordre est présentement sur cette affaire, et que, nous l'espérons, Remus sera bientôt de retour près de vous…
-Cela fait 2 semaines. S'il avait des chances les premiers jours, après tout ce temps…
-Chut… Chut, Severus… Ne parle pas de malheur… chuchota Erik. Remus reviendra. Ne serait-ce que pour toi, il reviendra. Il ne t'abandonnera pas. Remus est fort. Aie confiance en lui.
-Erik a raison. Nous devons croire en Remus. Il est bien plus fort que quiconque peut le croire.
-Remus est fort, oui, mais peut-il quelque chose contre Voldemort ? N'essayez pas de me faire croire qu'il a encore des chances…
-Severus, bien que les chances que Remus soit en vie sont très minces, elles sont quand même là. Vous ne devez pas perdre espoir… même s'il vous faut être lucide. Les chances sont minces, mais pas inexistantes. »
Severus hocha la tête. Erik se leva et l'entraîna à sa suite.
« Viens, allez, je vais nous préparer du café… Viens, Severus… »
Ce dernier suivit son père dans les appartements où il s'était si souvent retrouvé pour des cours particulier. Il s'assit devant le bureau, tout comme autrefois, alors qu'Erik ouvrait la porte qui menait à son appartement pour aller préparer du café. Severus laissa sa main glisser sur le bureau de bois, frôlant les nervures du bois, comme lorsqu'il était étudiant et qu'il angoissait, à savoir si Erik aimerait son art. Il fredonna tout bas une vieille chanson, attendant que son père revienne. Quelqu'un cogna à la porte du bureau, et Severus ouvrit pour découvrir une fillette qui le regardait, toute intimidée.
« Est-ce que le Pr Erik est là ? murmura t'elle.
-Oui, il est dans ses appartements, il ne devrait pas revenir dans longtemps… Entrez, mademoiselle…
-Merci… »
Minuscule, la fillette se hissa sur une chaise, et attendit, en silence. Rousse, des taches de rousseurs sur le visage et les mains, des yeux bleus violacé, d'aspect fragile, la fillette regardait le plancher comme s'il était très intéressant.
« Si cela n'est pas trop indiscret… Pourquoi souhaitez-vous parler à mon père ?
-Vous êtes Severus ? »
Elle avait regarder la tête et le regardait avec intérêt.
« …En effet…
-Le Pr Erik parle beaucoup de vous !
-Ah ah… Ça ne m'étonne pas…
-Il ne cesse de parler de votre talent, et de vous donner en exemple.
-Bien… Maintenant que je suis rassuré de l'affection de mon père, puis-je savoir qui vous êtes, et ce que vous faites ici ?
-Oh ! »
Elle rougit, puis se leva pour lui tendre la main.
« Je m'appelle Alnia Despat, je suis dans le groupe des première année en Arts Moldus… Et… Euh… Le Pr Erik me donne des cours de chants particulier…
-Voyez-vous ça… »
Severus eut un sourire amusé.
« A moi aussi, il me donnait des cours de chant, mais j'avais déjà 16 ans, j'étais en cinquième année… Vous enseigne t'il l'Opéra ?
-Bien sur, c'est sa musique favorite, et puisque je ne m'y connais pas vraiment, il me montre…
-Ne le trouvez-vous pas… étrange, parfois ? demanda Severus, guettant sa réponse.
-Parfois, il agit de façon étrange, c'est vrai… Mais c'est un vrai génie, on ne peut pas s'empêcher de l'admirer… Enfin, vous devez en savoir quelque chose, c'est votre père…
-En effet… Connaissez-vous la pièce qu'il a écrite ?
-Oui ! Vous en avez fait parti, à sa première représentation, n'est-ce pas ? C'est ce que le Pr Erik a dit !
-Oui, c'est vrai… Je dois avouer que j'étais mort de trouille… J'avais peur d'être ridiculisé…
-Oui… Je comprends… »
Severus regardait la fillette, en se disant que le pauvre Erik devait avoir bien de la difficulté avec elle. Comment une aussi petite fille pouvait-elle chanter l'Opéra ?
« Acte III, la chanson… » commença t'il.
Elle commença aussitôt a chanter, son petit visage rosit par la gêne. Sa voix claire et pure s'éleva dans le bureau comme une volée de colombes dans le ciel.
« Tiens tiens ! Si ce n'est pas Mlle Alnia qui est là ! » fit la voix d'Erik.
Elle s'arrêta aussitôt de chanter et regarda le sol, gênée.
« Papa, à ce que je vois, tu a su me remplacer judicieusement.
-Te remplacer ? Voyons, est-ce possible ? J'ai seulement voulu donner sa chance à cette talentueuse jeune fille.
-J'approuve totalement. Et je dois avouer… qu'entendre chanter ainsi m'a redonner un peu d'espoir.
-Ah ! Avoir su cela avant, je t'aurais chanter quelque chose… Bon, Alnia, que se passe t'il ?
-Et bien… Depuis une semaine, vous avez l'esprit ailleurs, et nous n'avons pas schédulé de nouveau cours…
-Ah ! Oui, c'est vrai, pardonnes-moi… C'est que vois-tu… -Erik jeta un bref coup d'œil à son fils- mon beau-fils a disparu, et disons que… enfin, cela m'inquiète.
-Oh ! Je comprends… Vous me préviendrez lorsque tout sera réglé ?
-Tu n'a pas d'inquiétude a avoir… En attendant, est-ce que tu fais les exercices que je t'ai donné ?
-Tous les jours !
-Très bien.
-Je vais vous laissez avec votre fils, professeur… Monsieur Severus, j'ai été heureuse de vous rencontré. »
Et elle se dirigea vers la porte.
« Alnia ! Attends, attends… J'ai une idée. Voulez-vous me faire plaisir, tous les deux ?
-Quoi… demanda Severus avec suspicion.
-Vous êtes sûrement mes élèves les plus doués, vous entendre chanter ensemble me comblerait de bonheur… enfin, autant que la situation actuelle puisse le faire…
-Papa, j'ai pas envie de chanter…
-Allez, Severus, une chanson triste, pour aller avec la situation… »
Sans plus attendre, Erik s'installa au piano, et laissa ses doigts courir sur les touches blanches et noires, et bientôt, deux voix se joignirent à la mélodie. Lorsque Severus se coucha, ce soir-là, ce fut le cœur un peu moins lourd, le chant ayant enlevé beaucoup de la tension qu'il entretenait depuis deux semaines. A présent, il était plus lucide, et prêt a se battre pour retrouver Remus. Oui, il le retrouverait.
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