Chapitre 4 : « Le nouveau monde »
Le voyage de Jane de Londres à Chicago dura 8h45. Elle arriva dans l'après-midi à l'aéroport de Chicago. Elle prit un taxi pour se rendre à l'université. Elle fut chaleureusement accueillie par le représentant du bureau de étudiants, Alexander Rington. Celui-ci lui fit visiter les laboratoires, les salles de cours, la bibliothèque. Il la conduisit jusqu'à sa chambre étudiante et la laissa pour lui permettre de se reposer de son voyage. Puis, elle se rendit à la cantine pour aller dîner. Elle s'assit près de Rington et salua ses camarades.
« Alors, comment c'est Manor ? Lui demanda Alice très curieuse.
-Oh, vous n'avez rien perdu, croyez-moi ! Lui répondit Jane très sarcastique.
-Ah bon, comment cela ? Dit Lucy.
-Ils sont hyper coincés et snobs, en gros si tu n'es pas riche, tu es foutu ! Mais les anglais sont plus sympas généralement comme les américains !
-Cool, les filles, on a trop la classe ! Dit Alexander. »
Les filles acquiescèrent et ils plaignirent Jane de cette ambiance. Le repas arriva et ils commencèrent à lier connaissance.
Les cinq années à l'université furent le paradis pour Jane. Ses nouveaux amis étaient tels qu'elle les avait imaginés : ils étaient attentifs, drôles, accueillants, sympathiques et modestes. Ils se soutenaient souvent pour les cours comme au niveau moral. Un jour, Jane apprit la mort de Beckett, son chat. Celui-ci était mort de vieillesse, mais Jane se sentit démunie. En effet, c'était elle qui lui donnait à manger, qui s'occupait de lui et qui l'accompagnait chez le vétérinaire. Ses amis l'aidèrent à surmonter cette épreuve et Jane put aller de l'avant grâce à eux. Elle renoua avec son premier amour qui était le sport.
Elle s'inscrit au cours de gymnastique et termina seconde au niveau national. John ainsi que ses parents lui écrivaient souvent et venaient la voir pendant les vacances. Jane apprit par John, qu'il avait quitté l'armée et qu'il était devenu l'assistant et le colocataire de Sherlock Holmes, un détective consultant de Londres. Jane le plaignit sincèrement d'avoir pour colocataire son ancien ennemi. John répliqua en lui disant qu'il était peut être chiant mais qu'il était très sympathique. Jane ne répondit pas à son cousin sur le sujet tabou, qu'était Sherlock Holmes.
En 2011, Jane obtint sa dernière année de médecine avec la mention bien et chercha du travail dans les hôpitaux de la ville. Elle obtint une réponse favorable au Cook County et avait un entretien fixé le lundi à 9 heures. Elle réussit à décrocher un petit studio à 1km de l'hôpital. Elle arriva à l'hôpital le jour convenu et fut immédiatement reçue par le docteur Robert Romano qui était le chef des internes. Ils allèrent dans le bureau du médecin et s'assirent. Ce médecin était petit et chauve et avait l'air arrogant.
« -Alors, Mademoiselle Smith, tout d'abord, laissez-moi vous dire que je trouve votre CV et votre lettre de recommandation du docteur Prings très impressionnants. J'ai connu Prings il y a 10 ans, c'était un très bon chirurgien.
-En effet, Monsieur. »
Quelqu'un frappa à la porte et entra.
« -Ah, docteur Carter, vous tombez bien ! Je vous présente Mademoiselle Jane Smith qui travaillera avec vous pour un moment.
-Bienvenue au Cook County, Mademoiselle Smith. »
Jane fut donc embauchée au Cook County et découvrit que ses horaires étaient très contraignants comme ceux qu'elle avait eu au Roosevelt Hospital de New York.
Elle passa les premières semaines à classer des dossiers d'admission et de sortie des patients. Cependant, les tâches d'ordre administratif rebutaient souvent la jeune fille. Après les vacances de Noel, elle se révolta contre ce principe idiot de donner aux élèves des tâches uniquement administratives. A sa grande surprise, son tuteur accepta sa réclamation et lui permit d'assister à certaines opérations. Elle assista à sa première opération qui constituait en l'ablation d'un foie, elle resta calme et sérieuse comme toujours. Cependant, quelque chose changea dans son esprit quand elle rentra chez elle. Elle repensa à son tuteur John Carter, à ses yeux noisette, à sa voix et à son sourire. Le lendemain matin, rien ne changea. John Carter restait indéniablement dans son esprit et troublait ses pensées. Elle arriva à l'hôpital et se mit à consulter son planning. Puis elle vit avec joie qu'elle devait rester toute la journée avec John. John et Jane passèrent la journée à opérer quelques patients. Leur dernier patient fut un enfant de 8 ans Samuel Brienski. Il est atteint d'un cancer du cerveau en phase terminale. Comme les facultés mentales du jeune garçon se détérioraient progressivement, il prit Jane pour sa mère.
« - Maman, je ne veux pas mourir. Dit Simon d'une voix faible.
-Ça va aller Samuel, ne t'inquiète pas, on s'occupe bien de toi. Tenta de le rassurer Jane fortement émue. »
Soudain, Samuel eut du mal à respirer et sur le cardiogramme, les battements de son cœur commencèrent à diminuer. John prévint immédiatement par bipper le reste de l'équipe médical. Les médecins et Jane y compris (elle pouvait aussi opérer mais accompagnée) prirent le défibrillateur afin de faire repartit son cœur. Les battements de son cœur se stoppèrent malgré leur intervention.
« Heure du décès ? Demanda John.
-17h45. Lui répondit le docteur Mark Green. »
Ces voix peu émotives au goût de Jane achevèrent son moral et elle s'enfuit de la chambre de Samuel. Elle monta sur le toit au 12e étage de l'hôpital et pleura toutes les larmes de son corps.
« Jane, vous allez bien ? Dit John.
-A votre avis ? Un enfant est mort dans nos bras, et vous, vous me demandez si je vais bien ? Vous vous en foutez carrément qu'il soit mort ! Tout ce qui vous importe c'est de recevoir votre paye à la fin du mois ! Lui répliqua Jane.
-Non, Jane, c'est faux. Si on fait ce métier, c'est pour être utile aux gens et en sauver le maximum ! Personnellement, c'est pour cela que j'ai décidé d'être médecin ! Je vous assure que sa mort me fait de la peine autant qu'à vous. Dit John d'une voix sincère.
-Je suis vraiment désolée, je ne sais plus où j'en suis... »
John la prit alors dans ses bras et essaya de la réconforter. Jane posa la tête sur son épaule et huma le parfum boisé de celui-ci. Elle se détacha doucement de lui. Leurs yeux se rencontrèrent, et, mués, par une électricité magnétique, ils s'embrassèrent. Jane ressentit quelques frissons puis une douce chaleur l'enveloppa. Quand ils se séparèrent, ils furent aussi rouges et gênés l'un que l'autre. Le problème était que John était le tuteur de Jane et qu'une telle relation n'était pas envisageable. Jane s'enfuit en courant et rentra chez elle, toujours avec sa blouse. Elle comprit, le lendemain matin, qu'elle était tombée amoureuse de Carter. Quant à John, il la trouvait charmante, séduisante, passionnée dans ce qu'elle faisait. Mais ils ne pourraient pas sortir ensemble à cause du règlement.
Pourquoi je l'ai embrassé ?! Quelle idiote je suis !
Je n'aurais pas dû l'embrasser ! Je ne peux pas être avec elle à cause de ce règlement !
Une semaine après le baiser, elle était en train de se faire un thé, quand la porte s'ouvrit.
Elle leva les yeux vers la personne qui venait d'entrer et reconnut John, une femme semblait l'attendre. Jane la détailla et vit une jeune femme aux cheveux blonds courts. Carter ne la regarda même pas et partit rejoindre sa petite amie. Jane se rendit aux toilettes pour pleurer. Mais Elizabeth Green y était déjà.
« Jane, tout va bien ? Lui demanda la chirurgienne.
-Oh, Elizabeth ! Il m'arrive un truc dingue !
-Raconte-moi tout, Jenny. Lui dit Elizabeth d'un ton compatissant. »
Elizabeth était devenue une amie de Jane depuis la mort de Samuel et Jane y avait trouvé une oreille attentive à ses problèmes d'infériorité (Jane se trouvait laide et avait des moments de doute au niveau de sa profession concernant la mort des patients).
« Je suis amoureuse de John.
-Ça fait longtemps ?
-Depuis qu'on s'est embrassés à la suite de la mort de Samuel, mais il a une petite amie et je ne veux pas briser leur couple.
-Je comprends ton dilemme mais laisse faire les choses, s'il est vraiment amoureux d'elle, il restera avec elle, sinon ils se sépareront rapidement !
-Tu es sûre ? »
Elizabeth acquiesça et Jane se sentit soudain mieux mais avec un sentiment de culpabilité d'aimer un homme déjà pris.
Le printemps arriva après un hiver rigoureux. Jane était dans la salle de sutures, quand elle entendit des cris venant de l'accueil. Elle sortit et vit Frédéric Carpenter, le mari d'une patiente décédée qui menaçait son John avec un pistolet. Tout le monde était à terre, tremblant de peur pour leur vie et celle des gens qu'ils aimaient.
« Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
-C'est qui celle-là ? Dit Carpenter.
-Jane ! Baisse-toi ! Lui demanda Mark.
-Docteur Jane Elizabeth Smith. Et vous ?
-Frédéric Carpenter.
-Pourquoi menacez-vous le docteur Carter ?
-Il a tué ma femme Rose !
-Il ne l'a pas tué ! On a tout fait pour lui sauver la vie, mais cet accident lui a été fatal.
-Vous mentez !
-Vous croyez que votre femme aurait voulu que vous en arriviez là ?
-La ferme et mets-toi à terre !
-Dans vos rêves ! »
Carter ne m'aime pas mais je n'ai rien à perdre ! Se dit Jane.
Sans réfléchir, et par amour pour John, elle fonça directement sur l'homme. Mais celui-ci lui tira dessus à la cuisse. Elle tomba par terre et Carpenter en profita pour essayer de tuer John. Puis, Jane marcha sur ses mains, difficilement, et tira l'homme par les chevilles. Il tomba donc et elle put lui prendre l'arme des mains. Elle la pointa sur lui.
« Jane, ne tire pas, lâche ce flingue ! Lui intima Elizabeth.
-Jane, ne fais ça, s'il te plaît. Lui demanda John. »
Jane lâcha l'arme puis les policiers arrivèrent et emmenèrent l'homme. Quant à l'équipe médicale, ils se chargèrent de prendre un brancard et d'emmener Jane en salle d'opération. Au bout de deux heures d'opération, ils réussirent à extraire la balle de sa cuisse et à la recoudre. Ils la transfèrent en salle de réveil et Elizabeth resta auprès d'elle. Jane se réveilla le soir même.
« Salut.
-Salut.
-Tu nous as fait une belle peur toi ! Qu'est-ce qu'il t'a pris de te jeter sur Carpenter ?
-Il menaçait de tuer John et tout le monde au cas où tu ne l'aurais pas remarqué !
-Je l'avais noté, merci. Tu as fait ça parce que tu l'aime n'est-ce pas ?
-Oui. L'amour rend vraiment idiot !
-C'est vrai. Mais tu devrais peut-être lui parler, tu ne crois pas ?
-Je ne peux pas ! Il sort avec cette dinde, et le règlement nous interdit d'être ensemble !
-Je te rappelle que je suis mariée avec Mark et que Romano m'aime bien. Je pourrais essayer de lui parler.
-Pour qu'il le dise à Carter ? Non merci, j'ai déjà assez de problèmes comme ça !
-Lizzie, ne dis rien à Romano ni à Carter, s'il te plat.
-Ne t'inquiète pas. Repose-toi.
-Merci de m'avoir sauvé.
-De rien. »
Elizabeth sortit de la salle de réveil et alla voir Mark. Il se trouvait avec John et Romano.
« Comment va-t-elle ? Lui demanda John très inquiet.
-Bien. Mais tu devrais lui parler.
-Je ne peux pas.
-Parce que vous êtes amoureux d'elle, docteur Carter ? Lui demanda Romano.
Ça y est ! Je vais me faire renvoyer !
-N'essayez pas de nier et ne me prenez pas pour un abruti. On a bien les regards éperdus que vous lanciez, vos petits sourires l'un à l'autre, vos yeux qui pétillaient quand vous étiez l'un avec l'autre.
-Vous avez raison, je suis amoureux d'elle. Mais le règlement nous interdit d'être ensemble.
-C'est vrai. Mais permettez-moi de vous dire que c'est Weaver qui a créé ce stupide règlement, pas moi.
-Qu'est-ce que tu veux dire Robert ?
-Ce que je veux dire Lizzie, c'est que le docteur Carter et le docteur Smith peuvent se mettre ensemble, du moment que leur relation n'entache pas leurs relations professionnelles.
-Vous êtes sûr ?
-Oui. Je vous aime bien tous les deux, et, quoi qu'en dise certaines personnes, qui me trouvent pourri, je ne suis sympathique qu'avec ceux qui le méritent. Allez la voir Carter et ne foutez pas tout en l'air.
-Merci docteur Romano. Je vous revaudrais ça ! »
John se rendit donc dans la salle de réveil où se trouvait Jane.
« Bonjour.
-Bonjour docteur Carter.
-Tu te sens bien ?
-Ça peut aller, merci.
-Merci de m'avoir sauvé la vie, au fait.
-Je vous en prie, vous auriez fait la même chose pour moi, non ?
-Oui, je pense. Mais arrête de me vouvoyer, s'il te plait, je ne suis pas si vieux que cela. Et appelle-moi John.
-D'accord comme tu veux, John.
-Je sais tout Jane.
-Tout ? C'est-à-dire ?
-Je sais que tu es amoureuse de moi.
-Amoureuse de toi ? Non, pas du tout. Je trouve que tu es sympa, c'est tout, mais ça s'arrête là.
-Si j'avais été un simple ami pour toi ou même ton meilleur ami, tu n'aurais pas fait ça.
-Bien sûr que si !
-Non. Et ce que tu ne sais pas, c'est que je ressens quelque chose pour toi.
-Et bien pas moi ! Alors, dégage de ma chambre tout de suite ou j'appelle la sécurité !
-Mais Jane…
-Sors de ma chambre Carter ! »
Je croyais qu'elle m'aimait !
Je ne peux pas être avec lui ! Je n'ai jamais eu de petit ami et il va me tromper !
Carter sortit donc de sa chambre complètement dépité et abasourdi. Il croyait que Jane l'aimait et ne pas s'être trompé sur ses sentiments. Jane l'avait rejeté car elle n'avait jamais eu de petit ami avant et elle avait peur de se faire tromper par lui, elle savait aussi que John était plutôt intéressé par les femmes plus expérimentées qu'elle et elle ne sentait pas de taille à lutter contre des ennemies éventuelles. Mais elle était sûre d'une chose, elle l'aimait.
A sa sortie de convalescence, Jane reprit le travail mais ignora John et les supplications de ses amis les Green, qui lui disait que John ne pensait qu'à elle et qu'il était sincèrement amoureux d'elle. John avait essayé de passer à autre chose avec une femme qu'il avait rencontrée dans un bar mais il n'y arrivait pas. Puis, ayant marre de cette situation, il se décida à parler à Jane. Elle était dans la rue et prenait sa pause.
« Salut.
-Docteur Carter. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
-Écoute, j'en ai marre de cette situation. Il faut qu'on ait une vraie discussion.
-Je vous écoute.
-J'ai rompu avec Amanda il y a trois mois, mais tu ne t'en es même pas aperçu ! En fait, j'ai fait une erreur en sortant avec elle. Je me suis dit qu'on ne pouvait pas sortir ensemble vu qu'on est collègues et que notre relation risquerait de nuire à notre travail. Mais j'ai réalisé que je t'aimais et que je m'en fichais complètement de la réaction des autres. Je t'aime Jane. Et tu sais pourquoi ? Je te trouve belle, séduisante, intelligente, très attentive avec les patients. J'ai vraiment été un idiot, Jane.
-Moi aussi John. J'ai été stupide. Pour être totalement franche avec toi, je n'ai jamais eu de petit ami. Et j'ai peur de me faire tromper que ça soit en amour ou en amitié. Je t'aime John et j'aimerais vraiment qu'on soit ensemble mais Romano nous renverrait s'il l'apprenait ! Et ce boulot compte vraiment pour nous deux !
-On a parlé avec Romano, Mark, Lizzie et moi. Et il s'avère que c'est le docteur Weaver qui est à l'origine de ce règlement. Romano nous a permis d'être ensemble, du moment que cela ne perturbe pas nos relations professionnelles.
-Dans ce cas, je pense que je pourrais sortir avec toi seulement si tu m'embrasses. Dit Jane avec un sourire coquin.
-A vos ordres Docteur Smith. Lui répondit John en souriant. »
John se pencha sur Jane et l'embrassa. Jane ressentit toutes les sensations agréables qu'elle avait éprouvées lors de leur premier baiser. Ils se séparèrent quand ils n'eurent plus de souffle et se regardèrent en souriant. Comme un gentleman, John la raccompagna chez elle, après le travail.
Lorsque le personnel de l'hôpital les vit ensemble qui se tenait par la main, le lendemain matin, les deux amoureux furent vivement acclamés et félicités. Le soir même, John invita Jane dans un restaurant italien sans prétention. En fait, John était issu d'une famille riche et il ne voulait pas paraître arrogant en invitant sa petite amie dans un restaurant de luxe. De plus, tous les deux adoraient manger italien. Ils prirent des spaghettis carbonara qui était la spécialité de la maison. Jane n'oublia pas sa famille pour autant. Mais, concernant les problèmes de cœur, elle préférait se confier à son cousin. Celui-ci l'avait conseillé quand elle était tombée amoureuse de John, en lui disant d'attendre qu'il rompt avec Amanda et de ne rien précipiter, car il savait qu'elle pouvait être vive. Mais maintenant, Jane avait besoin de conseils au niveau sexuel. Elle se tourna alors vers Elizabeth, plutôt que vers John, pour éviter que celui-ci n'en parle à ses parents et car c'était un sujet trop personnel. Elizabeth lui conseilla ce qu'il fallait faire sans la prendre pour une idiote.
Lorsque que Jane se retrouva à nouveau avec son petit ami, dans l'appartement de celui-ci, elle prit son courage à deux mains. Elle lui dit qu'elle l'aimait, et qu'elle voulait faire l'amour avec lui. Celui-ci prit un air offusqué puis inquiet, quand il vit que Jane y tenait vraiment et semblait déçue de son désaccord silencieux. Finalement, il acquiesça en lui disant qu'ils le feraient en douceur et que dès qu'elle se sentirait mal, ils arrêteraient tout de suite. Ils firent l'amour ensemble avec douceur et délicatesse et avec les protections qui s'imposaient. Jane ne put s'empêcher de laisser couler quelques larmes lorsqu'elle vit qu'elle avait perdu sa virginité. Mais elle se disait qu'elle avait de la chance de l'avoir. Un jour, John arriva énervé à l'hôpital. Jane lui demanda la cause de sa colère et lui montra une carte de sa grand-mère, Rosa Carter, qui l'invitait à une soirée caritative en l'honneur des enfants du Cameroun. Jane savait que la famille de John le méprisait au plus haut point car il n'avait pas repris la banque de son père, Richard, et avait préféré étudier la médecine. De plus, le jeune homme se sentait concerné de la situation des enfants en Afrique. Jane accepta de l'accompagner afin de le soutenir l'homme. Le soir tant redouté arriva à grand pas. Jane avait revêtu une robe rose pâle et avait détaché ses cheveux tandis que John portait le smoking traditionnel. Ils arrivèrent à l'Art Institute of Chicago et donnèrent leur carton d'invitation au majordome.
Soudain, la grand-mère de John arriva. Elle les regarda d'un air méprisant qui leur fit ressentir un sentiment de mal être. Jane n'avait jamais été à ce type de soirée et l'attitude de Rosa Carter lui rappela son année de calvaire à Manor. Elle les salua froidement et les invita à la rejoindre à table. Ils dînèrent de caviar, de poularde de la Bresse à la reine et de profiteroles.
Puis Rosa invita John à faire un discours. Celui-ci y alla de mauvaise grâce bien que le discours qu'il avait rédigé lui tenait à cœur. Il commença à parler et faillit s'arrêter en voyant les regards dédaigneux que lui lançait l'assemblée, composée pour la plupart de nouveaux riches, comme sa famille. Mais, lorsqu'il vit le regard plein d'encouragement et amoureux que lui adressa sa chère Jane, ceci lui donna la force de continuer. Il parla alors du sort des enfants au Cameroun puis en Afrique, et également du sort de leurs parents.
Il conclut en disant que c'étaient aux européens et aux américains de les aider car ils avaient besoin d'eux, et qu'ils aimeraient bien aussi qu'on les aide s'ils étaient à leur place. Il fut applaudi de mauvaise grâce par la majorité de l'assemblée et avec admiration par Jane.
Puis, Rosa Carter se dirigea vers John et lui redemanda comme à l'accoutumée de prendre la place de don père dans l'entreprise familiale. Il refusa et elle lui dit qu'il avait changé depuis qu'il était dans cet endroit (le Cook County) et qu'il aurait pu choisir mieux concernant le choix de sa petite amie. Jane en eut les larmes aux yeux, et John répliqua vertement qu'il préférait cent fois travailler au Count County et que Jane le rendait tellement plus heureux que sa famille de « gros bourges coincés et cupides ». Il leur dit aussi qu'il n'avait pas besoin de leur argent pour vivre et qu'il ne voulait plus jamais les revoir. Il partit avec Jane sans se retourner.
On arrivait à la fin de l'année 2011. Cependant, Jane n'était pas heureuse. En fait, elle avait l'impression que John lui cachait quelque chose et elle n'aimait pas cela. Un après-midi, elle le suivit discrètement.
Ça y est ! Il me trompe !
Elle vit qu'il allait au Cook County, se faufila jusqu'à la porte qu'il avait refermée et écouta derrière la porte.
« John, tu dois en parler avec Jane. Dit Mark.
-Non Mark, elle me quitterait sur le champ !
-Bien sûr que non, elle t'aime et elle ne ferait jamais cela !
-J'en ai encore pour combien de temps ? Lui demanda John totalement désespéré.
-3 mois, John. Je suis vraiment désolé.
-Merci Mark mais tu n'y es pour rien. »
Jane ne put en entendre plus et partit en courant vers l'appartement de John. Ainsi, John était condamné à un foutu cancer et n'avait pas eu la décence de lui en parler ! Dire qu'elle croyait qu'il la trompait ! Enfin, John revint à l'appartement.
« Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
-Parler de quoi, Jenny ? Lui demanda John très étonné.
-De ton cancer ! Je croyais qu'on se disait tout, qu'on devait être sincères l'un envers l'autre !
-Comment tu es au courant ?
-Je t'ai suivi, Carter !
-Alors tu sais tout, tu peux partir, je ne t'obligerais pas à rester avec moi. Dit John désemparé. »
Jane s'approcha de lui et le gifla.
« Non mais tu es vraiment un idiot ! John, je t'aime et jamais je ne te quitterais ! Je t'ai toujours soutenu et je ne te lâcherais pas d'une semelle ! On le vaincra ce cancer, tu as ma parole !
-Merci Jane et pardonne moi. »
Pour toute réponse, Jane l'embrassa fougueusement. Les trois mois qui suivirent furent longs et douloureux pour le couple. En effet, John ne pouvait plus travailler à cause de son cancer au poumon. Il avait un seul poumon car l'autre avait été fortement endommagé à cause de la tentative d'assassinat sur lui de la part de Paul Sobriki, un schizophrène qui avait tué son amie Lucy Knight. Quant à l'autre poumon, il s'était détérioré depuis un an et il n'arrivait pas à trouver un donneur compatible. Il subit chimio sur chimio sans se plaindre, avec Jane à ses côtés, qui travaillait à mi-temps. Le pauvre John perdait au fur et à mesure sa vitalité, ses cheveux et son corps se dégradait jour après jour, mais Jane restait toujours avec lui, car elle avait de la force pour deux et elle ne pouvait pas vivre sans lui. Le dernier mois fatidique arriva. John était allongé dans son lit et Jane était à ses côtés, comme elle le lui avait promis.
« Jane, je me meurs. Murmura John.
-Non, John, reste s'il te plaît. Dit Jane d'une voix suppliante.
-Jenny, on a fait tout ce qu'on a pu. On ne peut pas lutter contre la mort ni contre le destin.
-Je sais.
-Jane, tu peux me promettre une chose ?
-Tout ce que tu veux.
-Refais ta vie et sois heureuse avec un homme qui te mérite.
-Mais John, je ne peux pas vivre sans toi ! Non !
-Je suis désolé Jane, mais tu n'as pas le choix, promets-le-moi.
-Je te le promets.
-Je t'aime ma chérie.
-Je t'aimerais toujours John. »
John eut un faible sourire avant de fermer ses yeux à jamais. La grande faucheuse l'avait emporté. Jane pleura toutes les larmes de son corps, l'embrassa une dernière fois et régla les formalités de l'enterrement.
Pourquoi tu m'as laissée toute seule John ?!
Heureusement pour elle, John Watson, son cousin était venu à Chicago la veille de la mort de John, pour la soutenir dans cette épreuve. A la messe d'enterrement, le prêtre souligna les qualités de dévouement, de générosité de John Truman Carter qui était parti rejoindre Notre Seigneur et un monde meilleur (le paradis) où l'on vit heureux pour l'éternité. Puis ils enterrèrent John et chacun déposa une rose blanche sur sa tombe de marbre noir. Jane déposa un baiser sur la fleur et la jeta sur le cercueil à son tour. Ce fut un enterrement gris et pluvieux et chacun adressa ses condoléances à Jane. De plus, aucun membre de la famille de John n'était présent, seuls les membres du Cook County étaient venus rendre un dernier hommage au docteur Carter ainsi que ses anciens patients. Jane devait rentrer à Londres avec John par l'avion de nuit car elle préférait retourner dans son pays natal, Chicago lui rappelant trop Carter. Elle dit adieu à ses amis avant de partir vers l'aéroport sans se retourner.
