Chapitre 2 : Contraintes

Appartements de Severus Rogue.

Je me suis réveillé à 6 heures du matin durant toute ma vie. Une vraie horloge. Ce n'est ni 6:01 ni 5 :59, c'est 6:00. Mais aujourd'hui, c'est un bruit continu et sourd qui vient de me réveiller, et il est neuf heures et demi.

Je me lève d'un bon, faisant tomber un morceau de toile humide de mon front. Mais qu'est-ce que cette chose faisait sur moi? Le bruit lancinant me vrille les oreilles, et aggrave mon mal de tête plus que conséquent. On dirait qu'un pic-vert vient de choisir ma porte pour se faire le bec.

Mon pas est quelque peu chancelant, mais je retrouve vite mon équilibre et ouvre la porte absolument furieux. Mais quelle idée de faire un boucan pareil ! Un petit hibou marron tacheté de gris me tend sa patte d'un air digne, et, dès que j'ai récupéré le parchemin, va se poser à côté de mon corbeau qui dort encore. D'un geste sec, je déchire l'enveloppe et parcourt rapidement la note du regard.

Cher Severus,

Ne vous voyant pas venir faire cours ce matin, j'ai renvoyé vos élèves travailler à la bibliothèque. Je tenais à vous faire parvenir ce petit remontant... En cas de besoin!

Bien à vous,

A.B.

Le léger sourire que j'arbore à la vue du hiboux de Dumbledore se goinfrant de chocolat (aussi désespérant que son maître...) est tellement ironique qu'il en devient effrayant. Comment le vieux fou peut-il croire que du chocolat pourrait m'aider? Il a vraiment des idées loufoques parfois. Mon nanosourire s'estompe rapidement au fur et à mesure que les évènements de la veille me reviennent. Ma crise. Et Granger.

Comment ai-je pu me laisser aller à un tel point? Devant une élève en plus! Une honte innommable m'étreint la gorge. Pourtant, je me sens plutôt bien à présent, si l'on fait abstraction du mal de tête qui me martelle le crane sans pitié. Avec un soupir, je me rend à mon bureau afin de préparer une potion qui me calmerait, lorsque j'aperçois une petite fiole qui ne m'appartient pas, posée bien en évidence sur la table.

"Contre le mal de tête. HG" Après une courte hésitation, je m'empare du flacon avec méfiance et le bois jusqu'à la dernière goutte. Et une fois ma migraine dissipé, je me sens effectivement beaucoup mieux que d'habitude.

Décidément, même en potion elle est doué. Cette pensée à un goût amère. Dans la vie, il y a une règle: les gens sont soit vos esclaves, soit ce sont eux qui vous asservissent. Mais jamais personne ne vous aide gratuitement, sans arrière-pensée. Quel pouvait bien être son intêret à faire ça ?

Je hausse les épaules, exaspéré de ne pas comprendre, puis me raisonne: ce n'est qu'une élève sans importance. Je la forcerai à ne rien dire de ma faiblesse, quitte à la terrifier si nécessaire. Je ne suis pas mangemort pour rien.

Après avoir rédigé une réponse rapide pour Dumbledore, je me glisse sous une douche et me délasse un instant sous l'eau froide tonifiante. Une étrange impression ne me quitte pas: le poids que je porte habituellement sur mes épaules semble moins lourd, moins écrasant.

Lorsque je sort de la douche, je fixe quelques secondes la petite bouteille au liquide transparent, un instant indécis. Plus par habitude que par besoin, Je finis par l'appliquer sur mes cheveux. Je commence à me demander si je ne devrais pas changer un peu mes habitudes. La potion commence alors à faire effet, et mes éternels cheveux gras retombent sur mon visage. Tssss, c'est mon mal de tête qui doit me faire penser des trucs aussi stupides... Je ne vais pas me mettre à suivre les conseils de Dumbledore tout de même !

Une fois habillé de mon habituelle robe noire et sans forme, je retourne dans mon bureau afin de chercher la potion de mithride que j'ai confectionné hier. Noire? Elle devrait être blanche et lumineuse! Je suis surpris par l'indifférence que m'inspire mon échec. Je suis pourtant sur de ne pas m'être trompé en la faisant, et je n'ai pas utilisé la moindre magie. J'ai eu du mal à me retenir d'ailleurs, ma fureur voulant s'extérioriser par tous les moyens possibles.

Mais oui! C'est Granger qui a du en faire pour tout ranger! Aucune importance. Je devrais être furieux. Je referais la potion. Lui enlever des points, la coller. Il me reste assez d'ingrédients: je pensais rater le premier essai. Ou peut-être quelque chose de plus sournois? Réussir cette potion du premier coup aurait tenu du miracle... Avait tenu du miracle. Une potion pourrait faire l'affaire, ou bien...

Avec exaspération, je repousse définitivement cette petite voix. Quant à savoir pourquoi, je n'en ai pas la moindre idée... Cette patience est vraiment bizarre. Mais pas vraiment désagréable. Mon visage jusqu'à présent crispé se détend progressivement.

oooOOOoOoOOOooo

Lorsque j'arrive à la bibliothèque pour récupérer mes élèves, des éclats de voix parviennent à mes oreilles. Aussi discrètement qu'a mon habitude, je me dirige vers le groupe de perturbateurs.

- Après-demain, nous passerons nos ASPICs ensemble.

C'est la voix de Granger. Décidément, elle a décidé de se faire remarquer cette semaine. Je ne les interromps pas tout de suite: ce qu'elle vient de dire m'intrigue. Les ASPICs, c'est dans 6 mois qu'elle devrait les passer.

- QUOI ? C'est hors de question.

Je n'aurai jamais pensé que Potter avait un tel coffre...

- C'est moi qui l'ai décidé Harry. Et ça ne se passera pas autrement, quoi que tu en dises.

- Mais qu'est ce qui te prend?

L'air furieux, Potter se met à parler de plus en plus fort:

- Pourquoi tu fais ça ? Je t'ai rien demandé! Ca t'arrives de me lâcher un peu parfois? Je peux pas faire un cauchemar sans que la moindre araignée de Poudlard soit au courant! J'ai besoin d'air bordel, tu peux le

comprendre ça ? J'aurai pensé que toute ta putain de cervelle aurait suffit, mais faut croire que non!

A présent, toute la bibliothèque le regarde d'un air ébahi, voir légèrement effrayé. Mme Pince n'ose même pas intervenir devant la fureur du petit merdeux. Incompétente.

- C'est sur qu'avec une sensue comme toi, je ne risque pas d'y arriver!

- Harry, je crois que...

- NON! Moi je crois que tu devrai t'occuper de tes affaires!

- Laisses-moi t'expliquer au moins!

- Pour quoi faire? Je pense avoir déjà tout compris, je n'ai plus rien à te dire. Il se retourne vers la bibliothécaire et lui aboie au visage:

- Ne vous faites pas de souci, je pars! Tu viens Ron ?

Ce dernier, pris entre deux feux, regarde alternativement Potter et Granger, ne sachant que faire. Alors Weasley ? Ton meilleur ami saint Potter, ou la femme que tu bouffes des yeux à chacun de mes cours?

- Ca va, te fatigues pas, j'ai compris. Vive les amis.

Après un regard lourd de reproches vers ses deux toutous, il quitte la bibliothèque en claquant la porte. Les disputes intra-Gryffondor n'ont aucunement perdu de leur saveur à ce que je vois.

Bon, je pense qu'il est temps d'intervenir, étant donné que l'autre cruche reste plantée comme un piqué:

-Tous au travail, le spectacle est terminé! Je ne veux plus entendre le moindre bruit, le premier qui parle passera un mois entier en compagnie de monsieur Rusard, est-ce clair?

Ils s'exécutent tous rapidement, et je me retourne satisfait vers Granger qui pleure dans le bras de Weasley, trop content de l'occasion. Pathétique.

- Granger, cessez tout de suite ces larmes de crocodiles, et vous, lâchez la ! Je suppose que vous vous êtes rendus compte que nous sommes dans une bibliothèque? 50 points seront donc enlevés à Gryffondor pour vacarme dans un lieu de travail. Par personne.

Satisfait de leur mine dépité, je vais voir Draco afin de lui donner les devoirs que je destinais au prochain cours, et sors en jetant un regard méprisant à Pince qui vient à peine de se remettre du coup d'éclat de Potter.

oooOOOoOoOOOooo

D'après ce que j'avais appris, Potter comptait passer ses examens en avance, désireux de poursuivre Une

carrière d'auror-défendant-la-veuve-et-l'orphelin le plus rapidement possible. Probablement aussi afin de se venger d'une certaine mangemorte que j'apprécie presque autant que lui. Qu'il s'entre-tuent entre eux, et ce sera parfait... Enfin, n'en espérons pas trop non plus: vu ce que Fudge a fait du département des aurors depuis sa nomination, Potter va vite déchanter et voir rouge.

Évidemment, il était hors de question de refuser quoi que ce soit à notre illustrissime star nationale... Granger a du avoir un peu plus de mal pour obtenir cette dérogation, et je soupçonne Albus de s'être insidieusement mêlé de ce qui ne le regarde pas, comme à son habitude.

Bref, le fait est là : Cornélius Fudge nous a fait l'honneur de déplacer jusqu'ici son royal (et encombrant) popotin afin de superviser les épreuves. Ne tenant aucunement compte de l'accueil mitigé (un grand sourire délicieusement ironique de la part d'Albus, un regard froid de Minerva, et des applaudissement plus ou moins, surtout moins, fournis de la part des autres) qu'il reçut, le voila en train de nous débiter un petit Speech absolument soporifique et merveilleusement inutile. Il décide avec une sagesse indéniable de le conclure avant les premiers ronflements par un "que les épreuves commencent !" énergique.

Pour éviter toute triche, ils ne passent pas leurs épreuves pratiques et théoriques dans le même ordre, et chaque professeur est tenu de les superviser lors du passage oral des options choisies, accompagné par un membre du ministère. Et évidemment, il faut que ces deux morveux ai choisi l'art subtile et absolument hors de leur portée des potions. Pour Potter, ça s'est passé plutôt rapidement: on lui a présenté un sujet ridiculement facile que je donne habituellement aux BUSEs, et avec lequel il s'est horriblement mal débrouillé. Ces idiots lui donneront probablement un O pour le principe.

Quant à Granger, je l'entend faire lescents pas dans le couloir depuis bientôt une demi-heure devant mon laboratoire, en attendant le début de l'épreuve. Résigné, j'ouvre brusquement la porte afin dé la rappeler à l'ordre lorsque j'apeçois le représentant du ministère chargé de l'évaluer arriver vers nous. Mais qu'est ce que cette chose fait ici ?

Parfaitement à l'aise dans sa robe noire frappée au sceau du ministère, un sorcier à l'aspect sérieux et consciencieux s'approche d'une démarche académique. Personnellement, je dirais plutôt que ses vêtements lui donnent un air engoncé, que son attitude tient plus de l'austérité que de la dignité, et que son effet si soigneusement recherché tombe à plat devant ses cheveux d'un roux flamboyant.

- Percy Weasley !

Je vois que Granger à l'air du même avis que moi. Brave petite.

Weasley me salue d'un signe de tête que je lui renvoie avec dégoût, se fend d'un grand sourire (un peu baveux il faut l'avouer) envers Granger, et nous invite à entrer dans mon laboratoire. Je tente avec succès de réprimer un des commentaires froids et tout à fait à propos dont j'ai le secret: autant se débarrasser de cette corvée le plus vite possible.

- Que me vaut l'honneur de ta visite? Demande Granger, qui n'a pas vraiment l'air 'honorée' en réalité.

- Eh bien, lorsque Cornélius (Le pire, c'est qu'il se croit malin en appelant le ministre par son nom...) m'a appris que tu comptais passer tes ASPICs en avance, je me suis tout naturellement proposé comme examinateur. Je me suis souvenu de ton grand sérieux, et je me suis dit que , peut-être, la guerre ne t'aurais pas rendue aussi folle et insensée que les autres.

- Mais je vois que tu as bien changé... Ajoute-t-il en la reluquant d'une manière qui se veut discrète. J'aurais vraiment tout vu aujourd'hui... Les Weasley ne savent décidemment que se reproduire.

- Bien sur que j'ai changé. Tout le monde change.

Cet idiot ne comprend même pas l'allusion à son départ fracassant de l'Ordre, et lui sourit de toutes ses dents, persuadé d'être sur la bonne voie.

- Tu as raison Hermione, le monde doit changer. Et le ministère est là pour ça ! Tu sais, tu devrais nous rejoindre. Notre pays a besoin de jeunes gens intelligents et motivés comme toi pour le servir! Tu sais, j'ai beaucoup de relations au ministère... je pourrais facilement t'y introduire et t'y faire une place à la hauteur de ton talent.

Là, il me semble que c'était une tentative de drague qui a lamentablement échoué.

- C'est gentil de t'intéresser à mon sort Percy. Mais je préfère m'investir dans mes futurs études de potions. Toi plus que quiconque devrait comprendre qu'on n'engage pas sa vie sur un coup de tête...

Le sourire était un peu trop figé pour être vraiment sincère, mais elle fait des progrès en mensonges effrontés plus vite que je ne l'aurais cru. Quant à Weasley, il a l'air déçu un instant, puis approuve:

- Bien sur, bien sur. Si tous les élèves de Poudlard pouvaient avoir le même discernement que toi, la guerre aurait pu finir beaucoup plus tôt, soupire-t-il. Granger se crispe.

- Beaucoup d'adultes en dehors de Poudlard en auraient aussi eu besoin.

Elle ne lui laisse pas le temps de comprendre l'insulte qu'elle vient de lui jeter à la figure en enchaînant:

- Et comment va Pénélope?

-A vrai dire, je ne sais pas trop... Ca fait longtemps qu'elle et moi... Tu sais, dans la vie, il faut faire des choix pas toujours facile, et qui entraînent nécessairement...

Je coupe son explication pseudo-philosophique et totalement vaseuse dans un élan de générosité envers mes oreilles et celles de Granger:

- Cette petite réunion entre amis est tout à fait charmante, mais je suggère que nous commencions avant les vacances de Pâques. Les agents du ministère sont décidément bien moins efficace qu'avant.

Weasley fait une drôle de tête, mais mon regard froid l'intimide encore suffisamment pour qu'il détourne le regard et déroule le parchemin où est inscrit le sujet sans un mot de plus. Je manque m'étrangler devant la difficulté du sujet, à peine mentionnée dans le programme, et que je fais toujours en fin d'année. L'écart par rapport au sujet de Potter est effarent. Je soupire. Et voila! Je vais devoir me frapper cette miss-je-sais-tout dans mon cours jusqu'à la fin de l'année.

A ma grande surprise, elle n'hésite qu'une seconde ou deux devant la paillasse avant de se saisir fébrilement les ingrédients appropriés. Malgré son stress flagrant, elle réalise avec des gestes sûrs et précis une potion que mes meilleurs élèves seraient probablement incapables de faire de tête. Au final, la teinte est légèrement plus claire que la version basique.

- Bien, tu auras les résultats de l'épreuve écrite dans trois jours, mais je peux d'ores et déjà te dire que Cornélius n'avait pas vu ce que j'ai vu le jour où il t'a estimé trop inexpérimentée pour réussir. Je pense tu mérites un E pour cette belle démonstration...

Le dilemme est grand. Je laisse Granger avec sa note, ou bien je ridiculise Weasley ? Autant m'acheter le silence de Granger pour mon petit débordement de la veille.

- Je me vois dans l'obligation de vous contredire.

Granger tressaille. Elle doit penser que je vais lui faire rater son examen... J'aurai aimé.

- Et pourquoi donc Severus ?

Je tremble sous l'insulte. Il a osé m'appeler par mon prénom? Tout à coup, je ne regrette plus du tout mon choix.

- Mais parce que sa potion est parfaite, et doit obtenir la note la plus élevée. Et ce sera professeur Rogue pour vous.

Ils me regardent tout les deux comme si j'étais devenu fou. C'est vrai qu'il n'est pas dans mes habitudes d'aider une Gryffondor.

- Eh bien... euh... J'aurai souhaité pouvoir la lui mettre, mais...

- Auriez-vous l'obligeance de finir vos phrases et d'exposer clairement votre refus très mal venu?

- La couleur est légèrement trop claire... Vous ne croyez pas? Ajoute-t-il d'une petite voix. J'en aurai presque pitié. Mais son "Severus" crisse encore à mes oreilles de façon tout à fait déplaisante.

- La couleur n'influence absolument pas son efficacité, surtout que dans ce cas-là, miss Granger à amélioré la potion, en lui donnant un goût de noix de coco. Mais vous êtes bien évidemment aussi incompétent aujourd'hui que lorsque vous suiviez mes cours.

Il en reste sans voix.

- Ce sera tout monsieur Weasley, je vous autorise à aller finir votre travail ailleurs. Vous n'avez pas besoin de mon laboratoire pour écrire un O sur une feuille de papier, non?

- Vous êtes d'une impolitesse à couper le souffle! Soyez sur que le ministère n'approuve pas ces méthodes, et que vous réentendrez parler de moi!

Puis il se retourne vers Granger en tentant de rassembler les bribes de fierté qui lui reste.

- Au revoir Hermione, nous nous reverrons lors de la remise des prix... Penses à ce que je t'ai dit à propos du ministère.

- Cette discution fut des plus... Instructive. A bientôt Wistily.

Elle lui referme littéralement la porte sur le nez alors que je me permet un ricanement plus qu'agréable.

-Merci professeur.

Je suis un peu surpris. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à agir bizarrement aujourd'hui? Heureusement, je me reprends vite.

- Je vous assure que je ne l'ai pas fait pour vous. Maintenant avez-vous quelque chose à me dire ou vous déciderez-vous à débarrasser le plancher?

Beaucoup mieux.

- Eh bien... Effectivement, je...

- Auriez-vous le même problème que monsieur Weasley en ce qui concerne l'achèvement de vos phrases?

- Je souhaiterais vous demander une faveur.

Je lève un sourcil interrogatif.

- Vous êtes au courant que je souhaite continuer mes études dans la direction des potions, ce qui est... Indiscutablement... Euh... Votre domaine...

- Venez-en au fait.

- Accepteriez-vous de me prendre comme apprentie?

Je manque m'en étouffer avec ma propre salive. Ce n'est pas la première fois que l'on me fait ce genre de demande, mais la plupart venaient avec des arguments un peu plus convainquant (que je m'empressais de mettre en pièce). Jamais encore un Gryffondor n'avait été assez fou pour me demander ça. Surtout vu l'évidence de la réponse.

- Et en quel honneur devrai-je accepter?

- Par conscience professorale?

A sa mine déconfite, je devine qu'elle lit sur mon visage le poids de son argument.

- Parce que vous pourrez vous débarrassez de vos corvées !

Mais c'est qu'elle cherche en plus! Les Gryffondor sont vraiment des cas désespérés.

- Par envie de change...

- Ca suffit. Vous pouvez sortir. Et estimez-vous heureuse que je ne vous enlève pas quelques points pour insolence.

Elle se retourne avec un marmonnement que mon ouïe fine interprète comme une phrase du genre "J'aurai essayé au moins", puis quitte mon laboratoire en soupirant.

oooOOOoOoOOOooo

De la meilleure humeur que je puisse être, je me décide à reprendre mon dur labeur sur la potion de Mithride. Je lève tous les sortilèges permanents qui se trouvaient dans la pièce, puis récupère le chaudron de Mithride modifiée avec laquelle je comptais faire des tests plus tard.

Ce que je vois me glace le sang: les sorts de protection que j'avais appliqué autour du chaudron ont été

détruits. Ils n'étaient, certes, pas très puissants, (tout juste bon à écarter les éventuels curieux à vrai dire) mais le fait est indéniable: quelqu'un connaît l'existence de la potion et en a prélevé un échantillon.

D'un mouvement maîtrisé de baguette, J'appose un sort de protection (beaucoup plus puissant cette fois-ci) puis un sort de dissimulation. Ca ne servira probablement à rien maintenant que le mal est fait, mais mieux vaut être prudent. Cette potion peut devenir une arme dangereuse entre de mauvaises mains.

Résolu, je sors de mon bureau, rétablis tous les sortilèges, change le mot de passe et me dirige plus que furieux vers le bureau du directeur.

"Voldemort"

Mais quelle idée de donner ce mot de passe à son bureau? Les noms de bonbons étaient peut-être ridicules, mais avaient l'avantage de ne pas terrifier quiconque voulant voir Albus. Mais il paraît que "la peur d'un nom augmente la peur de la chose" et bla, bla bla... Je commence à connaître la chanson.

- Entrez Severus. Je vous en prie, asseyez-vous... Thé?

- Non. Monsieur le directeur, quelqu'un a volé de la potion.

Albus marque un moment d'étonnement, puis répond:

- Vous l'avez réussie? Si vite?

- Eh bien... Pas exactement. La base seulement, et encore, modifiée. Mais il est impossible de douter de son efficacité. Cette potion a été élaborée il y a longtemps, et n'a jamais été vraiment étudiée. Il faudrait des décennies pour en comprendre toutes les subtilités, et toutes les variantes possibles. Mais quelqu'un possédant quelques rudiments en potion pourrait probablement isoler les effets de l'échantillon que l'on m'a volé.

- Vous êtes sérieux Severus, vous étiez si prêt de la réussir?

Est ce que, pour une fois, ce serait trop demander qu'Albus réalise les priorités à traiter? D'un geste de main, je lui fait comprendre que ça n'a aucune importance, et le vieux cinglé reprend enfin un visage sérieux, sans pour autant que ses yeux ne cessent de pétiller derrière ses lunettes en forme de demi-lune.

- Vous avez une idée de l'identité du voleur?

- Ca ne me plaît pas de dire ça mais je pense que c'est un Serpentard. C'est le jeune Zabini qui m'a tenu éloigné assez longtemps pour que quelqu'un ai matériellement le temps de fouiller dans mon bureau... La

personne a du me filer toute la journée et, voyant que je ne sortirai pas, il a organisé cette petite mise en scène. C'est forcément quelqu'un d'assez proche pour le manipuler. A moins que ce soit Potter qui ai, une fois de plus, tout manigancé. Londubat lui aura raconté notre petite entrevue et il aura voulu vérifier par lui-même...

Lors de cette dernière remarque, ma voix ressemble plus à un sifflement qu'à autre chose, mais Albus ne semble pas s'en offusquer.

- Ce qui m'inquiète, c'est qu'aucun élève, à ma connaissance du moins, ne serait capable de vous observer à votre insu. Même sans que vous soyez particulièrement sur vos gardes. Dans tous les cas, il est évident que ce n'est pas Harry, il passait ses examens, comment voulez-vous qu'il ait fait quoi que ce soit? Et puis Harry verra bien assez tôt cette potion... C'est même lui qui la boira.

- Potter ! Je fais tout ça pour Potter ?

Comment le vieux cinglé a-t-il pu me faire ça ?

- Exact mon cher, et vous êtes également heureux que j'ai pu vous obtenir une dérogation du ministère pour pouvoir la réaliser... N'est-ce-pas Severus ?

J'étouffe un juron extrêmement insultant à la dernière seconde. Durant un court moment, j'envisage même de refuser à la lumière de mon envie violente de lui clouer le bec, mais je finis par acquiescer, résigné. Pourquoi n'y suis-je pas encore habitué après toutes ces années? Albus me connaît trop bien, et c'est mon plus grand point faible.

- Ca tombe bien que vous veniez me voir Severus. Fizwizbiz ?

Je n'aime pas ça. Pas ça du tout. Vous me voyez manger un Fizwizbiz ? Et bien le vieux cinglé connaît la réponse tout aussi bien que vous. Ca fait des années qu'Albus m'en propose, et des années que je refuse. Et à chaque fois, il s'apprêtait à m'annoncer une nouvelle que je n'allais pas du tout apprécier. Je suis presque sur qu'il m'en propose plus pour me préparer à ce que je vais entendre, que dans l'espoir que j'avale un jour une de ces cochonneries. Je jette un regard condescendant au papier doré, et refuse avec toute la politesse dont je suis capable de produire dans ces cas-là.

- Fous afez chord.

Il mâchonne tranquillement ce truc à proprement parler dégoûtant, puis reprend:

- Monsieur Fudge est venu me voir ce matin. Saviez-vous que monsieur Potter sera placé en apprentissage avec Nymphadora Tonks ?

Merlin, deux cataclysmes ensemble... La fin du monde est proche.

- Grand bien lui en fasse.

- Oui, je pense en effet que cette partenaire est appropriée. Miss Granger, à notre grand étonnement, à choisi des études de potion.

Salazar, faîtes qu'il ne s'apprête pas à dire ce que je pense.

- Cornélius a pensé qu'il serait bon que vous assumiez son apprentissage.

- Cornélius? Cornélius? Avec tout le respect que je vous dois monsieur le directeur... Vous vous fichez de moi?

Je savais que les fizwizbiz ne présageaient rien de bon.

- Il est vrai qu'il y a été un peu aidé, avoue-t-il avec un sourire contrit, pour la forme.

- Mais à moins que miss Granger échoue à ses examens...

- Vous connaissez comme moi les notes de miss Granger, Albus. De toutes façons, il est impossible que j'assume cette fonction: je ne pourrai pas m'occuper de mes cours, de Granger et de l'Ordre à la fois.

- J'ai bien peur que vous ayez raison.

- Vous... Vous voulez dire... Que vous me foutez dehors?

- Je ne vous fous pas dehors voyons! Je crois seulement que quelques vacances vous feront le plus grand bien... Vous restez l'incontestable directeur de Serpentard cela va de soi, et je vous laisse les 5ème et 7ème année.

- Des vacances? Avec Granger ?

- Miss Granger. Et je vous demanderai d'être particulièrement attentionné envers elle. Elle est passée par des épreuves difficiles.

Je suis totalement sidéré. Il me vire du poste que j'occupe depuis 16 ans, je dois me coltiner une miss-je-sais-tout horripilante et... Et Gryffondor, et il veut que je sois gentil? Elle a peut-être passé un mois dans les geôles du Seigneur des Ténèbres, moi j'ai passé plusieurs années à le côtoyer . Et l'autre timbré de

directeur à l'air de s'amuser en plus!

- Vous ne trouverez pas de remplaçants meilleurs que moi.

- Certes, et c'est pourquoi je vous laisse les classes des BUSEs et des ASPICs. Mais de toutes les façon, vos capacités dépassent largement le niveau requis pour ce poste. Déridez-vous Severus ! Pensez à toutes les potions que vous pourrez expérimenter et même, pourquoi pas ? inventer? Et puis ce n'est que temporaire.

- Est ce que je peux refuser?

- Oh, vous êtes bien évidemment libre de vos choix mais vous devez prendre en compte deux ou trois autres petites choses avant de vous décider. Ce n'est pas seulement un service personnel que je vous demande, mais aussi une mission pour l'Ordre. Vous avez vous-même reconnu les capacités de miss Granger, et j'aimerai que vous la formiez dans ce sens Severus, pas seulement en potion. Et puis, vous disposeriez ainsi de beaucoup plus de liberté dans vos faits et gestes, ce qui pourrait vous être grandement utile dans les mois à venir...

- Et dans l'hypothèse ou j'accepterai, qui serait mon remplaçant?

Je ne peux m'empêcher de grimacer de dégoût à la mention de ce titre.

- Mondingus a eu la gentillesse de se libérer.

Pourquoi est ce que j'ai l'impression que tout est déjà programmé dans les moindres détails, et que je n'ai pas mon mot à dire?

- Fletcher? Faisant un cours de potion? Mais il est alcoolique Albus ! La seule potion qu'il sache faire, c'est celle contre la gueule de bois!

- Oh, vraiment? Et bien, je lui dirai de s'amender un peu.

Je préfère couper court à la discussion maintenant plutôt que de dire quelque chose que je regretterai sûrement plus tard.

- Je vais y réfléchir.

Je me lève, contient ma fureur qui amuse l'autre idiot comme jamais, et sort dignement de la pièce. Il sait tout aussi bien que moi quelle sera ma réponse.

OooOoOooo fin du chapitre 2 oooOoOooo

Je suis désolée de vous annoncer ça, mais le prochain chapitre ne sera sûrement pas pour tout de suite... Je manque d'éléments de comparaisons, de conseils et de critiques, et surtout je manque cruellement de temps lol.

Je tenais à remercier tout mes reviewers, et j'espère que vous aimerez autant ce chapitre que le précédents !