Chapitre 3 : Le manoir des Rogue
Transpirante, je me réveille en sursaut. C'est la cinquième fois. Et zut ! Je stresse, je stresse,je stresse! Dans quelques heures, je vais avoir le résultats de mes ASPICs... Sept ans de travail acharné, le résultat dans même pas vingt-quatre heure. Résignée, je me lève et me prépare en cinq minutes. Je suis sûre qu'à cette heure-ci, toutes les filles dorment comme dans des bienheureuses dans le dortoir où je vivais avant. Lavande doit même ronfler un petit peu, comme toujours.
Et dire qu'elle serait horrifiée si elle savait ça ! Moi je trouve qu'elle a de la chance... Au moins elle dort. Je n'ai jamais eu le sommeil particulièrement léger, mais depuis l'accident je suis insomniaque. J'attrape ma cape, jette un dernier regard sur ma chambre de prefette-en-chef impécablement rangée, et sort enfin sous les injures du tableau que j'ai réveillé. Autre avantage d'avoir une chambre à moi toute seule: non seulement je ne réveille pas tout le dortoir toutes les nuits à cause de mes sales cauchemars, mais en plus, je peux sortir faire un tour quand ça me chante, même si il est cinq heures du matin.
Marcher dans les couloirs sombres et silencieux de Poudlard m'apaise, comme toujours. Parce que, être insomniaque, c'est pas une sinécure, vous pouvez me croire. Les gens ont l'habitude de penser que ça doit être génial de ne pas dormir, de pouvoir être actif tout le temps, faire ce qu'on veut, pas perdre de temps... Mais c'est faux. Tout le monde doit dormir. La nuit, il n'y a rien à faire. L'ennui. Le temps qui passe à la vitesse d'un Ron allant en cours de potion... Et c'est pas peu dire!
Alors je marche. Je rythme mes pensées embrouillées au son de mes pas, et, avec un peu de chances, les images se font moins fortes. J'arrive à oublier quelques secondes que je suis sale et répugnante. Oh, ce n'est que quelques toutes petites secondes, mais quand vous vous donnez envie de gerber à chaque fois que votre regard croise malencontreusement votre sale tête dans un miroir, je vous assure que ça fait du bien.
Avec une impression un peu irréelle, je regarde le jour se lever à travers la grande fenêtre glacée. Autre gros inconvénient de l'insomnie: sans sommeil, votre corps commence à réagir bizarrement. Il parait qu'à un certain point, vous commencez à avoir des hallucinations. Moi, je me contente d'observer d'un oeil morne tout ce qui se déroule autour de moi. Je suis blasée. D'un côté, j'étais très étonnée de stresser pour les examens: depuis bien longtemps, je n'ai plus rien à faire des cours ou autres stupidités de ce genre. La seule chose pour laquelle je tiens, c'est Harry. Et Rogue, depuis quelques jours.
Je m'explique: après être revenue à Poudlard, j'ai voulu vivre comme avant. M'amuser des bêtises de Ron, trembler à chaque nouvelles figure de Quidditch totalement-impressionnante et enpar la même occasiondéfinitivement-terrifiante de Harry, travailler sérieusement pour gagner beaucoup de points pour les Gryffondor, trouver l'attitude de Malefoy absolument innommable et encore tout un tas de choses aussi insipides et insignifiantes que celles citées au-dessus.
La vérité, c'est que j'ai changé. Et si je continue d'agir comme ça, c'est parce que je ne veux pas de questions. Je veux pas que Harry s'inquiète pour moi, il a déjà bien trop à porter. Il m'a raconté pour la prophétie. C'était vers la fin de ma sixième année. J'étais choquée quand j'ai appris ça. Ce n'est qu'un enfant! Moi aussi je n'étais qu'une petite fille. Une petite fille de dix-sept ans qui n'a compris que bien trop tard le sens du mot guerre.
Quand il nous l'a enfin dit, une souffrance immense brûlait dans ses yeux, comme si toutes les victimes de Voldemort lui rapprochaient leurs souffrances. Comme si chaque cri de désespoir résonnait en permanence dans ses oreilles, le condamnant à porter tout le poids du monde sur ses frêles épaules. Je me souviens du petit garçon tout timide de première année, fier de ses prodiges en Quidditch, d'avoir un ami aussi stupide que roux, (je n'ai appris que longtemps après qu'il n'en avait jamais eu avant lui...) qui s'animait à chaque injustice et croyait pouvoir redresser tous les tords à lui tout seul...
Je me souviens de Ron enfant aussi. Je crois que c'est bien un de mes seul point de repère qui n'a pas évolué... A l'époque, il mangeait déjà comme quatre, le bout de ses oreille rougissait quand Malefoy le provoquait, il était jaloux et admiratif à la fois face à la célébrité d'Harry, et avait un coeur en or. Ce qui m'a toujours plu chez Ron, c'est ma capacité à pouvoir le comprendre sans difficulté. Je crois bien être capable de comprendre même avant lui ses propres sentiments. Dans ce monde où tout n'est que mensonges et dissimulation, ça fait du bien de pouvoir compter sur quelqu'un qui ne peut rien vous cacher.
Et moi, j'ai l'impression de voir cette mascarade se rejouer chaque jour, encore et encore. L'étincelle de douleur brille encore dans les yeux de Harry, sans que je ne puisse rien faire. Il devrait être interdit d'avoir ce regard-là à seulement dix-huit ans. Un gosse qui a grandis trop vite, comme moi. Et ce qui me terrifie, c'est que je n'ai même pas vu le quart de la moitié de toutes les horreurs que mon avenir me réserve. Alors à quoi bon?
Il faut croire que je ne suis pas une Gryffondor pour rien. Les causes perdues, je m'acharne dessus jusqu'à ce que justice soit faite. Et à mon retour, j'ai décidé d'effacer l'éclat de tristesse et de désespoir que je lis dans les yeux de Harry à chaque fois que je croise son regard. J'ai vu la même chez Rogue, le jour où il a craqué. Les monstres comme Voldemort n'ont pas le droit de briser des vies comme ça, juste par attrait de pouvoir!
Mais qu'est-ce que le pouvoir face au désespoir des gens? Une belle illusion. Un feu gigantesque qui attire les hommes comme des mouches... Voldemort est juste un insecte un peu plus gros que les autres. La satisfaction de tenir le monde au creux de votre main... Grisant de savoir que vous pouvez la fermer et tout casser au moindre désir, n'est-ce pas?
Mais Voldemort ne sera jamais capable de comprendre le vide de certaines expressions, le cri d'une femme ou les pleurs d'hommes fatigués par la vie. Il a perdu bien plus que son âme le jour où il a acquis ses yeux rouges, à commencer par sa capacité à aimer, à voir la beauté, à comprendre que le blanc peut être aussi attrayant que le noir, qu'à chaque cri de désespoir correspond un cri de plaisir, qu'à chaque mort, une vie surgit du vide gris et terne. Moi, je veux encore le croire.
Voila l'ampleur de ma quête: montrer au monde que la vie peut être belle. Ironique pour quelqu'un qui dépérit non? Mais je suis bien trop 'Gryffondor' pour ne rien faire. Je ne peux pas baisser les bras, et regarder d'un oeil vide le monde tourner sans moi. Rien que pour éteindre l'incendie de peines passées des regards d'Harry et de Rogue.
J'en suis même venue à comprendre le noir et cassant maître des potions. La solitude et son attitude froide envers tout le monde n'est qu'une manière particulièrement désespérée d'oublier le 'a quoi bon ?' qui nous dérange tous. Le soleil est maintenant un peu plus haut que l'horizon orange pâle, et le parc se détache avec une netteté rafraîchissante. Les coqs de Hagrid et les bruits des divers petits mammifères ont remplacés ceux de la nuits, alors que le soleil se reflète dans le lac. Les innombrables brins d'herbes brillent sous l'aube naissante, encore humides de rosée matinale... Avec regrets, je m'arrache de ma contemplation, et me dirige vers la grande salle.
Parce que si je stresse, ce n'est pas parce que j'ai peur de ne pas avoir la meilleure note, mais parce que la réussite à cet examen est le seul moyen pour moi d'aider Harry, de trouver de nouvelles raisons valables pour que Rogue m'accepte comme apprentie (je n'avais pas été aussi naïve depuis longtemps à ce propos... Agir sur une impulsion et compter sur sa bonne humeur... Tss ) et de trouver la réponse de ce 'a quoi bon ?' définitivement dérangeant.
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- Félicitation miss Granger. J'espère que vous saurez faire bon usage de ce rare privilège que vous accorde le ministère.
Je sens Fudge assez froid. Bizarre pour le Pouffsouffle gentil mais un peu idiot et aveugle dont j'ai le souvenir. Pas que j'ai quoi que ce soit contre les Pouffsouffle, mais... Enfin, le fait que je ne fasse pas les choses comme tout le monde a du prodigieusement l'agacer. Et si il a félicité Harry au moins dix fois, et de manière plus qu'enthousiasme, c'est probablement pour redorer son image de marque.
D'ailleurs, ça m'étonne qu'Harry ait aussi bien réussi ses ASPICs. Pas qu'il soit idiot ou incompétent, loin de moi cette idée! Seulement, les sujets que j'ai eu était extrêmement difficiles, et je suis juste surprise qu'à peu de choses près, il ai eu les même résultats que moi... Il a du beaucoup travaillé pour en arriver là. Et dire que je ne l'ai même pas vu ! C'est vrai qu'on s'est un peu éloigné ces derniers temps... J'ai la vague impression qu'il croit devoir tout faire tout seul. Et puis depuis qu'on s'est fâché alors que j'essayais de lui prouver le contraire, inutile de dire qu'on ne s'est pas beaucoup vu ni parlé.
J'ai bien essayé d'aller le voir, mais il était accaparé par tout le monde, et je n'ai pas eu le coeur de gâcher sa joie. Je jette un coup d'oeil sur la grande salle, où j'aperçois Malefoy. Lui aussi je devrais aller lui dire au revoir, je le sais, mais je n'en ai pas la force. Depuis notre retour à Poudlard, il ne me parle plus, que ce soit en bien ou en mal. Mais parfois, il a des regards qui me glace. C'est probablement parce qu'il ressemble plus à son père que ce que je ne croyais. Au fond, c'est forcément un type bien... Lui aussi a grandi avant l'age. Tuer son propre père, renier tout ce que l'on vous a appris de force depuis votre plus tendre enfance... C'est rare. Mais évidemment, personne ne sait rien.
Surprenant mon regard, il se retourne et me sourit, d'un de ses sourires froids qui me déshabille. Non, décidément, il me rappelle trop Lucius pour que j'aille le voir. Je détourne vite le regard et m'enfuie comme une voleuse vers ma chambre.
Mon sac et toutes mes affaire sont déjà emballés, il ne me reste plus qu'à aller au chaudron baveur. Je pense que je vais y louer une chambre pendant quelques temps... Il faut absolument que je trouve comment convaincre Rogue. Trouver des infos sur lui... Puisque la gentillesse ne marche pas, le chantage devrait être plus efficace... J'aime pas trop ça, mais je n'ai pas vraiment le choix. Je commence allée des embrumes? Il faudrait d'abord que je change un peu de style, pour l'instant c'est comme si il y avait écrit 'sang de bourbe' en rouge sur mon front... Ca aide pas trop àpasser inaperçue.
Un peu de poudre aux yeux, et je suis sûre qu'ils cracheront leurs infos jusqu'à la dernière! Il me faudrait un nom d'emprunt aussi et... J'y penserai plus tard: Ron m'attend devant ma chambre.
- Alors? On ne vient plus dire au revoir à ses amis maintenant?
- Ron ! Tu devrais être avec Harry et son fan-club! Il éclate de rire.
- Hermione, Hermione! Tsss ! Je ne mêle pas à la plèbe moi! Le fan club d'Harry... Non mais vraiment! Et bien, en fait, je me suis dit qu'Harry viendrait me dire au revoir, lui... Bref, d'un point de vue stratégique, mieux valait venir ici d'abord.
- Mais depuis quand est-ce que tu réfléchis Ronald Weasley ?
- Mais depuis qu'une de mes connaissances s'évertuent à me faire rentrer des grimoires inhumains dans la tête, de gré ou de force... Voyez-vous de qui je veux parler miss Hermione Granger?
Je tente de lui faire ravaler ses paroles (comment ça de force ?) d'un regard sévère, mais c'est peine perdue: le coin de ma bouche frémit, et je souris.
-Voila qui est mieux! Sérieusement 'Mione, qu'est ce que tu vas faire maintenant? D'ailleurs, j'ai toujours pas compris pourquoi tu tiens tant à partir si vite... Pourquoi Poudlard te suffit plus?
- C'est pas ça Ron, mais ici personne n'a besoin de moi... J'ai besoin d'être utile tu comprends?
- Moi j'ai besoin de toi.
Sa réplique me va droit au coeur. Mais d'un autre côté, j'ai de la peine pour lui. Je suis incapable de lui donner ce qu'il attend de moi... C'est trop tôt. Il a un regard tellement sérieux et attentif, une expression si gentille et attentionnée envers moi, que je me dégoûte encore plus de le fuir. Il y a un an, j'aurai été au septième ciel qu'il me regarde de cette façon-là mais aujourd'hui... Aujourd'hui, je ne serai capable que de lui faire de la peine, et ça, je ne le veux pas.
- Ron, je... C'est pas pareil.
Son regard blessé me désole. Mais quelle idiote je fais! Incapable de faire preuve de tact et de gentillesse quand il s'agit de mes propres amis...
-Écoutes Hermione...
Je le vois prendre une grande inspiration, comme pour se donner du courage.
- Avant que tu partes, il faut que je te dise quelque chose.
Je lui adresse un faible sourire, et pose mon index sur ses lèvres pour l'empêcher de continuer.
- Je sais Ron, je sais. Mais je ne peux pas... C'est pas ta faute, non! C'est juste que... La guerre, tout ça... Je suis pas vraiment prête, tu comprend? Dis au revoir aux autres de ma part et...
- Tu as menti, hein? Ne me prend pas pour un idiot Hermione. Tu n'as pas passé ces deux mois seulement bien gentillement enfermé comme otage pour V-vo-voldemort, pas vrai ?
Je suis lasse, tellement lasse de tout devoir cacher... Mais avant que je puisse protester et mentir en lui disant qu'il se trompe, qu'il m'ont certes cloîtrée avec peu de nourriture et dans un endroit infect, une fureur sans nom apparaît sur son visage, et il se tourne en donnant un grand coup dans le mur.
- Et MERDE! Pourquoi tu n'as rien dit?
- Certaines choses ne sont pas toujours bonne à dire. Mais ne t'inquiètes pas, je suis là maintenant, tout va bien.
- Mais tu t'en vas... Je t'attendrai.
- Non Ron. Toi aussi tu as le droit d'être heureux. Trouves-toi une gentille Gryffondor et oublies-moi... S'il te plaît. Je n'en vaut pas la peine.
- Depuis quand as-tu changé à ce point? Pourquoi es-tu devenue aussi défaitiste sans même que je ne m'en rende compte? Hermione, ça fait des mois que toi et Harry vous éloignez de moi... Du monde des vivants! Bien sur, on se parle, on rigole mais... C'est plus comme avant! C'est juste pour soutenir les apparences et...
- Arrêtes Ron. Je le sais bien, mais c'est comme ça, on ne peux rien y faire. Ne culpabilises pas, tout s'arrangera un jour ou l'autre... J'ai confiance en Harry, en l'Ordre et en tous les gens qui se battent pour vivre libre... Alors laisses-moi me battre moi aussi. S'il te plaît.
-Mais ce n'est pas un jeu ! Tu peux risquer ta vie! Et je... Je ne sais pas si je le supporterai Hermione.
- Je te promet que tout va bien se passer. Tu as confiance en moi?
C'est un mensonge, bien sur. Mais je suis prête à donner ma vie pour ceux que j'aime, pour le monde sorcier, et il ne faut pas qu'il flanche lui aussi. Ou je ne pourrai pas.
-Bien sur.
Son visage reprend des couleurs normales et il ajoute avec un grand sourire benêt :
- Mais je t'attendrai quand même.
Je lui souris à mon tour, dépose et léger baiser sur sa joue et lui chuchote un "au revoir" un peu triste, puis traverse le tableau et le referme avant qu'il n'ai pu ajouter quoi que ce soit.
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C'est lourd! Mais qu'est ce qui m'a pris d'acheter autant de bouquins? Ca, c'est sur que c'est pas les vêtements qui m'encombrent! Résumons: Une valise de robes, chaussures, sous-vêtements, trousse de toilette et artefacts magiques de taille à peu près raisonnable, et un sac ééééénorme contenant divers pavés soigneusement entassés et comprimés grâce à un reducto salvateur. Je jette un dernier regard à ma chambre qui me parait étrangement grande sans tous ses objets, m'assurant de n'avoir rien oublié.
J'ai beau avoir vécu plus de temps dans le monde moldu que dans le monde magique, il y a certain jours où je me demande comment il peuvent bien vivre sans magie... Non sérieusement, il faudrait au moins trois personnes pour porter tout ça ! Je réfléchi quelques secondes pour retrouver la formule d'allègement, puis sort enfin de la chambre en entraînant mes bagages derrière moi.
Direction, bureau de Dumbledore ! Je ressens quand même un petit pincement au coeur en me disant que je ne reverrai plus Poudlard... Mais qu'importe, mes projets sont plus important que mes regrets, alors je serais de bonne humeur aujourd'hui, c'est décidé.
- locomotor barda!
Couloir, escalier, corridor... Je me dépêche, de peur de croiser quelqu'un. Peu de chance: les Gryffondors doivent être en train de faire la fête à la tour, mais on ne sait jamais. J'ai laissé un mot à l'adresse d'Harry, bien que je sache qu'il ne le lira pas. On sait jamais.Il a juste besoin d'un peu de temps pour reprendre ses marques je pense, il finira bien pas se calmer. J'espère juste qu'il le fera avant que ce ne soit trop tard.
Enfin, j'arrive devant le bureau du directeur: il m'a dit qu'il m'autoriserai à utiliser sa cheminée pour aller où je le souhaite. Ce qui m'arrange bien en fait: ça me fait gagner du temps, et plus vite je commence à chercher, plus vite je serai efficace.
Voldemort
Parfois, notre directeur a des lubies bizarres tout de même. Il m'a fallu un peu de temps pour parvenir à prononcer son nom sans trembler mais à présent je ne l'appelle plus autrement.
Je frappe trois coup discret à sa porte avant d'entendre un "entrez" aussi chaleureux que son propriétaire. Dumbledore est quand même quelqu'un d'exceptionnel pour m'avoir aidé à obtenir une dérogation du ministère pour passer mes ASPICs en avance, sans même poser de questions. Comme si... Comme si il savait.
- Miss Granger, vous tombez à pic! Patacitrouille ?
Je souris et accepte le bonbon orange qu'il me tend avec amusement.
- Je voudrez vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi monsieur... Vraiment, je sais que ça parait ridicule venant de moi, mais si un jour vous avez besoin de quoi que ce soit...
- Aucune aide n'est de trop miss Granger, croyez-moi.
Il me tend la poudre de cheminette puis se rassois derrière son imposant bureau de chêne recouvert d'objets hétéroclites dont l'utilité d'une bonne moitié m'est inconnue. Derrière ses lunettes en formes de demi-lunes, ses yeux brillent comme ceux d'un enfant préparant un sale coup. Ce qui, le connaissant, ne m'étonnerait pas outre mesure.
- J'ai une bonne nouvelle pour vous.
Qu'est ce que je disais?
- Vous désirez toujours continuer vos études vers les potions, n'est ce pas? Avez-vous trouvé un maître qui acceptes de vous superviser?
- Et bien, j'ai essayé, mais la personne concernée a refusé.
- Oh, vraiment?
Son expression mutine redouble d'intensité.
-Et bien j'ai trouvé la personne idéale pour vous superviser. Le meilleur.
- C'est très gentil à vous professeur, mais une seule personne pourrait m'aider dans mes projets... Je vous recontacterai. Merci encore pour tout...
Je me retourne vers la cheminée, et me prépare à partir quand une voix sèche et rauque à la fois s'élève de l'ombre:
- Et où comptez-vous aller comme ça au juste? Quant à vous Albus, vous savez très bien que les flatteries ne me font ni chaud ni froid.
- Professeur Rogue?
- Pour mon plus grand malheur. Je ne pensai pas que vous viendriez pleurer dans la barbe du directeur pour me forcer la main. J'avais manifestement sous-estimé votre hypocrisie.
La voix est venimeuse, mais je ne m'en formalise pas.
-Allons, allons, Severus, restez poli s'il vous plaît. Ainsi miss Granger m'avait devancé? Je peux vous promettre qu'elle n'est jamais venue me voir pour me demander une telle chose. Mais ça me fait plaisir que nos désirs s'accordent de façon aussi idéale...
Rogue lui jette un regard signifiant clairement que ses désirs à lui ne s'accorde pas du tout de façon 'idéale', que Dumbledore ignore majestueusement.
- Nous sommes donc d'accord. Personne n'est au courant à part nous trois, et je pense qu'il vaut mieux que personne d'autre ne le sache. J'espère que vous vous entendrez, et que tout...
Mais je n'écoutes plus, trop éberluée pour enregistrer plus d'informations. Rogue a accepté. Accepté! Sans même que j'ai besoin d'insister... Puisqu'il est connu que le génie frise la folie, je comprend pourquoi Dumbledore a l'air à ce point timbré! C'est le plus grand sorcier, la personne la plus intelligente, extraordinaire, la plus...
- MISS GRANGER ! Quand vous cesserez de rêvasser, peut-être pourrions nous y aller? Je ne vois vraiment pas comment je vais pouvoir faire rentrer quoi que ce soit dans votre cervelle d'oiseau si vous n'êtes même pas capable de répondre quand on vous appelle!
- Au revoir miss Granger, et bonne chance. Severus.
D'un signe de tête, nous comprenons que l'entretien est terminé. Rogue lisse sa cape, attrape une poignée de poudre et prononce distinctement "8 impasse des torturés, manoir Rogue." Sympa l'adresse! Manoir? C'est vrai que Rogue est un sang-pur aristocrate. Je m'avance à mon tour, et après un dernier geste à Dumbledore qui semble plus bienveillant que jamais, je m'engouffre à mon tour dans la belle cheminée baroque. Après le tiraillement habituel auquel je crois que je ne m'habituerai jamais, je m'écrase lamentablement sur un tapis chiné râpeux qui doit sûrement coûter une petite fortune. Comble de malchance, mes bagages s'écrasent à leur tour sur mon dos, me broyant les côtes.
Un ricanement peu aimable résonne dans le pièce vide.
- Vous êtes vraiment une incapable! Même pas fichu de voyager par cheminette. Depêchez-vous. Pas que vous voir étendue à mes pieds me gêne tant que ça, mais nous avons du travail.
Totalement gênée, je me relève dignement (comprenez maladroitement...) tout en essayant de ne pas penser à la douleur qui m'étreint les reins, là où les bagages ont malencontreusement atterris.
- Ca serait plus rapides si vous m'aidiez au lieu de rester là sans rien faire!
Un sourcil amusé se lève, l'air de dire "vous n'espériez pas que je vous apportes un cocktail en plus de ça, non ?"
Je dépoussière ma robe parce que, le tapis à beau être magnifique, il n'en reste pas moins extrêmement sale. D'ailleurs, je réalise rapidement que le reste de la pièce est à peu près identique au tapis. Magnifique, presque d'un autre temps, et définitivement sale. La cheminée noire de suie n'a pas du être ramonée depuis longtemps, les grandes dalles probablement blanche à l'origine sont d'un gris douteux, alors que les grandes tentures d'un vert sombres sont recouvertes de toiles d'araignées dans les coins. Tous les meubles sont recouverts de grandes bâches grises, comme si la pièce était abandonnée depuis longtemps. Un gigantesque lustre de cristal éteint trône majestueusement au centre de ce salon aux dimensions titanesques. Les lourds rideaux de brocart d'un chamarré de vert extraordinaires sont lacérés de haut en bas, laissant passer une faible lumière blafarde qui éclaire la pièce d'une lueur fantomatique. Je dois noter que le plus intimidant reste encore les tableaux de deux mètre sur un, où des hommes aux nez crochus et des femmes aux cheveux ébènes tous plus beau et plus menacent les uns que les autres nous fixent sans ciller.
- Bienvenue dans le manoir des Rogue, me dit-il d'une voix que je devine amère. Pourtant, cette pièce pourrait être somptueuse si elle était ne serait ce que légèrement entretenue...
- Vous êtes fâché avec votre famille?
-Je suis le dernier des Rogue.
Idiote que je suis! Décidément, il y a des fois où je ferais mieux de me taire. Mais il semble rapidement reprendre ses esprits, et part d'un pas décidé sans plus faire attention à moi vers une grande porte en ébène sculpté. Indécise, je récupère mes affaires et me demande si je dois le suivre ou non... Il lève vite mes derniers doute:
-Eh bien, qu'attendez- vous? Le déluge peut-être?
Il ne se retourne pas, ne s'arrête même pas de marcher et, est-il nécessaire de le préciser? ne prend pas la peine de m'aider à me dépêtrer de mes valises. Tant bien que mal, je le rejoins en sautillants, traînant mes sacs d'une main, cherchant ma baguette de l'autre. La lourde porte s'ouvre devant lui sans même qu'il ne la touche et il commence à me donner des instructions pour les prochains jours.
- Ce manoir appartenait à une famille férue de magie noire, je vous conseillerai donc de ne toucher à rien que vous ne connaîtriez pas déjà. Le salle de bal que vous venez de voir servira pour vos entraînements concernant l'Ordre; pour les potions, le laboratoire se trouve dans l'aile est. Il vous est interdit d'y aller sans moi, le reste de la maison vous étant ouverte sans restriction. Les cuisines se trouvent en sous-sol, et voici votre chambre. Installez-vous, je vous ferai visiter plus tard. Ma propre chambre se trouve deux portes après la votre, et je vous conseille de ne pas m'y déranger sans raison valable.
Sans un mot de plus, il me laisse devant mes nouveaux appartements. Oui, appartements, vous avez bien entendu. Je ne vois pas comment je pourrai qualifier autrement le boudoir accolée à une chambre et à une salle d'eau tout en marbre. Bon! Je crois qu'un petit nettoyage s'impose!
Je dépose mes affaires dans le coin que j'ai jugé le moins sale, et, baguette en main, je dépoussière et nettoie tout ce que je vois à coup de recurvit sans pitié. J'ai la mauvaise idée de vouloir enlever une des bâches grises de ce que je suppose être un canapé... Des moutons de poussière s'envolent, et tout est à refaire. Sans oublier de préciser que je pars dans une crise d'éternuements épouvantable.
Bien, ordre et méthode! Il n'est pas dis qu'un minable petit appartement trois pièces plus cher à lui tout seul que mon ancienne maisonnette moldue, le cabinet dentaire de mon père et son revenu annuel auraient raison de moi! Foi d'Hermione Granger !
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Je crois que j'ai parlé un peu vite: mon enthousiasme est très rapidement retombé. J'en suis néanmoins arrivée à bout. Cette idiot aurait pas pu faire un peu de rangement avant que j'arrive? C'est son manoir après tout! Bref, je suis plutôt fière du résultat: les pièces sont grandes et aérées, et j'ai presque réussi à faire partir l'odeur planante de moisi.
Malgré la température glacée de la pièce, je sue à grosse goutte: j'ai du y passer 3 bonnes heures... A présent, le lit à baldaquin taillé-pour-géant est relativement brillant, les dalles de pierre ont retrouvé leur jolie couleur crème, et je défie quiconque de trouver la moindre toile d'araignée! (D'ailleurs, je crois que Ron n'aurait pas survécu à ce grand nettoyage de printemps: il y en avait de partout..) Ce n'est pas parfait, mais au moins, c'est propre.
Quoi qu'il en soit, je l'excuse de tout ce travail en plus pour une seule et unique raison: dans le boudoir, en face du bureau incrusté en écailles de tortue se trouve une bibliothèque. Il y a au moins une centaine de livres, dont les trois quart me sont inconnus! Bon, bien sur, ce sont des livres de magie noire, mais... Ca reste des livres! J'ai même réussi à faire suffisamment de place pour y caser les trente miens, et, du fauteuil émeraude où je me suis assise (vautrée...) je peux même contempler une "Histoire de Poudlard' reluisante.
Complètement éreintée, je me lève tout de même de mon fauteuil plus que confortable et quitte ma chambre pour tenter de rejoindre le grand salon. Enfin, l'ex-salle de balle serait plus appropriée à mon avis. Je retrouve facilement mon chemin: longer le couloir sombre, à droite, encore à droite, les grand escalier et le corridor aux portrait... Je crois que je vais me plaire ici. Quand tout sera propre. Et si Rogue n'est pas trop infâme.
Et là, stupeur: alors que les grandes portes s'ouvrent toute seule à mon approche, Rogue est tranquillement en train de lire un livre près de la cheminée ronflante, alors qu'un elfe de maison, (un elfe de maison !) fait léviter des assiettes et des couverts sur une table conçue pour au moins dix personne.
- Professeur, voulez vous avoir l'amabilité de me dire ce qu'un elfe de maison fait ici?
- Mais il met le table, vous êtes aveugle?
Quand je pense que j'ai du me taper tout le nettoyage de ma chambre toute seule alors que lui se roulait les pouces, asservissant un de ces pauvres petits êtres!
- Peut-être auriez-vous eu besoin d'aide pour ranger vos innombrables vêtements ? Désolé, j'ai oublié de vous préciser que Totsy était là.
Mais c'est qu'il se fout de moi en plus!
- Ne vous inquiétez pas pour ça, je n'ai pas l'habitude de réduire les gens en esclavage, je l'aurai fait toute seule de toute manière. Et laissez-moi vous dire que votre maison est la chose la plus sale et dégoûtante qu'il m'ai été donné de voir, et que je n'ai emmené avec moi que le strict nécessaire.
-Ca y est? Vous avez fini? Peut-être pourrions-nous passer à table? Totsy, amènes les plats.
Un 's'il te plaît' lui aurait écorché la gorge, bien sur. Aussi incroyable que ça puisse paraître, Rogue à l'air d'une humeur encore plus massacrante qu'à son habitude. Probablement parce que je suis là. Peut-être à cause du manoir aussi... J'ai pas l'impression qu'il y vienne très souvent.
-Vous n'avez pas trouvé plus grand comme table? A moins qu'on ai des invités surprises dont vous ne m'ayez pas parlé?
- Je suis absolument confus que cela vous incommode, mais les autres tables sont encore plus grande. Y survivrez-vous? Je ne doute pas que vous ne soyez pas habituée au luxe.
Son ironie est mordante, et même blessante, mais elle m'amuse plus qu'autre chose. C'est Rogue. c'est normal.
- Non, ce sera parfait, je vous remercie de votre amabilité. Effectivement, je n'ai jamais été pourries gâtée, tout comme je n'ai jamais détenu un manoir aussi grand que sale. Je me demande vraiment comment j'ai pu survivre sans ça. Des prédispositions hors du commun sans doute.
Il me fixe un moment d'un regard glacé et brûlant à la fois. Et je finis par détourner le regard. C'est effroyable à quel point cet homme peut être intimidant parfois. Sûrement satisfait de lui-même, il se lève, rejoins la table et se met à manger sans un mot de plus.
- Vous avez beau avoir grandi dans une famille de riche, vous ne connaissez pas les règles de politesse les plus basiques, n'est-ce pas professeur?
Cette fois-ci, je crois que je suis allée trop loin.
-Mangez, et taisez-vous.
Docile, je m'exécute et prend place à mon tour à table. Il n'empêche que si j'ai quelque chose à dire, je le dirai, quoi qu'il en pense. L'elfe dépose les dernier plat et commence à partir. Rien que pour le plaisir, je lui dis un 'merci' bien clair et bruyant, en souriant de toutes mes dents. Totsy, puisque c'est son nom, me lance un regard interloqué et un peu effrayé, (c'est sur qu'il n'a pas du recevoir beaucoup de merci avec un maître pareil!) puis s'en va après une courbette stylée. Je mange quelques secondes en silence puis...
- Votre manoir pourrait être très beau... Depuis combien de temps l'avez-vous déserté?
- Vingt-sept ans.
- Pourquoi? C'est dommage de laisser une telle merveille à l'abandon! Il doit dater de la renaissance, sans compter toutes les modifications de l'époque baroque, les peintures italiennes, les statues de marbres, les..
-Je connais ma maison merci! Silence à nouveau.
-Alors ?
Sale regard de sa part.
-Alors quoi?
- Et bien, vous ne m'avez toujours pas répondu. Pourquoi l'avoir laissé à l'abandon?
Il retourne à son assiette et grommelle un 'pas vos oignons' dans sa soupe aux cèpes. Bon, mon but étant de le dérider dans une première partie, autant essayer de le faire parler. Mince alors, les gens adore parler d'eux-même normalement !
- Au fait, je me trompe, ou vous avez mentionné des entraînements pour l'Ordre tout à l'heure?
- Vous n'êtes pas encore sourde, Dieux merci ! Avec toutes vos autres tares, cela aurait fait un peu beaucoup.
-Vous savez que c'est la phrase la plus longue que vous m'ayez dite en trois heures?
- Oui.
-Vous répondez toujours par monosyllabes?
Hinhinhin , Je crois que cette fois-ci j'ai épuisé toute sa patience. Grande inspiration, regard acéré, puis gros soupir. Flûte, raté.
- Et vous, c'est votre passe-temps favori de me pourrir la vie?
- Non, bien sur que n...
- Alors taisez-vous et laissez-moi tranquille. Gardez votre souffle pour demain, vous en aurez besoin.
- Quel est le programme?
Cette fois-ci, j'ai droit à un regard purement jubilatif. Vous savez celui qu'on fait "moi je sais quelque chose que tu sais pas"... Et ben l'exemple même.
- Vous verrez...
Puis il se lève, retourne vers son fauteuil gris perle, s'empare d'un des deux livres posés sur la petite (c'est bien la seule chose que l'on pourrait qualifier de 'petit' dans cette maison ') commode en acajou, jette un silencio qui m'est clairement adressé et s'emmure dans son silence. Je ne mange pas beaucoup, mais finis tranquillement ce que je m'étais servie (c'est pas croyable de manger si vite! En plus, c'est mauvais pour la santé...) puis m'affale à mon tour dans un des superbes fauteuils si confortables en prenant le second livre. "Théories expérimentales sur le principe actif du sang de licorne" .2349 pages. C'est un livre, ça ne peut être que intéressant.
Edité en 1746. Je me demande si je n'ai pas un peu présumé de mes forces là...
Le sang de licorne étant considéré comme sacré par les anciens, peu d'études ont été accordé au sujet jusqu'à présent. Pourtant il est prouvé que la magie ancestrale était capable de relever ses propriétés par des rites...
Qu'est-ce qu'il est lourd ce livre! Les reliures en cuir sont peut-être très belle mais j'ai les jambes écrabouillée.. .
... Complexes et malheureusement perdus au jour d'aujourd'hui. Les lois de censure de 1135 ont été la cause de grandes pertes, notamment des travaux de 1'Allemand Stadtstein, celebrissime empoisonneur. Les licornes à cette époque...
Je me demande ce qu'il lit. J'espère que j'arriverai à le dérider.
était alors bien plus nombreuses et proche des...
Si lui j'arrive à le dérider lui, alors, j'arriverai à dérider Harry, c'est sur.
.. sorciers qu'aujourd'hui. Dans des temps encore plus reculé, à l'aube...
Il a l'air si sombre... Pourtant, quand il lit, son visage se détend un peu.
...des temps, les moldus eux-même pouvaient les voir. Ce qui est une abbération pour nous, contemporains, mais...
Il en paraîtrait presque beau. Non, Rogue n'est pas beau. Mais son visage affirme son caractère, et si il était moins grincheux, une sorcière gentille et intelligente vivrait sûrement avec lui.
qui fut tout naturel avant le grand chiasme.
Correction: si j'arrive à le dérider lui, alors je serais capable de devenir ministre de la magie.
Sans même le réaliser, Hermione plongea à bras ouverts dans ceux de Morphée, son visage fin légèrement crispé au milieu de ses innombrables mèches folles.
oooOoOooo fin du chapitre 3 oooOoOooo
coucou à tous :) je suis désolée de pa&s avoir pu répondre à tous, mais c'était les RARs ou le chapitre lol ;) Encore merci à tous en tout cas !
Sinon, pour parler du chapitre, je préfère la fin au début que je trouve un peu gnan gnan... Mais bon, il fallait bien introduire deux ou trois petites choses lol ;)
Bref ! Prochain chapitre pendant les vacances, et en attendant, bonne lecture à tous, et laissez un commentaire, même court ca fait plaisir :)
