Résumé : Après avoir étél'otage du Lord Noir, Draco parvient à libérer Hermione, et la ramène à Poudlard. Pour retrouver gout à la vie, elle décide d'aider Harry, et étrangement, Severus Snape, l'horrible professeur de potion. Loin de tous, elle commence son apprentissage en potions à ses côtés, ainsi qu'un entraînement pour l'Ordre où elle commence à apprendre l'Avada kedavra... Apprentissage qui tourne mal.
Chapitre 6 : Voyage au pays des rêves... Ou des cauchemars
Dans la pièce sombre, la première chose qui m'interpelle est l'odeur. Une odeur de renfermé, de cadavre. Il ne faut pas plus que quelques dixième de secondes pour que ma vue s'habitue, et j'aperçois des animaux, morts plus ou moins fidèles à leur modèle entassé sur le sol. Je récupère ma seconde baguette et les fait disparaître. Granger reste, seule, évanouie sur le tapis aux couleurs passées.
Mais quelle idiote! Je me précipite et l'observe rapidement. Elle est en plein coma magique.
Et ce stupide elfe de maison qui n'est pas là ! Je l'attrape dans mes bras, et l'emmène jusqu'à sa chambre. Elle pèse plus léger qu'une plume, et ses bras se balancent au gré de mes pas, mous.
Je l'allonge sur le lit à baldaquin qu'elle n'a encore jamais utilisé, et lui enlève son pull et son pantalon moldus. Je l'ausculte en quelques minutes, et le diagnostic est clair: elle a vidé son potentiel magique jusqu'à l'évanouissement, un peu plus et c'était la mort directe. Non mais quelle imbécile! Elle n'aurait pas pu faire ça alors qu'elle n'était pas sous ma responsabilité, non? Je repousse rapidement la petite voix qui me dit que c'est ma faute, que c'est moi qui l'ai poussé à travailler aussi dur... C'est entièrement la sienne. Fichue Gryffondor qui n'en fait qu'à sa tête!
J'ouvre son placard à la recherche d'un pyjama et en profite pour réfléchir à ce que je peux faire. Tout est rangé au carré, à l'image de sa propriétaire, et sens comme elle la lavande et une fraîche odeur de propre. A croire qu'elle lave ses habits dix fois avant d'être satisfaite. Il n'y a pas un seul vêtement sorcier. Elle portait toujours ses horreurs moldues à mes cours... Bref, c'est pas le moment d'y penser, je réglerai ce problème quand elle sera réveillée. Si elle se réveille. Les comas magiques peuvent aller de quelques heures à plusieurs mois...
Mais ce n'est pas un coma du à une blessure magique, alors ça devrait aller. Je ne connais pas grand chose en médicomagie, mais c'est déjà plus que la moyenne. Je sais à peu près tout ce qui concerne les potions, et les soins basiques... Ca devrait suffire. Je ne peux pas la transporter, il faudrait prendre de la poudre de cheminette, et elle ne le supporterai pas. Comme les gens affamés, dans les cas de carences magique, elle ne doit se réhabituer à la magie que petit à petit. Le sort que j'ai effectué pour vider le salon était déjà de trop.
J'enlève le dessus de lit et l'installe correctement. Sa bouche est sèche, ses pupilles dilatées, elle ne réagit pas aux stimuli... Elle doit être évanouie depuis une demi-heure tout au plus, vu la raideur de ses membres. Je ne peux m'empêcher de jeter un regard sur son corps mince et pale. Ca ne m'étonne pas qu'elle ait été si légère, elle est maigre comme un clou! Moins rachitique que dans les pensée de Draco, mais ce n'est tout de même pas brillant. J'avais remarqué qu'elle ne mangeait quasiment rien à table, mais je n'y avais pas prêté attention plus que ça. Encore quelque chose dont nous devrons discuter quand elle se lèvera.
Je lui enfile la chemise que j'ai trouvé, la recouvre et ravive le feu mourant de la cheminée à la façon moldue. Je pense qu'elle est tirée d'affaire pour les prochaines heures mais... Il n'y a rien d'autre à faire que d'attendre. Je me lève et la laisse seule un moment, pour rejoindre le laboratoire.
Potion de soutien magique... Il n'y en a évidemment pas en réserve, c'est une potion qui ne se conserve pas. Je pourrai sûrement trouver un reconstituant, mais ça ne suffirait pas. Je récupère quelques ingrédients dans la partie réfrigérée, deux ou trois autres ailleurs, heureusement, il ne manque rien. Pas de potion à ingestion orale, elle ne pourrai pas le boire ni le digérer. Je me rabat sur une lotion à appliquer sur le ventre. C'est violent comme traitement, mais ça marche. Il faut aussi un placebo pour stimuler ses muscles vitaux: le coeur, les poumons... Dans dix minutes ils s'arrêteront, ils devraient déjà commencer à ralentir. Avec des gestes précis, je mesure, coupe et fait bouillir du lait de chèvre dans un chaudron en cuivre. Vite, plus vite! La confection du cataplasme me calme, et me permet de penser de façon plus rationnelle.
Inutile d'aller chercher Pomfresh, ce serait trop long, et je ne crois pas qu'elle ait ces potions en réserve, elle ne pourrait rien faire de plus. En outre, les vacances de Noël ont commencé ce matin, et elle sera probablement déjà partie. Je fais bouillir le tout et l'étale sur un plateaux en bois, récupère des potion fortifiantes, nourrissantes et de sommeil-sans-rêve au passage, avant d'enfin remonter.
Sa respiration est faible, mais elle est quand même là. Je soulève sa chemise, applique la mixture puante, débouche une autre potion que je lui fait sentir, et dépose la dernière sur la table de chevet. Elle est parcourue de frissons, et son corps s'arque quelques secondes, par réflexe inconscient. Tant qu'elle réagit, c'est bon signe. Elle est brûlante, je rajoute des couvertures et augmente encore le feu. La pièce devient étouffante, mais c'est nécessaire. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai peur qu'elle ne se réveille pas... Bien sur, ma responsabilité est en jeu, mais... Je ne me pose pas plus de questions, et réaplique le cataplasme sur son ventre plat. Son corps s'arque à nouveau, et cette fois-ci, un gémissement sort de sa gorge enrouée
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Quatre heure qu'elle est ici, je jette toutes les vingt des lumos pour réhabituer son corps à la magie, et je ne note toujours pas d'amélioration notable. Non mais il faut être vraiment stupide pour s'entraîner jusqu'à épuisement! Ca, combiné à son manque de sommeil et au fait qu'elle ne mange rien l'on vidés de ses forces. Pas étonnant. Ce qui est plus surprenant, c'est qu'elle ai pu tenir jusqu'à ce point. Comme pour les efforts physiques trop important, le corps réagit aux carences magique en envoyant des signaux: la douleur. Une douleur atroce, presque égale au Doloris bien que différente. Plus sourde, le monde commence à tourner, vos jambes flanchent. Si mes souvenirs sont bons, un cheval mort, un bout de tissu que je suppose être mon ex-cape attaché à son sabot, trônait dans mon salon avant que je ne l'y enlève. Ainsi elle aurait réussi à maîtriser le sort jusqu'à ce point... C'est impressionnant. Surtout venant de quelqu'un d'aussi jeune.
Je lui avait demandé de faire apparaître des animaux, pas de les métamorphoser à partir d'un objet. C'est beaucoup plus difficile, mais ça décuple l'utilité de l'entraînement. Et je lui avait même prêté une baguette, pour qu'elle soit capable de réagir en toutes situation, même avec une autre que la sienne. Ce qui, évidemment, augmente encore la difficulté. En réalité, vers la fin, se animaux étaient plutôt ratées, mais au départ ses métamorphoses étaient à chaque fois parfaite.
Dumbledore ne veut pas qu'elle combatte en première ligne, mais je parierai qu'en bonne Gryffondor, elle voudra combattre auprès de Potter. Il est donc hors de question que j'arrête son entraînement. Je croyais qu'elle ne voulais pas apprendre ce sort, et que je n'étais pas assez avec elle pour qu'elle continue... Elle n'aurai pas pu rester sans rien faire, je l'aurais virée, et on en parlerai plus? Mais non, il a fallu que mademoiselle se tue à la tache!
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Je la regarde dormir, comme je le fais maintenant chaque soir quand elle s'endort dans le fauteuil de père. Elle a l'air tellement paisible et calme. Son visage est lisse, sans cette expression de défi qu'elle aborde toujours fièrement dans la journée. Elle n'a pas non plus cet air concentré et neutre qu'elle affiche lors d'une potion particulièrement difficile, ou lorsqu'elle lit un de ces gros volumes poussiéreux et compliqué que je lui impose. Un autre de nos point commun, elle aime lire. Mais je doute que ce soit pour les même raisons. Sept heure qu'elle est dans le coma, et toujours rien de nouveau. Je lui applique son cataplasme toutes les heures, elle n'est maintenant plus capable de respirer seule.
C'est comme si son inconscient voulait qu'elle s'en aille, comme si la vie n'avait plus rien à lui offrir et qu'elle souhaitait juste oublier. Le seul point positif est qu'elle réagit à mes potions, ce qui veut dire qu'elle lutte encore. Je la ferai revenir. Si elle survécu à Lucius, elle survivra bien à un misérable coma magique!
J'enrage de ne rien pouvoir faire de plus. Elle devrait normalement d'un moment à l'autre passer du coma au sommeil profond, et la peut-être... Mais pour l'instant, je ne peux qu'attendre. Sans vraiment y faire attention, je repousse du coin de la main une de ses mèches broussailleuse et emmêlée, puis me replonge dans les pensées. Une goutte de sueur descend le long de son front, au moins, son corps réagit encore à la chaleur.
Tout à l'heure j'irai refaire des potions. Mais pas maintenant, je préfère la regarder encore un peu. Au moins, quand elle dort, elle n'est pas insupportable. Merlin, qu'est ce que j'ai fait?
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Vingt-quatre heure que je veille. Et elle aurait du passer en sommeil paradoxal depuis plus de quinze heure... Doucement, je suis en train de la perdre et je ne comprends pas pourquoi... Mais il en est hors de question! Il faut que je trouve quelque chose pour la faire réagir... Une réaction violente qui la ramènerait dans le monde des vivants. Au fond de moi, je sais qu'il est déjà trop tard. Son corps est en excellente santé, c'est elle qui quelque part refuse de revenir, et je ne peux rien y faire. Je n'abandonnerai pas. J'ai vu trop de gens mourir pour abandonner. Je me souviens des remarques de Pomfresh lors de la première guerre. Je la secondais lors des grandes attaques. C'est trop tard Severus, arrêtez de vous acharner. Il est mort, vous ne pouvez rien faire.
Rien faire... Rien faire.
Si J'avais eu de meilleurs renseignements, si j'avais pu les prévenir plus tôt... Vous en avez déjà fait beaucoup Severus, laissez-le partir. Je secoue la tête pour oublier ces idées dérangeantes. J'étends mes membres endoloris et pars chercher du café pour me réveiller. Hors de questions que je m'endorme. J'hésite quelques secondes à aller chercher ma potion contre les intrusions mentales, puis décide que je n'ai pas le temps, et que de toute façon elle ne me servirait à rien.
J'hésite quelques secondes, puis m'empare aussi de la bouteille de firewiskey ambrée. Je vais en avoir besoin.
J'entre dans la chambre silencieuse sans faire de bruits et bois le café chaud en l'observant, encore. Au bout de quelques minutes, je me sers un verre d'alcool, et m'approche pour la réexaminer au moins une centième fois et...
Elle se recule. Son visage se tord en une réaction de terreur. Comment j'ai fait ça ? Je pose mon verre, et m'approche à nouveau. Rien. Elle commence à redevenir molle. Merlin, qu'est-ce que c'était!
Je dépose quelques goutte de café, mais toujours rien.
Je la secoue, la gifle... Encore rien. Désespéré, je reprend mon verre aux reflets chatoyants, en bois une bonne gorgée qui enflamme ma trachée... Pense Severus, réfléchis! Je m'approche à nouveau et elle se recule. L'alcool! C'est le Firewiskey qui la fait réagir comme ça. Je lui fait sentir le verre, et elle s'agite, son corps tremble, son visage se crispe. Je tente de lui en faire boire, et elle le recrache sur son pyjama si propre. Encore! Elle s'agite, se tord, tente d'échapper à mes mains impitoyable. Enfin, un cri rauque s'échappe, et je me remet à respirer. J'avais retenu mon souffle inconsciemment.
Elle semble perdue dans ses cauchemars... Je repose le verre, et miracle, elle ne fait plus que rêver. Ou cauchemarder si j'en crois sa figure mouillée de larmes. Peut-être y a-t-il encore un espoir.
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Bon. Je me prépare mentalement, me concentre, et lui jette un sort de Legilimencie, après 24 heures, elle devrait le supporter. Et c'est ma seule option.
Je me retrouve dans la pièce que j'ai vu dans les pensées de Draco. Elle est là, plutôt remplumée par rapport à ce que j'ai vu, mais tremblante de peur. Il fait sombre, je tente de m'approcher, mais elle ne me voit pas. Son regard est fixe, obnubilé par la porte en fer. Je ne tarde pas à comprendre pourquoi: la porte grince, et Lucius Malefoy entre, plus froid et majestueux que jamais. Il sent fortement le firewiskey.
- Alors petite sang-de-bourbe, toujours pas décidée à parler?
-Non.
- Ainsi le meurtre de tes parents n'a pas suffi ?
Elle ne répond pas, mais ne baisse pas les yeux face à lui.
- Tu te souviens? Les flammes... Ils criaient tu sais... Mais, suis-je bête, tu les as entendus, tu étais là ! Dis-moi où est le QG de l'Ordre. Tout ira bien si tu fais ce qu'on te dis...
- Quel Ordre ?
- Ne fais pas l'imbécile, je sais qu'ils l'ont reformé. Tu dois bien savoir petite sang-de-bourbe... Tu auras ce que tu souhaites en échange.
- Je veux que vous partiez. Je ne sais rien.
Il sort une flasque de Wiskey de sa cape, et lui en propose. Elle lui crache dessus.
- Ne soyez pas insolente. Je détiens votre vie au creux de ma main vous savez. Allons miss Granger, soyez un peu plus coopérative. A ce rythme là, vous mourrez. Ne pas boire ni manger... C'est intenable.
- Je me fiche de mourir. Je ne sais rien.
- Vous voyez bien, j'en bois. Il ne peux pas y avoir de veritaserum dedans. De toute façon notre expert en potion, ce traître, nous a quitté... Vous voyez sûrement de qui je parle.
-Non.
Il appelle un elfe, et récupère un plateau de nourriture des plus alléchant qu'il lui met sous le nez. Elle regarde avec espoir la porte ouverte, mais sait qu'elle n'irai pas bien loin. Alors elle tourne la tête. J'en profite pour m'approcher, mais elle ne me voit toujours pas.
- Tuez-moi si ça vous fait plaisir, mais ne comptez rien obtenir de ma part, je ne sais rien.
- Oh non... Je ne vais pas vous tuer, ce serait trop dommage. L'Ordre miss Granger, l'Ordre. Vos amis vous ont abandonnés, personne ne viendra vous chercher. Personne ne se soucie de vous, personne sauf moi.
- Vous mentez.
- Écoutez, la guerre est déclaré, Voldemort a été beaucoup plus fort, ce n'est pas plus compliqué que ça. Dumbledore est mort et...
- Non! Il ne se laisserait pas avoir aussi facilement!
-11 est mort, tout comme votre ami le loup-garou, les aurors, la moitié des Weasley...
- ARRETEZ! Arrêtez... Elle éclate en sanglot et Lucius s'approche, la voyant faiblir. Je tente d'attirer son attention encore une fois, mais en vain: elle est trop plongée dans son propre cauchemar pour me voir.
- Le maître s'amuse en ce moment avec votre petit-ami, vous savez, Potter...
- Taisez-vous... Sa voix n'est plus qu'un souffle rauque.
- Le QG et je vous laisse tranquille. Vous savez, Dumbledore est mort en suppliant mon maître de le tuer... Supprimer la souffrance... Il se tordait, offrait un piètre spectacle pour qu'II épargne sa misérable vie...
Grosse erreur Lucius. Ta vanité te perdra... Dumbledore n'est pas comme ça, il n'est pas lâche. Et elle le sait. Elle relève la tête et lui dit avec aplomb :
- Vous mentez mal.
- Comme vous voulez. Mais bientôt vous me croirez. Regardez miss Granger...
D'un coup de baguette magique, il crée une illusion. Une petite maison moldue brûle, et deux moldus morts jonchent le sol, puant. Lucius était très doué pour les illusions. De toute façon, il était doué à peu près partout.
- Regardes petite sang-de-bourbe... Ils brûlent... Regardes les t'appeler... C'est ta faute si ils sont morts tu sais...
Avec horreur, je commence à la voir disparaître, alors qu'elle fixe le spectacle morbide d'un regard douloureux. Elle ne le supporte plus, elle retombera dans le coma si je ne fais rien... Je tente de la gifler, mais ma main passe à travers son visage.
- Tu vois, des mangemorts avaient renversé du bon Wiskey dans ta chambre, dans ton petit salon si bien rangé, autour du cadavre de tes parents... Et tout à brûlé... Tout... Le firewiskey ma chère, est une denrée rare et précieuse... Tu sens l'odeur de chair carbonisée ? Peut-être que cette fois-ci, tu pourrais éviter que tes amis finissent pareil... Je te jure qu'ils seront bien traités...
Elle pleure, encore et encore, mais se tait, et s'efface. Je me concentre de toutes mes forces, et parviens à l'attraper.
- Professeur?
- Oui c'est moi. Vous pouvez arrêter tout ça, vous...
- Vous êtes venu me chercher?
- Oui. Viens maintenant. Ce n'est qu'une illusion. Il faut que tu te réveille...
- Me réveiller? Mais je ne peux pas... C'est réel.
Avec soulagement, je remarque qu'elle revient au fur et à mesure que je parle. Lucius disparaît, au profit d'un monde noir et vide à perte de vue.
- Je ne peux pas rester, mais toi tu peux revenir.
- Non! Ne me laissez pas! Je ne veux pas rester seule... J'ai peur.
- Je reviendrais, restez ici.
- Attendez!
Mais c'est trop tard, je suis épuisé par l'effort que j'ai fourni, et je ressors de son esprit, m'évanouissant à mon tour.
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Vingt-neuf heures. Elle dort encore, mais elle est à la limite du coma. Je suis moi-même épuisé, mais il faut que j'y retourne. Elle doit tenir encore une heure, le temps que je me remette, si je le fais maintenant, je ne tiendrais pas plus d'une minute. Je lui laisse la flasque d'alcool sous le nez. Je m'en veux de la laisser sombrer dans ses cauchemars, mais je n'ai pas le choix... Je réanime le feu, mange rapidement et prend une potion fortifiante, puis retourne dans ses cauchemars.
Elle est à nouveau dans la petite prison sombre, mais déjà nettement plus maigre. Ses yeux sont fixe, mais pas vide, elle doit être là depuis plus d'un mois. Cette fois-ci encore, elle tremble quand Lucius entre, et sort de son mutisme.
- Ca fait longtemps qu'on ne s'était plus vu Hermione... Les elfes me disent que tu refuses toujours de manger et de boire.
Il pue toujours autant l'alcool, et semble saoul.
- Tu es intelligente, mais ça ne te sauveras pas... Si brillante... J'ai tellement à t'offrir. Nous pourrions faire de grande chose ensemble...
Elle se tait et me regarde.
- Vous êtes encore là ?
- Je t'avais dit que je reviendrais.
- Partez. Vous ne pouvez rien faire.
A la différence de la dernière fois Lucius continue de lui parler et de s'approcher.
- Mais toi tu peux... Ce n'est qu'un cauchemar, il te suffit de te réveiller...
- Vous n'avez pas le droit de voir la suite. C'est un secret... Allez-vous en. Elle se désintéresse de moi.
- Tu es tellement belle...
Et c'est vrai. Son air perdu, ses cheveux long et ses yeux tristes lui donne un charme que je ne lui connaissais pas.
- ... Je t'offrirai plus que ce que tu aurais pu imaginer dans tes rêves les plus fous... Tu refuses de boire du veritaserum, mais demain, le maître va venir, et il a le pouvoir de lire dans les esprit tu sais... J'admire ta détermination, mais elle ne sert à rien. Parles, et je te ferai reine. Je ne veux pas qu'II t'abîme.
D'un geste brusque, il déchire sa robe. Elle semble se souvenir de ma présence, me jette un regard flamboyant, et me propulse hors de son esprit sans que je m'y attende. Je vole sur deux mètres, et me retrouve par terre, face à son lit à baldaquin et à son corps presque sans vie. Je sais ce qui va suivre, même si cela ne ressemble pas à Lucius. Rien que le fait qu'il soit saoul et qu'il l'appelles par son prénom... Aussi incroyable que ça puisse paraître, elle était devenue sa nouvelle obsession. Mais à la différence des autres, elle n'a pas cédé.
Je ne suis pas resté longtemps cette fois-ci, je devrais pouvoir y retourner rapidement. En attendant, j'entoure de mes bras ses frêles épaules, et tente de la rassurer. Je ne sais pas si elle m'entends, mais elle s'accroche à moi, son visage baigné de larmes enfoui dans ma poitrine.
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- J'ai réussi à convaincre le maître d'attendre encore un peu avant de venir. Ne me le fais pas regretter ma douce...
Elle se tait, ne le regarde même pas. Je dirai sept semaines d'enfermement. Ses yeux contiennent déjà ce vide que j'avais remarqué dans les pensées de Draco.
- Je m'en doutais. Je suis désolé ma belle, mais je vais devoir employer la manière forte. Tu ne me laisses pas le choix...
Je me demande ce que peux bien être 'la manière forte' après tout ce qu'il lui a fait. Il fait un signe, et deux elfes de maison font entrer une petite fille menottée, qui ne doit pas avoir plus de cinq ans. Granger ne fait même plus attention à la porte ouverte.
- Où est ma maman?
Une lueur de folie apparaît dans les yeux de Lucius. La même qui brille sans arrêt dans ceux de Bellatrix. Il est encore saoul. Il attrape la flasque d'alcool que lui tend un elfe, et la renverse sur la tête de la petite fille.
Hermione ne bouge toujours pas. La petite fille commence à pleurer.
- Si tu ne dis rien, elle brûlera, comme tes parents.
- Vous mentez. Ce n'est qu'une illusion, comme celle que vous m'avez montré pour mes parents, comme les autres...
- Non, c'est réel. Je t'accorde que pour les moldus que je t'ai montré la dernière fois, ce n'était qu'une illusion, mais cette fois-ci, je n'ai pas ma baguette... C'est un cadeau du maître... Il est très en colère que tu ne parles pas tu sais...
- Même si c'était vrai, vous la tueriez quand même. Vous m'avez déjà fait croire ça une douzaine de fois, je ne vous crois plus.
Elle n'a plus de repères, est recouverte d'un simple drap sale, et ses yeux vide errent, elle est... Comme ailleurs.
- La première fois, tu as sentis la magie, avec beaucoup de talents, je te l'accorde. Mais ne l'entends-tu pas crier? C'est réel Hermione. Tu ne sens pas de magie cette fois n'est-ce pas?
Avec horreur, je comprend qu'il ne ment pas. Cette petite moldue est bien réelle.
- Hermione, viens... Allons-nous en. Tu ne peux plus rien faire ici...
- Vous aussi vous mentez?
- Non. Tu peux partir si tu le souhaites.
- Vous m'avez appelé Hermione, lui ne ferait jamais ça.
- Arrêtez vos enfantillages maintenant! Venez!
Elle m'offre un maigre sourire.
- Ca, ça vous ressemble déjà plus. Mais pourquoi? Regardez... Elle est morte à cause moi. Je n'ai même pas été capable de la voir...
En arrière-plan, Lucius lui jette un silencio, et un sort de feu. Les flammes lèchent ses cheveux blond, alors que son petit visage se déforme sous la douleur. Je détourne les yeux.
- Il faut que vous veniez, je ne peux pas vous donner de potion si vous ne vous réveillez pas.
- Mais je ne veux pas venir. Juste mourir...
- Et tout vos livres? Qui jouera à la miss-je sais-tout maintenant?
- A quoi bon professeur? Peut-être que vous avez la réponse..
- Parce que les gens ont besoin de vous. Et j'aurai le vieux fou sur le dos si vous mourriez, sans parler de cet imbécile de Potter...
- Harry ?
- Harry oui. Il a déjà perdu son parrain, si vous aussi l'abandonnez... Faites le pour lui.
- Oui, pour supprimer l'étincelle de douleur dans ses yeux... Je me l'étais promis, c'est vrai. Et puis la vôtre aussi... Enfin celle du vrai professeur Rogue.
Je n'ai pas le temps de comprendre, que je suis à nouveau éjecté de son esprit. Mais plus doucement cette fois-ci. Je ne suis projeté que sur un petit mètre. Ses yeux papillonnent, je la relève doucement, et lui verse une potion revigorante entre ses lèvres tremblantes.
- Je vais vous donner une potion de sommeil sans rêve, reposez-vous, c'est fini.
Je débouche une autre fiole qu'elle boit sagement avant de retomber sur les coussins pourpres. Je change son pyjama encore imbibé de wiskey, conjure un lit d'appoint et m'endort à mon tour. Elle vivra.
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Elle a dormi deux jours entier, mais elle en avait besoin. Depuis, elle s'est réveillée périodiquement environ toutes les trois heures, en sursaut. Je la fait boire, lui donne une potion nutritive, la rassure, puis elle se rendort. Dumbledore est venu me voir, passant sa tête dans ma cheminée. Je lui ai assuré que tout allait bien. J'aurai probablement du lui dire ce qu'il s'est passé, mais c'aurait été avouer mon échec. Je suis sensé lui apprendre à survivre, pas la tuer à la tâche.
Et puis, tout le monde aurait débarqué ici, voulant la voir, et c'est bien la dernière chose dont elle a besoin. Elle doit juste se reposer et reprendre des force. Et d'après ce que je sais, ses amis ne savent pas ce
qu'elle a vécuIls ne pourraient pas l'aider, juste la faire se sentir un peu plus coupable.
Et enfin, il est hors de question que des gens débarque comme ça, chez moi. Granger, c'est déjà trop.
- Professeur?
Elle parait un peu plus consciente que les autres fois.
- Quoi?
- Qu'est-ce que je fais ici ? Qu'est-ce qu'il m'est arrivé?
- Comme une imbécile que vous êtes, vous avez travaillé jusqu'à épuisement. Vous ne vous souvenez pas?
- Si si, mais... Ca fait combien de temps que je dors?
- Trois jours.
- Mon Dieu! L'entraînement!
D'accord, je l'ai totalement lobotomisé. Elle commence à se lever, remarque son pyjama, puis rougit.
- Et où comptez-vous aller comme ça ?
- Et bien... Travailler, non?
- Non. Vous ne semblez pas comprendre, la seule chose dont vous êtes capable, après ce que vous avez fait, c'est de dormir encore quelques jours.
- Mais... Je vais prendre du retard!
Elle réalise qu'elle a failli mourir? A priori non.
- Tenez, mangez et arrêtez de dire des stupidités.
- Non, merci, je n'ai pas faim. Je me sens en pleine forme vous savez... D'ailleurs, vous remercierez Totsy de ma part.
- Et pourquoi donc?
- Eh bien... C'est lui qui s'est occupé de moi durant tout ce temps, non?
Elle paraît hésitante, comme si elle soupçonnait la vérité. Ainsi, elle croit que l'elfe de maison est encore ici ? Je ne vais pas la contrarier, en fait, ça m'arrange bien.
- Oh... Je n'y manquerai pas. Maintenant, mangez.
- Mais...
- Pas de mais qui tienne, êtes-vous si empotée qu'il faille que je vous fasse manger moi-même?
Elle me jette un regard noir, mais s'empare de la fourchette et commence à avaler ce que je lui présente à regret.
- Depuis combien de temps n'avez-vous plus pris de repas normaux?
- Qu'est-ce que ça peut vous faire?
- Combien pesez-vous?
- Euh... Je ne sais pas vraiment...
- Moi, je vais vous le dire. 41 Kilos et 512 grammes. Et c'est beaucoup trop peu.
- Écoutez, mon poids me regarde, et si je n'ai pas envie de manger, et bien tant pis pour moi. J'ai fait tout ce que vous m'avez demandé, et j'ai même réussi à tuer un cheval et donc à maîtriser l'avada, le reste ne concerne que moi.
- Oh non miss Granger, c'est loin de ne concerner que vous. Si vous êtes tombée de fatigue après un sort aussi évident, c'est parce que vous ne mangez rien. Je ne sais pas si vous réalisez ce que nous sommes en train de faire... Ce sont des sorts interdit, je pourrais aller à Azkaban pour vous l'apprendre sans autorisation. Elle semble stupéfaite quelques secondes, comme si elle n'y avait jamais pensé. Ce qui est probablement le cas d'ailleurs.
- Je suis désolée... Je... Je ne savais pas.
- Répondez au lieu de vous répandre en excuses inutiles.
- Écoutez, je n'en sais rien. Mais je vous promet de faire un effort. Tenez, j'ai fini.
- Rendormez-vous maintenant, nous discuterons de tout ça plus tard.
- Attendez! Est-ce que c'était vraiment vous?
- Moi quoi?
- Dans la cellule. Est-ce que vous avez vu... ?
- Granger, je n'ai aucune idée de ce dont vous parlez alors soyez un peu plus précise.
- Non, rien. Combien de temps dois-je rester ici à rien faire?
- Le temps qu'il faudra. Ca dépend de vous.
- Je me sens très bien vous savez... Je ne supporte pas de rester sans rien faire. Apprenez-moi autre chose, mais... S'il vous plaît, je ne veux pas rester ici toute seule, je n'ai plus besoin de me reposer!
- Vous êtes totalement inconsciente. Vous luttez rien que pour rester éveillée, ça se voit, alors cessez votre manège. De plus, après ce que vous avez fait, je crois qu'il vaudrait mieux arrêter l'entraînement de l'Ordre. Les potions suffiront. Je ne sais pas si vous avez parlé au professeur Dumbledore, mais il ne pense pas non plus que vous combattrez en première ligne, alors...
- Non! S'il vous plaît, je veux encore apprendre. Il est hors de question que je laisse les autres se battre alors que je me tournerais les pouces.
- C'est ce qu'il me semblait. Mais je n'avais pas pensé que vous seriez assez stupide pour travailler jusqu'à épuisement. Je vous avais demandé de tuer un coq Granger, pas un cheval! A moins que vous ne connaissiez pas la différence entre les deux?
- Je ne le referai plus. Promis.
- Je n'en ai rien à faire de vos promesses! Est-ce que vous réalisez que si je ne vous avais pas trouvé à temps, vous auriez pu mourir?
- Oh... A ce point?
- A ce point oui.
Et plus encore. Mais ça, elle n'a pas besoin de le savoir.
- Professeur?
- Quoi encore?
- Est-ce que... Est-ce que vous pouvez rester là ?
J'aquièce en silence.
- Merci.
Rassuré, elle se rendort dans la seconde. Je serais resté de toute façon.
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- Joyeux Noël professeur!
- Tiens, vous êtes réveillée, vous? Mangez.
- Mais c'est pas possible, vous n'avez que ce mot à la bouche!
Elle s'empare néanmoins du sandwich au poulet avec bonne volonté pour son manque d'appétit flagrant.
- Je n'aurais pas toujours ce mot à la bouche comme vous dites, si vous vous nourrissiez correctement.
- Oui, oui, je mange... Je pourrais sortir aujourd'hui? S'il vous plaît professeur... Mon cadeau de Noël!
J'ai toujours détesté Noël.
- Nous verrons...
- Ca fait presque une semaine que je ne fais que lire et dormir... Je suis en pleine forme, je vous assure!
- Je vois ça oui... Mangez et nous verrons ensuite. Ma cheminée est reliée au QG de l'Ordre, peut-être que nous y passerons dans la soirée...
- Oh... Et bien... Vous savez, rester ici ne me gênerait pas plus que ça... Enfin, pouvoir au moins me lever et marcher dehorsEt puis, vous m'aviez dit que vous me feriez visiter!
- Pas envie de revoir vos amis Granger ?
- Votre présence est siiiii agréable, qu'à elle seule, elle les remplace tous.
Je me surprend à sourire. Je ne fais que ça depuis quelques temps, ça ne va pas du tout.
- Très bien, mais alors commencez par prendre une douche. Vous puez!
- Merci de votre franchise! Vous me ferez visiter alors? Je suis sûre que vous n'avez pas tant envie d'aller place Grimmaurd que ça.
Je n'ai pas le temps de l'envoyer balader: un hibou grand Duc entre par la fenêtre ouverte et se pose devant moi, un colis et une lettre fermée aux sceau des Malefoy entre ses serres. Il le dépose puis repart sans attendre de réponse.
Très cher Severus,
Je suis désolée de devoir vous faire parvenir mon impossibilité de vous accompagner au bal donné par mon fils. Des obligations familiales me retiendront ce soir-là, et je ne l'ai appris que ce matin.
Je suis sûre que vous parviendrez à trouver quelqu'un à temps. Draco vous conseille d'emmener la jeune sang-pur parisienne dont vous m'avez parlé, elle fera parfaitement l'affaire.
Avec ma plus profonde amitié,
Narcissa Malefoy.
P.S : Ci-joint la robe de bal que j'aurais du porter. Elle s'adapte à toutes les tailles, et devrait satisfaire votre nouvelle partenaire.
L'écriture est fine et soignée. Ca ne ressemble pas à Narcissa de me faire faux-bond au dernier moment. Je suppose qu'elle n'a pas aimé notre petite discussion à coeur ouvert sur sa relation avec Lucius.
- Que vous veut Draco ?
- Ce n'est pas Draco, c'est Narcissa.
Je l'observe regarder avec curiosité le paquet de ses grands yeux chocolats. Ce serait de la folie d'emmener Granger là-bas. Par Salazar, Narcissa me met dans une position délicate, c'est le moins que l'on puisse dire ! Pourtant, ce n'est pas son style de fuir ainsi! Je l'avais probablement sur-estimé. Les gens finissent tous par me décevoir de toute façons, les uns après les autres.
Après tout, Hermione est jolie, elle est occlumens et le bal est masqué... Je vais envoyer un mot à Andromeda, mais si elle refuse, je n'aurai plus le choix.
Je n'irai pas.
oooOoOooo fin du chapitre 6 oooOoOooo
