En début d'après-midi, on frappa de nouveau à la porte. Cette fois Harry n'eut pas à se déplacer, la personne n'attendit pas et entra dans la pièce. Harry fut rassuré de voir entrer Ginny. Il la serra fort dans ses bras.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? demanda-t-elle à voix basse. On raconte que Ron a lançé le sortilège Doloris sur Malefoy.
- C'est pour Hermione qu'il l'a fait.
- Ca je m'en doute. A tous les coups, elle est allée un peu loin pour le rendre jaloux et il aura frappé Malefoy, et ce petit cloporte aura déformé les choses en disant qu'il lui avait lancé le Doloris.
Harry fit non de la tête.
- Il lui a vraiment lancé le sortilège.
- Quoi mais…
Ginny regarda de nouveau son frère au chevet d'Hermione.
- Non ! Ne me dit pas que Malefoy s'en est pris à Hermione !
Harry détourna le regard d'une façon qui en disait long.
- Le sale petit cancrelas ! Qu'est-ce qu'il lui a fait.
Mais Harry n'eut pas le loisir de répondre à Ginny. La porte s'ouvrit à nouveau, Arthur et Molly Weasley entrèrent dans la chambre à leur tour.
- Oh ! Ron mon chéri ! gémit Mrs Weasley en embrassant son fils.
- Molly, tu veux bien…
Mme Weasley lâcha son fils et Mr Weasley se planta à côté de lui.
- Ron, dit-il d'une voix grave.
Le garçon tourna la tête vers son père. Tout se passa très vite, ni Ron, ni Harry, ni Mrs Weasley n'avaient rien vu venir. Arthur venait de frapper son fils d'un violent revers de la main.
- Je peux savoir ce qu'il t'a pris d'utiliser un sortilège impardonnable ! Encore une fois tu as agi stupidement sans penser aux conséquences.
Il s'apprêtait à abaisser à nouveau la main sur son fils.
- Arthur ! lui cria Mrs Weasley.
- Papa arrête ! hurla Ginny en retenant le bras de son père.
- Comment as-tu pu faire une chose pareille ? Je pensais pourtant que ta mère et moi t'avions bien élevé, que jamais même face à la personne que tu haissait le plus, tu n'utiliserait ce genre de sorts ! Alors ! Tu vas répondre !
- Arthur ! cria Mrs Weasley en larmes, si tu veux qu'il te réponde, laisse lui au moins l'occasion de le faire !
Un lourd silence s'installa.
- J'ai fait ce que je devais faire. Répondit Ron au bout d'une vingtaine de secondes.
- Mais enfin Ron ! dit Mrs Weasley d'un ton suppliant. Tu aurais sans doute pu faire autrement qu'avec le sortilège Doloris.
- Oui, peut-être… dit Ron au bout de quelques secondes. Sur le coup j'avais pensé à l'Avada Kedavra.
Ses mots lui valurent de se prendre une autre giffle de son père.
- Tu n'as pas honte de dire des choses pareilles !
- Alors qu'est-ce que tu aurais fais toi, dit Ron qui pour la première fois depuis des heures manifestait une émotion violente, les larmes aux yeux, les oreilles rouges de colère. Qu'est-ce que tu aurais fait si ça avait été toi qui avait trouvé Lucius Malefoy en train de violer maman en se servant de l'Imperium ? Ose-me dire que tu ne l'aurais pas torturé à mort ! Ose seulement prétendre que tu aurais pris le temps de la réflexion pour ne pas faire de bêtise !
- Mais enfin… qu'est-ce que tu racontes Ronny ? demanda Mme Weasley d'une voix aigüe mais presque éteinte.
Ginny venait de comprendre et affichait une expression de terreur en regardant Hermione. Harry compris que Ron allait à nouveau s'enfermer dans une catatonie émotionnelle, mais qu'il fallait encore parler pour calmer la situation.
- C'est vrai ! dit Harry en montrant le lit de Ron.
Apparemment, ni Mr Weasley ni sa femme n'avait remarqué la présence d'Hermione dans le lit de leur fils. Mrs Weasley eut une expression d'interrogation. Elle semblait ne pas vouloir comprendre ce qui avait pu se passer. Mr Weasley lui était toujours furieux, mais sa fureur semblait décroitre à mesure qu'il assimilait ce qu'il venait d'entendre.
- Drago, reprit Harry. Il a utilisé le sortilège de l'Imperium pour violer Hermione. Ron est arrivé, trop tard, et quand il a compris tout ce qu'il se passait, il est entré et a attaqué Drago. Je pense que n'importe qui aurait fait pareil, ou même pire, s'il s'était retrouvé dans la même situation.
Cette fois, toute colère avait quitté M. Weasley.
- Ex… Excuse-moi Ron. Je ne savais pas…
- Hermione ! s'exclama Mrs Weasley. Pauvre gamine. Comment ce Drago a-t-il pu oser lui faire ça ?
Ginny fondit en larme et vint se blottir contre Harry qui passa son bras sur ses épaules et lui déposa un baiser sur la tête.
- Je comprends… dit Mrs Wealsey. En fait, tu as défendue ton amie. Je… oh mon dieu. Si les circonstances n'étaient pas ce qu'elles étaient, tu aurais mérité une récompense pour l'avoir sauvée.
- Tu sais maman, reprit Ron. Ce n'est pas juste une amie. J'aime Hermione, je l'aime plus que tout au monde. Dire que c'est maintenant qu'elle est dans le coma que je m'en rends compte. Faut-il que je sois stupide ?
Molly Weasley fondit en larmes à son tour.
- Oh oui, mon petit. Mais tu sais c'est normal. L'amour rend stupide !
- Mr Weasley, reprit Harry. Qu'est-ce qui va se passer pour Ron ?
Arthur baissa les yeux de dépit.
- Il est convoqué devant le tribunal du Magenmagot. L'audience devrait avoir lieu dans deux semaines.
- Ils… ils ne peuvent pas le condamner ? gémit Ginny.
- Hélas ! répondit Arthur. J'ai bien peur que si. C'est le problème quand on utilise un sortilège impardonnable.
A nouveau, on frappa à la porte. Une femme que Harry ne connaissait pas entra.
- Excusez-moi dit-elle. Lilas Yorkwood, médicomage d'investigation. Je viens à la demande de monsieur Albus Dumbledore pour examiner mademoiselle Hermione Granger. Si vous pouviez tous quitter la pièce…
Harry, Ginny et les parents de Ron sortirent.
- Monsieur, je vous prierait de bien vouloir sortir.
- Je ne sortirais d'ici qu'avec Hermione, une fois qu'elle ira mieux. En attendant, c'est inutile d'espérer même me faire lâcher sa main.
- Bien, je comprends, dit la médicomage. Bon, les autres sortez, vous, tournez vous au moins.
Harry et les autres quittèrent la pièce. Ron se retourna comme l'avait demandé la médicomage. Il l'entendit pratiquer plusieurs sortilèges qui apparemment devait lui révéler l'état d'Hermione et ce qui l'avait mise dans cet état. Quelques minutes plus tard, elle ressortit de la chambre bouleversée.
- C'est terrible ! Terrible ! Comment peut-on faire ça à une jeune fille.
Elle disparut sans même prêter attention aux Weasley ou à Harry.
- Bon, dit Mr Weasley. Je crois qu'il n'est pas nécessaire qu'on reste ici. Harry. On te charge de t'occuper de Ron. Veille à ce qu'il mange bien, j'ai vu qu'il n'avait pas touché à l'assiette qui était à côté de lui.
- Bien monsieur, répondit Harry.
- Allez viens Molly, dit Mr Weasley en s'en allant.
- Au revoir Harry, au revoir ma puce ! Faites-nous savoir si Hermione se réveille.
- Promis ! répondit Harry. Ginny, tu viens avec moi ?
Ginny acquiesça et ils retournèrent tous les deux dans la chambre.
Au cours de l'après-midi, Madame Pomfresh revint aux nouvelles, mais l'état d'Hermione n'avait pas changé.
- C'est bizarre, dit-elle.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Ron.
- La dose de potion que je lui ai donnée ce matin… je ne pensais pas qu'elle ferait effet si longtemps. C'est peut-être bon signe. Elle est probablement sur la voie de la rémission.
Ron sourit pour la première fois de la journée et déposa un baiser sur le front de sa bien-aimée.
- Oui ! C'est sans doute ça ! Elle a toujours été très forte ! Elle va forcément s'en remettre !
Madame Pomfresh ressortit en demandant à Harry et Ginny de la suivre dehors.
- Qu'y a-t-il ? demanda Ginny.
- J'ai constaté que monsieur Weasley n'avait rien avalé de son repas. Je comprends qu'il n'ait pas vraiment faim, mais s'il n'avale rien, c'est lui qui va tomber grièvement malade. Alors je vous demanderais de vous assurer qu'il se nourisse, ne serait-ce qu'un peu. Je peux vous faire confiance ?
Harry et Ginny acquiescèrent. Ils retournèrent dans la chambre.
- Tu veux boire quelque chose Ron ? demanda Harry.
- Juste de l'eau, répondit Ron.
- Bien ! Kreattur !
Il y eut un crac sonore et Kreattur apparu.
- Le maître a appelé Kreattur.
- Ramènes-nous trois verres et un grand pichet d'eau.
L'elfe de maison s'exécuta et revint presque aussitôt.
- L'eau que le maître à demandée. Quelle honte pour Kreattur de servir un maître ami des traîtres et des Sang-de-Bourbe.
Un rai de lumière vint frôler l'elfe de maison et brûla le tapis derrière lui. Ron tenait sa baguette pointée droit sur l'elfe.
- Ose redire une seule fois ce mot en parlant d'Hermione et tu finiras cuit à point.
- Kreattur disparaît ! dit aussitôt Harry, sentant que Kreattur aurait pris un malin plaisir à provoquer Ron.
- Excuse-moi Ron, j'ai manqué de jugeotte. La prochaine fois j'appellerais plutôt Dobby.
L'après-midi se termina sans que rien ne se passe. Quand Dobby vint leur apporter des plateaux-repas. Harry et Ginny firent leur possible pour que Ron mange, mais il n'avala pas grand chose. Puis, la fatigue et l'attente silencieuse et pesante aidant, Harry fut gagné par le sommeil. Ginny le fit s'allonger sur son lit, apporta encore à boire à Ron, essaya de lui faire avaler une chocogrenouille, puis quitta la pièce pour aller se coucher.
- Harry ! Harry réveille-toi !
Harry émergea du sommeil assez péniblement, il avait l'impression de n'avoir dormi qu'une demi-heure.
- Harry ! C'est Hermione, elle est toute froide ! Va vite chercher Madame Pomfresh.
L'angoisse perceptible dans les paroles de Ron réveillèrent complètement son ami qui bondit de son lit et fila en direction de l'infirmerie. Le diable fut-il en colère qu'il mit Argus Rusard sur sa route.
- Tiens, tiens ! Monsieur Potter ! Vous ne pouvez pas savoir comme je suis content de vous trouver dans les couloirs du château au beau milieu de la nuit !
- Pas maintenant Rusard ! Hermione ne va pas bien ! Il faut que j'aille chercher Madame Pomfresh !
- Comment osez-vous me…
Mais Harry ne l'écoutait pas, il filait déjà.
- Va Miss Teigne ! Suis-le !
Le chat aux yeux rougeoyants se mit à se carapater pour suivre Harry. Il arriva à l'infirmerie. Madame Pomfresh était endormie. Il la secoua pour la réveiller et lui expliqua ce qu'il se passait. Ils remontèrent au dortoir, Ron était en pleurs.
- Faites-vite ! supplia-t-il. J'ai l'impression que son cœur ne bat presque plus !
En effet, confirma madame Pomfresh, le pouls d'Hermione avait considérablement ralentie, et sa température corporelle avait dangereusement chuté. L'infirmière lui administra aussitôt de la pimentine. Ça permis d'accelérer les battements de cœur de la jeune fille, mais son corps restait dangereusement froid. Elle lui administra une deuxième dose de pimentine, mais ça n'eut pas beaucoup d'effet.
- Saperlipopette ! s'exclama-t-elle. Elle est vraiment au plus mal ! Et je ne peux pas lui donner trop de pimentine.
- Il faut la réchauffer, c'est ça ? demanda Ron.
- Oui, au plus vite.
- Je m'en charge.
Le rouquin quitta ses vêtements pour se mettre en caleçon et pénétra dans le lit. Il serra alors Hermione contre lui.
- Je t'en prie Hermione. Prends toute la chaleur que j'aie s'il le faut mais ne me laisse pas tout seul.
- B-bien… bégaya Mme Pomfresh un peu gênée par la scène. Effectivement, c'est peut-être bien ce qu'il y a de mieux à faire. Je… du feu… il faudrait un feu de cheminée, ce serait idéal. Monsieur Potter, ne bougez pas je vais chercher le professeur McGonagall.
Madame Pomfresh revint donc dix minutes plus tard avec McGonagall qui métamorphosa les trois lits inoccupés et une partie des murs en cheminée. Elle transforma également plusieurs livres en bouillottes qu'elle donna à Ron pour qu'il les place dans le dos d'Hermione.
- On a fait tout ce qui était possible, dit tristement l'infirmière. Le reste ne dépend plus que d'elle.
Le professeur McGonagall et Mme Pomfresh quittèrent la pièce. Harry observa ses amis un moment.
- Comment ça va, est-ce qu'elle se réchauffe, demanda-t-il au bout d'un moment.
- J'ai l'impression que oui, mais c'est peut-êtrejuste les cinq bouillottes etle feu.
Harry ne tarda pas à se rendormir. Ron lui resta éveillé à prier le ciel toute la nuit qu'il ne la laisse pas mourir, qu'il fasse qu'elle aille mieux, qu'elle se réveille, et qu'ils puissent recommencer à vivre comme si de rien n'était.
