Le lendemain, Hermione ne s'éveillait toujours pas. Mais apparemment, sa température était redevenue normale. Ron bu beaucoup. La chaleur du lit cette nuit-là l'avait complètement déshydraté. Il compris qu'il y avait aussi un risque pour Hermione et il la fit boire plusieurs verres, tout doucement. Dobby apporta un plateau avec le petit déjeuner. Harry le mangea et força Ron a en avaler un bon peu.
- Ecoute Ron… si ça ne te dérange pas, je vais descendre dans la salle commune. Je repasserais toutes les heures, mais je ne vais pas rester là tout le temps non plus c'est trop…
- Oui, je comprends… Tu passe toutes les heures pour voir s'il n'y a rien ?
- Promis !
Harry s'habilla et sortit. Il retrouva Ginny dans la salle commune et lui expliqua les évènements qui s'étaient produits pendant la nuit.
- Quand je vois ce qui leur arrive… C'est injuste. Ils s'aiment depuis longtemps, mais ils ne pourront peut-être jamais profiter de leur amour…
- Oui, c'est triste ! acquiesça la rouquine.
- Ginny je… je sais ce que je t'ai dit en juin dernier mais… quand je vois ce par quoi doivent en passer Ron et Hermione. Je ne voudrais pas avoir fait l'erreur de laisser passer mon bonheur. Je t'aime Ginny, et… enfin si toi aussi tu m'aimes toujours on pourrait…
- Oui, Harry, bien sûr que je t'aime et que je veux… Oh !
Ils s'embrassèrent tendrement, des larmes coulaient le long des joues de Ginny.
- Hey ! Faut pas te mettre dans cet état.
- Idiot ! je pleure parce que je suis heureuse !
Ils s'embrassèrent à nouveau. Puis quittèrent la salle commune et se dirigèrent vers le bureau de Dumbledore.
- Caramel mou ! dit Harry pour faire pivoter la statue.
Pour Ginny c'était la première fois qu'elle entrait dans le bureau de Dumbledore. Elle s'extasia devant les instruments en argent qui crachaient toujours leurs sempiternelles volutes de fumée et salua Fumseck qu'elle n'avait plus revu depuis qu'il l'avait sortie de la Chambre des Secrets.
- Qui est là ? demanda la voix du directeur depuis la mezzanine située au dessus du bureau.
- C'est Harry, professeur. Je suis avec Ginny.
- Oh ! Bonjour tous les deux… alors, comment se porte Miss Granger, j'ai entendu dire qu'elle avait frôlé la mort cette nuit.
- Apparemment elle va mieux, dit Harry. Mais elle ne s'éveille toujours pas.
- Ah ! Euh… vous vouliez peut-être me demander quelque chose ?
- Oui, professeur, reprit Ginny. On était inquiet pour Ron. Est-ce qu'il va vraiment devoir passer en jugement devant le Magenmagot ?
- Et bien… je fais tout mon possible pour retarder la procédure. Que vous puissiez au moins passer les fêtes sans avoir à vous en soucier. J'ai également tout fait pour montrer les circonstances de son acte aux autres membres du Magenmagot. Le rapport de la médicomage d'investigation a permis de lui attirer la sympathie de bon nombre des membres, notemment les membres féminins. Mais il reste malheureusement des personnes bornées qui ne voient que l'application de la loi ou qui seraient trop heureuses de pouvoir nuire à monsieur Weasley.
- Comment ? reprit Harry. Vous voulez dire que Ombrage est toujours…
Dumbledore acquiesça d'un signe de la tête. Il n'y avait rien de tel pour énerver Harry que de savoir que quelqu'un comme Ombrage s'en était sorti à bon compte après tout ce qu'elle lui avait fait subir. Il repensa à ce que lui avait dit Ron sur l'injustice qui fait que ces personnes-là s'en tirent quoi qu'ils fassent alors que pour eux la moindre entorse aux règles et aux lois des sorciers pourraient leur attirer les pires ennuis.
- Mais je te rassure Harry. J'ai bon espoir que le Magenmagot se prononce en faveur de ton ami Ron, dit-il en jetant un coup d'œil par la fenêtre. Mantenant, si vous voulez bien me suivre, les parents de Miss Granger sont arrivés.
Ils descendirent dans le hall et accueillirent les parents d'Hermione qui demandèrent immédiatement confirmation pour ce qu'on leur avait appris. Mrs Granger éclata en sanglots dans les bras de son époux qui la réconforta comme il pu. Puis Dumbledore et les deux adolescents les conduisirent à la tour de Gryffondor. Harry, prudent, demanda une minute avant de les laisser entrer, mais il constata que Ron était sorti du lit et s'était habillé.
- Ah ! Salut Harry !
- Salut Ron, pas d'amélioration ?
- Pas vraiment non.
Harry fit entrer les Granger.
- Bon je… je vais vous laisser.
- Bonjour Ron ! dit Mr Granger en lui tendant la main. Mais Ron ne le vit pas et garda les deux mains autour de celle d'Hermione.
Les Granger le regardèrent un moment et eurent un sourire triste.
- Elle ne s'est pas réveillée depuis, demanda Mrs Granger.
Ron fit non de la tête.
Ils restèrent au chevet de leur fille, en silence, voyant que Ron ne souhaitait pas vraiment faire la conversation. Mais même sans rien dire, sans communiquer, ils comprirent parfaitement ce que ressentait Ron. Et lui, comprit qu'Hermione avait le soutien de ses parents, ce qui, il en était sûr, la toucherait et l'aiderait à se remettre. Une heure plus tard, Harry apporta de l'eau et quelques biscuits. Il vit que Ron avait les yeux gonflés, tout rouges et de grosses cernes noires en dessous.
- Ron, tu devrais prendre mon lit et te reposer un peu.
- Non c'est bon !
- Mais Ron, en quarante-huit heures tu n'as quasiment pas dormi, je me trompe ?
- Je m'en fiche, tout ce qui compte c'est Hermione. Je te l'ai déjà dit, je ne lâcherait pas sa main tant qu'elle ne se réveillera pas.
- Ecoute Ron tu…
- Non toi écoute ! Tu sais mieux que quiconque le pouvoir que peut avoir l'ancienne magie, celle-là même que ta mère a utilisée pour te protéger de Voldemort. Et bien je sens qu'en ce moment, j'utilise la même magie pour aider Hermione, et que si je devais la lâcher, elle perdrait tout contact avec la réalité et disparaîtrait dans les limbes. Je peux pas te dire comment je le sais, mais c'est un truc que je ressens jusque dans mes tripes alors…
- Ca va ! J'ai compris ! Ron…
- Quoi encore ?
- Tu vas réussir, j'en suis sûr ! Tu vas la ramener !
Sans oser intervenir, les parents d'Hermione avaient regardé la scène et étaient tous les deux très émus par le dévouement de Ron. Ils n'entendaient pas grand chose à la magie, mais intuitivement, ils avaient compris que ce que faisait Ron en ce moment était quelque chose de merveilleux.
Les Granger ne restèrent pas, ils choisirent de faire confiance à Ron pour bien s'occuper de leur fille. Ils rentrèrent donc chez eux dans le courant de l'après-midi. Dans la soirée, Harry et Ginny revinrent tenir compagnie à Ron. Vers dix heures du soir, ils s'endormirent tous deux. Ron les regarda dormir dans les bras l'un de l'autre, et esquissa un sourire. Il se dit que si lui n'avait pas droit au bonheur, au moins, eux deux pourraient y goûter.
Ron lutta jusqu'à deux heures du matin contre la fatigue. Mais il s'inquiéta en ayant l'impression que la température d'Hermione était de nouveau descendue, il savait ce qu'il devait faire, mais s'il s'allongeait maintenant, il ne tarderait pas à s'endormir. Cependant, il sentit qu'il pouvait se le permettre, que la magie ne cesserait pas pour autant. Il se mit donc en caleçon et se glissa sous les couvertures pour serrer le corps d'Hermione contre le sien.
Un soleil éblouissant emplissait la pièce. Une douce chaleur l'enveloppait. Deux fentes s'ouvrirent laissant la lumière l'aveugler. Il lui fallut plusieurs minutes pour s'y accommoder. Des formes se dessinèrent peu à peu, une fenêtre, un lit… une mèche de cheveux roux ! Elle ressentit alors cette présence, tout contre elle, il était là, presque nu, elle aussi était pratiquement nue, et ils étaient dans les bras l'un de l'autre, dans un lit, dans SON lit A LUI, à en juger par la tête aux cheveux noirs ébourrifés dans le lit voisin. Mon dieu qu'avaient-ils fait, elle était incapable de s'en rappeler. Elle voulut fouiller dans ses souvenirs, mais il se mit à bouger. Mon dieu, voilà qu'il s'éveillait lui aussi. Elle sentait une sorte de terreur l'envahir. Est-ce que lui savait pourquoi ils se retrouvaient ainsi dans le même lit ? Qu'allait-elle pouvoir lui dire ? Comment allait-il réagir ? La panique s'emparait d'elle, quand il leva les yeux vers son visage, elle aurait voulu fuir, ou faire semblant de dormir encore, mais leurs regards se croisèrent. Il écarquilla grand les yeux. Oh non ! Lui non plus ne se rappelait pas ce qui s'était passé ! Elle le vit afficher un large sourire, que pouvait-il penser, allait-il se moquer d'elle ?
- Hermione ! Tu es réveillée ! Oh merci Merlin !
Il la serra fort contre lui
- J'ai eu si peur, si tu savais… j'ai cru que tu ne te réveillerais plus jamais.
Hermione chercha à comprendre, soudain sa mémoire se remit en marche, elle se rappela sa colère contre Ron, l'invitation de Drago qu'elle avait acceptée, la fête dans la salle commune de Serpentard, Drago qui l'entraîna dans une autre salle et….
Une terreur, bien différente de celle qu'elle avait ressenti quelques secondes plus tôt vint lui broyer les entrailles. Drago, il avait… et Ron l'avait vu…
- Ron laisse-moi ! Lâche-moi tout de suite !
Elle poussa violemment le rouquin hors du lit et se retourna pour ne pas le regarder.
- Pardon, baragouina-t-il. Je ne voulais pas te… mais tu avais besoin de…
- Ne me regarde pas ! Je ne veux pas que tu me voies comme ça ! Drago il… il m'a…
- Hermione, dit-il tendrement en posant une main sur l'épaule de la jeune fille.
Au contact de sa main, elle frissonna. Elle se dégoûtait elle-même, elle ne voulait pas qu'il la touche alors qu'elle était si sale.
- Ne me touche pas ! cria-t-elle, réveillant par la même Harry.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda le brun. Ron, qu'est-ce qu'il y a ? Est-ce que Hermione va…
Mais il n'eut pas besoin de réponse à sa question.
- Harry, Ron, s'il vous plait ne me regardez pas ! Je ne veux pas que vous me voyiez comme ça ! Laissez-moi seule s'il vous plaît !
- Mais Her… commença Harry, arrêté par la main de Ginny qui s'était elle aussi réveillée.
La jeune Weasley, lui fit comprendre silencieusement de ne pas essayer de discuter pour l'instant. Elle fit signe à Harry et à Ron de quitter la pièce et de la laisser avec Hermione. Les deux garçons s'habillèrent et sortirent. Ginny passa également quelques vêtements. Et alla vers le lit de son amie.
- Hermione, je…
- Ginny ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- C'est pas important. Ce qui compte c'est que tu ailles mieux.
- Mieux ! Comment veux-tu que j'aille mieux après ce que Drago m'a… Oh mon dieu, j'ai envie de vomir !
- Viens !
Ginny conduisit Hermione jusqu'à la salle de bain attenante à la chambre. Hermione se pencha au-dessus d'un lavabo pour régurgiter un liquide jaunâtre et translucide. Ginny ouvrit le robinet et lui dit de boire, mais Hermione se contenta de se rincer la bouche. Elle avait l'impression de ne pouvoir pas même avaler une gorgée d'eau. Ginny revint avec quelques biscuits et une chocogrenouille.
- Tiens Hermione, tu devrais manger ça !
- Non, je pourrais rien avaler.
- Il faut que tu te forces Hermione, même si tu dois tout régurgiter dans quelques minutes, il faut que tu manges. Ca va faire soixante heure que tu n'as plus rien mangé, c'est normal que tu aies mal au ventre.
- Soi… Soixante heures ! Tu rigoles ?
Ginny fit non de la tête.
- Tu nous as tous fait très peur. Tu as d'abord eu une poussée de fièvre violente, puis ta température à chuté dangereusement. Hier… ton état est resté stable mais… bref, on s'est tous beaucoup inquiété, alors maintenant que t'es réveillée, il faut que tu te forces à manger un peu.
Hermione regarda son amie lui adresser un air déterminé comme elle ne lui en avait jamais vu. Elle se força donc à avaler la chocogrenouille et un biscuit. Soudain, elle sentit un vertige et ses jambes la lâchèrent. Heureusement, Ginny la rattrappa et la ramena à son lit. Elle lui servit un verre d'eau et lui fit boire doucement, petite gorgée par petite gorgée.
- Tu dois être déshydratée. Il faut que tu boives beaucoup, mais tout doucement, toujours comme le verre que tu viens de boire.
- Merci Ginny.
- Tu veux que je fasse revenir Ron ?
- Non, surtout pas !
- Hermione tu…
- Je ne veux plus qu'il me regarde, jamais. Il doit me prendre pour je ne sais quelle bête immonde maintenant que Malefoy a…
- Allons, ne dit pas de bêtise. De nous tous, c'était lui le plus inquiet pour toi. Et je crois vraiment que tu devrais avoir une conversation avec lui.
Une fois encore, le regard déterminé de Ginny fit fléchir la volonté d'Hermione.
- D'accord, mais pas maintenant, je suis pas prête.
Ginny alla dans le couloir et expliqua aux garçons qu'Hermione avait besoin de temps avant de pouvoir supporter des visites. Elle leur demanda juste d'aller chercher Madame Pomfresh. Ils obéirent et descendirent ensuite dans la grande salle prendre leur petit déjeuner.
De la matinée, Madame Pomfresh et Ginny se relayèrent pour donner à boire et à manger à Hermione. Harry et Ron eux se contentèrent de faire une partie d'échecs.
- Au fait ! dit Ron au point culminant de la partie. Il me semblait que hier soir ma sœur et toi vous étiez endormis tout habillés et au-dessus des couvertures. Comment ça se fait que je vous ai retrouvé en petite tenue SOUS les couvertures.
- Heu… ben…
- Allez, c'est bon ! Je suis content pour vous deux. Mais essayez d'être prudents et de pas faire n'importe quoi quand je peux vous surprendre.
- D'accord ! dit Harry rouge comme une pivoine.
Harry fut lamentable sur la fin de la partie et se fit totalement massacrer. Ron poussa un puissant baillement.
- Pfouah ! J'suis crevé !
- Tu m'étonne ! Tu as veillé Hermione pratiquement cinquante heures et tu n'en a dormi qu'une petite dizaine. Je vois mal comment tu pourrais être frais et dispos.
Vers midi, Hermione avait retrouvé suffisemment d'énergie pour aller prendre une douche, alors que Ginny était auprès d'elle. Elle resta sous la douche pendant presque une demi-heure, si bien que Ginny s'inquiéta et vint la voir.
- Hermione, ça va ?
- Laisse-moi, je suis sale, il faut qu'j'me lave.
- Bien, dit Ginny en baissant les yeux.
La rouquine revint dans la chambre et eut une idée en regardant le lit de Ron. Elle descendit en quatrième vitesse jusqu'à la salle commune pour remonter ensuite dans son dortoir où elle alla prendre un savon. Puis elle retourna aussi-sec dans le dortoir des garçons. Harry et Ron la regardant filer en se demandant ce qu'il pouvait se passer. Mais comme elle leur avait dit de pas s'inquiéter et que tout allait bien, ils ne cherchèrent pas à en savoir plus.
Ginny revint donc dans leur chambre et se dirigea vers les douches. Elle regarda dans trois cabines avant de trouver ce qu'elle cherchait.
- Ginny ! Je t'ai dit que j'avais besoin de me laver, laisse-moi tranquille !
- Figure-toi que t'es pas la seule a pas avoir pris de douche depuis un moment. En effet, la rouquine s'était déshabillée et faisait maintenant couler l'eau de la cabine voisine de celle d'Hermione. Elle se mit même à chantonner, alors que dans sa cabine, Hermione était assise au sol, sous le jet, à broyer du noir.
- Tu sais, lança Ginny au bout d'un moment, si tu es vraiment sale, l'eau ne suffira pas, tu devrais essayer ça.
Elle glissa un savon par l'interstice entre les deux cabines. Hermione eut un sourire triste, ramassa le savon et se leva pour commencer à se savonner, au début, elle faisait ça plutôt machinalement, elle respirait par saccades, quand soudain, ses yeux s'écarquillèrent.
- Mais c'est ?
Ginny se hissa pour passer la tête par dessus la cloison entre les deux douches, elle affichait un large sourire.
- Qu'est-ce que t'en dis. L'odeur de mon frère devrait bien réussir à enlever tout ce que l'autre à pu laisser de sâle et de dégoutant.
Pour la première fois depuis son réveil, Hermione esquissa un sourire. Elle termina de se savonner en fermant les yeux et en repensant aux meilleurs moment qu'elle avait passé avec Ron. C'était l'an dernier, après sa rupture avec Lavande. Elle sortirent toutes les deux de la douche en même temps et allèrent s'habiller. Ginny lui avait visiblement ramené une de ses tenues d'école.
- Bien ! Tu te sens de descendre pour manger dans la grande salle ?
- Oui ! Merci à toi Ginny.
Elle descendirent dans la salle commune.
- Hermione ! s'exclama Ron. Tu vas mieux ! Comme je suis content !
En disant ces mots, il s'était précipité sur elle, mais au dernier moment, il s'était retenu de l'embrasser pour se contenter de lui prendre les mains. A ce geste, Hermione éprouva une étrange sensation, comme une force en elle qui lui disait que rien ne pouvait plus lui arriver de mal.
- Salut Hermione, dit Harry. Content de voir que tu vas mieux.
Ils descendirent donc tous les quatre pour la grande salle.
- C'est bizarre, dit Ron en chemin. Tu sens pas comme d'habitude.
Ginny esquissa un large sourire. Harry lui aussi avait compris, il n'avait pas manquer en saluant Hermione, de remarquer qu'elle avait exactement la même odeur que Ron lorsqu'il sortait de la douche.
