Chapitre 2
Dix ans plus tôt…
Gojyo trottinait en descendant les escaliers de l'auberge tout en sifflant. Il était impatient de partir. La mission était terminée, ils étaient à la moitié du chemin de retour de leur voyage, et la nuit dernière ils avaient discuté de manière très animée de l'énorme fête qu'ils projetaient de faire dans son appartement et celui d'Hakkai. Sous la bonne grâce de la carte d'or, bien sûr. Héhéhé…
Le kappa entra dans la salle à manger pour joindre le groupe avant leur départ. Il trouva Hakkai et Goku déjà à la table. Gojyo attrapa une chaise, la retourna, s'assit à califourchon dessus, et tambourina impatiemment avec ses doigts le dos de la chaise, saisissant un morceau de boulette dans le plat de Goku, juste pour garder le singe sur ses talons.
Mais Goku ne bougea pas. Ne leva même pas les yeux. Maintenant qu'il y pensait, le festin de midi tout entier n'avait pas été touché. Et le visage d'Hakkai était dénué de sourire. En fait, son meilleur ami osait à peine rencontrer son regard.
« Oi, Oi ! » Dit Gojyo d'une voix traînante. « Quelqu'un est mort ? Pourquoi ces visages maussades, les gars ? »
Pas de réponse. Goku tourna la tête au loin. Hakkai demeurait assis, sans bouger.
« Allez ! Ca ne peut pas être si mauvais, si tôt dans la journée ! » Gojyo les dévisageait, sa bonne humeur essayait de les faire réagir. « Ne me dites pas que cet enfoiré de Nî Jenyi a un clown caché et qu'il est maintenant occupé à comploter sa revanche… » Blagua-t-il maladroitement. Silence. « OI ! Vous deux, dites quelque chose ! » Gojyo fronça des sourcils. « Ce qui me fait penser, à propos, où est le Hage Bouzu ? D'habitude, c'est lui qui est prêt en premier et brûle d'envie de partir… »
Goku émit un sanglot étranglé et poussa précipitamment sa chaise en arrière avant de courir à toute allure vers la porte. Ses pas battaient le sol jusqu'en haut des escaliers, et ils entendirent un bang alors que Goku s'engouffrait dans sa chambre.
« Goku ! OI ! » Hurla Gojyo en se levant. Il se tourna vers Hakkai. « Tu veux bien m'expliquer ce qu'il se passe ! » Exigea-t-il, essayant de contrôler le sentiment d'horreur qui montait en lui, le menaçant de l'étouffer. Il savait, là maintenant, il savait. Ce salaud…
Sans un mot, Hakkai lui tendit une note, écrite d'une main élégante et familière. Gojyo la prit avec des doigts crispés. No, son esprit le refusait fermement. Sanzo, NO ! Il lisait, un sentiment d'urgence démentiel explosait en lui.
" Gojyo, Hakkai : Ramenez Goku au temple de Kinzan. La mission est achevée, et ce n'est pas sans un grand merci à vous tous, en dépit de ce que ce bâtard ne cessait de dire. Cependant, il me reste une chose que j'ai besoin de faire, et c'est quelque chose que j'ai besoin de faire seul. Je compte sur vous – non, je vous supplie de ramener Goku sauf à Chang An. Là-bas, les moines prendront soin de lui. Merde, ils me doivent tant pour avoir retrouvé les sutras. S'il vous plaît, délivrez également les satanés sutras, et livrez les aux anciens, avec la note jointe. Ils comprendront.
Je vous laisse aussi la carte de la trinité bouddhique, comme ça vous ne pourrez pas dire que le bâtard vous prive de votre fête de victoire… Buvez un verre de saké pour moi, quand vous y serez.
Ja –
Sanzo."
« Fait chier ! » Gojyo empoigna Hakkai, secouant son ami désespérément. « Quand ? Quand est-il parti ! »
« Je ne sais pas exactement. » Finit par dire Hakkai, saisissant fermement la prise des mains désespérées et tremblantes sur ses épaules. « J'ai juste trouvé la fichue note glissée sous ma porte quand je me suis réveillé ce matin. » Continua Hakkai, voulant ardemment que Gojyo se calme.
« Merde, merde, MERDE ! » Jura Gojyo, regardant autour de lui de manière insensée.
« Calmes-toi, Gojyo, s'il te plaît ! » Implora Hakkai, agrippant les mains de Gojyo avec difficulté. « Tu pourrais réagir excessivement… » Gojyo le relâcha.
« Tu restes ici. » Ordonna Gojyo. « Ne laisses pas le baka saru en dehors de ton champ de vision. Je prends Hakuryu. »
« Mais où vas-tu ? » S'alarma Hakkai, tandis que Gojyo se précipitait vers la porte.
« Je vais ramener ce fichu bonze ! »
« Demo, je ne pense pas qu'il apprécie que tu plonges le nez dans ses affaires… »
« HAH ! »
« Est-ce que tu sais au moins où tu vas ! » Cria Hakkai, alors que Gojyo sautait dans le siège du conducteur de la jeep et accéléra, fit rapidement marche arrière, et se dirigea à nouveau vers l'ouest.
« Sois maudit, Sanzo. Je serais DAMNE si je te laisse faire ça ! Tu ne vas PAS me faire ça ! »
