Chapitre 3

Il conduisait aveuglément, faisant confiance au dragon d'être attentif et prudent pour eux deux. Six heures plus tard, il rattrapa finalement Sanzo.

Sanzo était assis sur un rocher à côté de la route, fumant d'un air absent avec une expression d'ennui sur le visage. Cependant, les yeux violets se mirent à scintiller, dissimulant à peine leur fureur, comme Gojyo sauta hors de la Jeep et se précipita vers lui, tremblant furieusement lui-même.

Gojyo s'arrêta juste devant Sanzo, les points fortement serrés, se battant avec lui-même pour maintenir son self-contrôle, et résistant à l'énorme envie de balancer son point dans le visage froid, soigneusement contrôlé de l'autre homme.

« Tu gaspilles ton temps. » Grogna Sanzo en levant les yeux sur Gojyo.

« Vas t' faire foutre, Sanzo. » Gojyo était en dehors de lui.

Les prunelles violettes s'agrandirent. « Qu'est-ce que tu as dit ! » Demanda Sanzo d'une voix dangereusement basse.

« Tu m'as entendu, espèce de connard égoïste ! »

« Toi… » Maugréa Sanzo en sortant soudainement son flingue.

Gojyo se tenait telle une pierre devant lui, ne faisant aucun mouvement. Ses yeux défiaient le moine de tirer.

« Tires-toi de ma vue ! » Cria Sanzo en bouillonnant. « Repars ! Ce ne sont pas tes affaires ! » Le pistolet tremblait dans sa main. Il le teint fermement et retira le cran de sûreté.

« CA l'est, Sanzo ! » Cria à son tour Gojyo, nullement impressionné. « Ca l'est. » Répéta-t-il. « Tu devras me tuer en premier… » Chuchota-t-il abattu, s'avançant de manière décidée pour presser le pistolet fermement contre sa poitrine.

Sanzo regardait droit devant lui, ses yeux rivés sur le canon du pistolet qui était planté dans le plexus solaire du kappa.

« Fait chier… » Siffla-t-il. « Pourquoi tu ne peux pas simplement me laisser être ! » Des larmes de rage inondaient les yeux améthystes vides et glacials.

Gojyo ferma les yeux. « Je ne peux pas. » Chuchota-t-il, enroué. Des larmes coulaient de ses yeux également. « Je ne peux pas, espèce de sale moine corrompu. »

Sanzo enfonça plus fortement le pistolet dans la poitrine de Gojyo, le faisant grimacer de douleur. « Ce flingue… » Murmura-t-il d'une voix rauque, les yeux violets se couvrant. « Quand ce désespéré, vide, insensé jeune garçon prit ce pistolet du temple, il se fit une promesse. « Je ne te l'avais jamais dit ? » Sanzo émit un rire dépourvu de gaieté, levant les yeux sur Gojyo.

« Sanzo. » Supplia-t-il. Sanzo continuait, ne lui prêtant pas la moindre attention.

« Il se promit que lui et ce pistolet prendraient leur revanche pour son maître bien aimé. Ils retrouveraient les sutras, pour lesquels son maître a payé de sa vie. Bien, ce pistolet à fait sa part pour la mission divine. Il a retrouvé les sutras. Il a finalement vengé mon maître. » Grogna-t-il vicieusement. « Et maintenant, il est temps de compléter la promesse. »

Gojyo ravala difficilement sa salive, sachant ce qui venait. Il connaissait si bien Sanzo. Il avait eu cette peur, depuis la fois où il avait surpris Sanzo assis seul près du feu de camps, longtemps après que les autres étaient allés se coucher, alors qu'ils approchaient de la fin de leur mission. Sanzo était seul près du feu, dirigeant lentement le canon du pistolet et le pointant sur sa tempe, les magnifiques yeux violets si vide qu'ils en étaient choquants.

« Quand j'ai choisi ce pistolet entre tous les objets sains du temple, je l'ai fait avec deux objectifs en tête. Le premier est atteint. La souffrance de mon maître a été payée, au moins. L'autre… L'autre est la promesse que je me suis faite à moi-même. Quand tout ça serait terminé, ce pistolet supprimerait ma souffrance également. » Tandis qu'il parlait, Sanzo retira lentement le pistolet de la poitrine de Gojyo et le pressa sur sa propre tempe avec un sourire railleur. Gojyo regardait désespérément, son cœur s'apprêtait à éclater.

« Demo, » Sanzo prit une voix languissante, replaçant calmement le cran de sûreté. « je n'ai pas l'intention de me tuer devant une audience larmoyante. Et certainement pas à proximité d'une satanée route. Par conséquent, tu veux bien me faire la faveur de t'en aller et me laisser en paix. » Conclut-il, tournant ostensiblement sa tête blonde au loin.

« Non. » Répondit Gojyo d'une voix tremblante. « NON. » Répéta-t-il, plus fermement.

« Vas t' faire voir… » Siffla Sanzo, se levant et lançant son point.

Mais le coup n'atterrit jamais, puisque Gojyo le bloqua facilement et amena Sanzo à lui dans une puissante étreinte. Un bras musclé entoura le dos de Sanzo, et l'autre entoura ses épaules, la large main mate accueillant le dos de la tête de Sanzo et la pressant fermement sur les fortes épaules du kappa. Gojyo pressa sa joue doucement, fermement, contre les cheveux d'or scintillants, ignorant la résistance violente de l'autre homme, jusqu'à ce que Sanzo se calme.

« Toi vas te faire voir, moine corrompu… » Murmura Gojyo d'une voix rauque et souffrante. « Merde, Sanzo… » Gémit-il, alors qu'il sentait Sanzo frissonner contre lui. « Toi, espèce de connard égoïste. » Dit-il manquant de s'étrangler, sa voix craquait.

La tête blonde se balança de droite à gauche contre ses épaules. « C'est toi l'égoïste, Gojyo. » Murmura Sanzo avec une voix enrouée. « Laisses-moi simplement partir. »

La signification implicite des mots de Sanzo n'avait pas échappé à Gojyo. Donc Sanzo savait. Et durant tout ce temps il avait pensé qu'il avait gardé ses sentiments seulement pour lui-même. Durant tout ce temps, les fois où Sanzo l'avait surpris à le regarder, il avait pensé que la créature distante l'avait juste attribué à, étant ce qu'il était – Le démon des eaux pervers et excité. Il avait sous-estimé l'homme.

Mais subitement, il prit conscience du miracle : Il était toujours là ! Sanzo ne l'avait pas transpercé d'une balle, tout ce temps pendant lequel ils avaient voyagé vers l'ouest, bien qu'il connaissait les sentiments de Gojyo. Sanzo l'avait gardé dans le ikkou, en fait. Toutes ces fois où Sanzo lui avait craché à la figure – « Je ne t'ai jamais demandé de venir avec moi… » - et il avait pensé que Sanzo essayait de s'éloigner de lui. Mais le fichu bonze avait su, durant tout ce temps…

Gojyo sortit de sa rêverie quand Sanzo le poussa brutalement et tourna son dos. Il marcha au loin rapidement, coupant à travers la route pour s'enfoncer dans la forêt.

« OI ! » Gojyo lui cria après, Sifflant hâtivement Hakuryu. Il courut et rattrapa le prêtre. « Sanzo ! » Gronda-t-il, tirant fermement d'un coup sec le bras de Sanzo. Sanzo se dégagea violemment, sans se tourner.

« Je t'ai dit de repartir. Je n'ai rien à te dire. » Dit Sanzo promptement. « La mission est achevée. Je te remercie pour ton aide précieuse. Maintenant je te demande de me laisser seul. »

« Je ne reçois plus d'ordre de ta part, satané bouzu. » Répliqua Gojyo avec challenge. « Et je n'ai pas changé d'avis. Je ne vais pas te laisser mettre à exécution ton fichu, stupide et égoïste plan. Tu devras me tuer d'abord ! »

« Putain ! » Sanzo jeta sa tête en arrière et jura, le hurlement enragé faisant écho à travers les arbres. « Fils de pute ! » Cria-t-il au ciel. Il tomba à genoux, plongeant son visage dans ses mains. « Maître… » Gloussa-t-il d'un air affligé. « Maître… Pourquoi m'avez-vous laissé ? » Il implorait avec peine. « J'aurais du mourir, maître… J'aurais du être le premier… » Sanglota-t-il furieusement.

Sa gorge se serra et les larmes lui piquaient les yeux, Gojyo s'agenouilla et prit tendrement Sanzo dans ses bras, fermant ses yeux et serrant les dents en réponse aux coups acharnés que Sanzo jetait aveuglément contre sa poitrine.

« Putain… Merde ! » Jura Sanzo. Et à ce moment là, il leva des yeux implorants sur Gojyo, le violet profond inondé d'une peine insupportable. « S'il te plait, Gojyo… S'il te plait… Je te le demande… Repars simplement… Oublies que tu m'as toujours couru après. Laisses-moi. Vas t'en. »

« Non. »

Et Gojyo pencha sa tête et réclama la bouche de Sanzo.

Un pur, torturé plaisir traversa Gojyo alors que leurs lèvres se rencontrèrent. Combien de fois il avait rêvé de cela ? Combien d'heures avait-il gaspillé à imaginer cet homme froid et implacable blotti dans ses bras… Les sensations qui montaient en lui étaient si intenses, que s'en était presque douloureux.

Sanzo, Sanzo, Sanzo… Son esprit chantait le nom et les paumes de ses mains venaient encadrer ce visage parfait, alors qu'il effleurait avec des baisers légers comme des plumes ces lèvres adorées. Sanzo, Sanzo, Sanzo… Son cœur tambourinait telle une parade militaire alors que le bel homme dans ses bras frissonnait et gloussait à l'intérieur de sa bouche ouverte. Sa langue glissait soyeusement à l'intérieur de la bouche chaude de Sanzo, coulissant avidement, humidement, contre la langue de Sanzo. Sanzo, Sanzo, Sanzo… Le nom faisait écho dans ses oreilles tel un rugissement assourdissant. Son sang bouillonnait furieusement dans ses veines alors que la chose précieuse dans ses bras laissa échapper un profond gémissement d'abandon, et que des fermes bras albâtres l'encerclèrent pour le plonger dans une forte étreinte, comme Sanzo commençait à l'embrasser en retour, avec envie, goulûment et urgeamment.

« Gojyo… » Gémit Sanzo. « Gojyo… »

Son nom était prononcé dans un appel profond, rauque et désespéré qui l'accablait, éloignait ses dernières défenses et chassait son orgueil. Tout ce qu'il restait était le besoin brûlant de confesser ce qu'il avait gardé et refouler en lui depuis si longtemps, depuis cette nuit pluvieuse où il avait ouvert sa porte, et était tombé profondément, si profondément, pour les énigmatiques et émouvants yeux de la couleur du crépuscule.

« Sanzo… » Gémit-il. « Mon dieu, Sanzo, Je… »

« Tais-toi. » Sanzo pressa des doigts de porcelaine froids contre ses lèvres. « Ne dis rien. »

« Et pourquoi diable non ! » Gémit Gojyo, couvrant de passionnés et tendres baisers le visage de Sanzo. « Je suis désespérément amo… »

Cette fois, Sanzo plaqua sa main fermement sur la bouche de Gojyo. Sanzo secoua la tête, regardant droit dans les yeux rouges enflammés. « Je ne serais jamais capable de retourner à Kinzan et d'assumer mon putain de titre si tu le fais. » Dit simplement Sanzo, ses yeux regardant toujours intensément ceux de Gojyo. Ils n'étaient plus vides.

« Promets-moi. » Supplia Gojyo d'une voix épaisse et mal assurée. « Promets-moi, moine corrompu. »

Sanzo ne donna pas de réponse. A la place, il leva un doigt fin et pâle et traça doucement un X sur le cœur de Gojyo.

Gojyo gémit et ferma ses yeux, un bonheur intense et une peine démentielle explosèrent en lui au même moment. Tout ce qu'il pouvait faire était jurer doucement. « Merde ! »

« Fermes-la. » Sanzo parla d'une voix languissante. « C'est comme ça, kappa. C'est ainsi que ça doit être, et tu le sais. »

Gojyo serra fortement Sanzo et les fit se balancer, pressant son visage contre la nuque de Sanzo, frissonnant, accablé de chagrin par la douce et amer, froide et rude réalité.

Sanzo l'étreignit fermement en retour, caressant les magnifiques cheveux rouges. Et à cet instant, Sanzo le poussa par les épaules, les yeux améthystes plongeant possessivement dans les carmins désespérés.

« Maintenant, Gojyo, donnes-moi quelque chose pour me souvenir. » Commanda son moine corrompu, faisant gémir Gojyo profondément. « Juste une fois, avant que je me livre à eux pour toujours. »

Et donc, profondément dans la forêt, avec l'herbe pour tapis et les arbres en guise de baldaquin, Sha Gojyo fit l'amour à son prêtre solitaire, s'émerveillant des gémissements de plaisir de Sanzo, se délestant des murmures rauques de son nom que laissait échapper Sanzo. Marqué à jamais par le corps parfait et incroyablement beau se tordant sous ses doigts, ses lèvres, sa bouche, se cambrant comme une corde de violon tendue, lui répondant comme le Stradivarius le plus admirablement accordé.

Et pendant le merveilleux moment de libération, profondément à l'intérieur de Sanzo, alors qu'il le pressait contre lui comme une chose précieuse, qu'il était, comme Sanzo criait son nom, Gojyo se sentit défaillir, des larmes salées s'échappaient de ses yeux pour tacher les joues de porcelaine fières et douces.

« Sanzo ! » Gémit-il. Choquant. « Je t'ai… »

Sanzo saisit sa tête et accueillit sa déclaration passionnée avec un baiser profond et émouvant. « Pas de mots, kappa. » Chuchota Sanzo férocement et avec acharnement. « Ou je ne serais pas capable de m'arracher à ça… »

Gojyo était abattu, gloussant au-delà de la honte. « Emmerdes le monde ! » Cria-t-il avec force. « Fuis avec moi… » Implorait-il ridiculeusement, impuissant.

Sanzo émit un rire bas et malade, dépourvu de joie dans ses bras. « J'aurais plus qu'à me faire sauter la cervelle. » Maugréa-t-il ironiquement.

Et Gojyo ne trouva pas de réponse à ça, excepté d'aimer Sanzo encore et encore ; Alors que les heures passaient, il devenait de plus en plus désespéré, tout comme ces baisers. Ses sentiments le submergeaient, jusqu'à ce que ça lui prenne tout son self-contrôle pour ne pas juste hurler son amour et son adoration aveugle pour ce prestigieux, profane non-conformiste au fort tempérament, qui était finalement, finalement dans ses bras. Ca lui prit toute sa volonté pour ne pas demander une confession en retour.

C'est assez. Ca doit être assez.

Ca ne sera jamais assez.