4 ) Le récit de John Sheppard

( Première partie )

Elisabeth Weir s'approcha de la baie vitrée et contempla l'océan. Cinq minutes. C'était tout ce dont elle avait besoin. Qu'on lui laisse un instant pour reprendre ses esprits et assimiler les informations qu'elle venait de recevoir. Elle ferma les yeux et porta les mains à ses tempes pour un léger massage espérant par là calmer la migraine qu'elle sentait monter en elle.

Cette mission avait tourné au cauchemar.

Mais que s'était-il véritablement passé sur PLN991 ?

Elle allait tirer cela au clair .Elle récapitula mentalement : Un blessé grave maintenu dans le coma : Heureusement le docteur Beckett venait de l'informer que l'état du docteur McKay s'était stabilisé. Trois disparus, collectés par les rayons des Darts et quatre morts : Une jeune militaire de vingt-cinq ans, un botaniste, une astrophysicienne et une biochimiste.

Autant dire sept morts.

Comment avait-elle pu autoriser que des civils partent en mission d'exploration ? Ils étaient volontaires, certes, mais totalement démunis face au danger.

Le major Sheppard lui avait clairement signifié son désaccord mais elle avait cédé face a la pression des scientifiques.

Elle avait commis là une grave erreur.

Bien sûr, personne ne lui reprocherait sa décision. Ironie du sort, la seule personne qui l'aurait fait n'était pas en position de reprocher quoique ce soit à qui que ce soit.

Mais elle était responsable. Ces hommes et ces femmes étaient placés sous sa responsabilité. Elle était leur chef.

Elisabeth Weir soupira. Elle sentit une boule de former au creux de son estomac. Si ça continuait, elle était bonne pour faire un ulcère.

Ils étaient si jeunes ! De jeunes scientifiques pleins d'espoirs et d'enthousiasme. Fiers de faire partie de l'élite, choisis parmi les meilleurs afin de contribuer au projet le plus extraordinaire que l'humanité ait jamais connu.

Que leur avait-elle dit ce jour là avant leur départ pour Atlantis ?

-« Vous avez été choisi parce que vous êtes chacun les meilleurs dans votre spécialité ».

Ils avaient franchi la porte sans hésitation, comme des conquérants et maintenant…

-Elisabeth ?

Le major Sheppard se tenait dans l'embrasure de la porte et la regardait, indécis.

Elisabeth Weir reprit contenance. Elle n'allait pas fuir ses responsabilités, ce n'était pas son genre. Elle avait fait une erreur. Elle l'assumerait. Elle avança vers le major d'un pas décidé.

-John, je vous ai demandé de venir afin que tous les deux nous tirions au clair les événements qui sont survenus sur PLN991. J'ai besoin de savoir ce qui s'est réellement passé là-bas et je compte sur vous pour m'en faire le récit.

Le docteur Weir prit une chaise et enjoignit le major d'en faire autant.

-John, dites-moi tout.

LE RECIT DE JOHN SHEPPARD :

« Comme vous le savez déjà, nous sommes arrivés sur PLN991 mardi matin. La température était d'au moins 93.2 F. C'est vous dire s'il faisait chaud. Nous avons tout d'abord inspecté les lieux. Il n'y avait aucun signe de vie sur un rayon de soixante miles au moins.

J'ai déclaré qu'il n'y avait aucun empêchement. Les scientifiques ont débarqué leur matériel et se sont immédiatement mis au travail sous la direction du docteur McKay.

J'ai posté des sentinelles aux points stratégiques comme le veut le règlement.

Nous avons monté les tentes et assuré l'intendance comme nous le faisons toujours pour ce genre de mission.

Le reste de la journée s'est passé sans incident si ce n'est que le docteur McKay a hurlé après un collègue qui a osé l'interrompre dans ses travaux pour poser une question manifestement jugée impertinente par notre génie.

Je suis intervenu et finalement Rodney s'est calmé.

R.A.S pour la nuit.

Mercredi matin à l'aube,tous étaient déjà au travail. Vous connaissez McKay, quand il est levé, tout le monde doit l'être aussi. De toute façon., avec cette chaleur, vous imaginez la température qu'il faisait dans les tentes !

Mais tout allait bien. Chacun était à son poste. Il n'y avait que Teyla qui paraissait préoccupée. Je me souviens qu'elle marchait de long en large en tripotant nerveusement l'espèce de médaillon qu'elle garde toujours sur elle. Vous savez, celui que j'ai trouvé dans un souterrain.

( John aurait pu parler à ce moment là de ce sentiment de calme, de sérénité, de ce silence presque inquiétant qui régnait aux alentours. Il aurait pu dire aussi qu'il s'était soudain senti oppressé sans savoir pourquoi.).

Et c'est là que tout a basculé. Teyla a poussé un cri et s'est saisie de son arme.

-Major, ils sont là, je les sens !

J'ai compris tout de suite. Tous les soldats se sont mis en état d'alerte. Eux aussi avaient entendu le cri de Teyla et ils ont réagi immédiatement.

J'ai crié : « Tout le monde à terre ! couchez vous ! ».

A ce moment là, les scientifiques n'ont pas vraiment réalisé ce qui se passait.

Il faut dire que l'attaque a été fulgurante : deux Darts ont surgi. Le premier a capturé dans son rayon deux scientifiques qui s'étaient mis à courir et le second a piégé un lieutenant.

Puis les wraith ont surgi Dieu sait d'où.

Ca a été la panique parmi les civils.

La bataille s'est engagée. Nous nous sommes efforcés de protéger les scientifiques mais trois d'entre eux qui s'étaient écartés du campement se sont retrouvés piégés. Nous n'avons rien pu faire. Les wraith les ont…comment dire ? Enfin, ils s'en sont servi tout de suite. C'était épouvantable. Ils hurlaient en agonisant et nous, nous étions impuissants.

C'était le bazar. Vous imaginez les bruits, les hurlements ?

Nous avons fini par avoir le dessus. Les wraith se sont enfuis mais ça a été un véritable massacre. »

Le major se tut, encore sous le coup de l'émotion. C'était terrible de revivre ces moments. Non, vraiment, ils ne s'y étaient pas attendus. Les wraith leur étaient tombés dessus d'un coup. Mais comment avaient-ils su ?

-John, dit doucement Elisabeth, il s'est passé quelque chose avec les docteurs Kavannaugh et McKay.

Le major Sheppard hésita. Il savait qu'il faudrait en arriver là.

Il soupira.

-John, s'il vous plait ?