5) Le récit de John Sheppard

( Seconde partie )

« C'était presque la fin de la bataille. Il faut savoir que Le docteur McKay et le docteur Kavannaugh étaient éloignés d'une centaine de mètres du campement quand tout a commencé.

Ils étaient donc hors de la zone protégée lors de l'attaque.

Tout est allé très vite. Le sergent Jenkins s'est précipitée vers eux pour assurer leur protection, son P90 au bras, mon Dieu, elle n'avait que vingt-cinq ans !

Un wraith s'est interposé entre elle et les scientifiques. Elle a eu beau tirer au coup par coup puis en rafale, le wraith ne s'est pas écroulé. Il la saisit et oh, vous connaissez leur manière de procéder ! »

( John marqua une pause, saisit par la nausée. Allison Jenkins, vingt-cinq ans seulement. Elle était du Colorado, une petite bourgade aux environs de Denver. John s'en souvenait parce qu'il avaient discuté de pêche à la truite, une fois et Jenkins lui en avait remontré sur l'art et la manière de pêcher la truite. Elle était vive, gaie et elle était morte maintenant. Le major serra les dents pour s'empêcher de craquer.).

-John, si vous le voulez, nous pouvons reprendre ceci plus tard.

-Non, Elisabeth, ça ira. Autant en finir tout de suite. Je vais vous dire ce qui s'est passé :

« Kavannauhg s'est mis à hurler. On aurait dit qu'il ne pouvait plus s'arrêter. C'était terrible. McKay, lui, n'a pas perdu son sang froid. Il s'est précipité pour ramasser le P90 du sergent et ce foutu Kavannaugh derrière lui qui l'agrippait, qui ne voulait pas le lâcher. Et, oh vous savez, vous connaissez Rodney avec les armes à feu. On a assez plaisanté là dessus, on dirait que dès qu'elles sont entre ses mains, elles se mettent à dérailler. Et bien sûr, c'est ce qui s'est passé.

Il a voulu tirer mais le P90 n'a pas fonctionné.

C'est à ce moment là que le wraith a foncé sur eux. Il en voulait après Kavannaugh, c'était certain. Peut-être que ses hurlements lui vrillaient les tympans, qui sait ? Et.. John hésita :

Il l'a fait. Ce foutu salaud l'a fait. Au moment où le wraith allait l'agripper, Kavannaugh a saisi McKay par les épaules et l'a délibérément jeté dans les bras du monstre. Vous entendez ça ? Il l'a jeté, poussé. Il n'a pas hésité à le sacrifier pour sauver sa peau.

McKay avait tenté de le protéger et ce porc de Kavannaugh l'a…

John déglutit. Il observa quelques secondes de silence puis reprit son récit.

-Je veux penser que toutes les missions auxquelles McKay a participé ont contribué à son salut. Il a beaucoup appris. Il a changé. Il y a encore quelques mois il serait resté tétanisé et le wraith l'aurait tué. Mais là, il s'est laissé glisser dans ses bras et lui est passé entre les jambes. »

John eut un petit rire et reprit le fil de son récit :

« Vous imaginez ça ? Rodney McKay en personne se faufilant à quatre pattes entre les jambes d'un wraith !

Malheureusement, il lui a laissé son arme. Le wraith s'est retourné, furieux et lui a tiré dessus. Et bien sûr, le P90 a fonctionné.

Tout ce que je vous raconte là s'est passé en à peine trois minutes.

Vous connaissez la suite : A ce moment là nous sommes enfin parvenus jusqu'à eux et nous avons criblé le wraith. Il s'est finalement écroulé. ».

Le major Sheppard se tut et Elisabeth Weir le questionna du regard.

-John?

Le major détourna les yeux :

« -Oui, je sais à quoi vous pensez. Je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai perdu la tête. Kavannaugh était là bien vivant à hurler comme un porc qu'on égorge et McKay, lui, baignait dans son sang, inanimé, si pâle !

Je…j'ai attrapé Kavannaugh et je l'ai forcé à se relever et si Teyla n'avait pas été là, ce n'est pas parce que ses nerfs ont lâché qu'il serait à l'infirmerie en ce moment. »

Le major Sheppard retourna la tête et cette fois ci regarda Elisabeth Weir droit dans les yeux :

« Oui, je lui ai mis une dérouillée et, Elisabeth, sachez que je n'en éprouve aucun regret ».

Il se leva et se dirigea vers la sortie.

« Voilà, vous savez tout ».

Elisabeth fixa pensivement la porte par laquelle John Sheppard venait de partir. A eux deux, ils partageaient le commandement de la cité, en quelque sorte. Ce qu'avait fait le major était inexcusable mais compréhensible en même temps. La peur, la révolte et surtout la pression l'avaient fait sortir de ses gonds. Peut-être s'était-il senti coupable aussi. Sur PLN 991, tout le monde était sous sa responsabilité et il n'avait pas décelé le danger. Peut-être y avait-il autre chose? Le docteur Weir ne savait pas.

De toute façon, qui allait juger le major Sheppard ? Aux yeux des autres militaires, le geste de Kavannaugh justifiait la correction que John lui avait mise.

Et les scientifiques ? Dans leur petit monde Calvin Kavannaugh n'était pas aimé ni même apprécié. Il avait l'art de rebuter tous ceux qui l'approchaient. Il était hautain, méprisant. McKay n'était pas facile. Il se considérait comme un génie mais il l'était vraiment. Et puis à plusieurs reprises il avait sauvé la cité alors que Kavannaugh…Elisabeth soupira. Il fallait qu'elle lui parle. C'était son rôle et elle ne tenterait en aucune façon d'échapper à ses obligations.

Elle prit la direction de l'infirmerie en portant les mains à ses tempes.

La migraine l'avait reprise.