8) Le printemps

John Sheppard reposa au sol une caisse de matériel et essuya les gouttes de sueur qui lui coulaient sur le visage. Son regard se posa sur McKay et une fois de plus il fut saisi par la vision qui s'offrait à lui.

Le scientifique se tenait debout, les lèvres entrouvertes, les yeux fermés et prenait un plaisir manifeste à laisser le léger vent du printemps caresser son visage. Il semblait goûter l'air, le soleil et son corps ainsi offert dégageait une aura de sensualité qui tout à la fois fascinait le major et lui donnait un sentiment de malaise.

Il détourna les yeux, gêné et fronça les sourcils. Kavannaugh ! Quelle mouche avait piqué McKay ! Entre tous ses collègues, c'était Kavannaugh qu'il avait emmené.

Quand John lui avait demandé pourquoi, le scientifique avait simplement répondu : « Parce qu'il me l'a demandé ». Le militaire n'avait rien tiré de plus de la part de son ami.

Rodney, vivant.

Plus d'un mois s'était maintenant écoulé depuis les évènements survenus sur PLN991. Les esprits s'étaient apaisés et la vie avait repris son cours. Ils n'avaient pas le choix.

Elisabeth Weir avait fait un magnifique et touchant discours lors des obsèques exhortant les habitants d'Atlantis à se serrer les coudes, demandant encore plus de solidarité et de courage face à l'adversité.

Rodney s'était rétablit. Il détestait rester inactif à l'infirmerie et avait fait des pieds et des mains pour en sortir le plus rapidement possible. Le jour où le docteur Beckett lui avait donné le feu vert, le personnel de l'infirmerie avait organisé une petite soirée pour fêter le départ du patient le « plus pénible des deux galaxies ».

Il était sorti encore fatigué et amaigri mais guéri. Mais qu'en était-il des séquelles psychologiques ? Personne ne pouvait se prononcer là-dessus. A chaque fois qu'on l'interrogeait, Rodney observait un silence buté et même le docteur Weir avait essuyé une fin de non recevoir de la part du scientifique.

Manifestement il ne désirait pas revenir sur ce qui s'était passé sur ¨PLN991.

Puis huit jours auparavant l'équipe du major Lorne qui revenait d'une exploration avait capté un puissant signal provenant d'une planète inconnue. Ils avaient affiné la recherche et découvert que le signal émanait d'une falaise au bord d'un océan.

Une falaise en partie couverte de curieuses inscriptions de ce qui semblait être le langage des anciens.

Le docteur McKay avait sauté sur l'occasion et avait décrété qu'il fallait absolument organiser une expédition. S'il s'agissait d'un E2PZ, on ne pouvait pas laisser passer l'aubaine.

Sheppard avait trouvé qu'il avait la mémoire courte mais le docteur Beckett et le docteur Heightmeyer avaient encouragé le projet de Rodney. Weir s'était mise de la partie mais avait exigé que le nombre de civils soit restreint à son minimum.

C'était comme cela qu'ils s'étaient retrouvés sur cette planète par un beau matin de printemps local.

Un printemps exubérant. Sur les branches les bourgeons avaient éclatés donnant naissance à une multitude de petites fleurs roses, blanches et bleues qui se balançaient au gré d'un petit vent léger et chaud qui parcourait les prairies et se perdait au bout de la falaise dans le mugissement incessant de l'océan..

McKay sortit de sa rêverie et sans même s'en rendre compte chercha le major des yeux. Il le trouva qui l'observait et fronça les sourcils. Ce n'était pas la première fois, loin de là. En fait, leurs regards se croisaient souvent. Quand l'un d'entre eux levait les yeux, ce n'était pas rare de trouver le regard de l'autre fixé sur lui.

Le scientifique, perplexe, sourit au major. Bon, en fait tout ceci était bien naturel. S'ils se cherchaient si souvent du regard, c'était pour se rassurer l'un et l'autre après les terribles évènements de PLN991. Ils s'aimaient bien et étaient amis. Il n'y avait rien à redire à cela.

Soulagé par ses propres conclusions, McKay reprit le contrôle des opérations et entreprit de monter le sonar qui permettrait de sonder la roche et de localiser la source d'énergie.

Calvin Kavanaugh était penché sur la foreuse qui venait d'être débarquée et procédait aux dernières vérifications avant sa mise en place. Elle n'entrerait en action que plus tard mais le moment venu, elle devrait être opérationnelle. Il était nerveux. Il avait bien senti le regard hostile du major tout à l'heure mais il ne pouvait rien y faire. Une fois de plus il se demanda s'il avait fait le bon choix en se proposant pour être de l'expédition. Il jeta des coups d'œils anxieux aux alentours et essaya de se calmer. Il ne voulait plus jamais perdre le contrôle de ses nerfs.

Le docteur Kavanaugh se força à respirer un bon coup et apaisé se concentra sur son travail.

Il aurait été beaucoup moins serein s'il avait su que par-delà le chaos rocheux qui s'étendait au nord de la falaise un regard étranger les épiait et ne perdait rien deleurs faits et gestes.