10) Pulsion
Rodney McKay poussa un cri de rage en découvrant l'étendue des dégâts.
Peu après l'aube, un vent violent venant du large s'était levé et avait balayé sur son passage une partie du campement et surtout, surtout, le précieux sonar. Il gisait au sol à cinq mètres au moins de son support initial à coté d'un écran d'ordinateur éventré.
Et McKay était entré dans une colère noire. Hurlant, invectivant. C'était comme si une nouvelle tempête s'abattait sur le campement.
Du grand McKay.
-Kavanaugh, bougez-vous le train au lieu de rester comme ça les bras ballants. Mais faites quelque chose !
L'autre scientifique se baissa et entreprit d'examiner l'appareil.
-Et si ces abrutis de militaires avaient mieux protégé le matériel, on en serait pas là ! vociféra t'il.
-McKay ! Le major Sheppard commençait à être à bout de patience.
-Et quel est l'imbécile qui a choisi cet endroit pour établir le campement ? J'aimerai bien le savoir. Ces militaires ! des petits pois dans la cervelle et tout juste bons à marcher au pas de l'oie !
Le major Sheppard était blême.
-Dites, McKay, vous allez la boucler, oui ?
-Major, vous n'avez aucun ordre à me donner alors commencez par la boucler vous-même et dites à vos hommes de réparer les dégâts ! tempêta le scientifique hors de lui.
-McKay, Un mot de plus et vous allez comprendre de quel bois je me chauffe. Et pour votre gouverne, sachez que c'est moi l'imbécile quiait choisi le lieu du campement.
-Ah oui ? Ben je l'aurais parié.
Le major exaspéré attrapa le canadien par le col de sa veste.
-Vous allez vraiment la fermer maintenant McKay. Vous n'êtes qu'un égocentrique présomptueux et capricieux qui se prend pour le centre de l'univers !
Le scientifique se dégagea brusquement. Ses yeux lançaient des éclairs.
Il s'engagea sur le petit chemin naturel qui descendait à la minuscule plage de galets.
-Je vous laisse entre incapables. C'est pas facile d'être entouré d'incompétents ! jeta t'il au major en dévalant la pente.
Cette fois-ci, c'en était trop. Le major s'engagea lui aussi sur le sentier à la poursuite du scientifique avec l'intention ferme de lui dire sa façon de penser et de mettre les points sur les i.
Il le trouva sur la plage, pâle et tremblant, adossé à la falaise.
-McKay ! John s'approcha dans une colère noire et s'arrêta à un mètre du scientifique.
Il ouvrit la bouche et la seconde suivante un même élan les avait jeté l'un contre l'autre, s'empoignant, les bouches soudées, les langues se cherchant avec passion et frénésie. Les mains de Rodney serrèrent avec violence les fesses du major alors que les doigts de celui-ci s'enfonçaient brutalement dans le dos du scientifique, palpant, cherchant fiévreusement sous les vêtements, descendant plus bas et empoignant la chair chaude des fesses, le plaquant durement contre lui. Les sexes en érection se frottèrent l'un contre l'autre avec force à travers les pantalons. Les corps se tendirent sous le même désir.
Puis aussi rapidement qu'ils étaient tombés dans les bras l'un de l'autre, ils se repoussèrent brusquement.
La force et la violence de l'étreinte les laissa hors d'haleine, les yeux brûlants, le refus au bout des lèvres :
-Non !Non ! Non ! Non !
Des mots qu'ils s'envoyaient comme un leitmotiv et qui exprimaient le rejet, la négation de leurs envies.
Les yeux dans les yeux, tremblants, ils se guettaient, redoutant et désirant un nouveau contact, cherchant dans le regard de l'autre, fascinés et rebutés par cette invraisemblable attirance qui les poussait l'un vers l'autre.
-Docteur McKay ! Docteur McKay ?
Le charme se brisa. Les deux hommes tournèrent la tête en direction de la voix.
Calvin Kavanaugh venait de déboucher sur la petite plage et s'arrêta, indécis. Manifestement il venait de se passer quelque chose entre le major Sheppard et McKay. L'atmosphère était électrique. Il sentait nettement une forte tension entre les deux hommes. Ils étaient manifestement troublés. C'était même un euphémisme ! On aurait dit qu'ils étaient en train de…
Kavanaugh chassa cette étrange pensée de sa tête. Mais non, c'était impossible ! D'ailleurs les deux hommes s'étaient éloignés en pleine querelle !
-Oui, Calvin ?
McKay reprenait ses esprits.
-C'est le sonar, docteur. Il est opérationnel. En fait, il n'a subi aucune avarie. Il a juste effectué un vol plané !
La plaisanterie les dérida un peu.
-J'arrive Calvin.
Kavanaugh hocha la tête et entreprit de remonter au campement.
John et Rodney se regardèrent puis détournèrent les yeux, gênés.
-Bon, il faut y retourner maintenant.
Le major acquiesça et suivit le scientifique sur le petit sentier.
