11 ) Enlèvement

L'après-midi touchait à sa fin. L'ombre des arbres en fleurs s'étirait lentement en longues taches brunes sur l'herbe de la prairie.

-Ca y est, c'est ça, impossible que ce soit autre chose !

Les images sur l'écran indiquaient nettement une cavité au cœur de la roche aux contours trop rectilignes pour être l'œuvre de la nature.

Kavanaugh se pencha pour observer :

-Nous étions dans l'erreur dès le début. Heureusement que nous avons envoyé les films au docteur Zelenka ! Nous n'avons plus qu'à percer et trouver l'E2PZ.

En effet, les ordinateurs de la cité avaient rapidement traité les données transmises par McKay et décodé avec facilité les inscriptions gravées sur la roche. Et l'une d'elles indiquait un point précis dans la falaise.

-En fait, répondit McKay, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un E2PZ, réfléchissez, Kavanaugh, nous l'aurions localisé immédiatement alors que ce qui est là dessous produit un rayonnement tellement puissant qu'il est impossible d'en localiser la source même. Il ne nous reste plus qu'à espérer qu'il se trouve là, répondit pensivement le scientifique désignant la cavité sur l'écran.

Il sourit. Il était vraiment un génie et une fois de plus, il avait certainement mis dans le mille.

Il se redressa et son regard croisa celui du major. Il détourna les yeux, gêné.

-Il faut descendre la foreuse sur la plage. D'ici un moment, je vous transmettrais les coordonnées et vous pourrez commencer à percer.

Il se pencha sur l'ordinateur et ses longs doigts agiles s'activèrent sur le clavier.

Le major Sheppard s'avança :

-Dites, McKay, vous ne vous demandez pas pourquoi quelqu'un a pris la peine d'enfouir ce.. enfin, cette source d'énergie ou bien quoi que ça puisse être dans la roche ?

-Major, si nous nous posions toujours ce genre de question, nous n'avancerions pas. Maintenant..hum..j'ai du travail, vous savez.

Cela s'appelait se faire envoyer balader. John Sheppard n'insista pas et s'éloigna. Il s'appuya à un arbre et observa le scientifique.

Ses pensées revinrent une fois de plus à ce qui s'était passé le matin sur la plage. A cet incroyable élan qui les avait jeté dans les bras l'un de l'autre. Mon Dieu, comme il avait eu envie de McKay à ce moment là ! Dans un éclair il se rappela leurs sexes se cherchant ardemment sous les tissus des pantalons.

Mauvais plan, il fallait penser à autre chose.

Mais que lui arrivait-il ? Les rêves et puis ça maintenant ? A quand cela remontait-il ? Peut-être aux événements de PLN991. Peut-être avant. Et si les événements en question avaient été l'élément déclencheur ? Et alors, cela impliquerait qu'Elisabeth aurait eu raison. Il s'en serait pris à Kavanaugh parce qu'il s'agissait de McKay. Il aurait eu peur de le perdre. Il le revit, étendu dans son sang et se souvint qu'à cette seconde il avait été terrifié. Il avait littéralement perdu la tête.

Oui, mais problème : Il était un homme. Un vrai, lui. Fort, viril. Il ne comptait plus le nombre de femmes avec lesquelles il avait couché depuis ses dix-huit ans. Et il n'y avait pas de doutes là-dessus : Il avait su leur donner du plaisir et il en avait pris lui aussi.

En résumé, il n'était pas un pédé. Hum… Le major Sheppard qui était tout de même un homme prévoyant et avisé, décida à ce moment là d'employer le terme d'homosexuel. Juste au cas où…

Et McKay, qu'en pensait-il, lui ? Après tout, il n'était pas en reste ce matin. Il fallait voir comme il bandait lui aussi. Et comme il l'avait empoigné ! Le major avait des bleus sur les fesses et évitait de s'asseoir.

Oui, pourquoi ne pas aller en discuter avec le deuxième concerné qui l'évitait avec soin depuis le matin ?

-Rodney ?

Il s'accroupit près du scientifique et posa une main sur son dos provoquant un petit gémissement de douleur.

Le major regarda à droite et à gauche et avant que Rodney ait pu l'en empêcher, il lui souleva le tee-shirt, dévoilant son dos.

-Merde !

Les doigts de John avaient laissé des bleus qui commençaient à virer au noir sur la peau tendre et pâle.

-Vous êtes une brute, major Sheppard !

-Vous voulez voir mes fesses, McKay ? Depuis ce matin j'évite de m'asseoir. Vous n'avez pas trop modéré vos ardeurs vous non plus, il me semble ?

Le scientifique rougit violemment.

-Major, nous devrions oublier cet incident. Cela ne sert à rien d'en parler plus. Je vous propose de faire comme s'il ne s'était rien passé. Voilà tout. C'est simple !

-Si c'est ce que vous croyez, McKay, c'est comme vous voulez, rétorqua John d'un ton dubitatif. Alors est-ce que vous pouvez m'expliquer où vous en êtes ?

Il se pencha à son tour sur l'écran.

McKay ressentait de toutes les fibres de son corps la proximité du major. Jusqu'à présent, il n'avait jamais prêté attention à son odeur, à la chaleur qui émanait de lui. Il ressentit une envie subite de le toucher, de sentir sa peau sur la sienne, ses lèvres…Mais il était fou, à quoi pensait-il ! Il pensait à un homme ! Comme si cela ne suffisait pas ce matin. Comme il avait eu envie du major ! Leurs langues qui s'étaient mêlées, sauvagement, leurs sexes qui..Mince, il commençait à avoir une érection. Stop, McKay arrête ça. Tout de suite ! s'intima t'il.

Après tout, c'était lui même qui avait suggéré d'oublier tout ça, alors..

Il se redressa, sentant le regard intrigué du major sur lui.

-Euh, je vais porter ces relevés en bas.

Il s'engagea sur le petit chemin de la plage pour la seconde fois de la journée.

Une demi-heure plus tard la foreuse secondée par une petite excavatrice était en action. Avant que la nuit ne tombe, elle avait déjà avancé de cinq mètres dans la roche. McKay trépignait comme un gamin. Finalement, John lui prit le bras.

-Allez, Rodney, c'est fini pour ce soir, on va manger et dodo !

Le scientifique se laissa faire. Il mangèrent dans une ambiance assez détendue. A la grande surprise de McKay, John se montra plutôt aimable avec Kavanaugh et visiblement celui-ci avait de la peine à s'y faire. Il finit par se lever et s'éloigna, laissant les deux hommes seuls.

Rodney sourit :

-Comment se fait-il major, que votre attitude envers Kavanaugh ait changé, tout à coup ?

-Vous savez, McKay, parfois on peut reconnaître ses erreurs, ça arrive, je vous assure, insista t'il, taquinant le scientifique.

La discussion se poursuivit et le major Sheppard, heureux de partager de nouveau un moment détendu avec son ami commit une erreur. Il négligea d'organiser dès la tombée de la nuit les tours de garde.

Calvin Kavanaugh s'était éloigné du camp. Il avait besoin de réfléchir un peu. Ce soir, il se sentait mieux qu'il ne l'avait été depuis plus d'un mois. Peut-être y avait-il finalement un espoir pour lui.

Il n'entendit pas son assaillant s'approcher. Une main se plaqua sur sa bouche et une vive douleur lui traversa la tête.

John Sheppard et Rodney McKay, allongés dans leurs duvets se souhaitèrent une bonne nuit. L'un et l'autre se sentaient mieux.

John avait posté les sentinelles et ils avaient rejoint leur tente fatigués mais heureux. Ils restèrent un moment à se regarder, sans parler puis ils se sourirent, fermèrent les yeux et s'endormirent.

A quelques kilomètres de là, Calvin Kavanaugh se réveillait péniblement. Sa main rencontra un sol dur et froid. Il ouvrit les yeux avec peine. La douleur lui vrillait le crâne.

Il distingua une mince silhouette assise en tailleur devant lui qui l'observait.

-Alors Calvin, tu te réveilles ? Tant mieux parce que nous devons avoir une discussion tous les deux. Je suis sure que tu as plein de choses passionnantes à me raconter.

Kavanaugh reprit d'un coup ses esprits Il venait de reconnaître la personne qui se trouvait devant lui et cela n'augurait rien de bon.