12) Kavanaugh

-Sora !

-Et oui, Calvin, comme on se retrouve ! Dis, tu étais plus heureux de me voir sur Atlantis !

-Sora, que fais-tu là et où suis-je ?

-Tu veux savoir où tu es ? Et bien tu te trouves présentement dans une galerie souterraine à quelques kilomètres seulement de ton campement. Et ce que je fais là ? Sora eut une petite moue ironique, non, ce n'est pas la bonne question. La véritable question est de savoir ce que vous, vous faites là, sur Méridan.

-Méridan ?

-C'est le nom de cette planète. Nous la connaissons bien. Elle est truffée de souterrains et de grottes. Nous pensons y établir une colonie. Souterraine, bien sûr. Nous effectuions justement une mission de reconnaissance et quelle n'a pas été notre surprise quand nous avons repéré un de vos jumper qui survolait la falaise aux inscriptions puis ensuite vous voir débarquer avec tout ce matériel..Alors, maintenant, Calvin, dis moi pourquoi. Que cherchez-vous ? Nous vous observons et tu imagines que nous nous posons bien des questions. Depuis votre arrivée, nous ne perdons rien de vos faits et gestes. Elle eut un petit sourire : D'ailleurs, j'ai vu des choses que tu ne pourrais pas même pas imaginer entre Sheppard et le docteur McKay.

Kavanaugh garda les lèvres serrées.

-Allons, Calvin, je sais que tu n'es pas heureux. L'autre soir j'ai effectué une petite visite au campement et j'ai pu t'observer au bord de la falaise. Tu pleurais comme un bébé. Il ne sont pas très gentils avec toi sur Atlantis, hein ?

-Ce ne sont pas tes affaires, laisse-moi tranquille, répondit le scientifique d'un ton mal assuré.

-Tu n'as pas toujours dis ça, susurra la génii dans le creux de son oreille. Sa main glissa sous le tee-shirt bleu. Tu veux qu'on recommence comme sur Atlantis ? La main se promena, effleurant les mamelons, puis descendit plus bas et s'infiltra dans le pantalon. Tu m'as manqué, tu sais.

Kavanaugh eut de la peine à respirer. Il tenta de se dégager. Peine perdue, Sora insista, se saisissant de son sexe.

-Calvin, murmura t'elle d'une voix rauque, je t'en prie, Raconte moi tout.

Kavanaugh reprit ses esprits. Sora était folle. Complètement cinglée.

-Laisse-moi, je n'ai plus envie de toi !

La genii se redressa d'un bond. Un éclair de rage et de frustration traversa son regard et Kavanaugh eut tout à coup très peur.

Elle leva le bras et gifla à toute volée son ancien amant.

-Personne ne me rejette, siffla t'elle. J'ai essayé d'être gentille avec toi mais si tu ne veux pas me parler, quelqu'un d'autre saura bien t'y obliger !

-Ah, je vois que j'arrive à point, s'exclama une voix grave. On dirait que Sora a quelques difficultés pour vous convaincre, docteur Kavanaugh.

Calvin ouvrit des yeux terrifiés et tenta de reculer vers le mur.

Le nouveau venu eut un petit sourire amusé.

-Pitoyable, lâcha t'il.

Le scientifique se mit à trembler.

Kolya fondit sur lui.

Ooooooooooooooo

Quand Kavanaugh émergea de l'inconscience, il se trouvait seul dans le souterrain. Tout son corps n'était que souffrance. Une forte douleur irradiait de son poignet gauche. Il se souvint que Kolya l'avait serré, serré, et finalement il avait entendu un craquement. C'était à ce moment là qu'il avait dû s'évanouir parce qu'il ne se souvenait de rien après. La douleur puis le néant. Il sentit un liquide chaud et gluant couler de son nez et de sa tête. Il s'essuya avec son tee-shirt et palpa le sol à la recherche de ses lunettes. Après quelques tâtonnements il finit par mettre la main dessus et les ajusta. Ses yeux commencèrent à s'accoutumer à la semi obscurité. Il essaya de réfléchir malgré la douleur. Bon, il avait été passé a tabac par le chef des genii. Deux fois en moins de deux mois mais cette fois-ci, c'était quelque chose ! Il ne se rappelait pas avoir autant souffert de toute sa vie. Mais, mais..il n'avait pas parlé. Il en était pratiquement sûr même s'il avait l'esprit un peu embrouillé. Bien sûr, s'il ne s'était pas évanoui, il aurait sûrement fini par lâcher le morceau mais là il n'avait rien révélé.

-Je n'ai rien dit. Il avait parlé tout haut et sa voix résonna dans le souterrain. Il sursauta.

Puis le désespoir s'abattit sur lui comme une vague. Jamais il ne sortirait d'ici. C'était fini. Il allait mourir seul sur cette planète perdue dans une galaxie si loin de la Terre et personne ne le regretterait.

Il se revit enfant, dans les grandes plaines. Le presbytère où ils habitaient. Son père, le pasteur de la petite communauté, stupide, borné et fanatique, d'une sévérité sans nom, toujours fourré dans sa bible, exigeant de ses enfants qu'ils soient des exemples de vertu pour tous. Les châtiant au besoin à l'aide d'une badine qu'il bénissait avant et après chaque utilisation. Sa mère, douce et craintive, pauvre créature effacée. Un jour le frère de Calvin s'était fait surprendre en train de se livrer à quelques plaisir solitaire et le vieux avait voulu extirper le démon qui était en lui à l'aide de sa badine. L'adolescent l'avait arrachée des mains paternelles et avait administré à son père une dérouillée de première. Puis il s'était enfuit. De voir son père ainsi frappé et humilié pleurant à plat ventre dans la terre sèche et se donnant en spectacle de façon si pitoyable avait donné une grande satisfaction à Calvin. Il se jura que lui, il deviendrait quelqu'un, loin de ce pays de ploucs et de tarés. Il était d'une intelligence supérieure et réussissait dans ses études. Il se tourna vers la science tout d'abord afin de défier son père puis il se prit au jeu. Il cacha avec soin ses origines à ses condisciples et adopta une attitude hautaine et prétentieuse. Il n'avait guère d'amis. Il était brillant mais méprisant.

Calvin Kavanaugh ne fréquentait que des personnes qui pouvaient être utile à son ascension professionnelle et à ses ambitions. Il ne fréquentait que des femmes qui cherchaient de brèves aventures sans lendemain et cela lui convenait très bien Il n'avait aucunement l'intention de s'attacher à qui que ce soit. Et la grande chance de sa vie, celle qu'il attendait depuis toujours était arrivée : Atlantis.

Pour se rendre compte que dans cet univers clos, sa façon d'être, son attitude l'isolaient et créaient surtout beaucoup d'hostilité à son égard. Et le patron, l'homme important, le génie, c'était McKay. Mais pourquoi les innombrables défauts de McKay étaient-ils acceptés comme faisant partie intégrante de sa personnalité et qu'il n'en était pas de même pour lui ? Rancœur, jalousie, haine, il était passé par toutes sortes de sentiments jusqu'aux évènements de PLN991 où là il avait perdu le peu de respect qu'il avait encore envers lui-même.

Et maintenant, il était là, tout seul en train de crever dans un souterrain.

Crever ? Il fronça les sourcils. Mais non, il était encore vivant et en train de s'apitoyer sur lui-même. Du vrai Kavanaugh, quoi ! Il respira profondément et prit la décision de tenir le coup et de continuer à vivre.