13) La gifle

-Mais où est Kavanaugh, où est donc passé ce foutu scientifique ? cria le major Sheppard. Ca fait deux heures qu'on le cherche. Il s'est fait la belle où quoi ?

-Dites major, et s'il lui était arrivé quelque chose, vous y pensez à ça ? Suggéra le scientifique agacé par les cris du major.

-Et qu'est-ce que vous voulez qu'il lui soit arrivé, hein ? et quand je pense que j'ai presque failli le trouver sympathique hier au soir ! En plus, finalement je ne m'étais pas trompé sur son compte, ajouta t'il avec une mauvaise foi évidente.

-Major, s'exclama le scientifique outré, comment pouvez-vous dire cela !

-Ah oui, et vous à quoi vous jouez avec Kavanaugh ? Au grand McKay miséricordieux, celui qui pardonne à tour de bras !

La gifle partit, brutale et violente. Le major Sheppard, interdit, porta la main à sa joue brûlante. Un petit filet de sang coulait de son nez. Tout son corps se ramassa et McKay eut à cet instant le sentiment que le militaire se préparait à bondir.

-Major, balbutia t'il désemparé par son propre geste, major..Il porta la main vers le visage du militaire. Ce dernier s'en saisit et la serra avec force.

-McKay, siffla t'il.

-Major, je vous en prie, je ne voulais pas..

Sheppard essaya de se contrôler. Un autre que le scientifique serait déjà étendu au sol après avoir pris la dégelée de sa vie pour avoir fait ça.

Mais pas McKay.

Non, il ne pouvait pas.

Il lâcha la main du scientifique, serra les poings et se mit à trembler, les larmes aux yeux.

-Major, je ne voulais pas, répéta Rodney. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je ne voulais pas.

John Sheppard, blême de rage le dévisagea un instant puis il le saisit sans douceur par le col et le plaqua contre un arbre. Il approcha la tête. Les yeux noisettes plongèrent dans les yeux bleus. Le scientifique pouvait sentir son souffle sur ses lèvres.

Partagé entre la fascination et la peur, le scientifique se débattit.

-Non major, non !

Le major le lâcha brusquement et s'enfuit dans la prairie. Il disparut derrière le rideau d' arbres en fleurs.

McKay resta pétrifié. Il contempla sa main qui le cuisait encore un peu.

-Mais pourquoi j'ai fait ça moi ? mais qu'est-ce qui m'a pris ?

Il se laissa tomber sur un rocher et se prit la tête dans les mains. Mais pourquoi avait-il fait cela ? Ça ne lui ressemblait pas du tout. En fait, il avait giflé le major parce qu'il lui en voulait. Voilà. Et la vérité était qu'il lui en voulait non pas à cause de ses accusations à propos de Kavanaugh. Non, il en voulait au major parce que ce dernier lui avait révélé sans le vouloir des désirs et sentiments qui lui étaient étrangers et qui lui faisaient peur. La vérité était qu'il désirait Sheppard. Avec une force qu'il n'avait jamais connue jusqu'à présent. Il le voulait sur lui, en lui. Ses lèvres sur sa peau, ses mains sur son corps..

Cela lui était inconnu et il ne savait pas comment le gérer. Il avait du mal à assumer ses désirs et ses sentiments envers le major.

Il n'y avait aucune logique dans tout cela. Rien de familier à quoi se raccrocher.

En frappant Sheppard, il avait exprimé sa peur, sa frustration, son désarroi.

Le major ne lui pardonnerait jamais. Il en était sûr.

-Docteur McKay ? Un jeune sergent déboucha du petit chemin de la falaise, un peu essoufflé.

-Oui, vous avez des nouvelles du docteur Kavanaugh ?

-Non, une équipe est partie à sa recherche. Je voulais vous parler de la foreuse. Elle vient de rencontrer une cavité assez importante, il me semble.

-Une cavité, déjà ? le scientifique resta songeur.

Puis il sut ce qu'il allait faire.