17) L'attaque
La première sensation qu'éprouva Calvin Kavanaugh à son réveil fut celle d'un poids qui lui comprimait la poitrine. Le garde genii qu'il avait assommé était couché au travers de son corps. Il se dégagea avec peine et se mit à genoux. Une quinte de toux le prit et il eut l'impression que sa poitrine se déchirait. Il avait sûrement quelques côtes fêlées.
Il arrangea de nouveau l'attelle sur son poignet quand il s'aperçut avec écoeurement que son tee-shirt était maculé de sang. Des résidus grisâtres mêlés d'éclats d'os y étaient restés collés. Il eut un hoquet et se mit à vomir.
Cela allait mieux.
Première chose à faire : nettoyer tout ça. Il essayer d'en enlever le maximum avec une poignée d'herbe. Impossible d'ôter le pull à cause de l'attelle. Il s'examina. La terre séchée et le sang coagulé avaient formé des croûtes et de longues traînées brunâtres sur ses bras et ses vêtements. Sous son pull, son ventre et sa poitrine étaient couverts de bleus. Souvenir de Kolya. Il en était de même pour les jambes et en plus il s'était pissé dessus. Il en fut profondément mortifié. Mais de toute façon, avec tout ce sang, qui s'en apercevrait ?
A cette pensée il éclata d'un rire hystérique. Comme s'il allait croiser quelqu'un ! Il se trouvait sur une planète qui n'était pas habitée perdue au fond de la galaxie de Pégase et il se souciait de ce que les gens pouvaient penser de sa tenue !
Il riait et pleurait en même temps et le bruit de ses sanglots s'élevait dans l'air léger. Calvin eut conscience du silence qui l'entourait, hormis le fracas des vagues qui venaient se briser sur les rochers plus bas et il se calma d'un coup.
-Ca va mieux.
Le son de sa propre voix le réconforta. Il se pencha avec dégoût sur le cadavre du garde dont les yeux vitreux étaient tournés vers le ciel et se saisit de son arme.
A ce moment là seulement Kavanaugh réalisa qu'il venait de tuer un homme. Mais il n'en éprouva aucun remord. Il n'avait pas eut le choix. Le scientifique reporta son attention sur l'arme du genii. Un fusil à trois canons. Ok, il n'était pas familier des armes mais il saurait bien se débrouiller au cas où. Il se releva et s'aperçut qu'il ne trouvait pas si loin de la falaise. En fait, une large baie les séparait et il pouvait nettement apercevoir la grande muraille s'élever au-dessus de l'océan.
La vue était dégagée et les genii n'avaient dû avoir aucun problème pour les espionner.
Il saisit l'arme de sa main valide et marcha avec difficulté dans la direction du campement. Il progressait lentement. La douleur vrillait ses côtes, son bras était en feu, la tête lui tournait et il devait faire d'incessants efforts de volonté pour avancer. L'envie le prit de s'arrêter, de s'allonger là sur l'herbe fraîche. Fermer les yeux et tout oublier.
C'est à ce moment là qu'il entendit les premiers coups de feu.
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John Sheppard, le corps emmêlé avec celui de son amant dans un moment de repos réfléchissait. Sa vie venait de basculer. Irrémédiablement. Il y avait le major Sheppard qui était entré dans le souterrain, fou d'angoisse pour un homme dont il était amoureux même s'il essayait encore de se persuader du contraire. Cet homme là savait où il en était , qui il était : John Sheppard, major dans l'armée de l'air des Etats Unis. Séducteur, viril, fort de ses succès avec les femmes. Il aimait par dessus tout voler. Amateur de football américain, de fêtes foraines, de tartes aux pommes et de pop corn. Fidèle en amitié, ayant le sens des responsabilités et plein d'autres choses encore.
Bien sûr, pour une grande partie de tout cela, ça ne changerait rien. Mais il sentait un bouleversement en lui. Oui, sa vie venait de changer et jamais, au grand jamais il n'aurait imaginé que ses sentiments prendraient une telle orientation. Nom de dieu, mais qu'allait-il se passer maintenant ?
Il avait une liaison homosexuelle. Plus qu'une liaison même. Mince, il « en était »! Il n'en revenait pas !
Mais il ne pouvait pas revenir en arrière. Rodney McKay faisait désormais partie de sa vie. Ca allait être compliqué et pas de tout repos. Alors là, pas du tout. Avec les caractères qu'ils avaient tous les deux, cela allait même être parfois explosif !
Oui il y aurait des difficultés et pas des moindres. Mais en contrepartie il aimait et était aimé.
A partir de cet instant John Sheppard n'imagina plus sa vie sans Rodney McKay.
Le major regarda son amant. Celui-ci les yeux dans le vague était pensif. Sans doute se posait-il des questions lui aussi. Est-ce que ce serait plus facile pour lui ? Peut-être sous certains aspects. John ne savait pas trop mais on ne demandait pas à un scientifique de donner de lui l'image d'un homme fort, macho et viril. Rodney était toujours perdu dans ses pensées quand un horrible doute traversa l'esprit de John. Il se redressa sur les genoux et attrapa brusquement le scientifique, le forçant à le regarder dans les yeux :
-Dis Rodney, tu m'aimes,hein ? dis-le ! cria t'il.
Le scientifique le dévisagea avec stupeur. Mais qu'arrivait-il au major ? Il croyait peut-être qu'il s'envoyait en l'air avec le premier venu pour passer le temps ? Mais quels crétins ces militaires ! Mais il se radoucit en décelant l'angoisse dans les yeux de son amoureux. Pourquoi John doutait-il subitement de ses sentiments à lui ? Il comprit que ce dernier devait ressentir une certaine insécurité et qu'il avait besoin d'être conforté, rassuré. Il avait donné son cœur et il avait encore peur de ne pas être payé en retour.
Il prit son amoureux dans ses bras et l'embrassa passionnément.
-Je t'aime, John, n'en doute plus.
Et ils se perdirent de nouveau l'un dans l'autre.
Ooooooooooooooo
Calvin Kavanaugh s'arreta stupéfait. C'était bien des coups de feu et ils venaient du campement. Il s'approcha au maximum. Pas besoin d'être devin pour deviner ce qui se passait : Kolya et ses hommes avaient attaqué. Il s'allongea derrière une butte et observa. Les genii étaient supérieurs en nombre et ils n'eurent aucune difficulté à maîtriser les militaires.
Calvin reconnut Sora et son cœur se serra. Sur Atlantis, ils avaient été amants. Est-ce que Sora l'avait utilisé là-bas ? Elle le questionnait souvent sur son travail et il n'avait pas été avare de renseignements, flatté que la jeune et jolie genii s'intéresse à lui.
Il la vit descendre le petit chemin de la plage.
Le vent soufflait en direction du scientifique et ce dernier entendait nettement les voix qui parvenaient jusqu'à lui.
Les atlantes étaient alignés et Kolya marchait de long en large. Il fulminait.
-Où sont Sheppard et McKay ? hurla t'il.
Silence.
Il brandit sa mitraillette et désigna un jeune sergent.
-Celui là.
Le militaire n'eut pas le temps de comprendre. Il fut placé au bord de la falaise et une rafale le faucha. Il disparut dans le vide.
Kavanaugh retint une exclamation d'horreur.
-A qui le tour maintenant ?
Kolya eut un sourire sadique.
-Celle là, tiens !
La militaire fut traînée au bord de la falaise. Elle tenta de se débattre. En vain. Kolya visa.
-Attendez !
Sora venait de surgir du chemin.
-Ils sont sûrement en bas. Ils ont percé une galerie dans la roche.
-C'est vrai ? demanda Kolya à un soldat aligné, l'arme toujours pointée sur la jeune militaire.
Celui-ci acquiesça.
-Alors, juste pour le plaisir.
Il tira.
