18) Devant la porte

Le major Sheppard, indécis, interrogea McKay du regard. Le scientifique s'engagea sans aucune hésitation dans le tunnel qui prolongeait la petite salle où ils s'étaient aimés. Les lampes n'étaient plus nécessaires. La lueur verte émanait toujours le long des murs, douce et phosphorescente donnant au souterrain une allure fantomatique.

Rodney avait le pressentiment qu'ils approchaient du but. Un vague sourire flottait sur ses lèvres.

Il était heureux.

Comme le vent avait tourné ! Il y avait de cela quelques heures, il errait seul et désespéré, persuadé d'avoir perdu celui qu'il aimait et maintenant…

Il sourit et regarda son amant.

Maintenant ils étaient deux.

Ca lui faisait tout de même un drôle d'effet. Il était l'amant d'un homme. Comme cela avait été bon de faire l'amour avec John ! Il n'avait jamais ressenti autant de plaisir et d'amour dans toute sa vie. Il aimait un homme. Il allait bien finir par s'y habituer. Rodney n'irait pas jusqu'à penser que cela allait être facile. Il faudrait compter sur les autres bien qu'ils aient décidé pour l'instant de rester discrets sur leur relation. Ils avanceraient pas à pas et ils verraient bien. De toute façon, l'avenir était si incertain. Sur Atlantis, encore moins qu'ailleurs, personne ne pouvait augurer de l'avenir.

Oui, il y aurait certainement pas mal de difficultés. Et puis ils n'avaient ni l'un ni l'autre des caractères accommodants et John avait un peu trop tendance à être dominateur. Il aimait commander, pas de doute. Soit, quand ils seraient en mission, cela ne poserait pas de problèmes mais dans l'intimité…Rodney sourit. Ils y arriveraient bien s'ils y mettaient tous les deux du leur. Surtout John, pensa t'il avec la mauvaise foi qui le caractérisait.

Ca promettait.

Il en était là dans ses pensées quand il stoppa, stupéfait. Le souterrain s'arrêtait à cet endroit. Plus d'issue, rien qu'une immense porte qui obstruait complètement le tunnel.

Rodney la parcourut méthodiquement. La porte était désespérément lisse. Il finit par remarquer un petit cercle ciselé dans la paroi et posa la main dessus.

Rien.

Mais c'était dingue, il devait bien y avoir un moyen. Les portes c'est fait pour s'ouvrir, n'est-ce- pas ? Le scientifique fulminait. Il n'aimait pas qu'on lui résiste. Même les portes devaient s'ouvrir quand il le désirait. Il n'avait pas de temps à perdre avec ça. Les anciens eux-mêmes devaient bien entrer et sortir, non ?

Les anciens !

-John, pose ta main là, dans le cercle, intima t'il à son amant.

Le major ne sentait pas trop bien d'un coup. C'était comme un pressentiment. Un signal de danger qui vrillait dans sa tête. Il ressentait un vague malaise et avait le sentiment absolument irrationnel, il en convenait lui-même, qu'il valait mieux laisser cette porte fermée, prendre Rodney par la main et partir avant qu'il ne soit trop tard. Ouvrir cette porte pourrait très bien les conduire à la catastrophe.

-Rodney, écoute moi. Tu ne te demandes pas pourquoi les anciens ont enfermé une source d'énergie au cœur d'une falaise, sur une planète perdue et inhabitée au fin fond de la galaxie ? Ca ne te semble pas étrange, à toi ?

-Non John, répondit le scientifique en pinçant les lèvres. Les anciens avaient certainement leurs raisons, je te l'accorde. Mais si tu n'ouvres pas cette porte, nous ne saurons jamais de quoi il s'agit.

Et puis d'ailleurs, comment peux-tu affirmer que cette planète était inhabitée ? La topologie des lieux a changé en dix mille ans et il y a peut-être des traces de civilisation à quelque part. Nous n'avons pas effectué de fouilles que je sache ? Ajouta t'il avec une mauvaise foi évidente. D'ailleurs nous avons tous vu les inscriptions sur la falaise.

-Et si justement il s'agissait d'avertissements ? Et si on ouvrait la boite de Pandore ? Rodney, j'ai un mauvais pressentiment à propos de cet endroit.

-John ! s'écria le scientifique excédé, avec des gens comme toi, nous en serions encore à nous demander si la Terre est ronde. Figure toi que nous les scientifiques nous avons besoin d'avancer et souvent, il faut prendre des risques pour cela. Tu le sais parfaitement bien, alors ouvre cette porte !

Le major dévisagea longuement son amant et soupira.

-OK.

Il posa sa paume à l'intérieur du cercle et la porte coulissa de bas en haut.

Les deux hommes restèrent confondus devant la vision qui s'offrait à eux.