Tout d'abord, merci à tous ceux et celles qui m'ont envoyé un petit mot. Je n'ai pas le temps de répondre aux reviews et, de toute façon, je crois que ce n'est plus permis réellement sur ce site. Enfin, sachez seulement que chacune d'elle m'a emplie de joie. J'en avais besoin, ces derniers temps. Merci. Voilà la suite que plusieurs demandaient. J'essaie d'écrire ces temps-ci mais ca n'avance pas beaucoup. Les examens, vous savez... J'ai hâte aux vacances et je doute d'être la seule !

Merci encore et bonne lecture. J'espère que vous apprécierez.


Chapitre 1

My life is brillant

J'abaissai le miroir dissimulé dans le plafonnier et jetai un énième coup d'oeil à mon reflet. Costume noir impeccable et chemise menthe. La vendeuse de la boutique avait dit que ça faisait ressortir mes yeux et était du plus bel effet. J'avais sorti mon carnet de chèques en acquiesçant machinalement. Je me moquais de la couleur de ce que je portais. Mais d'après certain, une bonne allure pouvait influencer le jugement de l'interlocuteur. Je pouvais difficilement cracher sur un point qui pouvait jouer en ma faveur.

Ma peau était hâlée bien que je ne prenne jamais de vacances au soleil. La plupart de mes conseillers, de même que leurs assistantes ou secrétaires, pensaient que j'allais au salon de bronzage. Je rétorquais à leurs questions que je n'avais pas le temps pour des platitudes de ce genre.

Et c'était vrai.

Comme toujours, j'avais passé une heure sur ma coiffure. Le résultat ne transparaissait nullement. J'avais l'air de sortir du lit et mes yeux cernés ne portaient pas à croire le contraire. Ces derniers temps, je carburais au café, passant la majeure partie de la nuit, lorsque je rentrais chez moi, à lire des dossiers absolument ennuyants mais essentiels. La firme que je dirigeais était sur une grosse affaire et je ne pouvais pas me permettre de tout faire foirer par une méconnaissance du projets.

Je resserrai machinalement le noeud de ma cravate pour finalement l'enlever et la lancer sur le siège de la limousine. Assise devant moi, mon associée me jeta un coup d'oeil amusé.

- Détends-toi un peu, Harry.

- Je voudrais bien t'y voir, Gin', grommelai-je en rangeant le miroir et en saisissant le verre de bourbon qui traînait dans un socle intégré à ma portière. Le conseil me tuera si manque mon coup.

- Tu ne manqueras rien du tout, d'accord ? fit-elle.

Dans son tailleur gris anthracite, elle était absolument magnifique. Ses longs cheveux cuivrés étaient lâches sur ses épaules et leurs ondulations avaient quelque chose de sensuel. Elle ne manquerait pas d'attirer les regards des hommes ce soir. Le charme et la détermination. La femme parfaite, à bien des égards. Le genre de femme qui vous ensorcelle et vous faisait sourire idiotement pour un rien seulement lorsqu'elle adressait un signe quelconque. Nous avions été fiancés, quelques années plus tôt. J'avais cru l'aimer. J'avais voulu le faire.

Mais ça ne marchait pas comme ça.

Elle se pencha vers moi, me confisqua l'alcool et prit mes mains dans les siennes, me souriant gentiment.

- Tu sais ce que tu as à faire et tu le feras bien, reprit-elle d'un ton sûr. Tu es le meilleur. Tu n'as plus à faire tes preuves.

Je lui souris pour la remercier. Elle avait raison, après tout. Je dirigeais cette compagnie depuis plus de cinq ans maintenant. J'avais à peine 18 ans lorsque j'avais fait valoir mes droits sur le groupe que présidait pour l'instant un conseil d'administration trop véreux à mon goût. Je ne supportais pas l'idée de vivre dans le luxe alors que l'entreprise qu'avaient mise sur pied toute une lignée de Potter avant moi devenait de plus en plus louche. Je n'avais pas l'intention de perdre pour des bêtises la seule véritable chose qu'il me restait de mes parents.

J'avais passé mon enfance chez la soeur de ma mère, une femme crapuleuse qui m'avait, selon ses dires, sorti du pétrin alors qu'on allait m'envoyer à l'orphelinat lorsque mes parents, des chômeurs aussi pitoyables que moi, avaient péri dans un bête accident de voiture. Pendant dix ans, j'ai vécu l'enfer avec eux. Et puis le jour de mes onze ans, un vieil homme était venu toquer à la porte du 4, Privet Drive, avec des papiers stipulants que je devais le suivre avec toutes mes affaires.

À l'époque, je n'avais pas compris la soudaine véhémence de ma tante qui criait, voire hurlait, que jamais je ne quitterais cette maison maudite parce que je faisais partie de leur famille, maintenant. Dumbledore, qui se disait l'avocat londonien de mes défunts parents, m'avait alors demandé si je préférais rester avec les Dursley. Il m'offrait le choix.

Et je suis parti avec lui, ma main se perdant dans la sienne et un petit sac contenant mes maigres effets personnels dans l'autre.

Il m'avait alors appris que mes parents avaient été assassinés des années plus tôt par un dangereux criminel à l'esprit dérangé par d'étranges idéaux.

Et puis qu'à ma majorité, j'hériterais d'une fortune estimée à plusieurs milliards de dollars. Surprise.

J'étais jeune et je ne comprenais pas trop toutes ces choses nouvelles qui m'arrivaient. On m'a fait entrer dans un collège réputé. Avec le temps, j'ai compris le pourquoi de la crise de tante Pétunia ; depuis mon arrivée sous son toit, son mari et elle s'étaient personnellement chargés des savoureux chèques qui arrivaient à chaque fin de mois. Ils ne voulaient simplement pas perdre leur petit gagne-pain.

Je sais qu'Albus leur a intenté un procès qui n'a duré que quelques jours et qu'il a gagné. Je n'ai plus jamais entendu parler d'eux par la suite.

À Poudlard, ma nouvelle école, je me suis fait des amis, dont les Weasley avec qui je m'entendais très bien, ainsi que Hermione Granger, ma conseillère actuelle. Son mari, Ron, est désormais gardien pour une équipe de soccer professionnelle. Je les invite régulièrement à déjeuner pour entretenir notre amitié. Ginny, la plus jeune soeur de Ron, était également restée auprès de moi après la fin de sa scolarité. Plus jeune d'un an, elle était extrêmement brillante et j'en avais fait ma plus proche collaboratrice. Sa famille pensait très probablement que nous allions nous marier très prochainement. Nous avions préféré les laisser penser ce qu'ils voulaient même si les plans avaient légèrement changés. Entre elle et moi, il n'y avait plus qu'une franche amitié. C'était beaucoup mieux ainsi.

- Tu es pensif, chéri, dit-elle alors qu'elle feuilletait un magazine de mode reconnu. Tu penses encore à ton 'ange' ?

Je rougis légèrement, regrettant de plus en plus de lui avoir parlé de l'inconnu que j'avais croisé quelques semaines plus tôt. J'avais pensé qu'elle lâcherait l'affaire après quelques temps mais c'était mal connaître Ginny.

- Gin'...

- Oh, 'Ry, tu es si ennuyant depuis quelques temps. Depuis combien de temps ne t'es-tu pas envoyé en l'air, uh ?

J'adorais sa franchise.

- Regarde-toi, trésor, continua-t-elle en haussant un sourcil critique dans ma direction. Tu as l'air si coincé.

- Désolé de ne pas être un clown, Ginny.

- Sérieusement, Harry, tu devrais sortir, de temps à autre. Connaître des gens, tu sais. Ça te permettrait d'évacuer. Tu te retiens tellement que tu en es maintenant à fantasmer sur des inconnus que tu croises.

Je lui lançai une insulte qu'elle ignora.

- Trouves-toi un mec, Harry, dit-elle encore. Un gentil garçon ou un bad boy, selon tes goûts. De te savoir gay découragera peut-être ma mère et mes belles-soeurs de vouloir sans cesse m'amener choisir le tissu de ma robe de mariée.

Elle me lança un regard qui en disait long sur son agacement face à la situation et se replongea dans sa lecture. J'appuyai ma tête contre le siège et contemplai les rues de la capitale britannique qui défilaient par la fenêtre de la voiture luxueuse. Les façades des commerces brillaient de mille feux.

''Juste quelques heures '' me redis-je pour me donner un peu de courage. Ensuite, je pourrais rejoindre mon appartement et me reposer.

Je fermai les yeux, sentant déjà la migraine poindre.


J'avais toujours détesté ces soirées longues et ennuyantes à mourir où l'on soit se parer richement et élégamment dans le but de satisfaire les photographes de la presse ou les caméramans. Je n'étais pas homme à aimer les mondanités. Ginny savait très bien à quoi s'en tenir et, alors que nous sortions de la limousine pour faire face aux vautours, elle agrippa mon bras, le serrant fortement. Comme si j'allais m'enfuir en courant.

Bon, sérieusement, peut-être avais-je envisagé cette idée quelques fois de par le passé. Mais pas ce soir.

Plus qu'une stupide parade d'hypocrites bedonnants, je devais discuter affaires avec mes prochains associés pour une histoire de fusion. Une de plus. Mon 'empire', comme disait les médias, ne cessait de croître. Et mon moral de décroître.

Oh, j'avais mon travail. Créer des emplois, gérer, administrer et maintenir mon autorité... j'étais même plutôt bon. Mais j'avais toujours eu du mal avec le côté social du boulot. Comment faire réellement confiance dans un milieu comme celui-la ? On risquait à tout moment de se faire bouffer par un plus gros poisson. On devait sans cesse de battre. Après cinq ans sans répit, j'avais besoin d'une pause.

Mais pour l'instant, je souriais à des PDG qui ne savaient pas calculer leur dose de parfum au prix exorbitant. Ils me présentaient à leurs femmes alors que je savais qu'une maîtresse les attendait après la soirée. Ils me parlaient de leurs enfants qui grandissaient et je pouvais lire au fond d'eux leur peur de devoir bientôt leur passer leur entreprise. Ils me complimentaient sur la coupe de mon costume, sur la marque réputée de mes chaussures impeccablement cirées et mes dernières réalisations budgétaires.

Plus je les regardais et plus j'avais peur de devenir comme eux.

Ginny me rejoignit au bar où je callais mon troisième martini.

- Tu ne comptes pas te saouler, j'espère, fit-elle en commandant une eau citronnée.

Je grimaçai simplement en jouant avec l'olive au fond de mon verre. On m'en apporta un autre.

- Je sais me tenir, répondis-je après quelques secondes.

Elle s'assied près de moi, sirotant sa boisson. Un silence coula entre nous. J'aimais sa présence. J'aimais sa personnalité changeante mais fidèle, ses sourires qui me faisaient chaud au coeur lorsque j'allais mal ou que j'avais le blues, comme en ce moment.

Mais je ne l'aimais pas d'amour.

''Tu as toujours fait ce que les autres voulaient que tu fasses, Harry, '' avait-elle dit lors d'une de nos soirées dans un grand restaurant. '' Tu n'as pas à faire continuellement des sacrifices parce que tu veux te faire aimer ou apprécier. Tu es un homme merveilleux qui est en mesure de faire de grandes choses.. Mais tu es en train de gâcher ta vie pour ne pas gêner celle des autres.''

Ce soir-là, nous avions rompu nos fiançailles.

Et elle était devenue ma meilleure amie.

- Je n'aime pas te sentir malheureux, dit-elle en prenant ma main.

Je serrai la sienne sans toutefois la regarder dans les yeux. Parfois, j'en étais tout simplement incapable. Je ne la méritais pas.

Sur une piste derrière nous, quelques couples dansaient au son d'un orchestre de violoncelles. Classique. Mais j'aimais bien.

Elle se leva, me faisant l'imiter.

- Fais-moi danser, Harry, murmura-t-elle.

Sur la piste de danse, elle passa ses bras autour de mon cou et je posai ma joue sur ses cheveux, les embrassant de mes lèvres closes.

Dans ces moments-là, je me sentais moins seul.

Notre couple enlacé paraîtrait sur les pages d'une revue quelconque. Mais je m'en foutais.

Son corps fragile mais étrangement fort se mouvait contre le mien. Je la gardai pour quelques chansons avant de la laisser à un jeune homme aux cheveux châtains qui la fit agilement valser.

Je les regardai un moment puis retournai au bar. Les conversations pompeuses attendraient.

Je voulais me noyer dans mon verre.


Les lèvres de mon interlocuteur bougeaient à une vitesse qui ne faisait qu'accroître mon mal de tête carabiné. J'avais peut-être trop bu, finalement.

Je hochais la tête de temps à autre et il prenait mon silence pour de l'attention. J'avais un peu le tournis et une furieuse envie de bâiller.

- Harry, chéri, je t'ai cherché partout ! s'exclama mon salut derrière moi.

Ma rouquine préférée s'approcha et je passai un bras autour de sa taille.

- Je suis si épuisée, soupira-t-elle, pouvons-nous rentrer, maintenant ?

Je me retenu de l'embrasser et hochai la tête. Nous saluâmes poliment quelques invités et nous dirigeâmes vers la sortie. On nous appela notre voiture. Je glissai un billet dans la main du portier qui nous ouvrit la porte et m'engouffrai à mon tour dans l'habitacle, faisant crisser le cuir des sièges sous mon poids.

- Tu me dois une journée de shopping, me dit Ginny.

Je me laissai glisser sur le siège et fermai les yeux.

À suivre