Bonjour à tous ! e me vois vraiment confuse de ne pas avoir été capable de poster cette suite avant mais comme excuse potable, j'ai la reprise des cours... J'espère que la quatrième partie vous plaiera. Je ne crois pas qu'il en reste énormément, peut-être un chapitre ou deux, en fonction de mon inspiration. Croyez bien en mes sincères excuses et en mon remord continuel...

Bisouilles!

Ge

Qui ne vous remerciera jamais assez pour les commentaires que vous lui envoyez. Ça me remonte le moral après une dure journée.


Chapitre 4


J'avais à peine un an lorsque mes parents sont morts.

Les gens ont tendance à prendre un air peiné quand je dis ça.

« Mon pauvre chou » a même dit un jour l'un de mes professeurs.

Mais en fait, les gens aiment ce qui est triste, ce qui les porte à ressentir de la tristesse envers l'autre. C'est valorisant. Se dire qu'il y a pire, vous voyez. Toujours bien pire.

« Vous avez dû vous sentir bien seul ».

Oui, sans doute.

J'atténue.

Je suppose que j'ai eu de la chance, dans mon malheur. Du moins, je préfère me dire ça. Les Dursley ne m'ont jamais fait de cadeaux, soyez-en sûr. J'étais un simple larbin et ils ne s'empêchaient jamais de me faire savoir combien ma présence au sein de leur famille leur était détestable. Ils ne me frappaient pas, si on exclue quelques gifles quand je me montrais, selon eux, suffisant ou que j'affichais un quelconque air supposément malveillant. Ils adoptaient plutôt la tactique de l'ignorance.

J'ai vécu comme un fantôme pendant dix ans, ne faisant pas d'efforts pour être autre chose. Je ne voulais pas me faire remarquer, en fait. Je n'avais pas d'ami et je ne sortais que rarement de la maison. J'étais une sorte de reclus, si on veut. Lorsque Dumbledore est venu me chercher et m'a inséré dans un milieu où beaucoup - pour ne pas dire tout le monde - connaissait l'histoire tragique des dirigeants de l'empire Potter, je me suis senti... c'est dur à expliquer.

Mais je me suis senti mal.

Les gens étaient sympathiques, pour la plupart. Ils cherchaient à nouer des amitiés, à dialoguer, à s'amuser. Seulement, moi, je n'étais pas du tout prêt à ça. Je n'y avais jamais été 'préparé'.

Bien entendu, la carapace a fini par fendre, avec le temps. Ron, Hermione, Albus, Ginny...

Mais la solitude, ça reste.

Ça empoisonne, je dirais même. Il y a des moments où je me sens incapable de voir ou d'entendre quelqu'un. Je suis un peu agoraphobe et, malgré ma position, on dit de moi que je suis plutôt timide et réservé. Soit. C'est vrai. Ce n'est pas parce que je suis PDG d'une multinationale que je me dois nécessairement d'être accro aux bains de foules, non ? Là-dessus aussi, mon psy - et Ginny aussi - a bien des choses à dire. Heureusement, je semble avoir, avec le temps, acquis l'intéressante faculté d'oublier tout ce qu'il ou elle baratine dès le moment où je quitte le bureau étouffant.

Et je suis certain que je ne m'en porte que mieux.


J'avale deux comprimés d'aspirine que je noie sous une gorgée de café tiède.

Padma en avait fait du frais avant de partir. Mais elle était partie depuis plus de heures, déjà, avisais-je en regardant ma montre. J'avais eu amplement le temps de vider la cafetière. Flemmard, j'avais fermé la machine, décidant de lui laisser un peu de répit bien mérité. De toute façon, tout liquide que je parvenais, au prix d'infinis efforts, à extraire de cette foutue machine était absolument imbuvable.

Je crois que je suis fatigué. Je me frotte les yeux de deux doigts et grimace en repoussant quelques feuilles assombries d'encre. Je me lève, m'étirant et bâillant, et vais près de le baie vitrée.

Dès que j'ai pris possession de ces bureaux, j'ai été envoûté par la vue extraordinaire qu'on a de si haut. Trente-troisième étage, pleine vue sur Londres et ses alentours. Je trouve ça magique, tout simplement. Ces milliers de petites lueurs plus ou moins claires, qu'elles soient proches ou lointaines, appellent à la vie. C'est comme si, pour chaque lumière, il y avait une âme.

Des milliers d'âmes brillant à ma vue, comme des rayons de soleil sur une nuit noire. Ça m'apaise. Souvent, je m'endors en observant ce paysage si particulier, assit dans mon fauteuil.

Mais ce soir, je pose simplement mon front contre le verre froid et un peu de buée se forme près de ma bouche.

Londres émerveille ma vue de mille et une couleurs alors qu'une petite neige tombe encore, à l'instar de ces derniers jours. Féerique. On dirait une carte postale.

Derrière moi, la porte de mon bureau s'ouvre et j'entends le nouvel arrivant soupirer, détectant dans ce seul souffle expiré une grande frustration.

- Harry, grogne Ginny en me rejoignant.

Je lui accorde un regard blasé. J'ai envie qu'elle me laisse tranquille, pour une fois.

Est-ce que pour chaque désespéré du monde, il y a une Ginny qui veille ?

Je partage alors leur lassitude occasionnelle.

- Je suppose que tu es conscient de l'heure, mh ?

Je n'ai pas d'horloge dans mon bureau parce que les tic-tacs me donnent la migraine à coup sûr. Ma montre est restée dans la salle de bain, chez moi. Mais je ne le dis pas sinon elle m'accusera encore d'avoir la tête dans les nuages.

Elle se poste à côté de moi et regarde à son tour la vue. Sa tête se pose sur mon épaule et je la serre contre moi.

- Ces lumières colorées... murmure-t-elle doucement. Ce sera bientôt Noël.

J'approuve silencieusement.

Je n'aime pas Noël et elle le sait. Lorsque nous étions ensemble, elle prenait plaisir à décorer l'appartement d'une façon à chaque fois unique, achetant mille et une petites babioles pour habiller le sapin géant qui trônait dans le salon. Je la regardais faire, refusant de participer à son jeu, semblant sans doute morose. Cette fête n'a pas réellement de signification pour moi, tout simplement. Je la trouve superficielle, trop artificielle.

Elle m'a demandé pourquoi, un jour.

Noël chez les Dursley était comme tout autre jour, pour moi. En fait, il s'agissait plutôt d'une surcharge de travail qu'autre chose. Je devais préparer le repas et faire en sorte que la maison brille tandis que Dudley, assit sous l'arbre, agitait frénétiquement ses cadeaux dans le but d'en découvrir le secret. Il pouvait rester là des heures, comme hypnotisé. Quand je passais près de lui, il sortait de son état euphorique pour me demander, l'air de rien, où Diable le Père Noël avait bien pu mettre mes présents à moi.

Et il souriait ou éclatait de rire tandis que je m'éloignais de lui, dégoutté.

Noël, c'était des heures dans mon placard à parler aux araignées ou à fixer les pages jaunies de mes cahiers, à défaut d'autre chose. C'était les rires dans le salon qui me parvenaient, l'odeur du repas traditionnel qui me faisait saliver et faisait gronder mon estomac. C'était aussi mon coeur qui se serrait dans ma poitrine et mes yeux qui piquaient, trop humides de larmes que je me refusais à verser. Il n'y avait rien de magique en ce 25 décembre pour le petit garçon que j'étais.

J'ai l'impression de faire dans le mélodramatique. Je me dégoutte.

-Maman aimerait t'inviter à venir à la maison, dit Ginny. Elle dit que ça fait une éternité qu'elle ne t'a pas vu et s'inquiète. Je croyais que tu devais lui téléphoner, la semaine dernière.

-Elle n'arrête pas de me demander pour quand le mariage.

-Désolée pour ça. Mais tu sais comment elle est.

-Je pourrais simplement lui présenter l'un de mes amants, je propose en souriant.

-Encore faudrait-il que tu en ai un.

Je lui pince la hanche pour la punir. Oui, ma vie sexuelle est quasi-existante. Je n'ai pas forcément le temps ni l'envie de sortir après le boulot. Encore faudrait-il que ça en vaille la peine, ce qui n'est pas le cas.

Et si, à chaque fois que je croise un homme magnifique, mon cœur tressaille, j'ai un peu peur de l'abîmer dans une relation sans lendemain comme en préfèrent de beaucoup les gens de mon âge.

Bon, c'est peut-être exagéré, après tout, il n'y a eu qu'un cas véritable de 'coup de foudre' mais ça ne me rassure en rien. Ron dirait que je suis une mauviette et Hermione rétorquerait que je suis simplement fragile émotionnellement. Je préfère encore la mauviette.

Je ne suis pas fragile. C'est juste que je préfère toujours reculer le premier lorsque j'entreprends une quelconque relation, de peur d'être blessé. C'est tout à fait rationnel, selon moi. Qui a envie de souffrir ?

Je me souviens qu'à Poudlard, je faisais pareil. Je ne me suis pas immédiatement découvert une attirance envers les hommes, ou du moins, je ne me le suis pas avoué réellement avant d'avoir dix-sept. Mes hormones ont fini par avoir raison de moi. Entre temps, j'ai eu quelques petites amies passagères, plusieurs aventures d'un soir et d'autres flirts du genre. Lorsque je me suis mis à regarder différemment quelques uns de mes camarades, j'avoue avoir eu peur.

Compréhensible, avec du recul. À la maison, j'avais grandit en entendant tante Pétunia et oncle Vernon me répéter inlassablement que j'étais un monstre, une erreur. À peine remis de cette éducation et quelque peu persuadé que, peut-être, ils avaient pu exagérer, voire mentir, voilà que je me découvrais une tare, comme ils le disaient si bien à propos de cette banche de la sexualité. Ils détestaient, haïssaient l'homosexualité autant, sinon plus, que moi, ce qui n'est pas peu dire. Je n'ai rien dit à personne, préférant taire mon secret honteux. J'ai eu peur. Très peur. Pendant des mois, je ne cessais de me sentir paranoïaque, me convainquant que tout le monde était au courant. Le moindre murmure me donnait des sueurs froides et je craignais sans cesse, lorsque je me réveillais, qu'il ne s'agisse de ma dernière journée en tant que 'Harry Potter, jeune, beau et populaire''. Pas que je fusse superficiel, je dirais même le contraire. Je ne cherchais pas cette réputation mais je l'avais déjà en entrant au collège, l'assassinat de mes parents ayant, à l'époque, fait beaucoup de bruit. Mais je crois que, plus que tout, j'avais peur de me retrouver fin seul, une fois encore.

J'ai eu de la chance d'avoir des amis aussi ouverts et compréhensifs et je leur en serai éternellement reconnaissant. Ils ont été présents à un moment de ma vie où j'avais besoin de savoir qu'on pouvait malgré tout s'attacher à moi, qu'on pouvait m'aimer malgré mon homosexualité.

Aucun amour n'est sale s'il est véritable.

C'est Ron qui m'a dit ça, un jour, avec un grand sourire. C'était une façon de me dire qu'il savait pour ma sexualité et qu'il voulait me démontrer son soutient et son amitié toujours aussi grande.

C'est un type bien, Ron.

On ne s'est pas vu depuis des mois. Trop de travail, l'éloignement, la famille... tant de raisons valables mais qui me laissent un goût amer dans la bouche. J'ai besoin de repères, parfois, pour ne pas couler.

Je baise la joue de Ginny.

- Je t'invite au restaurant ? je propose.

Elle rougit délicieusement et détourne les yeux.

- Uh, je suis un peu prise, ce soir.

- Un rendez-vous ! Je le connais ?

C'est toujours un réel bonheur de la mettre mal à l'aise. À charge de revanche.

- Blaise Zabini, répond-t-elle avec hésitation.

Je mets quelques secondes à mettre un visage sur le nom qu'elle me donne.

- Oh. Je croyais qu'il était...

- Gai ? Du tout. Cependant, c'est un jeune homme charmant, distingué et assez mignon. Il m'a invitée à sortir.

- C'est une façon ou une autre de faire fructifier nos chances d'obtenir un contrat ? je plaisante.

Elle me cogne l'épaule et me traite d'idiot.

- Tu viendras, pour le réveillon ? s'enquit-elle en ramenant le sujet sur le tapis.

- Je ne sais pas.

Autant être franc maintenant plutôt que de l'appeler à la dernière minute pour prétexter une quelconque obligation. La dernière fois, elle m'a fait la tête pendant deux semaines.

- Pour ce qui est du contrat, reprend-t-elle, je crois que c'est sur la bonne voie. Blaise m'a dit que Malfoy se penchait sur le dossier et revoyait quelques points avec son équipe et quelques avocats. La routine avant l'approbation, quoi.

- C'est le moment où je dois sourire et paraître enthousiaste ? je dis, sarcastique.

- Crétin.

Elle observe mon visage impassible avec une expression que je n'aime pas du tout. Ses lèvres s'étirent en un sourire mutin avant qu'elle ne jette un coup d'oeil à sa montre.

- Je vais devoir y aller, s'excuse-t-elle. Je ne voudrais pas être en retard.

Elle déboutonne rapidement son manteau et en écarte les pans, révélant à ma vue une robe noire chic et classe. Une échancrure sur la cuisse et un léger décolleter rendent la tenue un brin sexy, mais rien de trop prononcé.

- Jolie.

- Merci. Ça ira, tu crois ?

- Il aura envie de te croquer.

Ginny est tout à fait magnifique mais, avant chaque rendez-vous - pas qu'elle en aie énormément, c'est une fille sérieuse et professionnelle qui pense peut-être un peu trop à son boulot ( ne pensez même pas à me renvoyer le commentaire ) - elle vient me voir pour que j'approuve tel ou tel détail. Je suis meilleur en tant que styliste qu'en tant que petit ami. Aucun doute là-dessus.

Elle embrasse ma joue et attrape son sac à main laissé sur un fauteuil.

- Je te vois lundi ? demande-t-elle.

J'acquiesce silencieusement de la tête.

- Tâche de dormir un peu, nous aurons une semaine chargée. Et appelle-moi s'il y a quoi que ce soit.

- Oui, maman.

Elle me lance un trombone pris sur mon bureau et marche vers la porte.

La porte se referme. J'éteints la petite lampe de lecture, plongeant la pièce dans la pénombre.

Ne reste plus Londres pour me fournir une quelconque lumière. Je sors une petite bouteille de whiskey de mon tiroir.

J'ai soif.