THINGS UNSAID
Part.2.
DISCLAIMER : Tout appartient toujours à JK Rowling. Nous avons juste emprunté ses personnages pour les mettre en situation dans notre histoire.
RATING : M (pas de lemon cependant.)
Note des auteurs : Pour la première partie, les rars des lecteurs non enregistrés sur ffnet se trouvent sur mon live journal (voir mon profil pour le lien.) Ce chapitre, ainsi que les prochaines rars seront enregistrés sur le blog de BadAngel666 (vous trouverez le lien sur son profil.) Bonne lecture à tous !
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HARRY
Par BadAngel.
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Aujourd'hui, nous sommes jeudi, un jeudi parmi tant d'autres, un jeudi comme tous les autres jeudis de l'année, enfin, pour les autres... Pas pour moi, non, pas aujourd'hui.
Cela fait deux semaines maintenant...
Deux semaines jour pour jour que je suis seul, sans Lui. Oui, Draco m'a quitté, il est parti comme un voleur. Au fond de moi j'ai toujours su que ce genre de chose risquait d'arriver, mais lorsque c'est finalement arrivé, je n'ai pas pu, pas voulu y croire... Draco et moi étions ensemble depuis deux ans et il y a deux semaines, il est rentré après une soirée avec ses amis, et puis il est parti avec une valise à la main sans me dire pourquoi.
Bon, à présent je sais ce qui s'est passé, mais cela n'allège en rien la douleur, ce serait même plutôt le contraire, parce que je me sens coupable.
Comment aurais-je pu savoir que Ron et moi n'étions pas seuls?
Oui, je sais ce que vous vous dites, je n'aurais jamais du dire des choses pareilles, après tout. Vous n'auriez pas tort, bien entendu, mais cette petite anecdote a pris des proportions démesurées, vraiment. Pourtant au départ ce n'était ni plus ni moins qu'une tentative de mon meilleur ami pour me remonter le moral qui était tombé très bas après la parution de cet article...
Car si le jeudi est pour Draco le jour du "quart d'heure langue de pute", pour moi il est celui que je maudis, non pas parce que je sais que l'homme que j'aime va en entendre des vertes et des pas mûres sur mon compte, mais à cause de la presse. C'est bien enfantin de ma part de m'angoisser pour ce genre de choses mais je ne peux pas m'en empêcher. Et chaque semaine c'est pareil: le mercredi soir je ne dors pas, le jeudi matin je me rends au Ministère et je passe au bureau de Ron qui travaille au Département de la Justice Magique et il me tend le journal qui à chaque fois s'attaque à Draco. Puis pendant que je lis le torchon, il me prépare un café fort dans lequel il verse une larme de cognac. Il me connaît bien, Ron... Il ne dit jamais rien du style "Je t'avais prévenu, ce connard te fera avoir des ennuis!" ni d'autres choses que je ne manque pas d'entendre toute la sainte journée dans les couloirs. Non, lui, il ne fait que me servir un café, et une fois que je l'ai bu, nous refaisons l'article à notre sauce, juste parce que ça me donne l'impression que Draco est moins sali par les mots immondes de ces enfoirés de journalistes.
Depuis deux ans ils s'acharnent sur lui...
Je suis bien conscient qu'il n'est pas un ange, et qu'il n'en sera jamais un, même si à mon sens il en a l'apparence. Mais le voir écrit noir sur blanc me donne toujours la nausée. Les gens s'imaginent peut être que j'ai été ensorcelé, que Draco m'a sauté dessus, ou qu'il m'a rendu dingue grâce à un philtre d'amour... C'est ce que j'entends souvent, trop souvent...
"Oh, quel dommage que Harry Potter ne voie pas à quel point Malfoy est immonde!"
"Par Merlin, mais de quelle taille sont ses oeillères?"
"Quand est-ce qu'il se rendra compte que Malfoy n'est pas fait pour lui?"
Et là encore, ce n'est qu'un échantillon...
Personne ne peut ne serait-ce qu'entrevoir la possibilité que je puisse AIMER Draco...
Il n'est pas parfait, il est même loin de l'être, mais je l'aime, j'aime son imperfection, j'aime son sale caractère, j'aime ses sautes d'humeur, j'aime ses yeux au réveil et lorsqu'il me fait l'amour... J'aime tout en lui.
Mais comprenez moi, je ne vais pas dire cela à des journalistes, ils seraient capables d'écrire que je suis avec lui uniquement pour le sexe...
C'est d'ailleurs ce dont je parlais avec Ron il y a deux semaines lorsque apparemment notre conversation a été entendue par Nott et sa petite amie, Marietta Edgecombe. Quand j'ai su qu'ils avaient répété mes mots hors contexte, j'ai d'ailleurs été tenté de rendre ses pustules à cette pipelette et de refaire le visage de Nott façon Picasso, mais connaissant Draco, ça aurait encore empiré les choses.
Je me souviens bien de ma conversation avec mon meilleur ami...
Il m'avait préparé son café additionné de Cognac et il m'avait laissé digérer l'article, une grosse démonstration de débilité profonde additionnée d'allusions salaces à la relation qu'entretiendrait Draco avec Blaise Zabini. Je ne connais pas tellement Zabini, mais je sais qu'il n'a pas ce genre de penchants, encore moins pour Draco. En plus d'après mes souvenirs, il a une petite amie en ce moment.
Je ne vois jamais les amis de Draco, bien entendu, ils ne sont pas fan de moi et je le leur rends bien. J'ai mes amis et Draco a les siens, bien que dans le fond, j'ai l'impression que ses vrais amis sont bien plus nombreux que ne le sont les miens. Parfois je suis jaloux de sa capacité à leur parler, mais je crois que sur ce chapitre, je ne peux décemment pas lui reprocher de ne pas s'ouvrir à moi.
Je crois que je me perds dans mes souvenirs, normal avec ce qu'il y a en ce moment même dans mon verre, ou plutôt, ce qu'il n'y a plus...
Je parlais de CE jeudi LA...
Oui, donc Ron a attendu que je parle, il me connaît suffisamment pour savoir que je n'aime pas les mots qui sonnent faux, les excuses minables ou les phrases hypocrites... Je préfère que les gens ne disent rien du tout d'habitude, leur tendance à rajouter du cirage plein mes chaussures (pour ne pas dire de la vaseline ailleurs... oui je sais, je suis cynique, mais j'ai le droit, non?) m'agresse les oreilles.
Je lui ai dit que les gens ne comprenaient décidément rien à la vie, il s'est mis à rire et m'a sorti.
"Tu sais, sans rire, tu devrais faire une conférence de presse, tu leur expliquerais comment tu adores que Malfoy te baise, et que c'est pour ça que tu restes avec lui: juste parce qu'il a fallu fixer les rideaux de ta maison avec des sortilèges tellement tu y grimpes fort!"
Cette suggestion m'a fait rire, j'ai même manqué m'étrangler avec ma dernière gorgée de café. Sur le coup je me suis imaginé la tête des gens en entendant ce genre de réponse à la question "Pourquoi êtes vous encore avec l'ancien Mangemort Draco Malfoy?"... Positivement hilarant!
Alors j'en ai bien sûr ajouté une couche...
"Oui, bien entendu, je leur dirais aussi que je me demande comment j'arrive à le supporter depuis deux ans, mais que ce qui m'aide à tenir le coup c'est son formidable don pour tailler des pipes. Draco Malfoy, Roi de la Baise et Suceur en Chef, ça sonnerait bien, non?"
Ron est devenu écarlate, mais pas de gêne, il n'a jamais été choqué par l'homosexualité, son propre frère (Charlie) vit avec un Roumain, il tentait de réprimer un fou rire.
"C'est sûr qu'ils en concluraient que Malfoy et toi avez conclu un super deal: lui il se refait une réputation sympa et toi tu as le coup du siècle à domicile... C'est vrai que l'amour est bien peu de choses à côté de ce genre de préoccupations vitales pour l'image de marque."
Ron a ensuite laissé libre cours à son fou rire et je l'ai suivi. Notre crise d'hilarité a duré une dizaine de minutes avant que nous puisions nous calmer.
D'habitude il se contentait de faire le pitre pour me dérider, mais ce jeudi-là, il y a deux semaines, je l'ai suivi, et ça a été ma grosse erreur. Peut-être que j'avais besoin de plus de réconfort, peut-être parce que je m'étais décidé à suivre les conseils que Ron et Hermione ne cessaient de me donner (enfin, ceux de Hermione surtout, parce que Ron...).
Evidement, si l'on sort cette conversation entre amis de son contexte et de son ton d'origine, on obtient une diatribe anti Draco Malfoy, des paroles ironiques et dédaigneuses... Je crois que Nott et sa copine ne sont pas restés pour entendre la suite, sinon ils m'auraient entendu demander à Ron comment j'allais faire pour enfin réussir à parler à l'homme que j'aime de mes sentiments, à m'ouvrir à lui sur mes doutes, mes craintes.
Bon, Ron n'était pas non plus la personne la mieux placée pour me répondre, sans doute Hermione ou Ginny m'auraient expliqué avec plus de sensibilité, mais il était le seul à travailler au Ministère...
Mes (rares) amis sont tous plus ou moins au courant de ce qui se passe dans ma vie sentimentale (bon, je leur épargne les détails qu'ils n'ont pas à savoir, mes amis ne sont pas non plus des sexologues, et quand bien même ils le seraient, je n'ai pas de soucis à ce niveau.). Il y a quelques semaines, nous avons tous profité d'un "quart d'heure langue de pute" pour nous retrouver chez Draco et moi, ils ont bien aimé la décoration, normal, c'est Draco qui a tout choisi, parfois je me dis que ce mec est gay jusqu'au bout des ongles tellement il sais choisir ce genre de choses. Mais bon, si je me tiens à mon raisonnement, je devrais moi aussi être un pro, ce qui bien sûr n'est pas le cas, alors je me dis que mes réflexions sont ridicules et que j'ai entièrement raison de ne pas les balancer à Draco, il partirait en criant au viol mental...
Non, à Draco je ne dis rien de ce genre, et c'est peut-être là que ça cloche... Et s'il trouvait mon absence de mots plus odieuse que les paroles que je pourrais prononcer, quelles qu'elles soient?
Un peu tard pour me dire cela, je le sais, mais que voulez-vous? Boulet un jour...
A un moment de la soirée, Ginny m'a demandé pourquoi j'étais constamment agressif envers eux, sur le coup je me suis demandé de quoi elle parlait, puis j'ai ensuite analysé mon attitude... Pour réaliser en effet que je devenais infect avec mes propres amis, ceux qui m'avaient soutenu depuis l'école, ceux qui m'avaient accompagné au péril de leurs vies dans ma recherche des Horcruxes, ceux qui partageaient ma vie depuis près de dix ans...
Et croyez moi, ça fait bizarre toute cette honte qui vous tombe dessus après une simple question posée tout à fait innocemment. Je pense que mon malaise a du se voir, alors Ginny est venu s'asseoir à côté de moi et m'a demandé pourquoi j'agissais ainsi, question bien vaine, puisque je n'en savais rien.
Hermione ensuite s'y est mise... Depuis qu'elle étudie la psychologie magique à l'Université de Médicomagie, elle a une sérieuse tendance à tout vouloir analyser, et d'habitude ça m'énerve, mais ce soir là je l'ai laissée faire, j'ai répondu à ses questions et je lui ai parlé.
De quoi, je ne me rappelle plus exactement, les bouteilles sur la table se vidaient plus vite que je ne parlais, il me semble avoir beaucoup parlé de Draco, et des journalistes qui me rendaient la vie infernale... Mais je ne me souviens plus exactement de ce que j'ai pu raconter.
A la fin elle m'a simplement dit en se levant.
"Ecoute Harry, je crois qu'il est tant d'arrêter d'avoir peur que Malfoy te quitte, parce que visiblement, c'est ce qui te travaille. Et ce n'est pas en le laissant t'attaquer sans rien dire que tu vas le retenir. Réfléchis bien, et tu verras que dans un couple, si il n'y a pas de discussions, rien ne marche. Je te conseille de parler avec lui, d'arrêter de fermer ta bouche dès qu'il se montre odieux, et même si tu en as la possibilité, de lui rabattre son caquet, il semblait adorer ça à Poudlard."
Et Ginny a renchéri:
"Ouais, et la prochaine fois que je t'entends ma parler comme si j'étais ton chien, je te fais bouffer la table, pigé?"
Il faut dire que je n'avais pas été très fin avec elle...
Ils sont repartis an me laissant réfléchir à tout ça.
Cette soirée remonte à plus d'un mois maintenant. J'ai beaucoup pensé à ma relation avec Draco pendant ce temps là... Je me suis demandé comment j'avais pu passer à côté de cette constatation si simple que même un gosse aurait compris... J'ai stupidement réalisé que, en deux ans de vie de couple, je n'avais jamais dit à Draco que je l'aimais, et que je m'étais peu à peu transformé en une petite chose qui tremblait en attendant son retour le soir... Et qui, comble du paradoxe, le snobait pratiquement une fois qu'il était là près de moi.
J'ai longuement repensé à toutes les conversations que j'ai pu avoir avec lui depuis que nous sommes ensemble, j'ai cherché mais je n'ai pas trouvé un seul mot concernant mes sentiments avec lui, j'irai même jusqu'à dire que j'ai évité le sujet. C'est con mais je me trouve consternant!
D'une certaine manière, on ne peut pas dire que mon cher et tendre ait été beaucoup plus loquace, il est plutôt du genre agressif verbalement, au lieu de dire gentiment "bonjour" le matin, il balance une réflexion vexante sur ma coiffure au réveil ou sur le fait que j'ai ronflé... Et j'exagère à peine. J'ai été réellement très conciliant avec lui, je me suis toujours forcé à rester calme en toute circonstance et face à chacune de ses "attaques", sans doute parce que je sais que c'est sa façon à lui de me dire par exemple qu'il me trouve beau avec les cheveux en pétard ou qu'il m'a regardé dormir une partie de la nuit (ce qui arrive souvent, Draco est insomniaque). J'aimerais avoir son aisance en paroles, ça m'aurait sans doute permis de m'ouvrir à lui plus facilement, la seule chose réellement personnelle dont je lui ai parlé est le sujet de mes parents, je sais que ça l'agace mais j'aurais tant aimé qu'il les connaisse. Lui ne me parle jamais de ses parents, je sais qu'il va les voir deux fois par semaine à Azkaban mais il ne m'en dit rien, le sujet me semble douloureux alors je ne veux pas le forcer à me dire ce qu'il a sur le coeur.
Le seul sujet sur lequel j'arrive encore à plaisanter, c'est ce bon vieux Snape.
Bon, je ne suis pas tendre dans mes allusions, je sais en plus que Draco n'aime pas trop cela, d'autant plus qu'ils travaillent ensemble. J'ai longtemps haï Snape, je lui en ai voulu pour tout: la mort de Dumbledore, la disparition de Sirius, le mauvais temps,... Tout quoi. Mais tout ça est terminé, depuis que je l'ai vu sauver Draco lors de la dernière bataille en achevant un Mangemort dans le dos avant que celui-ci n'atteigne Draco avec un Doloris.
Je n'ai jamais parlé avec Snape de cette modification dans mon état d'esprit à son égard, mais je suis persuadé qu'il le sait, il est un bon legilimens et les rares fois où nous nous sommes croisés je lui ai laissé voir le respect que je lui portais.
Tout ça est flou dans ma tête, tellement flou...
Je ne sais plus quoi faire, plus quoi penser, je n'arrive même pas à me dire que ce soir Draco ne passera pas en coup de vent pour se changer avant d'aller vomir sur le dos de pauvres personnes innocentes qui auront choisi les mauvais vêtements ou qui auront eu la mauvaise idée de se retrouver attablées dans le restaurant de Millicent un jeudi soir...
Il faudra que je demande à Bullstrode à combien culmine le nombre de degrés dans sa vodka, parce que là, je n'en suis qu'à la moitié de la bouteille et je suis déjà bien entamé...
Draco me manque affreusement.
Depuis deux semaines je n'ai pas réussi à fermer un oeil, sans doute parce qu'il n'est pas là pour veiller sur mon sommeil. Je sais que ça fait ado pré-pubère des phrases pareilles mais c'est vrai, Draco veillait sur mon sommeil, et lorsqu'il ne venait pas, il m'aidait à le trouver...
Voilà, je souris comme un abruti et il n'y a presque plus de vodka dans la bouteille pour m'aider à me dire que ce sourire sur mon visage n'est pas celui d'un homme triste sans l'amour de sa vie...
Mais ce sourire est celui qui vient toujours lorsque je pense à Draco et ses "divertissements". Oh, je ne suis pas un obsédé, lui non plus, mais ensemble nous avions trouvé une sorte d'harmonie, une "alchimie" (je ne vois pas comment définir ça autrement). Nos corps parlaient, se parlaient. Il est le seul à m'avoir jamais fait cet effet là, je tremblais littéralement à l'idée de le toucher au début, bien sûr c'est un peu passé après, mais cela m'arrive encore. Comment expliquer une telle chose? Pour tout vous dire, je pense que ce que nous faisions lui et moi, ce n'était pas de la "baise", notre histoire n'était pas une histoire "de cul", non... Lui et moi, nous faisions l'amour.
Ca m'a toujours paru un peu stupide de mettre des mots aussi banals sur des choses aussi belles, mais finalement, c'est ça: faire l'amour. Une connexion entre le corps, le coeur et l'âme.
Moui, ça se sent que je suis vraiment bourré, pas vrai?
A vrai dire, pour que je sorte ce genre de phrases glucosées, il me faut un taux d'alcoolémie surnaturel... Mais ce soir, je crois que c'est justifié, il me faut un peu oublier la douleur, comme ça, peut-être que je serai capable de trouver une solution pour qu'il accepte de m'écouter.
Et rien ne sera moins simple, Draco est très têtu.
oOoOoOo
Je crois que c'est officiel, je suis en train de devenir un enfoiré...
Moui, bon, j'ai quand même de bonnes raisons, je crois, enfin, aujourd'hui du moins.
Hier soir j'ai vidé une bouteille entière de cette immondice que Draco avait ramené de l'une de ses soirées du jeudi en ressassant tout ce qui m'avait amené à me mettre dans cet état de déchéance. Si l'un de ces pisse copies qui étalent régulièrement l'homme que j'aime en première page m'avait vu, il aurait sauté de joie en comptant allègrement le nombre de tirages que cela pourrait faire: le Survivant devenu poivrot à cause de son compagnon insensible.
Car je ne vous ai pas dit... La Une depuis deux semaines dans les journaux à scandale c'est ça... Ils se plaisent à pourrir un peu plus Draco, qui serait parti pour vivre librement sa romance avec Zabini. Hier Ron était au bord de l'embolie pulmonaire quand il m'a tendu le journal, car aux dernières nouvelles, Parkinson les aurait rejoints pour former un ménage à trois. J'ai beau avoir depuis longtemps cessé de croire en une amélioration du neurone des journalistes, là j'ai quand même été soufflé par tant de bêtise inutile.
Ajoutez à cet état quelques grammes d'alcool dans le sang et vous obtiendrez la gueule de bois du siècle, je comprends l'état de Draco les vendredis matins.
Depuis que je suis arrivé au Ministère, j'ai dans l'ordre: fait fuir mon assistant, fait pleurer ma secrétaire et insulté le haut commissaire à la trésorerie des Jeux et Sports Magiques...
Merdeveilleux!
Et: oui, mes jeux de mots en prennent aussi un sacré coup dans ces cas là!
En désespoir de cause et pour me calmer un peu avant d'aller causer politique et diplomatie avec le Ministre, je me suis dit qu'aller voir Ron serait une bonne idée.
Le Département de la Justice Magique est immense, et le bureau de mon ami est de l'autre côté de l'entrée dudit département... Un comble lorsque l'on sait qu'il est huissier et qu'il passe son temps à recevoir des tas de papiers importants. Bien sûr, il ne compte pas en rester là dans sa carrière... Oui, Ron s'est découvert une vocation pour la justice et a décidé de devenir juge, il sait que cela n'arrivera pas avant quelques années d'apprentissage et d'études diverses mais il s'accroche, et son actuelle fonction lu permet d'avoir un pied dans la place, je suis fier de lui, il a vraiment grandi, et de nous deux, je crois que c'est lui le héro... Lui au moins a épousé Hermione, ils se disputent, se déchirent aussi, mais ils se disent les choses... Moi je crois que je n'ai jamais vraiment su comment dire ce que je ressentais, et avec Draco ça a aussi été comme ça, je lui ai bien dit que je l'aimais, mais pas avec des mots, juste avec mes gestes, mes regards, mes caresses... Simplement en lui faisant l'amour, que ce soit avec mes yeux ou mon corps.
Mais quand je regarde Ron, Hermione, Ginny, Neville... Je me dis qu'ils ont tout beaucoup grandi, pas physiquement, mais dans leur caractère, ils ont tous une vie, un but atteint, et bien d'autres à atteindre encore. Et je ne peux que me demander quand je grandirai à mon tour... Ou quels sont mes objectifs dans le vie...
Le temps est sans doute venu, et cette histoire avec Draco en est la preuve...
Mais vous savez quoi?
Grandir... Ca fait mal.
Oups, excusez moi, ça doit être un reste de vodka dans mon organisme... Décidément je deviens une vraie chiffe molle ces jours-ci.
Il est exactement dix heures trente quatre selon ma montre, j'ai une réunion à l'autre bout du bâtiment dans quarante six minutes, je crois que les délais sont bons, je vais pouvoir prendre une bonne tasse de café, et même si je ne résiste pas (ce qui est fréquent lorsque je suis dans cet état) fumer une cigarette. Je m'autorise rarement à fumer, surtout parce que je sais que Draco ne supporte pas l'odeur sur moi ni le goût dans ma bouche. C'est une des concessions que j'ai faites pour lui: me passer de tabac. Lui me dit sans arrêt que ça rallongera ma vie, et moi j'aime bien lui répondre que si personne ne raccourcit brusquement ma vie (un ancien Mangemort mécontent que je l'ai privé de son patron sans lui garantir le droit au chômage, un nouveau Mage Noir en recherche de notoriété,...), le fait d'arrêter de fumer peur effectivement avoir des effets à long terme. On se dit beaucoup de choses inutiles, vous l'avez compris.
Je frappe doucement à la porte du bureau de Ron, il me dit d'entrer, comme d'habitude. J'entre sans me presser et je vais m'asseoir de l'autre côté de son bureau. Il dispose d'un assez grand bureau et, luxe suprême, d'une fenêtre magique qui inonde la pièce de soleil alors que je sais que si je sors de ce bâtiment, j'aurai besoin de mon parapluie parce qu'il pleut des cordes. Ce temps à toujours eu le don de me coller une migraine d'enfer, encore mieux, maintenant j'ai le pack Migraine-Gueule de bois, tout ce qu'il faut pour une journée parfaitement foirée.
"Salut Harry!" me lance Ron alors que je tente de fixer mon attention vacillante sur lui. "Oula, t'as une tête de brosse à chiottes ce matin."
Oui, toujours très délicat, Ron, très poétique aussi, je ne me demande même plus où Ginny a appris toutes les douceurs qu'elle me balance... Quoi que là, dans un sens il a raison, je me sens exactement comme une vieille balayette...
"Merci, Ron, tu es vraiment un pote toi, y a pas à dire." Je réponds d'un ton las.
"De rien, je suis là pour ça... Non, sans rire, pourquoi tu t'es saoulé la gueule hier soir?"
Oh... Il est perspicace ce garçon!
"Bof, j'avais envie d'oublier qu'on était jeudi, et que ça faisait deux semaines."
"Et t'en es encore à compter les jours?"
"C'est ce qu'il semble..."
Ron soupire, il a l'air de penser que je suis un boulet... Il n'a pas tort, mais comme je le disais "boulet un jour..." Au bout de quelques secondes il lève la tête et plante son regard azur dans le mien, je sens qu'il va me dire quelque chose qui va me secouer.
"Ecoute, Harry, ce que je vais te dire, c'est pour ton bien tu t'en doutes. Je n'aime pas la fouine, mais toi oui, et c'est ça qui est important pour moi, parce que tu es mon meilleur ami depuis dix ans et que je veux que tu retrouves le sourire comme avant, même si c'est un sale petit cafard véreux qui te donne ce sourire, et je ne veux même pas savoir comment il fait pour que t'aies l'air aussi stupide..." il s'interrompt avec l'air d'une personne aux prises avec des visions d'horreur. "Malfoy ne fera pas le premier pas vers toi, il est trop fier, alors c'est à toi de te sortir les doigts du cul et de foncer, c'est ta seul option... Celle là ou bien celle de te faire Hara Kiri et te pendre avec tes propres intestins..."
Un ange passe...
Du fond de ma migraine éthylique je le vois danser la Macaréna autour de ma tête...
Jamais Ron ne m'avait parlé comme ça, d'habitude il se contente d'effleurer le sujet ou quitte la pièce dès que j'ai besoin de parler de Draco. Hermione ou Ginny m'écoutent et me conseillent, j'aime bien avoir leur avis sur certaines attitudes à adopter même si je ne suis que rarement leurs conseils. Et puis elles adorent ça, me conseiller, je ne sais pas vraiment pourquoi…
Mon meilleur ami me fixe toujours, je cherche dans son regard clair le signe d'une quelconque moquerie, un truc qui jaillirait et me hurlerait "poisson d'avril!", mais je sais bien qu'on est presque en novembre, et je ne trouve pas d'amusement dans le regard qui me fait face, juste une incroyable sincérité.
Honnêtement, je crois que même si je voulais parler, je ne pourrais pas... Ma gorge est nouée tandis que peu à peu les paroles qu'il vient de prononcer pénètrent mon esprit...
Et que je comprends qu'il a entièrement raison...
Jamais Draco ne reviendra vers moi, il a beau avoir renoncé à beaucoup de choses par le passé, il a toujours conservé cette fierté, souvent mal placée, qui l'a toujours caractérisée et qui fait que jamais il ne va vers les gens... Ce serait plutôt le contraire, il les repousse. Je me souviens avec précision de notre premier baiser et de sa fuite, puis de ce dîner quelques temps plus tard... J'avais pas mal ramé pour rester à la hauteur, pour ne pas me jeter sur lui...
Et je me souviens de ce que je lui ai dit...
Oui, à l'époque je disais encore les choses clairement.
Et c'est lui qui a fait le second pas vers moi...
Jamais auparavant je n'avais goûté de met aussi délicat que ses lèvres sur les miennes, ce soir là, je n'ai même pas eu le besoin d'aller plus loin, ce baiser me suffisait, juste cette caresse si délicieusement intime et tendre. Depuis deux ans il est le seul que j'embrasse...
Et au point où j'en suis, je pense sincèrement qu'il restera le seul...
Comment ai-je pu en arriver là? Comment ai-je pu me laisser submerger par mes peurs et mes angoisses au point de ne laisser entrevoir à celui qui partageait ma vie que quelques bribes neutres et inutiles de mes pensées?
C'est la voix de Ron qui me sort de mes pensées...
"Tu sais... Nous sommes vendredi."
Je fronce les sourcils, je ne vois pas où il veut en venir.
"Oui, et pour être plus précis, le dernier vendredi du mois d'octobre..."
Il laisse sa phrase en suspens, et je peine à comprendre (vous avez déjà oublié mon côté "boulet et fier de l'être"?).
Ron a l'air de penser à peu de choses près la même chose.
"... Et le dernier vendredi de chaque mois, à quelques couloirs d'ici, il se passe un truc bien précis..."
Mais où veut-il en venir? On parlait de Draco et lui il me parle de l'emploi du temps du Ministère! Je suis l'assistant du grand chef mais il ne faut pas exagérer, je ne peux pas tout savoir!
"Putain, Harry, t'es désespérant!" s'exclame Ron au bout d'une longue minute de regards appuyés (de sa part) et consternés (de la mienne). "Tu ne te souviens même pas que ton mec demande chaque mois à la même date la libération conditionnelle de ses parents?"
La lumière se fait! Mais quel con! Je le savais en plus, depuis le temps...
Draco rentrait souvent déprimé de ces rendez-vous au Département de la Justice Magique, il sait pourtant que Lucius est toujours considéré comme l'ancien bras droit de Voldemort mais il s'obstine. Je comprends l'affection et le besoin qu'il peut avoir pour son père même si pour moi cet homme n'est pas loin d'être le Diable en personne. Quoi que depuis que je suis avec Draco, je commence à réviser mon jugement, comment un homme réellement pourri jusqu'à la moelle aurait pu élever un garçon aussi bien que l'a été Draco ? Il est cultivé, ses manières sont irréprochables, il sait faire la part des choses... En bref il a reçu tout ce dont il avait besoin pour être un homme bien, fort et sûr de lui. Tout le contraire de moi, qui n'ai eu que rejet, pas que cela m'ait traumatisé, mais ça a teinté ma vision de l'affection. J'ai toujours peur que l'on me rejette. Je pense même qu'au début j'ai été attiré par Draco parce qu'il représentait l'inaccessible et que la pensée de ne jamais pouvoir l'avoir, bien que douloureuse, était rassurante, il ne risquait pas de me rejeter, puisqu'il ne voudrait jamais de moi...
Mais il en a été autrement.
Sans m'en rendre compte, je me suis levé et j'ai quitté le bureau de mon ami. Je parcours d'un pas rapide les couloirs du Département sans répondre aux saluts de ceux qui me connaissent (c'est quand même fou, je ne connais pas le quart des gens qui me saluent toute la journée...). Il ne me faut que quelques minutes pour atteindre la salle d'audience. Le juge qui s'occupe des Mangemorts au cas par cas ne m'est pas inconnu, bien au contraire, il s'agit de Kingsley Shacklebolt, un ancien membre de l'Ordre du Phoenix et Auror. Il m'adresse un imperceptible signe de tête lorsque j'entre avant de retourner à sa conversation avec son présent demandeur. Depuis le fond de la salle je ne distingue pas très bien la personne qui est de dos, mais je sais qui c'est. Il se tient droit, les épaules rejetées en arrière, le dos raidi par l'orgueil autant que par le stress...
C'est Draco qui est là, Ron avait raison...
Son discours depuis deux ans n'a pas changé, il maintient ses arguments. Selon lui ses parents seraient sous son entière surveillance et privés de pouvoirs, quel mal pourraient ils faire sans magie? Evidement jamais personne n'a voulu prêter foi à ces paroles pleines de sincérité. Avant Kingsley, il y a eu trois autres juges chargés de ce lourd dossier. Le premier a été assassiné, le second est tombé en dépression (la charge de travail sans doute) et le troisième je m'en suis occupé personnellement lorsque j'ai appris par hasard qu'il avait suggéré à Draco qu'un "paiement en nature" l'aiderait sûrement à faire libérer ses parents plus vite... Il n'a pas été difficile de découvrir quelques magouilles auxquelles il s'était livré, ce qui l'a mené directement à Azkaban au milieu de ceux qu'il avait jugé, aux dernières nouvelles il serait devenu la bonne à tout faire de Nott Senior. Kingsley est en poste depuis deux mois à présent et les rares conversations que j'ai eues avec lui m'ont prouvé son désir d'agir au mieux des intérêts de chacun, je lui fais confiance.
"Monsieur Malfoy..." commence Kingsley. "D'après mes dossiers, cela fait deux ans que vous demandez la libération de vos parents à intervalles réguliers. Pour ma part je n'ai qu'une seule question: avez-vous conscience des actes qu'ils ont commis et vous sentez-vous prêt à assumer cela en les accueillant chez vous le temps d'une période de conditionnelle?"
Mon rythme cardiaque s'accélère lorsque la voix de Draco s'élève dans la salle, claire, belle... Un peu rauque et tremblante mais son timbre me caresse les tympans... Comme cette voix m'a manqué depuis deux semaines.
"J'en ai conscience, Votre Honneur, je sais exactement ce qu'ils ont fait, et à qui. Mais cela ne les empêche pas d'être mes parents, et je désire les protéger comme ils ont su le faire pour moi par le passé. J'ai les moyens de les accueillir ainsi que de les surveiller, j'attends simplement que la Cour me laisse prouver ma bonne foi."
Kingsley a l'air impressionné, c'est un bon point pour Draco, même si je doute que ses parents lui soient rendus sur l'heure. Et je connais suffisamment l'ancien Auror pour affirmer qu'il étudiera le dossier sérieusement.
"Très bien. Je vais lancer une enquête qui prouvera vos dires et vous recevrez un hibou afin que nous reparlions de tout cela. Ceci dit, je pense que vos parents devront rester encore quelques temps loin du monde extérieur, comme tous ceux qui ont été trop impliqués."
Je vois Draco se raidir.
"Combien de temps?"
"Je ne saurais vous dire, ils ont été condamnés à perpétuité à l'issue de leurs procès, il est donc impensable de leur accorder la libération aussi tôt. Mais vous serez tenu au courant de l'évolution des choses, soyez-en certain." conclus Kingsley.
Draco lui répond par un simple hochement de tête et rassemble les rouleaux de parchemin qu'il avait emmenés avec lui. Lorsqu'il se retourne je peux voir qu'il est lus pâle que d'habitude, ça n'a pas été facile de s'entendre dire que ses parents resteraient en prison encore longtemps, même si je pense qu'ils le méritent. Car dans un sens, même si à force de vivre avec Draco j'en suis arrivé à ne plus haïr Lucius Malfoy au point de vouloir l'achever lentement et douloureusement, je sais très bien que de son côté cet homme n'approuve pas notre relation (doux euphémisme…). Et tout cela ne me donne pas tellement envie de l'avoir à domicile, j'ai assez subi de flagellations mentales dans mon enfance pour avoir le désir de remettre ça maintenant.
Il ne me voit pas tout de suite, mais moi je le dévore du regard... Ses cheveux blonds voletant autour de son visage, ses yeux d'un bleu gris unique, ses mains blanches et fines... Il est toujours aussi beau, et je suis toujours aussi amoureux, rien que le fait de le voir me fait battre le coeur à une telle vitesse que j'en ai la tête qui tourne.
Ce n'est que lorsqu'il arrive à quelques pas de moi qu'il me remarque enfin et que ses yeux se rivent aux miens. Je peux voir que des cernes mauves se dessinent sous ses yeux légèrement rouges, comme si il pleurait souvent et ne trouvait pas le sommeil. Il a l'air étonné. J'aime le fait de pouvoir lire ses émotions sur son visage, il a définitivement perdu ce masque de froideur méprisante qu'il portait en permanence avant. Et là je peux voir une multitude de sentiments contradictoires défiler, il est comme un livre ouvert. Il y a la tristesse, la joie, la colère, l'ennui, l'embarras... Et aussi une petite étincelle de désir, comme toujours lorsqu'il le regarde, ça me réchauffe le coeur de me rendre compte qu'il n'est pas devenu insensible, je vais peut-être pouvoir le convaincre de m'écouter.
Bien entendu j'ai déjà essayé de lui parler, une fois... Juste après son départ, je me suis même rendu chez Parkinson alors que je ne peux pas la sentir, mais à défaut de trouver Draco j'y ai trouvé les raisons de son départ. Depuis je me suis contenté d'attendre, mais au fond, Draco Malfoy est bien trop fier pour revenir me parler, ce serait comme une humiliation pour lui de faire le premier pas, ça l'a toujours été.
Il semble hésiter quelques instants puis franchit les derniers mètres qui nous séparent.
"Bonjour Draco." je dis doucement.
"Bonjour. Qu'est-ce que tu fiches ici?"
Ah... Il attaque déjà, je sens que ça s'annonce comme un bras de fer psychologique cette discussion que je compte (et que je vais!) avoir avec lui.
"Je suis venu te demander de m'écouter. L'autre soir tu es parti sans même me dire pourquoi, je l'ai appris par Parkinson. Alors maintenant la moindre des choses serait que tu me laisses t'expliquer ce qui s'est vraiment passé, après tu seras libre de t'en aller, de m'en coller une... de rester."
Je n'ai fait que murmurer mes derniers mots, mais je sais qu'il les a entendus, car il a détourné le regard, signe qu'il est gêné, qu'il a peur que je me moque de lui. Mais il finit par répondre...
"D'accord, Potter, je t'écoute."
"Non, pas ici." je lui montre d'un geste de la tête les gens qui passent en nous regardant d'un air curieux, encore un truc qui m'énerve: je ne peux pas faire un geste sans qu'il soit disséqué, analysé dans ses moindres détails, et finalement répété, déformé pour finir dans une feuille de chou. "Viens à la maison ce soir... Je ne te sauterai pas dessus, promis." Je rajoute en voyant qu'il allait refuser.
Il hoche la tête et s'en va d'un pas rapide, sa robe noire flottant élégamment derrière lui.
Et je ne peux que le regarder s'en aller encore une fois, sauf que là je sais que je vais le revoir, ce soir...
oOoOoOo
Si j'étais superstitieux je me dirais que cette journée est décidément l'une des pires de mon existence, un vendredi noir qui me condamne à aller d'échecs en foirages divers... Heureusement je ne suis pas un accro aux signes du "destin", mais tout de même...
Après avoir vu Draco je suis retourné à mon bureau pour m'entendre dire par ma secrétaire que j'étais en retard à ma réunion avec le Ministre, j'y suis allé aussi vite que possible sans prendre le temps de chercher les parchemins que je devais impérativement avoir pour ladite réunion, ce qui bien entendu a abouti à une impasse, le rendez vous a finalement du être reporté à demain... ô joie, je vais travailler un samedi... Bien entendu suite à ça, tous les petits malheurs se sont enchaînés depuis les plaintes de divers services à l'annonce d'une grève des transports magiques...
J'ai réussi à résoudre toutes ces histoires avec beaucoup de difficultés, ce qui m'a fait rentrer chez moi bien plus tard que d'habitude. Tout ça pour découvrir que l'installation électrique de ma maison avait grillé (ne me demandez même pas pourquoi j'ai décidé de vivre du côté Moldu, je n'arrive pas à m'en souvenir dans ces cas là...) et qu'il était trop tard pour appeler un électricien. Résultat: je me retrouve dans le noir, et ce jusqu'à au moins demain.
Bon, il y a le système "D": les bougies, que j'ai allumées d'ailleurs.
Il est 22 heures, Draco a dit qu'il passerait, je ne pense pas qu'il me fera faux bond, il n'a qu'une parole et il viendra, en attendant je me suis servi un verre... De jus de citrouille, ce n'est pas le moment de boire de l'alcool, et puis même si je le voulais, j'ai terminé ma réserve hier soir (oui, l'immondice de Bullstrode était mon dernier recours, sinon je ne l'aurais jamais bue!).
De légers coups frappés à la porte me font sursauter, j'arrête de marcher de long en large pour aller ouvrir à Draco (car c'est lui) qui se tient légèrement en retrait derrière le battant. Il a l'air moins pâle que ce matin, je suppose qu'il s'est reposé, mais ses yeux sont toujours un peu rouges. Je m'efface pour le laisser entrer.
"Panne d'électricité" je lui dis en voyant son air surpris.
Hum, c'est vrai que les bougies créent une ambiance un peu romantique, pas que je sois contre ce fait, mais je ne voudrais pas qu'il pense que je l'ai attiré dans le but de le séduire. Je veux simplement pour une fois parler avec lui.
Parler... Une chose qu'on n'a jamais vraiment fait tous les deux...
Il ôte sa cape doublée de fourrure noire et la pose délicatement sur le dossier d'un fauteuil avant d'aller s'asseoir dans le grand canapé d'angle que nous avons choisi ensemble. Il attend visiblement que je dise quelque chose.
"Tu veux boire quelque chose?" je lui demande.
Lâche! Me hurle ma conscience.
"Je veux bien un verre de vodka"
Oups!
"Il n'y en a plus." je réponds, légèrement honteux.
"Un whisky alors." Dit-il en haussant les épaules.
"Euh... Non plus." Je reprends, de plus en plus honteux.
"Oh... N'importe, du vin."
Il a l'air un peu étonné, nous avons toujours une ou deux bouteilles d'alcool ici.
"A vrai dire, il n'y a plus rien d'alcoolisé." J'avoue en baissant les yeux sous son regard inquisiteur.
"Tu as tout jeté?" demande-t-il en haussant un sourcil moqueur.
"Non, ou alors dans mon gosier. J'ai du thé ou du café si tu veux."
J'ai parlé rapidement en espérant qui ne s'apercevrait pas de mon trouble.
"Café." Tranche-t-il.
Quelle entrée en matière, Potter! D'abord il arrive et se retrouve dans le temple de la bougie, puis je lui avoue que je suis devenu un poivrot... Merlin, que va-t-il me faire dire encore?
Je m'empresse d'aller lui préparer un café léger (je me souviens au moins qu'il est insomniaque...) et je reviens le lui donner avant de m'asseoir à l'autre bout du canapé. Il ne dit rien, il se contente de boire lentement le liquide brûlant en me regardant d'un air neutre. Et moi je m'enfonce dans mon mutisme, il y a tellement de choses que je voudrais dire, tellement...
Mais ça ne sort pas.
Nous restons ainsi de longues minutes, lui buvant son café et moi le regardant boire, j'ai tous ces mots sur le bout de la langue, mais il me semble qu'aucun d'eux n'est adapté à la situation... Ils sont trop plats, trop utilisés par d'autres. C'est un de ces moments où d'habitude je prendrais Draco dans mes bras, je le serrerais contre moi et je lui dirai mon affection avec des baisers, des caresses.
Mais cette fois il faut que je le fasse autrement.
Comment on dit "je t'aime"?
Ca vous parait peut-être simple mais croyez moi, ça ne l'est pas, c'est le genre de mots irrévocables, qui vous engagent envers celui à qui vous les dites, et j'ai beau aimer Draco à la folie, je n'arrive pas à prononcer simplement ces mots-là.
Je sais aussi qu'il attend que je lui dise pourquoi j'ai parlé de lui de cette façon...
Mais par où commencer?
Le son de la tasse posée doucement sur la table basse me ramène à la réalité. Draco s'est levé et il a déjà pris sa cape sur le dossier du fauteuil.
"Qu'est-ce que tu fais?" je lui demande.
"Ca ne se voit pas? Je m'en vais."
"Pourquoi?"
Question stupide...
"Visiblement tu n'as rien à me dire, alors plutôt que de perdre mon temps, je préfère m'en aller." répond-t-il d'un ton neutre qui ne lui va plus depuis des années.
Ce ton me fait mal... C'est comme s'il me détestait à nouveau.
Je me lève aussi et me place face à lui avec cette impression diffuse de rejouer une scène, celle d'il y a deux semaines, celle qui m'a fait le perdre...
"Reste..."
Je suis presque étonné d'entendre une supplique dans ma voix. Mais la réaction de Draco me stupéfie par contre...
Ses joues s'empourprent de colère et ses yeux gris se mettent à me lancer des éclairs haineux.
"Rester ? Mais pourquoi faire, Potter ? Pour que je te prouve que je suis le roi de la baise, pour que je te suce ? Dis moi pourquoi je devrais rester avec un enfoiré qui n'aime de moi que mon cul et le fait de pouvoir s'envoyer Draco Malfoy!"
Chacun de ses mots est rempli de douleur, celle qui le fait pleurer depuis deux semaines, depuis ce soir là... Celle qui même maintenant, alors qu'il est debout face à moi, fait couler ses larmes...
J'en veux à Nott de lui avoir dit tout ça, j'en veux à ces soirées qui l'éloignent trop de moi... Je m'en veux pour tout le reste.
Ma voix est rauque lorsque enfin je parle.
"J'ai essayé de te parler quand j'ai su pourquoi tu m'avais quitté. Je voulais te voir, t'expliquer que moi aussi j'ai mes moyens de relâcher la pression... Mes quarts d'heures "langue de pute" à moi. Simplement je me défoule sur ces articles qui te salissent Je sais que ce n'est pas une raison pour parler de cette façon, mais ça me fait tellement de mal de voir qu'après deux ans, ils ne se sont toujours pas calmés."
Mes mots ont l'air de l'avoir un peu calmé, il n'affiche plus qu'un air septique.
Je continue sur ma lancée...
"... Parce que je voudrais que tout le monde te voie comme moi je te vois, Draco. Tu es une personne exceptionnelle."
Il soupire.
"Je me fiche totalement de ce que les gens peuvent dire de moi, par contre ça m'a fait mal quand j'ai su que toi aussi tu t'y mettais. Même si c'était pour rire, même si tu ne le pensais pas, ça m'a fait mal."
"Je sais..." je murmure. « Je sais tout ça… Mais toi, tu sais à quel point tu m'as blessé en accordant plus de foi à des paroles rapportées par tes amis qu'à moi ? Je sais que ce sont tes amis, mais après deux ans de vie commune tu aurais tout de même pu me demander des explications. »
« Putain Potter ! Tu crois que j'avais la tête à ça ? Te demander des explications sur un truc pareil ! » S'exclame-t-il. Il est encore énervé mais j'entends une certaine lassitude dans sa voix. « Et puis j'ai confiance en mes amis, ils ne m'ont jamais rien caché. » termine-t-il en me lançant un regard lourd de sens.
Je trouve qu'il exagère un peu, à l'entendre il faudrait leur élever un autel et déposer des offrandes à leurs pieds à ces langues de vipères !
« Peut-être, mais ils ne peuvent pas me voir, avoue que l'occasion était trop belle ! » je rétorque.
« Non ! Ils ne feraient jamais ce genre de plan. »
Il a affirmé cela en me regardant droit dans les yeux.
« Tu en es sûr ? »
« Oui, d'ailleurs sans Pansy, je crois que tu aurais poireauté toute la nuit au milieu de tes bougies. »
Le silence s'installe à nouveau, un peu tendu mais plus gêné comme au début. Il ne fait cependant pas un geste pour essuyer les perles salées qui ont coulé le long de ses joues. Et moi je ne peux que tenter d'enregistrer ses dernières paroles… Parkinson l'aurait forcé à venir ce soir ? Ainsi elle ne serait pas la sale peste que je croyais ?
"On est pathétiques." dit Draco au bout de quelques minutes.
Je souris un peu malgré moi, il a toujours eu ce talent de mettre les mots justes sur toutes les situations.
"Ouais." je confirme en passant une main nerveuse dans mes cheveux.
"Comment en est-on arrivés là?" demande-t-il d'une voix songeuse, et je sais qu'il ne parle pas que de ce soir…
"Je ne sais pas, peut-être qu'à force d'éviter de se parler de certains sujets on s'est un peu éloignés. Je sais que tu souffres de l'absence de tes parents, donc je ne veux pas te forcer à me parler d'eux. Je sais ce qui te fait souffrir et je ne veux pas en rajouter en te faisant ressortir tout ça."
Il lève vers moi un regard surpris.
"Peut-être au contraire que ça me ferait du bien d'en parler avec toi... Tu aimes me parler de ta famille, non?"
"Si, bien sûr..."
"Il n'y a aucune différence, Harry... Je veux dire, dans un couple il y aura des sujets de discorde mais ce n'est pas en les évitant que l'on pourra continuer à s'entendre. Tu te montre toujours très ouvert avec de parfaits étrangers mais moi je me confronte à un silence pesant, ou à des mots creux. Je n'ai pas le pouvoir de briser ce mur tout seul."
Il a raison.
Tellement raison...
"Il faudrait sans doute qu'on se confie l'un à l'autre plus souvent... " Je dis sans même réfléchir.
"Si je décide de revenir, oui, ce sera une nécessité."
Ah, c'est vrai, j'avais presque oublié qu'il m'avait plaqué...
Mais je sens qu'il attend que je le retienne, je sens que je peux le faire, ce n'est pas si difficile après tout... Et si pour une fois je faisais le premier pas?
Dans une sorte d'état second je franchis les quelques pas qui nous séparent, je ne sais pas ce que je vais faire, juste ce que je dois faire...
Avec douceur je lui prends sa cape qu'il serrait contre lui en un geste défensif et je la repose sur le dossier du fauteuil. Puis toujours lentement je passe mes bras autour de sa taille, je souris presque en le sentant frissonner, et je l'attire contre moi.
Simplement nos deux corps serrés l'un contre l'autre, sa chaleur m'a manqué, son parfum subtil aussi, un mélange d'épices, d'effluves de potions et de lui. J'aime cette odeur. Sa respiration sur ma joue aussi, chaude et douce, légèrement hachée parce qu'il fait des efforts afin de se contenir...
Il est mon monde...
Et avec cette réalisation, ils viennent seuls...
"Je t'aime."
A peine ai-je murmuré ces mots, ses barrières lâchent et ses bras viennent s'enrouler autour de moi.
"Je t'aime aussi, Ducon." me répond-t-il.
Je ne suis même pas vexé, après tout c'est Draco Malfoy, une gentillesse, une vexation... Je ne crois pas pouvoir le changer, et même si je le pouvais, je ne le voudrais pas. Il est horripilant mais ça fait partie de lui.
Et comme lors de cette première fois, il y a deux ans, il prend mon visage en coupe entre ses mains et dépose doucement ses lèvres sur les miennes. Je serais incapable de vous dire à quel point un baiser de Draco peut vous remuer jusqu'aux tripes, je ne sais pas comment il fait, c'est un mélange de pudeur et d'indécence, sa façon de caresse ma bouche avec la sienne, la science avec laquelle il mordille ma lèvre inférieure, la sensualité de sa langue dansant avec la mienne...
Je pourrais passer des heures simplement à l'embrasser, il peut me faire voir les étoiles ainsi...
Peut-être est-ce parce que je l'aime que chacune de ses caresses m'émeut à ce point, c'est comme si la grâce me touchait à chaque fois...
Nous restons longtemps ainsi, debout au milieu du salon, entourés par les bougies, indifférents au monde extérieur, juste captivés par notre communion, perdus dans ce baiser d'une douceur incroyable.
Ce soir nous ne ferons pas l'amour, je pense même que Draco ne restera pas dormir ici...
Mais je sais qu'il reviendra.
Je ferai tout pour cela.
oOoOoOo
Certaines personnes disent qu'après la pluie vient le beau temps…
J'ai essuyé une grosse tempête sentimentale qui m'a forcé à revoir pas mal de choses dans ma vie, à m'analyser, à évoluer.
Cela fait maintenant deux mois que Draco et moi vivons séparément. Nous sommes à nouveau ensemble, mais d'un commun accord nous avons décidé d'attendre un peu avant de revenir à la vie commune. Dis comme ça, c'est un peu étrange mais voyez vous, après avoir parlé plusieurs fois de ce qui n'allait pas entre nous (outre ce problème de ragots...) nous en sommes venus à la conclusion que notre couple avait besoin d'un second souffle.
Bien entendu ça n'a pas été facile, ses amis ont été très choqués d'apprendre que finalement je n'étais pas un si grand connard que ça et que ce que j'avais dit avait été pris hors contexte, cependant, Théodore Nott s'est excusé auprès de Draco pour avoir « mal interprété » mes paroles. Bon, je ne vais pas faire le difficile, il s'est déjà excusé. Et puis je ne m'attendais pas aux grandes effusions venant de lui, parce que s'il adore Draco, je n'oublie pas que ma personne l'insupporte au plus haut point. Il en est de même avec Parkinson, Zabini et les autres mais au vu des évènements de ces dernières semaines, il semblerait que le bonheur de Draco ait plus d'importance que le leur (et je crois qu'ils seraient ravis de me voir loin, très loin de Draco, et de préférence sans vie, si c'est dire leur dévotion amicale…)
De mon côté, Ron a un peu fait la tête mais il a été ravi de voir que j'allais mieux, il m'a sorti une bordée de jurons que je ne connaissais même pas et s'est fait frapper par Hermione qui justement venait d'entrer dans la pièce, elle ne supporte pas la vulgarité gratuite...
Les journaux nous ont une fois de plus mis en première page, Draco en a pris pour son grade, j'ai été élevé au rang de martyr de l'amour, mais cette fois, au lieu de tout prendre sur moi, je me suis ouvert à Draco. Et cette fois il en a ri avec moi.
Ma relation avec Draco est repartie depuis sa base, à ma grande frustration, j'ai du me retenir un moment avant qu'il se décide à me faire à nouveau l'amour, ce qui est arrivé hier soir. Il m'a dit que dans un couple, il n'y avait pas que le sexe qui comptait, et qu'il voulait avant tout qu'on mette à plat tout ce qu'il y avait à mettre à plat entre nous... Bon j'avoue qu'il a ramé un moment avant de me faire avouer certaines choses comme mon profond respect pour Rogue (d'ailleurs il ne s'en est pas encore remis, il faut dire que l'aveu était de taille) ainsi que mon désir de connaître son enfance.
De son côté il m'a avoué avoir conservé le Manoir Malfoy, je le comprends, j'aurais bien aimé avoir la maison de mes parents... Il m'a également avoué m'avoir souvent trouvé odieux à son encontre, il n'avait pas tort...
Nous consacrons désormais une soirée par semaine à parler ensemble, c'est une sorte de thérapie, un peu comme ses soirées du jeudi, ou mes conversations avec Ron. Il n'y a pas de jour précis, pas de rendez vous, on n'a donné aucune étiquette à ces moments, nous parlons et c'est tout.
En bref, nous avons réussi à remettre tous les compteurs à zéro, ce qui est un grand pas en avant pour notre couple, et nous réussissons à nous parler à coeur ouvert. J'en veux toujours à Nott pour avoir fait du mal à Draco en lui racontant cette histoire, car connaissant ma tendre moitié, il aurait aussi bien pu m'émasculer à vif... Mais finalement je crois que c'était un mal pour un bien, je me sens tellement mieux à présent...
Draco aussi je crois...
Tiens, il se réveille, je devrais sans doute vous raconter ce que je compte lui faire dans les deux heures à venir, mais je préfère vous laisser imaginer, c'est tellement mieux...
Fin
Nous espérons que cette histoire vous aura plu. Bisous à tous !
