Emma et David patientaient, calmement, pendant que Regina lisait le rapport. Elle leva la tête et s'exprima :
– Ça fait combien de temps exactement que ça dure ?
– Presque 50 jours, répondit la Shérif.
– Sur quoi vous basez-vous pour déterminer la chronologie ?
– J'ai retracé tous les décès antérieurs et je me suis concentrée sur les 3 critères dont je vous avais parlés hier. Il n'y a aucune trace de mort liée à ma recherche qui soit antérieur à Angèle Hure.
– Vous êtes donc convaincue qu'il s'agit bien d'un tueur en série.
Ce n'était pas une question. C'était une affirmation. Regina voulait être certaine qu'après une nuit de sommeil et peut-être de réflexion, la Shérif ne changeait pas d'avis.
– Tout porte à le croire, répondit celle-ci avec prudence.
Emma ne bougeait pas, elle récitait sa leçon avec conviction. Cela faisait deux mois qu'elle était sur l'affaire, des semaines qu'elle avait tenté de convaincre son père de ses soupçons et qu'elle avait trié tous les éléments qu'elle avait relevés. Elle ne cilla pas d'un poil, se sentant enfin entendue et crue.
– Cinq "meurtres" en 10 semaines, synthétisa Regina à voix haute.
Elle avait du mal à assimiler. Cela lui semblait si incroyable. Pourtant, elle poursuivit ses questions :
– Est-il régulier ? Ce que je demande c'est si les intervalles de temps entre ces assassinats sont identiques.
– Je ne sais pas.
– En vous fiant sur vos analyses…
– Sans trop m'avancer, il est constant. À 12 jours d'intervalles entre chaque meurtre. Presque toutes les deux semaines.
– Que vous faut-il pour garantir ces éléments ?
– Nos moyens sont limités, Regina. Pour ça, il faudrait envoyer les échantillons à des laboratoires spécifiques, à l'extérieur de la Région, à Boston. Pour Khover, c'est une certitude. On ne peut rien faire ici. Le seul élément est que son corps a la même couleur …qu'un haricot… trop mûr, hésita-t-elle à dire. Je ne crois même pas que cela soit relevant. Et si on envoie nos scellés ailleurs… est-ce que Storybrooke est reconnu sur la carte de l'autre monde ? Ne risque-t-on pas d'ouvrir une porte vers le monde réel qui pourrait s'avérer encore plus dangereuse ?
Regina ne dit rien. Elle pensait Kurt Flynn et à son fils rebaptisé Greg Mendell. Des gens bien réels qui avaient traversé la limite de la ville, avec de mauvaises intentions. Et elle pensa à Robin qui l'avait franchie dans l'autre sens, pour de toutes autres raisons. Elle se tourna vers son interlocutrice, bien consciente de l'évidence :
– Cette porte est déjà ouverte que nous l'ayons voulue ou pas.
David se sentait délaissé dans cette conversation. Il ne comprenait pas l'objet de sa présence si c'était pour parler devant lui comme s'il n'était pas là. Il n'aimait les impressions qu'il ressentait, comme s'il n'avait pas d'importance. Il intervint, sur un ton assez sec :
– Tu ne peux rien y faire ? dit-il en s'adressant à la Maire : Storybrooke est ta création, après tout.
Le visage de Regina changea de tout au tout. Si elle était sérieuse suite au sujet abordé, elle se renfrogna et rétorqua :
– Tu n'arrêtes pas de me le répéter alors que tu connaissais la vérité ! Rumple l'a créé. J'ai jeté le sort. Je n'en suis ni à l'origine ni à son élaboration ! J'aimerais qu'une fois pour toute, cela soit gravé dans ce qui te sert de cervelle de petit pois.
– Tu n'as pas besoin d'être agressive.
– Tu n'as pas besoin de me rappeler constamment mon passé !
Ils étaient tous les deux debout, à quelques centimètres l'un de l'autre, prêts à en venir aux mains. Emma aperçut les étincelles au bout des doigts de Regina et les poings de David se serrer. Elle s'interposa entre eux :
– On s'arrête, ça ne sert à rien de se blâmer mutuellement, vous vous trompez de cible. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
Un long silence s'installait dans la pièce. Le temps que les nerfs s'apaisent et que la tension redescende d'un cran. L'Adjoint se rassit et souffla fort par le nez. Regina détourna le regard, au loin, et fit pareil. Rassurée, Emma se réinstalla dans son siège. Regina reprit le fil de la conversation :
– Avant toute chose, il me manque des informations sur ce qu'il s'est passé hier. David, où est ton rapport ?
– Lequel ?
– Celui que tu dois me remettre.
Le boy scout l'énervait prodigieusement :
– Tu as celui-là.
Il montra les documents sur son bureau.
– C'est le compte-rendu d'Emma. Pas le tien. Le sien relate le début de l'après-midi... Or, tu étais le premier sur le terrain.
– Ha. Ça ? Et bien, Scrooge m'a appelé à 9h quand il est entré dans sa banque pour préparer son ouverture et il a-
Regina leva la main et l'interrompit :
– Pourquoi je n'ai pas de rapport ? Pourquoi ce n'est pas écrit ?
– Si tu ne me laissais continuer… Je suis entrain de te le faire ce rapport, je suis en train de te raconter...
– Non. Je veux un rapport ECRIT. Ce n'est pas compliqué.
– Pourquoi ? A quoi ça sert ?
Regina perdait patience. Elle se leva à nouveau et regarda par la fenêtre pour tenter de se calmer. Elle pouvait sentir la tension s'accumuler au niveau de ses tempes et sur ses épaules.
Le policier ne releva pas et insista :
– Je n'ai jamais fait de rapport en 4 ans. Pourquoi en demandes-tu un maintenant ?
Elle se retourna. Elle prit appui sur le bureau pour se maitriser de lui rentrer dedans. Sa mâchoire était crispée et les mots sortaient comme des hachoirs :
– En quatre ans, nous avons eu affaire à des événements magiques, pas à une enquête judiciaire. Si nous devons faire appel au monde extérieur, il nous faudra être crédible et conforme, lui expliqua-t-elle, point par point, comme à un enfant.
– Comment je peux le savoir ?!
L'Ancienne Reine le prenait pour un idiot. Il en était persuadé. Pris en otage par son ignorance, il se rebiffa et se justifia :
– Tu m'as implanté des connaissances d'assistant vétérinaire pas judiciaire !
Regina renifla sa colère. Sa mauvaise foi était si évident, si facile :
– C'est tout le problème, alors ?! A ton tour de me dire comment se fait-il que tu sois le député du Shérif, sans aucune qualification…
– C'est une blague ?
Sur le même ton, la tête légèrement penchée sur le côté et les yeux plissés, Regina répondit :
– Ai-je l'air de plaisanter ? Pourquoi votre famille pense-t-elle que j'ai toujours l'air de plaisanter ?!
Emma détourna le regard vers le tableau de l'autre côté de la pièce. Si l'entretien virait à l'orage, l'origine de la dispute ne lui déplaisait pas. Regina avait soulevé un caillou dans sa chaussure. Depuis plusieurs semaines, la présence de David à ses côtés lui pesait. Ses manques de compétences et d'investissement dans le monde moderne la ralentissaient dans ses démarches. Jusqu'alors, elle ne savait pas comment aborder le problème avec son père. Le fait que Regina le faisait pour elle l'arrangeait grandement. Cependant, elle fut interpelée par la Maire qui en avait assez de tourner en rond avec cet incompétent :
– Shérif Swan, vous avez été élue Shérif et vous avez un diplôme en criminologie, vous avez une semaine pour mettre de l'ordre dans ce commissariat.
C'était au tour d'Emma d'être piquée à vif et de se redresser. Mais son père réagit immédiatement et interféra :
– Tu n'en as pas le droit !
– J'en ai le droit et le pouvoir, David ! C'est Snow elle-même qui est venue me supplier de reprendre sa fonction de Maire et c'est toute la ville qui m'a élue, il y a deux ans. Les élections étaient équitables et justes.
– Tu abuses de ton autorité ! répliqua-t-il en s'avançant.
– J'abuse ! J'abuse ?! explosa-t-elle. Qui se sert de sa position et de ses relations avec la Reine Blanche ? Qui s'est autoproclamé Shérif Adjoint depuis quatre ans ?
Le visage de David s'empourpra, au bord de l'implosion. Il ouvrit et referma la bouche à plusieurs reprises mais aucun son ne sortait. Alors, vide d'arguments et de défense, il arracha son badge de son ceinturon, extirpa son Glock de son holster et les abattit fermement sur son bureau. Il fit un demi-tour sec et quitta la salle, furieux, en claquant la porte derrière lui.
Regina, elle, fulminait derrière son bureau, les poings serrés.
Contre toute attente, Emma fit un signe du poignet vers la poignée de porte. La clef tourna d'elle même dans la serrure dans un petit clic net.
– Qu'est-ce ce que vous faites ? demanda la Maire, étonnée par cette soudaine attitude imprévisible.
La Shérif se précipita à sa hauteur et la poussa contre le mur. Son souffle était chaud et sa respiration rapide. Elle lui prit la main pour la glisser dans son propre pantalon. De sa voix rauque, elle déclara :
– Dans quel état tu me mets !
Encore sous l'effet de l'altercation et surprise par le changement soudain d'ambiance, docilement, Regina se laissa guidée et enfonça sa main à la hauteur de la taille, par dessous le jeans et la culotte. Cela ne prit qu'une seconde. Emma accompagna son geste et l'aida à se faufiler jusqu'à son sexe. La Shérif était trempée. La Maire leva les yeux et croisa son regard :
– Par les-
– Te voir en colère me tourne tous les sens.
Emma se colla davantage à son corps et ondula sur l'index de la Maire. Elle la prit dans ses bras et s'agrippa à ses épaules, essoufflée :
– Ta voix, le ton, hmmmm.
Elle gémit en y repensant. Le son de ses gémissements dans son oreille fit réagir Regina. Celle-ci, instinctivement, accentua sa pression. Elle attrapa la jeune femme blonde dans le bas de son dos et orchestra le rythme.
– Oh Regina, j'ai besoin que tu me prennes tout de suite.
Ces mots échauffèrent les nerfs de l'Ancienne Reine. Il ne lui en fallut pas plus pour maintenir son emprise et sa cadence.
X
Dans l'après soirée, Emma se présenta chez la Maire et son fils et sonna à la porte. Elle attendit en sautillant sur un pied puis sur l'autre. Elle souhaitait parler avec Regina et pour que celle-ci se montre complaisante, il lui fallait faire preuve de bonne manière et de souplesse. Tout était une question de timing et de patience. Des qualités qui lui faisaient cruellement défaut quand elle était en la présence de l'Ancienne Reine. La porte s'ouvrit sur son fils :
– Emma ?
– Salut Henry, ta mère est là ?
– Yep. Il se retourna et cria à tort et à travers : MAMAN, c'est Emma. Viens, entre. Elle est dans son bureau.
Il referma la porte derrière elle et regagna sa chambre, laissant sa mère biologique s'orienter dans le hall central. Regina vint à sa rencontre et à son secours :
– Y a-t-il un souci ? Ne me dites pas qu'il y a un nouveau meurtre.
– Non, non. Aucune inquiétude. J'aimerais discuter avec vous. Vous avez le temps ?
– Venez dans mon bureau, on sera plus au calme et Henry ne nous entendra pas. Voulez-vous un verre ?
– Oui, avec plaisir, merci.
Emma s'assit dans un fauteuil, embarrassée. Elle avait ressassé la dispute du matin, toute la journée. Sa mère l'avait appelée pour comprendre la mauvaise humeur de son mari. Son esprit était préoccupé par diverses questions et doutes.
– De quoi voulez-vous qu'on parle ?
Le cœur de Regina s'emballait sans raison. Elle pouvait le sentir se serrer dans sa poitrine et son ventre se contracter. Elle craignait qu'Emma ne mette un terme à leur contrat, comme elle l'appelait, suite à la démission de David et aux propos tenus plus tôt. Elle était tendue et s'attendait au pire. Elle servit son invitée et se dirigea vers son bureau, méfiante.
La jeune femme blonde fit tourner les glaçons dans son verre, songeuse. Elle semblait captivée par le mouvement apaisant des cubes. Elle prit une grande inspiration :
– J'ai réfléchi.
– C'est une première.
Emma ne releva pas et haussa les épaules, concentrée sur son objectif :
– Je tenais à vous remercier pour votre intervention, ce matin.
– Comment ?
Regina n'en crut pas ses oreilles et décontenancée, dut s'asseoir, sous l'effet de ces paroles :
– Je ne comprends pas très bien …
Le jeune blonde ne perdait pas son verre de vue et se racla la gorge pour s'éclaircir la voix :
– Je n'ai pas eu le courage de prendre mes responsabilités et la situation s'est envenimée. Ces derniers temps furent très difficiles …
– Je ne saisis toujours pas bien, Emma.
La Maire était à des années lumières de saisir le sens de cette conversation. Elle voyait pas du tout à quoi Emma faisait référence. Et encore une fois, ses explications étaient vagues et implicites :
– Qu'essayez-vous de me dire ? De quoi me parlez-vous ?
Emma la regardait à présent et tentait de s'expliquer :
– Mon père… David ne me … Je ne savais pas …
Les mots avaient du mal à sortir. C'était comme une confession :
– Le charisme de David et la façon dont les habitants le voient… Je ne retrouvais plus ma place en tant que Shérif, ni en tant que…
– Que ?
– Je ne sais pas… personne, Regina.
– Ha.
– Alors quand vous l'avez mis face aux faits, à la réalité… ça m'a… J'ai l'impression de pouvoir respirer à nouveau.
Emma but une gorgée, pour cacher sa gêne. Regina s'adossa plus confortablement. Son inquiétude s'était dissipée et elle dissimula son sourire de soulagement derrière son verre. Elle regarda attentivement la jeune Shérif. Elle semblait si démunie, si fragile :
– Si ça a pu vous aider… Tant mieux. Et pour ce que ça vaut, je suis … ravie de savoir que vous ne m'en voulez pas, avoua-t-elle, plus détendue.
L'image d'elle lui prenant la main et la serrer avec tendresse pour la rassurer jaillit sous ses yeux, elle cligna des paupières pour la chasser dans la seconde.
Emma la conforta :
– Non. Non pas du tout. Au contraire. Vous m'avez évité d'être l'auteur d'un drame probablement familial. Je vous en suis reconnaissante.
– J'ai confiance en vous, Emma et en vos compétences. Je ne vous aurais pas associée à ma campagne, sinon.
– Ha bon, ce n'était pas pour ma popularité et gratter quelques voix ? releva-t-elle avec humour. Elle reprit son sérieux : Je suis désolée d'avoir failli à vos attentes. Je me suis laissée complétement dépasser.
Regina avait bien constaté l'emprise qu'avait prise son père ces dernières années et l'influence discutable qu'avait le pirate depuis quelques temps. Cependant, elle s'était bien gardée de partager ses pensées. Ce n'était pas ses affaires. Jusqu'à présent, ce qui lui importait était que les habitants de la ville soient en sécurité et que le reste tourne tout seul, sans grande incidence. Et le sujet de Killian Jones n'avait pas été relevé. Elle ne prit pas le risque de le soulever. Un problème à la fois.
– Je n'ai rien remarqué, mentit-elle. Elle leva son verre à leur santé, dans un sourire complice.
Emma la regarda, dubitative. Regina détourna la conversation :
– Où en êtes-vous dans vos entretiens ?
– J'ai parcouru plusieurs curriculums et deux, trois profils sont intéressants. Mais j'ai une requête.
– Laquelle ?
– J'aimerais garder Red, à mi-temps.
– C'est vous qui voyez, Emma. C'est vous la plus qualifiée pour déterminer qui peut faire équipe avec vous. C'est tout ?
– Non. Voyez-vous un inconvénient pour que nous nous voyions afin de discuter de l'affaire ?
– Pour quelles raisons ? Si vous vous constituez une nouvelle équipe, ma présence ne vous sera pas utile. Je n'ai pas vos aptitudes à trouver des personnes recherchées.
– J'ai besoin de sortir mes réflexions de la tête, de parler à quelqu'un … Et c'est ce que nous avons toujours fait.
– Ceci est différent.
– Peut-être. Vous ne le souhaitez pas ?
Regina réfléchit. Quel mal cela pouvait-il avoir ? Cela lui permettrait de rester informée régulièrement et ce n'est pas comme si les tâches s'accumulaient au Conseil communal.
– Pourquoi pas ? Mais que cela ne devienne pas une habitude.
– C'en est déjà une, Regina. Il n'y a pas une année qui s'est écoulée depuis que le sort noir ait été levé sans que nous n'ayons collaboré. C'est juste que pour celle-ci, je vous le demande officiellement.
La Maire ne dit rien. C'était vrai. Emma faisait partie de son paysage comme elle du sien, sans qu'elle ne s'en était vraiment rendue compte.
– Très bien. Par quoi voulez-vous commencer ? Je me trompe peut-être, mais ça vous travaille déjà… Votre demande n'est pas anodine.
– Non, en effet. J'y pense beaucoup, depuis notre débriefing, hier.
– Je vous écoute.
– Je vais droit au but.
– C'est tout ce que j'ai toujours souhaité !
Regina se mordit l'intérieur des joues. Cette phrase était porteuse d'un double sens. Il lui fallait surveiller son langage afin de ne pas réveiller … sa libido. Elle déposa son verre sur son bureau et s'avança, toute ouïe. Emma n'avait pas saisi l'allusion et demanda :
– Se peut-il que nous ayons un étranger qui ait pénétré dans notre ville, à notre insu ?
– Vous répondez vous-même à votre question. Si c'est à notre insu, comment pouvons-nous le savoir ? Eclaircissez votre pensée.
– Mendell, Tamara et les frères Darling ont traversé la ligne, à plusieurs reprises, sans souci.
– Depuis, j'ai renforcé sa protection.
– N'a-t-elle pas une durée dans le temps ? ne se périme-t-elle pas ? ou s'affaiblit-elle pas ?
– Le seul qui puisse répondre à cette question, c'est Gold. Je ne sais pas comment Mendell a franchi la limite. Mais Tamara a été aidée par Neal. Pour les frères Darling, il faudra demander à Belle. Pourquoi cette soudaine inquiétude ?
– Nous sommes peut-être uniquement invisibles pour leurs yeux, mais je crois que la frontière est franchissable. Cette ligne n'est pas un mur invisible. Et notre ville est le paradis rêvé pour toutes sortes d'individus. Tout est possible ! … J'ai peur que, si cela se sait, à l'extérieur, d'autres personnes l'aient traversée, pour en profiter…
– Qu'est-ce qui vous fait dire que nous ne sommes pas protégés dans l'autre sens ?
– Internet, l'électricité… Les conduits poursuivent leur tracé au-delà de la ville. David m'a parlé hier de marchandises qui nous étaient livrées… Je sais, c'est très terre à terre. Mais c'est un début de piste.
– Je ne vois toujours pas le lien…
– Il suffit d'une seule personne, comme Mendell. Une seule et qu'elle se soit fondue dans la masse. Connaissez-vous exactement tous les habitants ?
– Non. Les habitants vont et viennent d'autres Pays imaginaires, vous le savez. Il y a les habitants de la première génération, mais il y a des villégiatures aussi. Vous devriez le savoir, c'est le pirate qui organise la plupart des transports.
– Il n'y a donc pas de recensement, de registre de la population. D'où mon point de vue, les frontières de Storybrooke sont de vraies passoires.
Regina s'enfonça dans son siège, dépitée. Tellement d'inconnues qu'elle ne maitrisait pas. C'était une première.
– C'est en effet envisageable, mais il nous faut nous en assurer. Que suggérez-vous ?
– Ce week-end, j'irai longer les limites de Storybrooke et j'aimerais que vous m'accompagniez.
– Je ne suis pas faite pour le hiking et encore pour un éventuel trekking. Je ne pense pas que nous ferons le tour de la région en une seule journée. Plus de 24h dans la nature, je passe mon tour.
– Allons, ne soyez pas difficile. Ce n'est pas comme si vous ne l'aviez jamais fait et nous serons mieux préparées que pour le Pays Imaginaire. J'ai demandé à Legolas de nous rejoindre.
– Nous ? Vous avez déjà tout préparé, n'est-ce pas ?
Emma ne dit rien. Parfois le silence valait mieux que les mots, surtout si cela risquait d'envenimer la situation ou même d'annuler ses plans.
La Maire réfléchit longuement. Cette discussion avait soulevé une faille importante. Une chose était certaine, dès demain, elle demanderait à Sandrine de tenir un registre et de faire un relevé de la population et au Conseil communal de mettre en place une sorte de passeport. Quel autre moyen avait-elle pour reprendre le contrôle de sa ville et de s'assurer elle-même de l'importance de cette faille ? Aussi Regina se résigna :
– Très bien. Mais je n'aime pas ça ! Qu'est-ce qu'il en est de la limite de l'Océan ?
– Killian s'en charge. Après tout, c'est le passeur entre les mondes, c'est son terrain de prédilection.
– Je n'ai pas confiance en lui !
Emma avait étudié les différentes possibilités toute l'après-midi, seule. Elle avait dû vider le poste de police, expliquer à ses occupants qu'ils n'étaient plus des employés mais des visiteurs, réinstaurer le règlement de base, recevoir les candidatures, parler à sa mère, gérer le fait que son père la battait froid et repousser les incessantes tentatives d'aide de Killian. Parallèlement, elle s'était aussi chargée de planifier des actions pour mener à bien son enquête… Ses journées s'allongeait, ne se répétaient pas et l'obstination et les exigences de la Maire alourdissaient sa tâche et son humeur :
– Alors faites-le vous-même.
Regina planta son regard dans le sien. Le calcul était vite fait. Emma l'attaqua sur son amour propre :
– Très bien ! Je le ferai. Si Legolas nous servira de guide dans les bois et ce sera Ariel qui nous accompagnera sur les eaux. Pas le Capitaine Stubing !
– Qui ?
– Vous ne connaissez pas !
XXX
