Merci pour tous vos commentaires ! Ils sont mon essence (plus chère ) à ma motivation, à mon écriture.
Je suis heureuse de savoir et de lire que mon style vous plait et que l'intrigue différente vous procure du plaisir à sa lecture ! Merci ! Merci ! Merci !
Surtout, ne vous gênez pas pour moi et continuez ! Ça me fait énormément de bien.
Chapitre 15 – « Let somebody go » de Coldplay X Selena Gomez, 2022.
Killian Jones entra après avoir annoncé son arrivée en tapotant, de son crochet, sur la porte ouverte de la chambre.
– Bonjour, Amour.
Emma était allongée sur son lit d'hôpital, la jambe légèrement remontée par un appui. Elle avait évité de justesse l'opération et le plâtre. 48h sous observation par mesure de sécurité (Surtout pour rassurer Snow - on est la fille de la Reine Blanche ou pas) et elle pourrait être déchargée après un suivi rigoureux. La jeune femme était reliée à une perfusion de réhydratation, contenant de l'eau et des sels minéraux. Le médecin lui avait donné des compléments alimentaires dont elle avait manqués pendant son séjour dans les bois.
Quand elle vit le capitaine avancer dans la pièce, elle sourit. Il était temps qu'elle lui parle. Depuis qu'il l'avait appelée la veille au soir pour prendre de ses nouvelles, elle ne songeait qu'à cela. Killian était un homme bien. Elle l'invita à s'avancer.
– Viens, entre.
Il s'approcha lentement, le cœur battant.
– Comment vas-tu ? lui demanda-t-il par politesse et par intérêt.
– Bien… Mieux… Les antidouleurs font leur effet. Je vais pouvoir marcher dès demain. Je ne le savais pas mais c'est déconseillé de rester trop longtemps la jambe inactive. Moi qui croyais en avoir pour des semaines, je vais pouvoir commencer le travail samedi.
Elle parlait d'une traite, pour combler le blanc gênant qui s'installait entre eux. Elle ne savait pas par où commencer, ni comment commencer.
Il ne dit rien. Il s'assit silencieusement dans le fauteuil en face du lit. Il attendait patiemment.
La Shérif détourna les yeux et regarda dehors les feuilles des arbres bruisser sous le vent.
– Il va pleuvoir.
– Oui. Il était temps. Cette sécheresse peut causer de gros dégâts sur les récoltes. C'est mauvais pour les affaires, répondit-il d'un ton neutre.
Depuis qu'il s'était amarré à Storybrooke, pour subvenir à ses besoins, il effectuait les transports maritimes commerciaux entre les mondes. De personnes et de marchandises. Pour se faire, il avait besoin d'haricots magiques. Et le prix montait en fonction de la qualité et de la quantité de récolte. La saison d'été était habituellement bénéfique pour sa production et le montant était généralement bas. Mais avec les caprices de la météo, sa valeur crevait le plafond, depuis deux semaines.
Les banalités de la vie quotidienne pesaient lourds dans la pièce. Il n'était pas venu pour échanger des formalités et elle ne l'avait pas fait venir pour parler de la pluie et du beau temps.
– Viens-en au fait, s'il te plait, lui demanda-t-il enfin. Le suspense le rendait fou.
Emma le regarda enfin, la gorge serrée. Rompre n'était pas une chose aisée, même si leur relation n'avait pas réellement commencé.
– Ça ne marchera jamais entre nous, lui avoua-t-elle enfin, de but en blanc.
– Comment peux-tu en être aussi sûre ? Tu ne m'as pas laissé une chance.
– Parce que ce sont des choses que je ressens.
– Que ressens-tu, alors ?
– De l'amitié. Juste de l'amitié.
– Ça peut changer… Tu le sais, ça s'est déjà vu.
La jeune femme souffla longuement et regarda ses mains malmener le drap. Ses doigts le tordaient dans tous les sens. Les machines à repasser auront fort à faire.
– Je … je ne suis pas amoureuse de toi. Je t'aime bien, mais pas comme je devrais, pas comme tu le souhaites…
Le pirate se leva soudainement, incapable de contenir ce qu'il ressentait. Cela attira l'attention d'Emma qui écarquilla des yeux, surprise de ce mouvement brusque. Il leva la main dans un signe d'apaisement et se dirigea vers la fenêtre.
– C'est la Reine, affirma-t-il.
La Shérif ne répondit pas. Il se retourna et embraya :
– Et elle ? Elle ressent la même chose pour toi ? demanda-t-il.
Emma baissa à nouveau les yeux et sourit tristement, sans un mot. Hook la jaugea et renifla. Il s'approcha d'elle et s'assit au bord du matelas. Il respecta son besoin d'espace et sa réserve. Il pouvait voir qu'elle souffrait intérieurement. Il l'aimait, il ressentait tout. Et la voir malheureuse, le rendait malheureux :
– Je t'aime, Emma. Depuis le premier jour… je … je ne peux pas m'empêcher de t'aimer. Je sais que je pourrai te rendre heureuse. Je suis prêt à tout pour ça. Je peux attendre… tu verras… Je peux …
– Non, Killian. Non. Je ne peux pas te demander ça. Ce n'est pas juste. Ni pour toi, ni pour moi. Je crois… Il vaut mieux que nous en restions là. Je ne supporterai pas de te rendre malheureux. Je finirai par me … nous détester…
– Je sais que je ne suis pas assez, je sais que je ne serai jamais un homme à ta hauteur mais-
Emma lui prit la main et le crochet et les rapprocha d'elle :
– Si ! Si ! Tu es quelqu'un de bien. Tu es beaucoup trop … bien pour moi. Tu mérites de trouver quelqu'un qui partage ta passion, ta vie toute entière … de naviguer à travers les mondes. …une femme qui t'aimera pour ce que tu es. Ce n'est pas une vie pour toi que de rester à quai !
– On est censés être ensemble, Emma.
Le pirate tenta le tout pour le tout. Il ne pouvait pas abandonner. Emma était la femme de sa vie. Il en avait l'intime conviction. Il n'avait plus ressenti cela depuis Mila. Son caractère combatif, sa répartie, le fait qu'elle ait résisté à son charme… Cette envie de se lever tous les matins pour la voir, même en coup de vent.
– Tu le sais ! Je sais que tu le sais… J'ai attendu et je ne me suis jamais plaint… J'attendrai encore autant de temps qu'il le faudra. Nous sommes faits l'un pour l'autre. S'il te plait…
– Ce n'est pas … le problème, c'est… tu… Je…
Elle ne savait pas quoi lui dire. « Sombrer » était le mot qui lui venait en tête si elle cédait. Ce serait si facile… de se laisser aimer par lui. Elle ne doutait pas de son amour, elle ne doutait pas de sa force. Oui elle savait qu'il ferait tout pour la rendre heureuse. Et elle savait aussi que si elle se laissait entrainer par son affection, par ses attentions, elle pourrait trouver quelque chose qui ressemble au bonheur. Mais elle savait aussi qu'elle se sentirait prisonnière de son amour, qu'elle lui devrait des retours, qu'elle se perdrait, qu'elle se fanerait :
– Je ne sais pas pourquoi je ne peux pas t'aimer comme tu voudrais que je t'aime. Je ne peux pas changer ce que je ressens. Je suis désolée… je ne peux pas… Je ne sais pas pourquoi …, répéta-t-elle.
– Je peux t'offrir tout ce dont tu désires : une famille, une figure paternelle pour Henry, une stabilité pour tes parents. Tes parents ont fini par m'accepter, les gens de Storybrooke m'ont adopté… J'ai un travail honnête !
C'était à son tour de prendre sa main et de la serrer fort, de la retenir, de peur qu'elle ne parte réellement. Il se battrait jusqu'au bout, il n'allait pas abandonner :
– Donne-nous, donne-toi une chance de m'aimer !
– Ce serait un mensonge si j'essayais … Et j'ai essayé ! Oh Killian, ne crois-tu pas que j'ai essayé ? Ne penses-tu pas que je n'ai pas vu tout ce que tu peux me donner ?!
Emma ne pouvait pas tout lui dire de peur de l'anéantir complétement. Elle ne pouvait pas lui dire qu'il était la solution de facilité, qu'il lui offrait l'image, la sécurité, le rêve de tous contes de fée. Il était tout cela : l'amour, la rédemption, la sécurité. Elle savait qu'il lui donnerait tout, qu'il se plierait à ses volontés, qu'il ferait tout ce qui est son pouvoir pour qu'elle soit heureuse. Mais elle ne l'aimait pas. Elle n'était pas amoureuse de lui. Elle était amoureuse de quelqu'un d'autre. Ce n'était pas correct de l'embarquer dans cette direction. Elle inspira puis elle se décida à mettre fin à la conversation :
– Il vaut mieux que tu partes.
Le jeune homme se raidit soudainement. Il retira sa main et son crochet. Il pouvait voir dans l'attitude fermée d'Emma que c'était fini. Rien de ce qu'il pouvait lui dire ne la ferait fléchir. Il se leva et remit sa perfecto noire en place. Il s'était habillé comme eux, depuis quelques semaines, chemise noire, veste en cuir noir et jeans noir, pour leur ressembler le plus possible. Pour se fondre dans ce drôle de monde qui ne lui appartenait pas. Le pirate rassembla ce qui lui restait de dignité et d'amour propre. Il soupira et sans ajouter un mot, il partit.
X
Le lendemain, la pluie battait le pare-brise. Il n'avait pas arrêté de pleuvoir depuis plusieurs heures. La terre asséchée et imperméable ne retenait pas l'eau et des torrents ruisselaient le long des trottoirs. Dans la voiture, David dût élever le volume de sa voix pour passer au-dessus du bruit des essuie-glaces et se faire entendre :
– Hook est retourné dans le Pays Enchanté. Il a réglé ses affaires, mis un terme à son entreprise et il est parti.
– Ha.
Emma n'était ni surprise ni préparée. Elle accusa la nouvelle tristement.
– Mouche est resté, par contre. Il travaille aux docks. Il préfère…
Silence. Il regarda sa fille :
– Tu veux me raconter ce qu'il s'est passé ? Vous vous êtes disputés ? Je pensais que lui et toi…
– Non.
– D'accord. Tu sais que tu peux me parler.
– Je n'ai rien à dire. C'est tout. Je suis contente pour lui, il avait du mal à s'habituer à ce monde, lui dit-elle pour dissiper d'éventuels doutes.
– OK.
Le jeune homme regarda la route. Il n'en saurait pas davantage. Il savait que l'intégration du pirate au sein de la société n'était pas la cause de son départ précipité. Même si c'était un critère avéré. Par les dieux ! Lui-même avait du mal avec toute cette technologie et ces démarches procédurales. C'était un homme d'actions.
Mais quand Jones était venu faire ses adieux, David savait qu'il avait en face de lui un homme au cœur brisé. Il changea de sujet de conversation :
– Ta mère et Ruby ont rempli ton frigo. Henry restera avec toi jusqu'à dimanche.
– Il ne doit pas, je sais très bien me débrouiller toute seule. C'est vous qui lui avez demandé ?
Son ton était plus sec. Elle en avait plus qu'assez d'être maternée. Et elle souhaitait être seule. A l'hôpital, les infirmières papillonnaient autour d'elle. C'était une patiente de marque, la fille de Snow, la Shérif de la ville, la Sauveuse. Elle n'aspirait qu'au silence et à la solitude.
David constata son changement d'humeur et rectifia immédiatement :
– Non, bien sûr que non ! Ça vient de lui. Il s'en veut de ne pas s'être aperçu de votre absence dimanche soir. Tu sais, il m'a appelé cette nuit-là. Il était 3h du matin et il pleurait. Il était en colère contre lui-même et effrayé que quelque chose de grave ne vous soit arrivé à toutes les deux.
– Je ne comprends pas, les Elfes ne vous ont pas prévenus ? s'enquit-elle, intriguée.
– Pas tout de suite. Ils ne viennent jamais en ville, même si leur vie en dépendait. Il a fallu que ce soit Snow qui se déplace pour qu'on soit informés de votre situation. Et là encore, on n'a pas appris grand-chose. C'est un peuple à part, guidée par des lois naturelles qui leur sont propres… Enfin, le plus important était que vous soyez localisées et secourues. Nous n'avions plus qu'à attendre votre retour.
Elle croyait entendre Regina. La xénophobie existait bien aussi dans les contes de fée… pensa-t-elle en souriant. Tout n'est pas si beau et magique, comme ils le prétendaient.
– Il ne m'a rien dit, hier matin. Comment va-t-il ? Il t'a parlé ? demanda-t-elle au sujet de son fils.
– Mieux. Il est resté avec Regina depuis votre retour. Il ne l'a pas quitté d'une semelle, sauf pour aller à l'école. Je l'ai eu au téléphone ce matin, avant ses cours. D'ailleurs, il a manqué les deux premiers jours. Le recteur Madame de Trémaine était furieuse. Elle l'a mis en absence injustifiée.
– Mais c'est quoi pour une mégère ?!
– Une marâtre acariâtre. Ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas, il ne sera plus absent. C'est un gamin assidu… Enfin ! Tout cela aura eu une influence sur ses jeux vidéos.
– Non ?! Il a décroché ?
David rit et chassa cette idée saugrenue en balayant l'air de la main :
– N'en espère pas tant ! Il a diminué son temps de connexion… C'est déjà pas mal. Il ne joue plus la nuit et il s'est installé lui-même un truc pour couper ses jeux tout seul…
– Une application de contrôle parental.
– Oui, c'est ça !
– On verra combien de temps il tiendra…
– Ne sous-estime pas la volonté des Charming…
– Je n'oserai pas.
– D'ailleurs, à ce propos, je voudrais te parler de quelque chose avant qu'on n'arrive.
Son père prit un ton sérieux et regarda tour à tour, la route puis sa fille pour s'assurer qu'il ait bien toute son attention.
– C'est grave ?
– Non, pas du tout. C'est … Ecoute, être assistant vétérinaire … c'est pas mon truc. Je sais qu'elle m'appelle le Berger ou quelque chose du genre…, dit-il en faisant allusion à Regina : Et que son sort et notre destinée devaient certainement correspondre à sa volonté… Mais contrairement à ta mère, ce métier … il ne me plait pas.
– Ok. Alors change !
Elle haussa les épaules, un peu désintéressée. Elle ne voyait pas en quoi cette conversation devait l'inquiéter ou la concerner.
– C'est ce que je suis en train de faire.
– Et ?
– J'y viens… Voilà, je me suis inscrit à l'Académie de Justice du Maine.
– Quoi ? Co..mment ? … Comment vas-tu sortir d'ici ?
Emma se retourna et regarda son père. Un sentiment d'oppression étouffa soudainement sa poitrine. Elle se projeta à nouveau dans leurs bureaux, lui qui lui dictait ses directives en faisant fi des siennes.
– Les premiers cours sont à distance. Ça nous laissera le temps de mettre au point une potion ou une formule… Gold y est bien arrivé, pourquoi pas nous ?
– Il n'a partagé sa composition avec personne…
Sa voix monta dans les aigus et trahissait un espoir. Un tout petit espoir.
Cette conversation lui rappela celle qu'elle avait eue avec Regina plusieurs jours plus tôt. Emma soupira. Elle savait qu'il suffisait de demander à Belle de regarder dans son grimoire pour obtenir la formule. Elle regarda dehors. La pluie dessinait sur la vitre des vers translucides qui ondulaient et disparaissaient dans le caoutchouc de la portière.
– Tout va bien ? J'ai dit quelque chose de mal ? … Ecoute, j'ai bien compris que tu n'étais pas … ravie que j'intègre la police avec toi.
– Quoi ? Non !
– Emma, sois honnête. Tu n'as rien dit pour me défendre, la semaine dernière et tu n'es pas venue me voir quand j'ai donné ma démission. A franchement parler, je n'ai eu aucun soutien de toi ! Toute la ville s'est indignée sauf ma propre fille !
– Je ne savais pas quoi te dire. Je-
– C'est bon. Je ne te demande pas de compte. J'ai eu beaucoup de mal au début, … pour te comprendre… Et ta mère… Elle t'expliquera mieux que moi, dit-il la gorge nouée. L'émotion était encore palpable : c'est encore un peu à vif. Un jour, quand tout ceci sera derrière nous, nous en reparlerons… Et ce n'est pas la peine de te justifier… Je crois que j'ai compris. Ecoute. Là, je te parle de moi et de ce que je veux faire. Je ne veux pas marcher sur tes plates-bandes, j'ai compris que c'était ton domaine et que j'étais un peu …
– Envahissant ? Intrusif ? rétorqua-t-elle trop spontanément.
– Paternel, mais je prends note de ce que tu dis.
Il la regarda avec les sourcils froncés, concernés. Est-ce vraiment la façon dont elle le voyait ? Il faudrait qu'il en parle avec Snow. Elle l'avait mis pourtant en garde…
– Je ne commettrai pas les mêmes erreurs. D'ailleurs, je partirai en stage pendant 6 mois. Tu vois, tu ne m'auras plus dans les pieds pendant quelques temps.
– Ce n'est pas ce que je souhaite, David. Tu te méprends.
– Je ne sais pas. Vraiment. Je crois que ça nous fera du bien à tous les deux de prendre un peu mes distances. Toi pour retrouver tes marques et ta place en tant que Shérif et moi, en tant que père et simple flic pour commencer.
Il enclencha son clignotant et tourna à droite :
– On arrive.
Sous le porche, à l'abri de l'averse, Ruby, Snow, le petit Neal et Henry lui firent des signes de bienvenue. David s'engagea sur l'allée et se gara derrière la coccinelle :
– Je prends tes affaires, va les rejoindre.
Ruby et Snow avaient affronté la pluie. Elles avaient ouvert la portière et déployé un parapluie au-dessus de sa tête :
– Bienvenue chez toi !
Ils entrèrent au rythme de son pas, calqué sur ses béquilles. Quelques cartons étaient encore entassés dans un coin du hall et au pied de l'escalier. Henry se colla à elle et la serra fort dans ses bras :
– Je suis content que tu sois rentrée, Emma.
– Moi aussi, gamin, moi aussi.
Était-ce elle ou avait-il pris encore quelques centimètres. Elle ne pouvait plus lui ébouriffer les cheveux sans lever la main. Elle lui rendit son accolade et l'embrassa sur la joue. Puis elle se baissa pour prendre Neal dans son bras libre et le caler sur sa hanche :
– Comment va, bro' ?
– 'Ma, dit-il en fourrant son nez dans sa chevelure et en s'agrippant à son cou. Il babela des mots incompréhensibles, dans un langage que seuls ses parents pouvaient traduire.
– Il a faim, traduisait son père. Henry, dans le sac, là-bas, tu veux bien me donner le Tupperwear.
David récupéra son fils et la boite de conservation, puis il se dirigea, dans la cuisine comme s'il était chez lui.
Snow et Ruby encadraient Emma.
– Va t'asseoir ma chérie, on va passer à table. Le repas est presque prêt.
Ruby et Henry l'accompagnèrent vers la salle à manger. Son amie lui dit à voix basse :
– Henry a dit qu'il allait t'aider à déballer tout cela, ce week-end. On s'est déjà occupé de la cuisine, il fallait bien qu'on se change les idées depuis lundi... Tu déplaceras ce que tu voudras… C'était agir au plus pressé et au plus pratique ! Comment vas-tu ?
– Je vais bien. Vraiment, insista-t-elle face au regard insistant de la louve.
Et c'était vrai. Elle n'attendait plus qu'à se retrouver seule dans son lit et ses pensées.
X
Henry était monté se coucher. Il était passé 22h quand les Charming quittèrent les lieux et rentrèrent chez eux. Ils avaient passé une bonne soirée. Elle avait été plus légère que ce qu'Emma n'avait appréhendé. Snow avait fait la conversation. Elle avait raconté la rentrée de sa classe en CM1 et celle de Neal qui entrait en maternelles. Le petit garçon s'était endormi dans les bras de sa mère et c'était David qui avait rangé ses jouets.
Ruby était restée pour aider Emma à débarrasser la table et à disposer la vaisselle dans la machine. Elle mit à pendre le torchon et se retourna vers son amie. Elle avait réfléchi, toute la soirée, à la phrase accrocheuse pour attirer son l'avait sentie en retrait, perdue dans ses pensées, de temps en temps. Elle avait également constaté ses yeux tristes, presque éteints. La phrase qu'elle allait prononcer avait son importance. Elle était porteuse de la suite de la conversation. Elle devait sonner juste, elle devait être directe et atteindre la bonne corde.
Emma était retournée s'asseoir dans le salon et Ruby la rejoignit avec deux tasses de thé :
– T'a-t-elle demandé des nouvelles ? dit-elle pour rompre le silence de ses pensées.
Emma leva les yeux. Elle déglutit difficilement. Aucun mot ne sortait de sa gorge étouffée. Son cœur lourd reprenait toute la place dans sa poitrine et elle eut du mal à respirer. Il était inutile de lui mentir. Son amie savait, elle lisait sur son visage. Elle serra les poings pour maitriser ce trop-plein d'émotion qui l'assaillit subitement. Elle hocha péniblement la tête de droite à gauche et les larmes lui montaient aux yeux en même temps. Ruby s'assit immédiatement et l'attira dans ses bras :
– Oh Emma !
La jeune femme blonde se blottit contre elle. Elle l'entoura également et s'agrippa de toutes ses forces. Quand elle sentit que la louve resserra son étreinte pour l'assurer de sa présence, elle libéra le barrage qu'elle avait maintenu depuis plusieurs jours. Et elle pleura en silence.
Elle pleura le départ de Killian, elle pleura la peine qu'elle avait causée à son père et elle pleura le manque cruel et le silence de Regina.
Ruby n'ajouta pas un mot. Elle n'avait pas de réponse à son chagrin. Elle lui caressa le dos pour l'apaiser. Elle attendit que les larmes se tarissent, puis elle lui demanda :
– Qu'est-ce qu'il s'est passé, là-bas ?
Et Emma lui raconta. Elle ne s'étala pas sur leurs confidences ou sur le fond de leurs échanges, ça n'avait pas de réelle importance dans sa confidence. Ce qui l'était était la nature des liens qui l'unissaient dorénavant à Regina. Alors, elle parla de leur rapprochement qui les avait menées à une connexion et de ses sentiments qui s'étaient éveillés et approfondis, si elle en doutait avant. Elle lui avoua sa tentative de séduction avortée et les conséquences que cela avait entrainées ensuite sur leur rapport. Elle décrivit le comportement froid et distant de la Maire depuis qu'elle avait mis un point final à toute ambiguïté, la veille du départ et tout le long du chemin du retour.
– La dernière fois que je l'ai vue et entendue, c'était à la Frontière.
– Peut-être qu'Henry lui fournit des infos. Tu lui as demandé ?
– Non, je n'y ai pas pensé… Et c'est la première fois que je m'autorise à y penser. Qu'est-ce que ça peut lui coûter de m'adresser, à moi, un coup de fil ou un texto ? On a vécu 3 nuits et 3 jours ensemble. C'était … très fort, Red ! Comment peut-elle agir sans que cela n'ait pas d'importance… sans que ça n'ait jamais existé !
– Parce que c'est sa spécialité, Emma. C'est ce qu'elle fait. C'est ce qu'elle est.
– Non, pas après tout ce que nous avons partagé.
La Shérif secoua à nouveau la tête vigoureusement, elle ne pouvait pas y croire :
– Non, répéta-t-elle, pas la femme que j'ai connue là-bas. Ce n'est pas elle.
– Là-bas, tu le dis bien, toi-même. Vous êtiez perdues, loin de tout et tu étais blessée. Je n'ose pas imaginer dans quel état d'inquiétude elle devait être pour toi. Même si… même si c'est Regina… vous avez ce lien…
– Tu vois ! Tu le reconnais aussi.
– Emma, j'ai ce lien avec toi, n'importe qui, perdu au milieu de nulle part, aurait ce lien avec toi. Enfin, non pas n'importe qui … Mais vous avez un fils ensemble, … vous êtes pratiquement une famille… C'est de ce lien-là dont je parlais.
– Tu crois que j'affabule ? Tu crois que je me suis imaginé tout ça ?
– Je ne crois rien. J'essaie de comprendre pourquoi elle ne prend pas de tes nouvelles. C'est tout. Le plus commun des mortels qui auraient partagé cette aventure avec toi aurait pris de tes nouvelles !
La serveuse s'enfonça dans le fauteuil, songeuse.
– Bon, assez parlé de l'impasse qu'est ma vie amoureuse. Qu'en est-il de la tienne ? Tu étais censée lui avoir parlé…
Ruby se redressa un peu plus crispée :
– Belle transition, je ne sais pas si je dois l'applaudir ou la maudire… Mais pour répondre à ta question, je ne l'ai pas fait.
– Pourquoi ?
– Parce qu'elle le sait déjà. Je lui ai dit, il y a trois ans. Rien n'a changé depuis. Tu le vois bien. Ça ne sert à rien de lui mettre la pression. Elle est toujours là, elle veille toujours à mes pleines lunes et me tient compagnie toute la nuit.
– C'est vrai ?
Emma était dubitative. Trois ans. Comment faisait son amie ? Comment arrivait-elle à se satisfaire d'un amour platonique unilatéral ?
– Elle lit des livres à haute voix. Elle dit que ça m'apaise… Que je ne tourne plus comme un lion en cage. Je crois plutôt que la Louve en moi a compris qu'il n'y avait aucun moyen de s'échapper.
Elle haussa les épaules, feignant l'indifférence :
– Tant qu'elle croira à cette idée d'Amour Véritable et qu'il représente tout cela…
– Tu penses qu'elle y croit vraiment ?
– Je ne sais pas.
– Je crois qu'elle s'est donnée pour mission de le mener sur le chemin de la rédemption. Elle est persuadée que sans elle, il serait pire que ce qu'il n'est déjà aujourd'hui.
– Peut-être qu'elle a raison. Elle semble faire ressortir le meilleur côté de lui-même… Il semble plus humain quand elle est à ses côtés.
– Enfin, quand bien même, c'est stupide. Ces histoires de contes de fées et d'Amour Véritable… ça vous rend tous prisonniers ! Belle n'a pas à vouer sa vie à le contenir. Elle n'a pas à sacrifier sa vie pour celle des autres. Il a à assumer sa soif de pouvoir. Quand tout le monde arrêtera d'avoir peur de lui, quand les habitants s'apercevront que c'est un lâche qui se cache derrière de fausses excuses pour obtenir tout ce qu'il veut : le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière… Il-
La colère commençait à gronder au fond de la Louve. Un léger grondement :
– Ne la dénigre pas. C'est la bonté même ! Il faut que tu la voies passer des heures à réparer tous les maléfices, à trouver la faille dans la clause de ses pactes… Elle aide sincèrement. Elle est plus qu'une histoire de sexe !
Emma déposa sa tasse de thé qu'elle venait de vider :
– Excuse-moi.
Emma détestait tout ce qui rapprochait de près ou de loin au Monde Enchanté. Il n'y avait rien de plus frustrant que de voir son entourage agir en fonction de sa doctrine. Et elle en perdait souvent toute objectivité. Ruby n'avait pas besoin de son analyse critique sur cette société. Elle avait besoin d'une amie. Comme elle. Elle la regarda attentivement, et elle n'était pas loin de son moral :
– Nous voilà bien toutes les deux, hein ?
Ruby sourit puis se leva :
– Je vais y aller.
– Il est tard, tu ne veux pas dormir sur le canapé ?
– Non, t'inquiète, en trois foulées, je serai rentrée. Je reviendrai samedi, ça te va ? Je ne vais pas laisser ce pauvre garçon se transformer en larbin, tout seul !
– Je peux bien en profiter, non ? C'est la première fois depuis un mois que je suis installée qu'il vient ici plus longtemps qu'une après-midi.
– Dis-le lui. C'est un ado. Si tu ne lui parles pas, il ne peut pas le deviner… Et voilà que je donne des conseils d'éducation alors que je n'ai pas de gamin ! Allez, il est plus que temps que je rentre. A samedi ?
– Pas de souci. Merci d'être venue et restée. Ça m'a fait du bien de te parler.
– Moi aussi. Je suis contente de t'avoir retrouvée saine et presque sauve !
Ruby prit sa cape rouge et sortit en claquant doucement la porte derrière elle. Emma rapprocha ses béquilles près d'elle et monta les escaliers qui la menaient vers sa chambre.
XXX
