Chapitre 6

Quand elle se réveilla le lendemain matin, Hermione crut un instant avoir rêvé. Mais quand elle vit posé par terre le verre encore plein de whisky pur feu, elle comprit que non, que tout ça avait été bien réel. Machinalement, elle posa sa main sur sa joue. Elle se sentait mieux, comme un poids ôté de ses épaules. Elle s'habilla rapidement, délaissant ses habituels vêtements trop grands et enfila une jupe beige assez courte et un polo noir, discret. Elle sortit et griffonna quelques mots sur un parchemin, qu'elle glissa sous la porte de Draco. Elle regarda sa montre, et vit qu'il était à peine 9h, l'heure à laquelle Harry descendait habituellement déjeuner. En arrivant dans la grande salle, elle vit qu'il n'était pas là, et en était déçue. Il prenait toujours son déjeuner à cette heure ci… Il devait probablement déjà être rendu sur le terrain pour s'entraîner.

Elle sourit quand elle le vit virevolter avec tant d'aisance dans le ciel. Elle monta les marches des tribunes, et s'assit. Elle l'observa de longues minutes avant qu'il ne s'aperçoive de sa présence. Il descendit alors en piquet et la rejoignit, se stabilisant à sa hauteur.

« Tu veux pas descendre deux minutes et me rejoindre… », proposa Hermione en souriant.

« Non toi ».

Elle ne savait pas à quoi s'attendre, s'il lui en voulait. Il leur arrivait si souvent de se disputer qu'elle ne savait jamais réellement où ils en étaient.

« Moi quoi ? »

« Rejoins moi… » Répondit-il doucement, en lui tendant la main.

« Je ne crois pas nan, désolée. Tu sais à quel point j'ai horreur des balais, j'ai trop peur pour en monter un, tu le sais… »

« Fais moi confiance… » se contenta t-il de répondre, en souriant à son tour.

« Tu as vu ma tenue ? c'est pas ce que j'appellerais une tenue adéquate pour une séance de vol… »

Quelle piètre excuse, mais elle n'en avait pas d'autre. Amusé, Harry la rassura ; il n'y avait personne à cette heure là, et puis elle monterait de côté. Alors, et toutefois hésitante, elle prit sa main, monta derrière lui et enroula ses bras autours de sa taille.

« Prête ? »

Elle acquiesça maladroitement, et il décolla.

« Tu me manques, tu le sais ça ? soupira t-elle après quelques minutes silencieuse. Je regrette ce que je t'ai dit, l'autre jour. J'ai eu tort. C'est juste que… j'ai peur de te perdre, je refuse qu'il gagne cette guerre ; il a déjà remporté trop de batailles… »

Après avoir survolé tout poudlard, la forêt et le lac, Hermione se sentit plus sereine, et commençait même à apprécier le paysage. Elle fut cependant soulagée quand après un dernier survol du château, il descendit lentement vers la terre ferme.

« Tu m'as manquée toi aussi… Mais tu as raison, il faut que ça cesse, et je vais me battre, avant qu'il ne s'en prenne à toi. Parce que j'ai compris une chose : si tu es ma pire faiblesse, tu es aussi ma plus grande force. J'ai besoin de te sentir avec moi, en sécurité, et pour veiller sur toi, je dois t'avoir à mes côtés. Je t'aime Hermione, et rien ne t'enlèvera à moi, c'est compris ? Je t'aime tellement tu sais… »

Jamais il n'avait été aussi démonstratif avec elle, et elle lui en était reconnaissante. Elle savait à quel point il détestait faire preuve de faiblesse, mais là, c'était différent. Il lui avait rendu le sourire. Draco l'avait apaisée, mais lui la rendait heureuse. Et pour la première fois depuis des semaines, elle avait envie de vivre, de s'amuser, et, pourquoi pas, d'aller au bal…

Du haut de la tour des préfets en chef, Draco avait observé toute la scène. Non pas que voir le balafré heureux le remplissait de joie, mais que Granger se sente mieux, ça ça le rassurait, quelque part. Chacune avait son lot de problèmes à résoudre. Sans savoir pourquoi, il repensa à ce qu'elle lui avait dit la veille. Il avait le choix de vie ou de mort, ce qu'elle, ou plutôt Weasley n'avait pas eu… Elle n'avait pas choisit de souffrir, ni même de voir son ami se faire tuer devant ses yeux, alors que lui, lui avait le choix de son destin, de tuer et d'engendrer la souffrance, ou de protéger et sauver des vies. C'était son libre arbitre. Reste à savoir quel sera son choix…

L'arrivée de Blaise interrompit ses pensées. Il vint se tenir près de lui contre la fenêtre, et suivit son regard.

« Elle a l'air de t'intéresser la petite Sang-de-Bourbe… »

« De quoi tu parles Blaise ? Et ne l'appelle pas ainsi, on a dépassé ce stade »

Il lui avait posé la question sans me regarder, sans cesser de la regarder. ET il ne s'était pas emporté, révulsé à l'idée qu'il ait pu penser une chose pareille, et l'avait même défendue. Zabinni sourit.

« Non toi tu l'as fait, nuance. Je sais pas ce qu'il t'arrive, mais tu n'arrêtes pas de la regarder. ET puis pendant la petite fête l'autre soir… C'était quoi ça d'ailleurs ? Je pensais qu'on allait s'amuser un peu, et au lieu de ça, tu lui fais du rentre dedans ! »

« Je te signale quand même que c'est toi qui l'as invitée, et toi encore qui as lancé un slow quand on a dansé… »

« Bah justement, depuis quand tu danses avec la sang de bourbe ? Je ne te reconnais plus Draco.Tu ne l'insultes plus, ce qui est déjà étonnant, et tu sembles carrément hypnotisé par cette fille. Elle t'a jeté un sort ou quoi ? »

« Ne dis pas n'importe quoi ! Elle est préfète en chef, je dois la supporter, c'est tout », se défendit Draco.

« Et c'est ton rôle de préfet de la suivre du regard, de danser avec lui, de lui faire ton numéro de charme, de… l'apprécier ? Mais tu sais, elle est plutôt pas mal la sang de bourbe… Bon bien sûr, elle parle trop et c'est une gryffondor, sans oublier son sang, mais elle a l'air plutôt bien roulée, le temps a joué en sa faveur. Je suis sûre qu'elle pourrait être canon si elle s'en donnait les moyens, on l'a bien vu à la fête...»

« Tu venais pour quoi au juste ? » changea t-il de conversation.

« L'entraînement. Tu es en retard. Pansy s'est proposé de venir te chercher aussitôt, mais j'ai eu pitié de toi, alors je suis venue… »

Il lui donna un coup amical sur l'épaule en rigolant, puis ils sortirent de la chambre. Ils s'entraînèrent le reste de l'après midi. Ils avaient le week-end de libre, mais la plupart se prépareraient pour le bal du soir, c'est pour ça qu'ils avaient avancé l'entraînement, et que Draco l'avait oublié.

Le soir, le bal de Noël eut enfin lieu. Tout y était parfait, des décorations aux tenues, en passant par le repas, et même l'exceptionnelle bonne entente entre les différentes maisons. Oui, tout était parfait, calme et serein, une façon idéale d'entamer les vacances dans la joie et la détente. Hermione, vêtue d'une longue robe rouge, très simple, mais très élégante, arbora un large sourire quand Harry vint l'inviter à danser. Elle savait qu'il gardait de très mauvais souvenirs des bals précédents, c'est pourquoi même en étant sa cavalière et petite amie, elle ne s'attendait pas vraiment à danser, hormis quelques slows. De temps en temps, elle lançait des regards furtifs vers la table des serpentards ; sans doute cherchait-elle inconsciemment à croiser le regard de Drago, mais elle ne le vit pas ; pas une seule fois, pas même lors d'une danse avec Pansy, qui avait pourtant clamé haut et fort à qui l'écoutait que Draco était son cavalier, qu'il l'avait choisi elle, et pas une autre. Puis, vers minuit, le bal prit fin, et tous les élèves durent regagner leur chambre. Hermione n'avait pas sommeil alors elle mit un gilet, sa cape sur les épaules et sortit faire quelques pas dehors. Elle s'assit sur les marches.

« Toi non plus tu n'avais pas sommeil ? », entendit-elle brusquement, ce qui la fit sursauter. Ne t'inquiète pas, ce n'est que moi… »

« Et c'est sensé me rassurer ça ? », répliqua t-elle en voyant Draco apparaître à ses côtés. Il s'assit à ses côtés.

« Tout dépend de toi… Tu devrais rentrer, il fait froid, tu vas attraper froid », ajouta t-il en la voyant grelotter.

« Un gentleman m'aurait proposé sa veste… Mais j'oubliais que tu cultivais ton côté bad boy… » le taquina t-elle.

« Exactement, répliqua Draco, rentrant dans son jeu. Et tu sais ce que font les mecs comme moi pour réchauffer les filles ? »

Hermione trouvait étrange qu'ils parlent normalement, comme deux amis. Elle appréciait. Elle lui sourit et secoua la tête. Alors, et avant qu'elle ne put faire quoi que ce soit, il avait posé ses lèvres sur les siennes…

Elle ne réagit pas, ne réagissait plus, et se surprit même à ne pas rompre ce baiser volé, de l'approfondir même. Il avait posé ses mains sur son visage et elle s'était instinctivement rapprochée de lui, de la chaleur qu'il émanait.

« Tu dois reconnaître que c'est assez efficace… »

Il avait raison, un baiser –ou peut être un baiser de Draco Malefoy- réchauffait bien plus qu'un gros manteau. Mais le sérieux et la suffisance de Draco à ce moment là empêchèrent Hermione de garder le sien. Elle se mit à rire, de son rire cristallin qui à son tour, le réchauffèrent, l'espace d'un instant.

« Je dois y'aller, il se fait tard… »

Hermione se sentait mal à l'aise. Sans doute d'avoir cette étrange impression de trahir Harry, ou tout simplement d'avoir pris plaisir à ce baiser. Elle se leva, le remercia d'un sourire et partit. Elle rentra au château, dans sa chambre, et malgré le sommeil ne parvint à s'endormir.

Le lendemain, Hermione dû rejoindre le train. Elle n'était pas triste, mais nostalgique ; resté au château, Harry allait lui manquer, et à ce moment là, elle se promit de lui faire la surprise de le rejoindre quelques jours plus tard. Elle était arrivée un matin, et avait trouvé Harry dans leur salle commune, plongé dans un livre de métamorphose, qui n'avait pas l'air passionnant. Sans faire de bruit, elle s'était approchée par derrière, et avait déposé un cadeau sur la table, ponctué d'un « je crois que le Père Noël s'est trompé, je ne suis pas fan de quidditch … ». Quand il s'était tourné vers elle, elle avait changé de côté, et attendant qu'il se tourne de nouveau pour pouvoir l'embrasser par surprise, elle s'était contenté d'un « joyeux noël mon chéri ! ».

Ils passèrent leur dernière semaine ensemble, puis les cours reprirent tranquillement.

Draco était assis tranquillement quand Hermione entra. Ils ne s'étaient pas vus depuis son retour de vacances, et il lui semblait même qu'ils s'ignoraient. En bonne gryffondor qu'elle était, elle allait vouloir parler, crier, et peut être même l'embrasser. Draco sourit intérieurement.

« Bonjour ! »

… ou peut être pas. Elle semblait d'humeur joyeuse, et n'avait visiblement pas envie de lui crier dessus. Amusé, il en fut presque déçu. Elle s'installa au bout de la table et sortit ses affaires. Mais après quelques minutes, elle leva la tête.

« Pourquoi tu es gentil avec moi? »

« Tu es tellement prévisible Granger… » Son ton était détaché, mystérieux.

« Quoi ? Non mais je suis sérieuse Draco. Je n'arrive pas à te cerner, et chaque fois que je crois te connaître, tu fais quelque chose d'inattendu, qui remet tout en question.

Comme par exemple le mois dernier, quand Zabinni m'a insulté dans le couloir, pourquoi m'as-tu défendu ? Alors Je suppose que ce n'est pas la peur de perdre des points qui t'a poussé à faire ça ? Parce que s'il ne s'était s'agit que de quelques points, tu aurais pris un immense plaisir à nous en retirer à ton tour… Alors, pourquoi m'as-tu aidé ?»

« Parce que j'en avais envie ? » répondit Draco, comme s'il elle seule connaissait la réponse.

« Oh je t'en prie, n'essayes pas de me faire croire qu'aider ton prochain est devenu ta principale préoccupation » railla Hermione, sans pour autant s'empêcher de s'adoucir, souriant même légèrement.

« Je te l'ai dit. J'avais une dette envers toi, et je m'en suis acquitté… »

Draco était évasif, et Hermione savait qu'elle n'en apprendrait davantage, pas de cette manière en tout cas.

« Très bien, dans ce cas, pourquoi m'as-tu invitée à votre fête, avant les vacances ? Pourquoi te montres-tu gentil avec moi ? Ou tout simplement, pourquoi tu m'as embrassée, le soir du bal ? »

Draco l'écoutait, mais ne pouvait s'empêcher de sourire.

« Ca te travaille autant que ça de ne pas avoir de devoirs à faire, pour trouver le temps de te prendre la tête sur des détails pareils ? »

« Choisir entre une jupe et un pantalon, ça c'est un détail. Quand un mec qui me déteste m'embrasse, là c'est différent ! »

Il ne répondrait pas, elle le savait très bien. Elle réfléchit un instant, puis opta pour une autre approche. Elle détacha ses cheveux en le gratifiant d'un grand sourire qui laissait deviner la suite des événements. Cette fille était décidément plus que prévisible. Un sourire naquit à son tour sur ses lèvres, et il décida de la laisser faire, voyant jusqu'où elle irait… Hermione s'avança vers la cheminée, et prit deux verres qu'elle remplit à l'aide d'une formule. D'une démarche qu'elle voulait sûre, rejoignit Draco et lui en tendit un.

« Très bien, si je ne peux rien apprendre de toi, acceptes au moins la trêve que je te propose… » sollicita t-elle. Il sourit en guise d'accord, puis porta le verre à ses lèvres, tandis qu'Hermione se contentait de jouer avec le sien.

« Tu ne bois pas ? » s'amusa Draco. Il la vit hésiter, jouer avec le liquide, puis acquiescer et porter à son tour le verre à ses lèvres, luttant visiblement pour ne pas le recracher aussitôt. « Tu sais, reprit Draco, tu n'es pas obligée de boire si tu n'aimes pas ça ; tu n'es pas obligée de boire pour paraître plus sûre de toi, plus détendue, ou même plus sensuelle… » Il laissa sa phrase en suspens, et vit Hermione rougir.

« Tu as raison. Je ne veux pas jouer à être une fille que je ne suis pas. Je n'aime pas l'alcool, déclara t-elle en reposant son verre. Elle retourna vers lui cependant, et lui décrocha un sourire malicieux. Mais c'est pas pour ça qu'on ne peut pas se voir, passer du temps ensemble, ni même être amis… »

Machinalement, elle joua avec une mèche de ses cheveux. C'était cette manie infantile qui la rendait attirante aux yeux de Draco, bien plus que d'essayer d'être une autre, plus sexy, plus sensuelle, comme le faisait n'importe qu'elle fille du collège. Elle l'ignorait, mais c'était de ce simple geste qu'elle aurait pu obtenir de lui ce qu'elle voulait. Il en fut soudainement troublé, puis mal à l'aise ; Mais à quoi pensait-il ? Il s'agissait de Granger quand même ! Même s'il avait changé, il avait ses limites. Croyant son but atteint, et prise d'une soudaine audace, Hermione s'approcha encore plus près de lui, jusqu'à pouvoir l'effleurer, sans plus.

« Tu sais, commença t-elle doucement en jouant avec la chemise entrouverte de Draco, je commence à comprendre ce que toutes ces filles trouvent si attirant chez toi... » Elle fit une pause, puis posa à peine sa main sur son torse avant de reprendre.

« Au premier abord, tu es un garçon froid, méprisable et hautain, mais quand on te connais mieux, on découvre peu à peu que tu n'es pas comme ça, et tu peux même te montrer gentil et agréable... Ensuite, poursuivit-elle en remontant sa main lentement vers son visage tout en le regardant avec intensité, au point de le troubler, ensuite en s'approchant de toi... »

Mais il l'interrompit, lui attrapant la main alors qu'elle allait la poser sur sa joue.

A suivre…