Chapitre 8

Hermione n'attendit pas la réponse et s'était aussitôt enfermée dans sa chambre, se jetant en larmes sur son lit. Elle ne pensait à rien, et n'essayait même pas d'entendre la conversation d'à côté, ni même de connaître la réaction de Draco. Toutefois, elle l'entendait crier, elle ne l'avait jamais entendu s'emporter autant, même contre elle. Elle espérait que Zabini avait et allait passer un sale quart d'heure, et que Draco lui ferait regretter ce qu'il comptait faire. Mais elle entendit vite la porte se claquer et ferma les yeux, refusant de repenser à tout ça. Doucement, elle s'endormit, sans doute le contre coup du choc.

Draco ne comprenait pas. Il ne comprenait pas comment son ami et la gryffondor s'étaient retrouvés dans sa chambre, ni ce qui avait pris au serpentard, ni même pourquoi en le surprenant ainsi, il aurait pu le tuer de ses mains, de colère. Après avoir ordonné à Zabini de partir, il avait voulu voir Hermione, comment elle allait, et peut être apprendre ce qui s'était passé. Mais après avoir frappé en vain, il la vit endormit, recroquevillée sur son lit. Même avec son maquillage coulé, ses cheveux détachés et ses vêtements négligés, il la trouvait jolie, et elle semblait si fragile qu'aussitôt, il serra les poings à l'idée de ce qui aurait pu se passer s'il n'était pas rentré. Non mais qu'est ce qu'on son ami avait eu en tête ? Il lui devrait une explication, une fois qu'il serait calmé. Il referma la porte doucement et retourna dans sa chambre. De la musique moldue empruntée à Hermione le détendit un peu, il fit ses devoirs puis épuisé, il se coucha et s'endormit aussitôt.

Quelques heures plus tard, il se réveilla doucement, et d'un coup d'œil dehors il vit qu'il faisait encore nuit noir, qu'il pouvait encore dormir un peu. Il rabattit ses couvertures, et ce faisant, il vit une ombre dans l'embrasure de la porte. Il se redressa, et la vit, appuyée contre la porte entrouverte, à l'observer.

« Je ne pensais pas que te revoir ici avant un moment… » déclara t-il encore endormi.

« J'avais envie de te voir… et j'arrivais pas à dormir… »

Draco se redressa complètement.

« Tu veux venir t'allonger ? » proposa t-il. Il fut surpris de s'entendre lui proposer ça, mais fut encore plus surpris de la voir acquiescer et s'approcher doucement. Il ouvrit la couverture et elle se glissa dans son lit, maladroitement. Il la devinait mal à l'aise, assise là, dans son lit, loin de lui.

« Ne t'inquiètes pas, tu ne risques rien avec moi… », la rassura t-il, se rallongeant et l'attirant contre lui, doucement, sans la forcer. « Approches toi… », et aussitôt elle se blottit contre son épaule, posant sa main sur son torse. Elle n'avait pas peur, et se sentait étrangement en sécurité, bien qu'abandonnée dans les bras d'un mec qu'elle ne connaissait à peine. Elle se sentait si bien, et pourtant, si mal à la fois.

« Je suis désolé, pour Zabini. Tu sais, je le connais depuis longtemps, et je ne sais vraiment pas ce qu'il lui a pris… Ce n'est peut être pas la personne la plus sympa, mais ce n'est pas du tout son genre de faire ça…»

Il se tut. Sans dire un mot, elle s'était mise à pleurer et blottie davantage contre Draco. Il enroula ses bras autours d'elle et resserra son étreinte, attendant qu'elle se calme. Il luttait contre la fatigue, mais refusait de s'endormir.

« Tu te sens mieux ? » demanda Draco alors qu'elle levait la tête vers lui.

« Oui… excuses moi de t'embêter, mais j'arrivais plus à dormir, et… »

« C'est rien, au contraire… Ca me fait plaisir que tu aies confiance en moi, malgré ce que je suis… »

C'était à son tour de se sentir honteux, son bras marqué autours d'Hermione. Il le retira. « Non… », murmura t-elle aussitôt en lui prenant la main, et en replaçant son bras autours d'elle. Elle se tourna, et se mit sur le ventre, pour faire face à Draco.

« On n'a jamais reparlé de ce qui s'est passé l'autre soir… » commença t-elle en s'appuyant sur ses coudes.

« … et de la fois d'avant, ni celle du soir où… »

« T'as raison, y'a eu beaucoup trop d'autre fois ! sourit Hermione. Tu crois que c'est une erreur ? », ajouta t-elle plus sérieusement.

« J'en sais rien…Mais je pense que c'est seulement parce qu'il n'y a rien à expliquer, rien à comprendre. Dans le feu de l'action on s'est pris au jeu, nan ? Ca ne signifie rien… » Il mentait, mais Hermione l'ignorait, et sa réponse la blessa.

« C'est bizarre, répliqua t-elle. Ca m'est égale aussi, ça ne représentait rien pour moi. Pourtant, je suis sûre de trois choses. J'aime Harry, sincèrement, je tiens à lui et me refuses à le perdre. Et en même temps, j'aime être avec toi, sans pour autant être amoureuse ni quoi ce soit… »

« Et la troisième ? » questionna Draco alors qu'elle s'était tût, se contentant de le fixer.

« Depuis une semaine, je ne pense qu'à une seule chose… »

Elle marqua une nouvelle pause, semblant hésiter, ou lutter intérieurement, et ne sortit de ses pensées que lorsque Draco lui demanda ce à quoi elle n'arrêtait pas de penser. Elle se redressa alors, s'appuyant sur ses coudes, et murmura « ça… », avant de l'embrasser, bien plus tendrement que la première fois. Il répondit aussitôt à son baiser et glissa même sa main dans ses cheveux, l'attirant plus près de lui. Le baiser s'intensifia, à l'initiative d'Hermione qui glissa sa langue entre les lèvres entrouvertes de Draco. Mais après de longues minutes, il se fit violence et l'éloigna légèrement.

« Qu'est ce que tu fais Hermione ? Tu viens de dire que… »

« Je sais ce que je viens de dire, et je le maintiens. Mais je ne sais pas pourquoi, je suis attirée par toi. Alors peut être qu'en étant avec toi ce soir, je te sortirai de ma tête, et tout rentrera dans l'ordre, résuma Hermione. Ca ne t'engage à rien, et moi pareil, se sentit-elle obligée d'ajouter, au prix d'un grand effort pour s'éloigner de nouveau. J'ai envie d'être avec toi ce soir, c'est tout. Reste à savoir ce que toi tu veux… »

En guise de réponse, Draco l'embrassa avec douceur et la fit rouler sous lui, la retenant d'un bras. Il lui effleura le visage du revers de la main, sans la quitter des yeux, qu'elle ferma pour apprécier d'avantage ce geste tendre.

« Tu es sûre que c'est ce que tu veux ? » demanda t-il une dernière fois.

Elle répondit que oui et captura ses lèvres, approfondissant leur baiser, et baladant ses mains sur le torse nu de Draco. Mais il la sentait ailleurs, retenue, elle n'était pas à l'aise. Sans un mot, se dégagea et se leva.

« Que fais tu ? », s'étonna Hermione.

« Pas ici… » se contenta t-il de murmurer en lui tendant une main qu'elle prit aussitôt. Elle lui en fut silencieusement reconnaissante d'avoir su lire en elle son trouble. Sans un mot, ils quittèrent la chambre et entrèrent dans celle d'Hermione.

« Tu te sentirais mieux ici, dans ta chambre ? »

Elle ne répondit pas mais acquiesça, et sans lâcher sa main, ouvrit ses draps et si glissa. Il la suivit et tendrement reprit possession de ses lèvres, là où ils s'étaient arrêtés. Il lui caressa doucement la joue, faisant naître en elle toutes sortes d'émotions. Elle se détendait, et appréciait même un peu trop à son goût ce qui n'était au départ qu'une simple expérience. Mais soudain, il se dégagea et s'allongea à côté d'elle, se tenant le bras, plié de douleur. Ses traits étaient tirés, et il serrait les dents pour ne pas crier. Hermione, qui ne comprenait pas ce soudain changement, ni même pourquoi il semblait avoir si mal, lui posa mille questions auxquelles il ne répondit pas. Elle s'agenouilla près de lui, passant la main sur son front devenu brûlant puis lui caressa la joue, le cou et le torse, et recommença, espérant l'apaiser un peu.

« Il t'appelle, c'est ça ? » osa t-elle demander, inquiète d'aborder ce sujet qu'ils s'efforçaient d'éviter jusque là. Il acquiesça.

Elle n'avait jamais été confronté à cela, et n'avait jamais imaginé que ça puisse être aussi douloureux. Elle se concentra un instant puis essaya tous les sorts de guérisons qu'elle connaissait, en vain.

« Ca ne sert à rien, grimaça Draco. J'ai déjà essayé de nombreux sorts, y compris de magie noire, mais rien n'y fait. Le seul moyen pour que cela passe, c'est d'y aller. Il m'appelle, il a besoin de moi, et ça n'arrêtera pas… »

« Alors vas-y… », répondit t-elle à contre cœur, refusant de le voir partir, surtout là bas.

« Je ne peux pas ! siffla Draco. Ca fait trop longtemps qu'il m'appelle sans que je vienne, il voudra que je lui rende des comptes, que je lui explique… »

Il s'était redressé, assis dans son lit, se pressant le bras contre son torse, le poing serré.

« Alors n'y vas pas… Je reste avec toi, il finira bien par te laisser tranquille, et la douleur s'atténuera… ».

Tout semblait si simple quand elle en parlait, et sans le vouloir, Draco sentit la colère l'envahir : elle n'y connaissait rien, n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait endurer ! Mais il se contint et prit sur lui. En ce moment, il avait besoin d'elle, et ne voulait pas la blesser, alors il se tut, attendant patiemment, impuissant. Elle chercha son regard, et quand elle y parvint, elle le vit brillant, triste. Il souffrait, et elle ne pouvait rien faire pour l'aider. A quoi cela lui servait d'être une Miss Je Sais Tout si elle ignorait comme apaiser ses amis ? Elle se rapprocha et le prit dans ses bras ; lovée contre lui, sa tête nichée au creux du cou, c'était tout ce qu'elle pouvait faire, le serrer contre lui, aussi fort qu'elle pouvait. Un peu de tendresse, de réconfort et de chaleur, voilà en quoi elle pouvait lui être utile. Il semblait s'apaiser à son contact, se détendre. Puis elle s'éloigna et lui pris le bras. Elle traça le contour de la marque, ce qui les fit frémir tout les deux. Ils échangèrent un regard, à nouveau, puis elle posa ses lèvres sur son bras, qu'elle parsema de baisers, y compris autours puis finalement sur la marque elle-même. Il éprouvait une reconnaissance mêlée d'admiration envers elle, pour ce qu'elle osait faire, alors qu'il se dégoûtait chaque jour d'avantage pour arborer cette marque.

Aussitôt, il sentit la douleur s'atténuer, ou la tendresse d'Hermione prenait simplement le dessus sur ses émotions, devenant plus intenses et plus fortes que l'appel de Voldemort. Elle continua pendant un moment de prodiguer son 'soin', puis remonta doucement vers son épaule, son cou puis ses lèvres. Elle pris son bras, le replia sur son torse et vint se blottir contre lui, enveloppant son bras. Elle était assise sur lui, une jambe de chaque coté de sa taille, ses bras autours de son cou. Ils restèrent ainsi une bonne partie de la nuit, sans rien dire, sans rien faire mis à part attendre et profiter l'un de l'autre…

Quand le jour se leva, la douleur avait disparu, et Hermione s'était endormie dans ses bras. Draco voulut se lever et rejoindre sa chambre avant qu'elle ne se rendre compte d'elle-même de son erreur, mais elle se réveilla doucement.

« Comment tu te sens ? » demanda t-elle en s'allongeant.

« Mieux, grâce à toi… »

S'il elle avait gardé les yeux ouverts, elle l'aurait vu serein et apaisé, mais avec une nouvelle lueur dans le regard. Sentant la fatigue prendre le dessus, il s'allongea à son tour et à demie consciente, elle se rapprocha et se lova contre lui. Elle se rendormit aussitôt, suivi de près par Draco. Le château se réveillait doucement, et chacun commençait à vaquer à ses occupations. Mais tout cela était bien loin de nos deux préfets…

Quelques jours avaient passé, et en ce jeudi matin, Harry regardait le grand sablier consentir à ce que quelques grains de sable s'échappent de l'un des récipients pour rejoindre le second. Un cours de potion, en lui-même, n'avait rien de passionnant. Mais un cours de potion, avec un prof que vous détestez et qui vous le rend bien n'arrange en rien les choses. Alors si en plus de tous ça, vous êtes seul, sans vos amis, qu'est ce qui pourrait être pire ? C'était la question que se posait Harry en mélangeant sans grande conviction une potion qui aurait dû être pourpre depuis trois minutes, mais qui s'entêtait à rester vert kaki.

Il trouvait le temps long, bien trop long, et il se sentait seul. Sans Ron, leur trio infernal n'avait plus lieu d'être, et était devenu tout juste un duo amoureux. Ce n'était déjà pas facile, mais depuis qu'Hermione jouait les femmes invisibles, Harry se sentait vraiment seul. Il fut tiré de ses pensées par la voix criarde de Rogue. Il sursauta d'un coup, et s'aperçu par la même que le pauvre élève à s'attirer les foudres de Rogue n'était autre qu'Hermione, qui venait d'entrer, et qui venait d'écoper de deux heures de retenue pour absence injustifiée. Harry la dévisagea, surpris, puis se tourna de nouveau vers Rogue. Réflexion faîte, si, il y avait pire : voir sa copine arriver avec presque une heure de retard, y gagner deux heures de retenue, et suivie de près par son pire ennemi, qui obtint tout au pire un sourire crispé de son professeur et cinq malheureux points retirés à sa maison.

Harry se tourna vers Hermione qui avait pris place à côté de lui, et voulu lui parler, mais elle lui fit signe de se taire, visiblement énervée et essayant de rattraper son retard. Elle lui glissa toutefois un mot, l'informant qu'elle voulait lui parler, le soir après le dernier cours, que c'était important, mais qu'elle ne pouvait pas le voir d'ici là. Quelques minutes plus tard, le cours prit fin, et Harry eut à peine le temps de l'interpeller qu'Hermione avait déjà filé. Potion étant leur dernier cours de la matinée, il décida de monter dans son dortoir, faute de mieux.

Dehors, il faisait toujours aussi froid, et c'est avec tristesse qu'Harry regardait la neige s'entêter à tomber, assis sur le rebord de la fenêtre, comme il le faisait si souvent, quand il avait besoin de réfléchir. Il était frustré, frustré et en colère, contre tout ; contre la neige qui l'empêcher d'aller se défouler sur son balai, contre Ron pour l'avoir abandonné, contre Voldemort pour lui avoir volé ses parents et son parrain, contre Dumbledore qui ne semblait pas se soucier des plans de Voldemort, et sans le vouloir, contre Hermione qui, après Ron, semblait l'abandonner à son tour, malgré leurs discussions des jours passés. Il resta là, appuyé contre la fenêtre à réfléchir à tout ce qui le tracassait. Il ne vit pas le temps passer, et quand il regarda sa montre, l'heure du déjeuner était passé. Il rajouta cette énième déception à sa liste et pris son sac de cours. Métamorphoses, puis défenses contre les forces du Mal… Au moins, l'après midi allait passer vite, ces cours n'étaient pas les plus ennuyeux.

Mais il déchanta vite. Impatient de voir Hermione, il vit les minutes défiler une à une, comme pour le narguer et ôter toute joie, même infime, comme passer du temps avec sa copine. Puis 16h arriva enfin. A peine le cours terminé, il prit ses affaires et sortit. Il lui rester encore vingt minutes avant de retrouver Hermione, alors il décida d'aller voir Dobby aux cuisines et de trouver quelque chose à grignoter.

En chemin, il croisa un groupe de serpentard, dont Zabini. Après Rogue, et bien sûr Malefoy, Zabini devait être le troisième serpentard qu'Harry détestait le plus. Passant près de lui, comme un flash leur dernière rencontre lui revint en mémoire, ainsi que la façon dont il avait traité Hermione. Cette fois ci, libre de ses actes, la colère l'envahit de nouveau. Il s'arrêta.

« Zabini ! » l'interpella t-il en se retournant.

« Potter, s'il te plait, j'ai pas envie de jouer, alors dégage ! » répliqua t-il en s'arrêtant toutefois.

« Oh, tu n'as pas envie de jouer… Ce n'est pourtant pas ce qui me semblait, quand il s'agissait de t'en prendre à une fille, lâchement qui plus est ! » siffla Harry en s'approchant de lui.

« Alors ça y'es, la petite sang de bourbe est allée se plaindre au survivant, elle… »

Mais il n'eut pas l'occasion de finir sa phrase, que le poing d'Harry venait de s'abattre sur lui.

« Je t'avais pourtant dit de ne pas la toucher, tu aurais dû m'écouter ! Et je te défends de l'appeler ainsi, tu vaux bien moins qu'elle, quand bien même elle n'aurait aucun pouvoir ! »

L'occasion était trop belle, et Zabini prit la perche qu'Harry lui tendait. S'il voulait gagner son pari, Draco devait sortir avec Granger, mais pour cela, il lui restait encore un obstacle, et de taille.

« Un conseil Potter, l'avisa le serpentard une fois relevé, se massant la mâchoire : si j'étais toi, je ne jouerais pas les chevaliers servants pour une traînée qui passe autant de temps avec ton ennemi…. »

Il n'ajouta rien, se contentant de ramasser son sac et de rejoindre le groupe d'élèves qui l'attendait un peu plus loin.

« De quoi tu parles Zabini ? » s'écria Harry, confus.

« Demande plutôt à ta chère Sang de Bourbe… » répondit-il, sans même se retourner. Il approchait du but, à peine un mois après ce stupide pari. C'était trop facile.

à suivre...

comment va réagir Harry, qui va t-il croire, et où en sont Dr/Her, tout ca, on le saura dimanche ! bonne fin de semaine a ts !