Ion : 10 ans – Radu : 18 ans

-Alors, tu t'es bien intégré aux Fortuna, Radu?

-Ça n'a pas été bien difficile. Nos familles sont amies depuis longtemps. Je n'ai eu qu'à demander d'aller à l'université de Byzantium pour qu'on accepte de m'accueillir en leur demeure.

-Ils te traitent bien?

-Très bien. Rien de particulier à dire.

Isaak tire une longue bouffée de sa cigarette, puis il la souffle en l'air. Je me contente d'attendre la prochaine question.

-Tu es maintenant devenu un baron, Radu. Ça te fait quoi?

-Je ne sais pas. Mes parents sont morts, et j'ai hérité de leur titre. J'aurais préféré qu'ils vivent, même si je ne les aimais plus vraiment. Je ne sais même pas de quoi ils sont morts.

-Et si je te disais que c'est Dietrich qui les a tués sur mon ordre, au nom des Rozencreuz? Qu'il les a poussés à s'entretuer?

Je marque une pause. J'essaie de ne rien afficher, ne rien montrer. Aucun sentiment. Je dois digérer tout ça. Qu'est-ce que je ressens vraiment, en cet instant?

Peut-être un vide. Rien de plus. Un vide. Immense.

-Je… je répondrais qu'on ne peut rien contre les volontés de l'Orden. Cependant, si je puis me le permettre, monsieur Von Kampfer… pourquoi…?

-Il fallait que tu sois noble le plus tôt possible, pour gagner ta place dans l'Empire. Il n'y a que là que tu peux nous être utile. Même si ce n'est qu'une petite noblesse qui ne t'apportera aucun pouvoir réel.

-Bien monsieur.

Je me relève, je m'en vais. L'entretien est terminé.

Pourquoi ce vide…?