3-Coma
Ça faisait des heures qu'il attendait. De trop nombreuses heures. Pour la vingtième ou trentième fois, Flack se leva et commença à tourner en rond dans le couloir de ce maudit hôpital, comme un lion en cage. Qu'est-ce qu'il se passait ? Qu'est-ce que fabriquaient les chirurgiens penchés sur le cas de Stella ? La sauvaient-ils vraiment ou cherchaient-ils un moyen d'expliquer et d'excuser leur incompétence à la sauver ?
Don finit par s'appuyer contre un mur et se laissa glisser au sol. Il prit sa tête entre ses mains pleines du sang de Stella et commença à se balancer, comme un enfant. C'était sa faute, sa faute…
C'est ainsi que Danny et Mac le trouvèrent, après avoir examiné consciencieusement la scène de crime, et ils l'entendirent murmurer quelque chose. Danny s'approcha de son ami et entendit distinctement les paroles de Flack.
Don (murmurant inlassablement) C'est ma faute. C'est ma faute ! J'aurais dû me méfier. J'aurais dû le prévoir. Je l'ai tuée ! Je suis désolé, Stella. Stella. Stella.
Mac, qui s'était lui aussi approché du détective, fronça les sourcils à ces mots. Il s'accroupit face au jeune homme, saisit ses épaules et le secoua fermement, obligeant Don à lever la tête. Danny sentit une boule se nouer dans son estomac en voyant le visage de son ami ravagé par la tristesse et la douleur, une expression qu'il ne lui avait jamais vu, accentuant ainsi son choc et sa peine. Mac obligea Flack à le regarder droit dans les yeux et commença à lui parler d'une voix persuasive.
Mac : Ecoutez-moi, Flack. Vous n'êtes pas responsable de ce qui est arrivé à Stella…
Don (frappant le mur derrière lui de ses poings) J'aurais dû penser à cette éventualité, Mac ! J'aurais dû la…
Mac : La protéger ? Et prendre sa place ?
Don (d'une voix étouffée par les sanglots, le visage couvert de larmes) Oui, oui, oui…
Mac : Croyez-vous vraiment que Stella aurait voulu ça ?
Don (avec désespoir) Elle serait en vie !
Mac (avec véhémence tout en le secouant fortement) Elle est encore en vie, Flack ! Ne baissez pas les bras ! Stella est forte ! Et vous le savez ! Ne vous laissez pas submerger par la tristesse, Flack. Ça ne vous aidera pas.
Danny se doutait que son patron savait ce que pouvait ressentir Don. Ça devait lui rappeler de mauvais souvenirs…Mais ça permettait manifestement au détective de rester plus ou moins à flot.
Don : Elle saignait tellement, il y en avait partout, Mac. Elle m'a demandé de l'aider et j'en ai été incapable…
Danny sentit une colère inexplicable monter en lui. Comment Don pouvait-il penser ça ? Le jeune expert décida d'intervenir, estimant que son silence avait assez duré, et se mit au côté de Mac.
Danny (presque en colère) Qu'est-ce que tu racontes, Don ! Bien sûr que si, tu l'as aidée ! Tu as réussi à ralentir son hémorragie ! D'après les secouristes, elle n'aurait pas survécu à son trajet jusqu'à l'hôpital si tu n'avais rien fait. Tu es le seul à avoir réagi, risquant ta vie, pour éviter qu'elle ne se vide de son sang ! Merde, Don, tu as fait tout ce que tu as pu ! Alors, laisse les toubibs finirent ton boulot.
Mac : Allez, debout.
Flack s'exécuta et regarda ses deux amis qui lui souriaient avec compassion. Il remarqua que Mac observer ses vêtements avec intensité.
Mac : J'aurais besoin de votre costume, Flack…Pour l'enquête…
Don (absent) C'est Stella qui me l'a offert…
Danny (essayant de détendre l'atmosphère) Tu lui diras qu'elle a bon goût. Elle devrait s'occuper de ma garde-robe.
Don (souriant pauvrement) C'est Lindsay qui va être contente.
Danny (rougissant) Heu…
Le docteur Hugh Meyers sortit enfin du bloc opératoire et rejoignit les trois hommes. Flack put voir passer deux infirmières pousser un lit en direction des soins intensifs puis il reporta son attention sur le chirurgien.
Meyers : Nous avons réussi à stopper l'hémorragie. Mais il reste encore un risque…
Don (inquiet) Lequel ?
Meyers : Une des balles a touché une artère de l'utérus. Nous l'avons réparée mais il peut y avoir une nouvelle hémorragie. Pour plus de sécurité, nous pourrions lui faire une hystérectomie. Mais j'ai besoin d'une autorisation de la famille.
Danny (étonné) Pourquoi ne lui demandez-vous pas ?
Meyers : Votre amie a perdu beaucoup de sang. Elle est actuellement dans le coma.
Don (sombre) Stella n'a pas de famille…
Meyers : Elle a certainement désigné quelqu'un pour prendre ce genre de décision.
Mac : C'est moi. (voyant Don le regarder, surpris) Inutile de me fixer comme ça. Elle a fait ce choix pour que vous ne vous retrouviez pas à prendre ce type de décision. Elle savait que vous en souffririez plus qu'autre chose…
Meyers : Nous allons vérifier ça. Mais que décidez-vous ?
Mac : Stella est solide. Ne faites rien.
Meyers : Bien. Les prochaines 48 heures vont être décisives.
Don : Quand sortira-t'elle du coma ?
Meyers : Je l'ignore. Le corps utilise ce moyen pour se régénérer et se reposer. Ça peut prendre du temps…C'est déjà un miracle que votre amie soit encore en vie.
Mac : Avez-vous trouvez des éclats de balles ?
Meyers : Non.
Mac : Bien. Merci, docteur.
Meyers (ayant noté l'état des vêtements de Don) Je demanderai à une infirmière de vous fournir un uniforme.
Don : Heu…Merci…
Le chirurgien lui sourit gentiment et salua les trois policiers de la tête. Les trois hommes restèrent quelques instants silencieux puis Flack lança un regard noir et rempli d'incompréhension vers Mac.
Don : Pourquoi ? Pourquoi ne pas avoir autorisé cette opération ? Ça lui sauverait la vie !
Mac (calmement) Nous n'en sommes pas sûrs. De plus, ce sont les volontés de Stella.
Don (intrigué) Comment ça ?
Mac : Vous devez déjà savoir qu'elle est orpheline, une enfant des foyers.
Don : Oui, bien sûr.
Mac : Et bien, elle veut des enfants. Ses propres enfants.
Don : Je sais…
Mac le regarda, surpris.
Mac : Elle vous en a parlé ?
Don (souriant légèrement) Pas vraiment. Disons que ça lui a échappé…Mais je veux qu'elle vive ! Je ne veux pas qu'elle…
Mac : Ne vous inquiétez pas, Flack. Stella est quelqu'un de fort, ne l'oubliez pas.
Don : Oui…
Infirmière Jenny Gordon (semblant arriver de nulle part) Excusez-moi. Lieutenant Flack ?
Le jeune homme sursauta à cette soudaine apparition et vit Jenny lui sourire avec gentillesse. La petite jeune femme lui tendit un uniforme et un sac en plastique et Don la remercia de la tête. Jenny le conduisit ensuite dans le vestiaire des médecins pour qu'il puisse se changer. Une fois cela fait, le détective partit rejoindre les deux experts et fut surpris de voir avec qui Mac discutait à son arrivée.
Don : Maman ?
Helena Flack (le regardant avec tristesse et compassion) Oh, Don…
Helena serra son grand fils dans ses bras, le réconfortant et le consolant comme n'importe quelle mère. Don la serra à l'étouffer, l'émotion et la tristesse reprenant brièvement le dessus, et sentit sa mère le calmer en lui caressant les cheveux, comme lorsqu'il était enfant. Il finit par s'écarter d'elle et la fixa d'un air interrogateur.
Don (essuyant ses dernières larmes) Mais qu'est-ce que tu fais là ?
Helena : Le lieutenant Taylor m'a appelée…
Don (surpris, regardant Mac) Quoi ? Mais pourquoi ?
Mac : J'ai pensé que ça serait une bonne idée.
Helena : Ecoute, Don. Je vais veiller auprès d'elle. Tu ne lui seras d'aucune utilité en restant à ses côtés. Fais ce que tu fais de mieux, ton travail de policier, et trouve celui qui a fait ça.
Don (incrédule) Je croyais que tu étais du même avis que…
Helena (jetant un coup d'œil à Mac) Disons que j'ai eu une petite conversation avec le lieutenant Taylor…et aussi Stella.
Don (surpris, la fixant) Tu as parlé à Stella ? Quand ? Elle ne m'en a rien dit…
Helena : Je lui ai demandé de garder ça pour elle. (regardant sa montre) Sarah ne devrait pas tarder à arriver.
Don (de plus en plus étonné) Tante Sarah vient ici ?
Helena (souriant) Stella lui a fait une excellente impression…
Don (grommelant) J'avais remarqué…
Helena (souriant toujours) Et c'est elle qui m'a convaincue de venir lui parler.
Flack ne savait plus s'il devait remercier ou maudire sa tante envahissante et fouineuse. Elle était son cauchemar et sa rencontre avec Stella l'avait tellement gêné qu'il avait voulu se cacher dans un trou. Mais en même temps, il avait eu une sacrée révélation. Il fut tiré de ses pensées par la voix de Mac.
Mac : Désolé d'écourter cette conversation, mais nous devons faire avancer cette enquête et… (interrompu par la sonnerie du portable de Danny)
Danny : Messer. (fronçant les sourcils peu à peu) Bien. Merci. On arrive.
Don : Qu'est-ce qui se passe ?
Danny : Un autre flic s'est fait descendre à Central Park.
Mac : Bon. Gilet pare-balle pour tout le monde. J'espère que Lindsay et Hawkes vont trouver quelque chose avec les balles.
« Du moins avec ce qu'il en restait », pensa Mac. Mais il préféra éviter de donner cette donnée à Flack pour le moment. Ses nerfs n'allaient pas tenir longtemps à ce rythme…
Mac : Passons d'abord au central pour nous équiper.
Don : J'en profiterai pour me changer. J'ai des fringues de rechange. Maman, tu me…
Helena (souriant) Je t'appelle s'il y a du changement. Vas-y.
Don déposa un baiser sur la joue de sa mère puis quitta précipitamment l'hôpital avec les deux experts.
Helena se dirigea vers la chambre de Stella et eut un serrement au cœur en voyant la jeune femme couchée sur ce lit d'hôpital, branchée à des tuyaux et à toutes ces machines. Elle était si pâle, si immobile, si loin maintenant de la jeune femme pleine de vie et de fougue qu'elle avait rencontrée. Helena prit un siège et s'assit aux côtés de Stella. Le docteur Meyers passa pour prendre les constantes quand soudain…
Stella (très bas) Bonjour…
Helena (se levant, pleine d'espoir) Docteur ! Elle…
Meyers (vérifiant ses moniteurs, avec un petit sourire) Non. Elle n'est pas réveillée. Certains patients dans le coma se mettent à parler. Elle doit être entrain de rêver…peut-être. (voyant Stella sourire légèrement) Et ça semble être agréable. Vous êtes de la famille ?
Helena : Pas vraiment. C'est la compagne de mon fils. (voyant le regard interrogateur du chirurgien) Le grand jeune homme brun aux yeux bleus.
Meyers : Je vois…Je repasserai dans une heure. Une infirmière va passer dans un quart d'heure pour faire une échographie, voir si aucune hémorragie ne s'est déclarée.
Helena : Merci, docteur.
Le docteur Meyers posa sa main sur l'épaule de Madame Flack avec gentillesse et partit voir ses autres patients. Helena prit la main de Stella dans la sienne et la serra doucement.
Helena : S'il vous plaît Stella, ne laissez pas mon fils seul…
