24-Retour

Stella avait terminé son dernier voyage temporel au milieu de Central Park. Elle put voir que c'était un jour de printemps. Le ciel était d'un beau bleu pâle, comme une certaine paire d'yeux qu'elle appréciait beaucoup, et sans nuage. Le soleil était bien présent et réchauffait les badauds de ses doux rayons. Un jour parfait pour une promenade dans l'immense espace vert de New York.

Stella vit enfin la raison de sa présence en ce lieu et en cette date.

Avril 2006. Central Park

Don : Vas-tu m'expliquer pourquoi tu as tellement tenu à apporter ton appareil photo ? (avec humour) L'avoir avec toi sur les scènes de crime ne te suffit plus ? Et puis, il y a déjà des photographes ici.

Stella sourit à son petit ami, mystérieuse, et l'observa avec un œil appréciateur. Don portait un jean bleu délavé bien coupé et une chemise grenat cintré, qui faisait ressortir ses yeux si bleus, le col bien ouvert, laissant entrapercevoir sa poitrine musclée. C'était une image assez lointaine du lieutenant Don Flack Jr de la police criminelle de New York, portant habituellement un costume bien coupé et une cravate, le rendant plus sérieux et imposant. Habillé comme il l'était actuellement, il faisait beaucoup plus jeune qu'il ne l'était déjà et plus…vulnérable. On pouvait difficilement croire qu'il était policier… On croirait plus aisément qu'il était mannequin. Et Stella voyait bien qu'elle n'était pas la seule à le percevoir comme ça : beaucoup de femmes se retournaient à leur passage, fixant Don avec un regard qui voulait tout dire. Mais c'est elle qui avait gagné le gros lot et elle ne comptait pas le lâcher ! Le jeune détective n'était pas qu'un physique mais c'était aussi un esprit, vif et acéré, une âme, aimante et sincère, et un cœur, indispensable pour elle et qui lui vouait un amour manifestement sans limite.

Don : Allo Stella ? Ici la Terre.

Stella (sortant de sa douce rêverie) Oh, pardon, Don. J'étais un peu ailleurs…

Don (amusé) Je vois ça. Alors, pour l'appareil, tu m'expliques ou faut-il que je t'amène au poste pour avoir une réponse ?

Stella se mit à rire. Ça aussi, elle l'adorait : Don ne cessait de faire des plaisanteries ou de la taquiner gentiment. Pourquoi ne l'avait-elle pas remarqué plutôt ? Cette question ne cessait de la tarauder…

Stella (riant) Non, ça ira. Vois-tu, les photographes professionnels sont parfois trop impersonnels dans leur travail. Ils prennent de très beau modèle mais rares sont ceux qui arrivent à faire transparaître une émotion dans leurs clichés. Seule l'esthétique semble compter. C'est pourquoi je veux essayer de montrer nos sentiments, nos émotions à travers mes futurs clichés. Prêt ?

Don (surpris) Tu veux que je sois ton modèle ?

Stella (avec un grand sourire) Oui.

Don (hésitant) Heu…Stella…Je ne suis pas…

Stella (voulant le convaincre) Tu veux savoir à quoi j'ai pensé quand je t'ai vu pour la première fois ?

Don : Oui. Je me suis souvent posé la question.

Stella : Je me disais que tu n'avais pas ta place dans la police, que tu convenais mieux dans le mannequinat ou le cinéma.

Don (croyant qu'elle plaisantait) Rien que ça ? (voyant son expression affirmative sur son visage) Vraiment ?

Stella (l'appareil photo à la main, prête à le photographier) Tu ne vas pas me faire croire que tu te trouves moche. Beaucoup de femmes peut-être même trop (Don rit devant l'expression boudeuse de Stella) de ta brigade fantasment sur toi. Et crois-moi, j'en ai entendu un beau florilège.

Don (taquin) Il faudra que tu me les raconte. Il y en a peut-être des intéressants à faire.

Stella (rougissant) Don !

Le jeune homme se mit à rire devant la gêne de la scientifique, qui en profita pour le prendre en photo. Cette petite séance photo dura tout l'après-midi. Ils avaient un moment échangé les rôles, Stella devenant ainsi le modèle et Don, le photographe, et avait utilisé la fonction de minuterie de l'appareil pour se prendre tous les deux en photo. Ils avaient utilisé trois pellicules de 48 poses et avaient passé un de leurs plus agréables après-midi.

Ils finirent par se coucher sur l'herbe fraîche, se faisant réchauffer agréablement par les rayons du soleil printanier. Stella s'approcha doucement de Don et posa sa tête sur son torse, entourant sa taille de son bras. Elle se sentait si bien, si vivante, si amoureuse, emplie de sensations si plaisantes.

La scientifique sentit la main de Flack caresser ses cheveux avec tendresse, jouant un peu avec ses boucles, et, levant les yeux vers lui, vit un sourire heureux se dessiner sur son visage.

Stella : Quoi ?

Don : J'espère qu'on partagera beaucoup d'autres moments comme ça.

Stella (frottant sa joue contre son torse) Bien sûr.

Don : Je t'aime, Stella…

Stella : Oui, je sais. Moi aussi…

Mais Stella n'avait pas réellement compris le sens des mots de Don. C'était un « je t'aime » beaucoup plus fort, plus intense que ceux qu'il avait déjà prononcés avec elle, un « je t'aime » qui la voulait corps, cœur et âme…

La Stella fantomatique le comprit maintenant, en voyant la scène. Comment ne s'en était-elle pas rendue compte ? Elle n'eut pas le temps de s'interroger plus longtemps car elle fut brusquement happée par un autre vortex qui la déposa rapidement dans un autre endroit et à une autre date. Et ce souvenir qui lui paraissait flou au début devint de plus en plus clair. Oh non, pas ça…

Avril 2006. Deux semaines plus tard. Angle de la 15th Street et de la 7th Avenue.

Stella était debout au milieu du trottoir et avait entendu une détonation lointaine. Le monde autour d'elle semblait tourner au ralenti : elle voyait les agents se planquer derrière les véhicules présents sur la voie et n'entendait pas un son. Un silence si pesant…Elle ne comprenait pas vraiment ce qui se passait quand elle sentit enfin un liquide chaud couler sur sa peau. La scientifique porta la main à son ventre puis l'amena sous ses yeux. Du sang. Son sang…

Dans le brouillard qui semblait l'entourer, elle perçut enfin une voix. La voix de Don. Une voix paniquée, pleine de peur et de crainte.

Don (criant, paniqué) Stella !

Stella tourna son visage vers lui, incrédule, et vit ses yeux bleus agrandis par l'effroi et la douleur. Qu'est-ce qui se passait ? Qu'avait-elle ?

Une deuxième détonation se fit entendre et elle sentit une nouvelle douleur lui vriller la poitrine.

Don (hurlant) Stella !

Stella : D…Don…Qu'est-ce qui…

La scientifique tomba et put apercevoir le visage de Don exprimer une profonde tristesse mélangée à de l'horreur pendant sa chute. Allongée sur le sol, les yeux grands ouverts, fixant le ciel printanier, sentant la vie la quitter, Stella entendait pourtant la voix pleine de fureur et de tristesse de Don et celle persuasive de Danny. Mais elle ne savait pas ce qui se passait entre les deux hommes et ferma doucement les yeux. La faiblesse la gagnait…

Don : Stella ! (furieux) Putain, Danny ! Lâche-moi !

Danny : Tu veux te faire descendre ! Tant qu'il est là, on ne peut…Oof !

Stella sentit peu après une présence à ses côtés. Qui était-ce ?

Danny : Don, sors de là !

La scientifique reconnut l'odeur de l'after-shave de la personne penchée au-dessus d'elle. Don…Ayant soudain perdu tout contrôle sur son corps, Stella se mit à convulser violemment et sa respiration se fit de plus en plus difficile. Elle sentit les mains de Flack comprimer ses plaies importantes avec l'aide de sa veste. Elle ouvrit les yeux et se mit à pleurer doucement, comprenant enfin ce qui lui arrivait.

Stella : D…Don…Ai…de-moi…

Don (hurlant en la soulevant doucement pour la serrer contre lui) Une ambulance ! Appelez une ambulance !

Stella sentit le jeune détective la serrer et la bercer contre lui, continuant à ralentir l'hémorragie à l'aide de sa veste. La jeune femme sentit les larmes de Flack se mêler aux siennes et l'entendit hurler son désespoir.

Don : Stella, ne me laisse pas ! Sois forte ! Les secours vont arriver ! Je t'en prie, ne m'abandonne pas ! Stella !

La scientifique essayait de lui répondre mais le sang dans sa bouche et sa gorge ne l'aidait guère…

Don : Stella ! Ne me laisse pas ! Qu'est-ce que je ferais sans toi ! Comment pourrais-je vivre sans toi !

Cette dernière phrase fut comme un choc électrique pour la Stella spectatrice. Don n'oserait pas…Il n'essayerait pas de…Mais son visage exprimait une telle douleur, une telle souffrance, une telle tristesse ! Et tous les souvenirs qu'elle avait vus et observés semblaient indiquer cette idée inquiétante…Don…

Stella (hurlant) Don ! Nooooooooon !

oOo

Le moniteur cardiaque de Stella se mit à s'affoler, inquiétant Don, Sarah et Helena. L'infirmière Jenny Gordon était là et appela d'urgence le docteur Meyers, qui arriva rapidement au chevet de sa patiente pour l'ausculter.

Don (soutenu par Helena et Sarah, toutes les deux en larmes et inquiètes) Stella…Je t'en supplie…Mon étoile…

Le jeune détective vit soudain les yeux de la scientifique s'ouvrir tout doucement puis chercher quelque chose et enfin se poser sur lui. Les yeux verts émeraude de Stella prirent alors une expression de soulagement et de bonheur. Don était là… Sa main sembla ensuite chercher quelque chose. Un contact…

Don, le devinant, se rua vers Stella, bousculant presque le chirurgien dans sa précipitation, et serra sa main dans la sienne avec tendresse.

Don (soulagé et heureux, embrassant sa main) Stella ! Je suis là. ( serrant sa main avec plus de force) Je serai toujours là…

Flack embrassa encore et encore la main et le front de son étoile, heureux de la voir enfin réveillée et bien vivante. Sarah et Helena s'étreignirent joyeusement, soulagées, et le docteur Meyers sourit. Sa patiente avait passé le cap le plus difficile. Tout ce qu'elle devait faire maintenant, c'était se reposer.

Stella essaya de parler mais Don l'en empêcha en lui posant une main douce sur l'épaule.

Don (la rassurant) Tout va bien, Stella. Il a fallu te placer sous respirateur…

Meyers : Je vais lui enlever dans une heure.

Don : Tu vois ? Tu parleras plus tard. Pour le moment, repose-toi. Tout va bien…maintenant que tu es revenue…

Stella serra avec force et tendresse la main de Don et ne quitta pas le jeune homme des yeux, saisissant son regard bleu dans le sien. Elle ne le lâcherait plus. Jamais.