Chapitre cinq : Résolution

Yoh parcouru une fois de plus la lettre des yeux et ses larmes coulèrent une fois de plus. Il entendit frapper à la porte de la chambre mais ne se leva pas pour l'ouvrir. Il voulait être seul. Pourquoi cela lui faisait-il donc si mal ? Il ne comprenait pas. Elle seule pourrait lui expliquer ! Il devait comprendre, la trouver et la forcer à s'expliquer ! Fort de sa nouvelle résolution, il se leva enfin, après plusieurs jours sans bouger, et ses jambes vacillèrent sous son poids avant de lui permettre de retrouver un certain équilibre. Puis il fit coulisser la porte, et sortit de la maison sans dire un mot, sans répondre aux appels de ses amis. Il ne savait pas encore où la chercher, mais il savait qu'il finirait par la rejoindre. C'était la seule solution. Lorsqu'il eut enfilé ses sandales préférées, il sortit sous la pluie. Un éclair zébra le ciel, mais Yoh ne tremblait plus. Son visage, devenu dur et sombre, ne laissait plus rien paraître de sa gentillesse habituelle. La pluie le détrempa vite, et il courut sous la pluie, sans vraiment savoir où il allait, comme mû par une force invisible, qui le guiderait à Elle. Ses cheveux trempés encadraient son visage, le masquant à moitié sous les mèches brunes. Il courut ainsi jusqu'à un entrepôt, apparemment vide. Pourtant, Elle était là. Il le savait, le sentait dans sa chair. Il n'avait pas d'autre choix, même si la douleur serait terrible si Elle confirmait ses dires. Il ne lui resterait alors plus qu'à mettre fin à ses jours, car il ne pouvait vivre sans Elle. C'était inconcevable. Il ouvrit la porte du hangar et attendit que sa vision s'habitue à la pénombre.

Anna remonta une fois encore ses genoux sous sa poitrine, cherchant une position plus confortable. Un bruit à l'étage attira son attention quelques instants avant qu'elle ne replonge dans sa torpeur. Probablement les idiots qui la retenait prisonnière se battaient ils pour savoir ce qu'il feraient d'elle plus tard. Pourquoi n'était il toujours pas là ? Le doute l'avait aussi étreint de ses bras perfides et épineux ? Elle savait que ses kidnappeurs avaient laissé un mot à son intention, mais elle ne pouvait croire qu'il ait pu penser une seconde ce qui était écrit sur le papier. Après tout aimer, n'est ce pas faire confiance à l'autre, le savoir incapable de tromper ? Et pourtant, elle-même doutait encore de ses sentiments, alors pourquoi pas lui ? Il avait droit de ne pas comprendre, de se faire des films, où il serait la victime où le responsable, selon ce qu'il préférait. Viendrait il la chercher ? Puis le bruit s'enfla, se rapprochant du réduit où elle était enfermée. Un bruit plus fort que les autres, contre la porte, la fit sursauter, et la porte coulissa, blessant ses yeux du peu de lumière filtrant encore de la pièce attenante à son réduit. Une silhouette s'encastra dans la porte, une ombre dure, d'où émanait une forme de peur et de malheur. De tristesse et de douleur aussi. Seuls les yeux de cet homme étaient visibles, et ils étaient rempli de rancune et de colère. Les cheveux, laissés flottant, encadrés le visage de l'homme. Elle le connaissait. Hao ? Que venait il faire ici ? Puis il entra, et elle le reconnut enfin.

Tu as mis le temps, dit elle avec ironie.

Elle voulu se lever pour le serrer dans ses bras, mais elle retomba, ses jambes étant encore trop faibles pour la porter.

Yoh se pencha pour la dévisager, puis tomba à genoux et la serra dans ses bras. L craignait qu'elle ne le repousse, dernière trace de la crainte qu'il avait éprouvé ces derniers jours, mais la présence de ses hommes dehors l'avait convaincu que ses doutes n'étaient pas fondés. Elle l'aimait, elle aussi. La jeune fille, d'abord surprise, se laissa aller à une étreinte qui dura une éternité, puis le jeune shaman posa sa main sur la nuque de la jeune fille et leurs lèvres se rencontrèrent pour la première fois. Ils n'avaient jamais eu encore le courage de s'avouer leurs sentiments, si brûlants soit ils, et ils se laissait aller cette fois au plaisir de leur retrouvaille, à la joie de savoir leurs sentiments partagés. Le goût sucré des lèvres de la jeune fille s'imprima à jamais dans le cœur de Yoh, et il la lâcha pour reprendre son souffle, avant qu'elle ne l'attire à lui pour une nouvelle étreinte.

J'ai eu si peur, confia-t-elle.

Moi aussi, avoua-t-il. J'ai vraiment cru que tu m'avais laissé.

Comment as-tu pu seulement le penser ? Je t'aime Yoh et rien ne le changera.