Le Pharaon et la Magicienne
1ère partie : Périphéries Egyptiennes
Chapitre Troisième
Une fiancée pour le Prince !
C'était bizarre. Dans un film, je veux bien. Dans un livre, d'accord. Mais faire un ellipse de temps comme celle-ci dans la réalité (enfin, était-ce réellement la réalité ?) était légèrement (pour ne pas dire très) déroutant. Bon, pour ceux qui, comme moi, ont eu du mal à suivre, j'explique. Nous nous en étions arrêté alors que Iranya venait de mourir. Et bien aujourd'hui, ça fait un an que c'est arrivé. Depuis Atem est devenu plus sombre, plus froid, plus solitaire… Il n'a plus rien à voir avec ce qu'il était. Tout de suite après le combat, Seto, un des futurs prêtres de Râ et le meilleur ami d'Atem, avait disparu. Et aujourd'hui venait de tomber la nouvelle : Atem était fiancé à la princesse héritière du trône d'Irshary qui allait arriver le lendemain. De quoi mettre le palais en émoi. Tout le monde y allait de son commentaire et en ma qualité « d'esprit », je pouvais, en me baladant, être au courant des points de vue de chacun. Certains n'étaient guère ravis qu'une femme du peuple responsable de la mort de leur princesse soit en passe de devenir leur Reine. D'autres voyaient là un moyen d'unir les deux pays et d'enrayer la guerre qui menacé d'éclater depuis que les Irshariens avaient exigé que le Chevalier du Dragon rentre dans son pays alors qu'il était coutume qu'il ou elle reste dans le Grand Palais du Dragon qui se trouvait accolé au Palais Royal. Le Grand Palais avait d'ailleurs été laissé à l'abandon après cela. Quand à Atem, il ne semblait pas touché par la nouvelle comme toujours depuis la mort de sa jumelle.
Voilà, vous savez tout. La cérémonie de commémoration de la mort de la princesse fut grandiose, j'appris grâce à un enfant à qui on l'expliquait, que lorsqu'un combattant perdait la vie lors d'un duel on lui rendait grâce un an après sa mort, jour où était scellé sa tombe pour l'éternité. Mais soudain une silhouette capée attira mon attention. Elle se tenait à l'écart de la foule. Je m'approchais alors d'elle.
-Encore toi, murmura-t-elle.
Je sursautais.
-Vous me voyez ?
-Non, je te sens.
-Comment… ?
-Va savoir. C'était toi, lors du Jour du Dragon, n'est-ce pas ?
-Vous êtes l'adversaire de la princesse !
-Oui.
-Que faites-vous là ?
-La même chose que tout le monde…
J'approuvais de la tête bien que sachant que cela ne servirait à rien, elle ne me voyait pas. La cérémonie arrivait à son terme lorsqu'elle partit.
-Où allez-vous ?
-Là où je devrais être.
-Mais…
Elle se retourna soudain vers moi. C'était étrange de sentir son regard passer à travers moi.
-Tu ne devrais pas être ici, celui qui t'a envoyé n'avait pas le faire. Et toi, tu ne dois pas interagir avec cet espace temporel qui n'est pas le tien. Sois prudent, la moindre petite faute et tu pourrais changer la face du monde tel que tu le connais. Car tu viens du futur n'est-ce pas ?
J'approuvais de la tête, oubliant encore une fois qu'elle ne me voyait pas. Mais elle dut me sentir car elle sourit.
-Soit prudent…
Et elle disparut soudainement.
§§
Le lendemain arriva étonnement vite. Et avec lui, la délégation de la princesse d'Irshary. Celle-ci était grandiose, il fallait bien le dire. Digne des arrivées des grands rois dans les superproductions hollywoodiennes, sauf que là, ce n'était pas du cinéma. Atem était sur les murailles du palais lorsque tout ce beau monde franchit les portes. Je crus voir quelque chose passer dans ses yeux mais je n'en fus pas sûr.
J'avais appris par la rumeur qu'Irshary était un petit pays constitué d'une petite enclave coincée entre la mer Méditerranée et l'Egypte et d'une île, où se trouvait sa capitale, au beau milieu de ladite mer. Toutefois, malgré sa petitesse de territoire, ce pays demeurait - pour des raisons qui m'étaient inconnues - très puissant. Son roi avait, d'après les pipelettes de la cour de Pharaon que j'avais entendues par hasard, de drôles de mœurs dont la reine son épouse avait fait les frais. Je ne sus pas de quoi il s'agissait, on en parlait à mots voilés comme si de simples mots pouvaient apporter le malheur. Mais j'appris que la reine était morte…
Le père d'Atem s'entretint longuement avec la princesse avant de la présenter à la cour et bien sûr à son fils.
Il s'agissait d'une belle (même très belle) jeune femme. Même ceux qui se plaçaient ouvertement contre ce mariage durent l'admettre. Ces yeux semblaient être une palette dans laquelle coexistait une multitude de tons gris et ses cheveux étaient (ce qui était étonnant) d'un bleu nuit qui lui donnait un aura mystique.
-C'est une magicienne… murmura-t-on prêt de moi.
Mes balades dans le palais m'avaient également enseignées que les magiciens étaient de plus en plus rares et que pour le peuple ils étaient les envoyés des Dieux. J'avais également appris que le Prince Atem avait des pouvoirs magiques, contrairement à sa défunte sœur. On disait souvent des Hommes possédant des pouvoirs qu'ils descendaient soit des Dieux soit de Monstres – appelé par les égyptiens les Serviteurs, j'ignore pourquoi. J'avais remarqué qu'ils étaient on ne peut plus présent dans ce monde. Chacun pouvait appeler à tout moment son monstre à ses côtés. Néanmoins seul les Duelistes pouvaient en invoquer plusieurs, et ce uniquement dans les Arènes Divines. Mais revenons en à la délégation.
La Princesse était entourée de deux femmes. La première, grande, blonde avec un physique à faire des envieux était Mayada, Grande Prêtresse de Maât du royaume d'Irshary. Car, appris-je plus tard, ce royaume était placé sous la protection de la Déesse Maât, dont on disait qu'elle y était née (même si à l'époque le royaume n'existait pas encore). De ce fait, même si la Déesse de la Justice était adorée en Egypte également, sa Grande Prêtresse se trouvait en Irshtary. Mais au moment où je vis ladite Prêtresse ce ne fut pas ce qui me frappa. Ce qui me frappa fut que derrière ces vêtements superbes et ce teint mat je voyais quelqu'un que je connaissais bien. C'était Maï qui se tenait au côté de la Princesse.
Quand à la deuxième femme, il me fut impossible de distinguer précisément ces traits si bien que je ne saurais dire si son visage m'était familier. Tout ce que j'appris fut qu'elle se nommait Serenisis, qu'elle était égyptienne et prêtresse de Râ. Ce qui n'était déjà pas mal. Etre invisible avait de grands intérêts.
Atem et la Princesse (dont je ne savais toujours pas le nom, d'ailleurs) se saluèrent comme le voulait le protocole mais avec une froideur polaire si bien que j'en vins à me demander comment ils allaient réussir à cohabiter une fois mariés. Espérons que d'ici là une partie de la banquise est fondue… mais en regardant le Prince je me surpris à penser que rien n'était moins sûr.
§§
Le futur Pharaon avait quitté sa fiancée dès que la bienséance le lui avait permit. Il était à présent en train de se faufiler hors du palais comme il avait l'habitude de le faire avant la mort de sa sœur. J'avais appris ce détail grâce à une intervention de sa vieille nourrisse – une femme adorable d'ailleurs, celle-là même qui accompagné Iranya et Atem lors du combat du Dragon.
Bref, le Prince avait visiblement besoin d'air. Et c'était pour cela qu'il était en train de marcher sous le soleil de onze heures déguisé en garçon du peuple. Il devait avoir l'habitude de se rendre ainsi dans les villages proches de la capitale (dont je ne savais pas le nom car j'ignorais l'année dans laquelle nous nous trouvions) car il progressait sans le moindre doute sur la portion de désert que se trouvait sur sa chemin.
Nous arrivâmes dans un village des plus typiques et Atem se mêla à la foule. Il resta dans petit bourg jusqu'à ce que le soleil décline créant une cascade de couleur chaude sur les dunes de sables. Il se joignit alors à une caravane de marchants se rendant dans la capitale pour le Grand Marché qui précéderaient les Festivités de Fiançailles.
Parmi les membres de la caravane un garçon attira l'attention d'Atem (et la mienne par la même occasion). Il était un peu plus petit que la Prince – qui d'ailleurs était plus grand que lorsqu'il utilisait mon corps sans pour autant atteindre la taille de Joey par exemple. Ses cheveux et ses yeux étaient noirs, son teint mat ; il était assez typé. Il se nommait Mokadin, dit-il à Atem, et se rendait au Palais Royal pour devenir un soldat de Prince Héritier. Il comptait d'ailleurs devenir un des meilleurs !
Et là, à ma grande surprise et pour la première fois depuis une année, le Prince éclata de rire.
-Tu ne me crois pas ? s'offusqua Mokadin avec une moue.
-Oh que si ! Je suis sûr que tu as la force de réussir si tu t'en donnes les moyens.
Le garçon sembla surpris de la réponse qui lui fut adressée car il resta quelques instants sans voix avant que ses yeux ne se mettent à briller.
-Merci !
Mais les remerciements du jeune garçon n'eurent pas le temps de s'approfondir car des cris se firent entendre.
-Des bandits ! cria quelqu'un.
Je vis à l'attitude générale qu'il ne s'agissait pas d'une bonne nouvelle. Les muscles d'Atem se tendirent et je compris qu'il était prêt à intervenir si nécessaire.
Ce ne fut, heureusement, pas utile car des soldats sortirent soudain de nulle part, se plaçant entre des hors-la-loi et la caravane. La bataille fut rapide. Le lieutenant qui commandait cette petite escouade semblait savoir ce qu'il faisait. Lorsqu'il s'approcha du petit groupe que formaient les membres de la caravane, Atem fit un pas en arrière se mettant ainsi en grande partie hors du champs de vision de l'officier.
-Tout va bien ? s'enquit celui-ci.
En raison de la nuit tombante je ne pouvais pas distinguer clairement ses traits.
-Oui, lui répondit-on. Merci beaucoup.
Par précaution il préféra tout de même reconduire tout le monde dans l'enceinte de la ville. Il fallait dire qu'ils n'étaient plus très loin. Mokadin se mit à parler avec entrain avec l'officier-qui semblait se nommer Joesis- et il en fut ainsi jusqu'à la ville. Pendant ce temps, Atem restait en retrait de façon à ne pas être reconnu mais un curieux sourire se dessinait sur son visage…
§§
Lorsque nous rentrâmes au palais je quittais le Prince pour mener ma petite enquête. Ce qui concrètement signifiait allait faire un tour du coté des appartements de la Princesse.
J'entrais dans lesdits appartements en me demandant si je n'aurais pas du m'abstenir et en me rappelant que la curiosité était un vilain défaut. Toutefois, j'étais bel et bien là.
Et la Princesse aussi. Elle était assise devant un coiffeuse qui devait au XXIème siècle coûter un prix à donner mal à la tête (y comprit à Kaiba) et se brossait méthodiquement les cheveux. Elle chantonnait un air qui me semblait vaguement familier sans que je sache pourquoi. Quoiqu'il en soit, cette ballade avait une sonorité magique. J'irais même jusqu'à dire que la Magie semblait irradier tous ces appartements. A un tel point que je ne me sentais pas à ma place… Je quittais donc l'endroit en concluant que la curiosité était vraiment un vilain défaut.
§§
Le lendemain, Atem se leva aux aurores – à mon grand déplaisir, j'aurais bien fait la grasse matinée. Néanmoins je le suivais vers le bureau (si je pouvais appeler ça comme ça) de son père. (Quand je vous dis que la curiosité est un vilain défaut).
-Mon fils, soupira le Pharaon, je peux comprendre que tu ne sois guère ravi de ces fiançailles, mais par Râ tout puissant, soit un peu plus gentil avec la Princesse Astarté.
-Père…
-Non, écoute. La Princesse est quelqu'un de bien. Quelqu'un de très bien, crois moi. Ce sera une merveilleuse Reine. Mais une Reine doit être aimée de son Pharaon. Elle sera la Grande Epouse Royale, la mère du Pharaon qui te succèdera.
-Je sais… soupira Atem. Mais… mais depuis la mort d'Iranya je…
Il ne termina pas sa phrase. Je doute qu'il en ait besoin.
-J'ai réfléchis votre proposition de Garde, reprit le Prince désireux de changer de conversation. Je suis d'accord. Mais je souhaiterais choisir moi-même mes hommes.
-Bien, accepta son père. Ainsi soit-il.
§§
Fin du Chapitre Troisième
§§
Chapitre suivant : ''Astarté'' : A travers rumeurs et faits l'importance de la Princesse d'Irshary grandit et les mystères l'entourant en font de même.
