Chapitre Sixième
Mariage
Malgré les faits des semaines précédentes et les protestations générales (seule Astarté s'était tue), le Pharaon avait tenu à maintenir le mariage. Je me demandai si la Princesse n'avait pas protesté car c'était ce qu'elle voulait ou si c'était simplement qu'elle savait que ça ne servirait à rien. Toujours était-il, que pour le plus grand malheur d'Atem, le mariage allait avoir lieu. Dans ses appartements où s'affairaient une multitude de serviteurs de toute sorte, il soupira une fois de plus.
-Sauf votre respect, Altesse, intervint Joesis avec un sourire en coin, vous ne partez pas au bagne ! Vous allez simplement épouser une des plus belles filles de l'Egypte voir de notre Monde… et des autres.
-Mais personne ne m'a demandé mon avis à moi !
-Un pharaon doit savoir faire des sacrifices, observa avec sagesse la vieille nourrice.
-Et coté sacrifice, celui-ci est quand même pas trop difficile à faire, objecta le lieutenant. Si vous voulez, on échange nos places !
-Si seulement je pouvais, grinça le futur souverain entre ses dents.
Je songeais en souriant que cette discussion était l'illustration même du proverbe qui disait que l'herbe était toujours plus verte dans le pré d'en face. Chacun des deux amis pensait que sa vie serait meilleure s'il était l'autre. Ce dont, personnellement, je doutais.
Le Pharaon entra sur ces entrefaites.
-Mon fils, es-tu prêt ?
-Presque Père.
-J'en suis heureux. Il est important pour moi de voir ton mariage avant d'aller rejoindre nos glorieux ancêtres autour de Râ.
-Quoi ? s'exclama soudain Atem. Vous n'allez pas bien Père ? Vous sentez vous partir ?
-Non mon fils, répondit le monarque avec un sourire bienfaisant. Mais avec cette guerre qui sait ce qui peut arriver…
Visiblement le Pharaon s'inquiétait pour le futur. Mais en même temps, c'était bizarre, il semblait en paix avec lui-même. Mais avant que j'aie pu me pencher sur la question, le souverain sortit devant les yeux effarés des personnes présentes le puzzle du Millénium.
-Voici mon présent de mariage mon enfant, la Pyramide de Millénium, puisse-t-elle t'aider à être le Pharaon que tu dois devenir. Car elle a de nombreux pouvoirs. Un jour sans doute feras-tu toute la lumière sur elle. Mais en attendant, elle saura, j'en suis sûr, t'être d'une aide précieuse.
J'étais surpris des paroles énigmatiques du roi d'Egypte. Etait-il possible qu'il sache certaines choses relatives au futur ? Où est-ce simplement une façon d'aider son fils dans sa future charge ?
-Allons-y, ordonna le Pharaon, me tirant de mes pensées.
Atem avait autour du cou sa Pyramide et pour la première fois, je le vis réellement comme un Prince. Car il irradiait d'une noblesse qui ne pouvait être remise en cause. Il était bel et bien un Fils de la Lumière, descendant d'Horus.
Je regardais alors le cortège royal qui traversait la ville pour rejoindre le temple d'Isis. En tête marchaient Menetjem et Shabataka respectivement Grand Prêtre de Râ et d'Osiris, suivis par leurs monstres et les porteurs d'enseigne de leur dieux respectifs. S'en suivait le premier groupe de musicien. Venaient ensuite un premier groupe de soldat. Derrière eux marchaient Horemkaf, Grand Prêtre de Montou, le dieu guerrier à tête de faucon suivit par des guerriers arborant ladite tête de faucon ainsi que des monstres de type guerriers. Puis un autre groupe de musicien précédait Aménémès, Grand Prêtre d'Horus, et son monstre qui semblait être un superbe faucon argenté ainsi qu'Apriès, Premier Général de Pharaon dont le monstre était, comme on pouvait s'en douté, un Chevalier – le Chevalier en Epée pour être précis. Suivait un second groupe de soldats et monstres derrière lequel marchaient le Prince Atem avec son Magicien des Ténèbres et son Père avec son Lutin Sauvage. Ils étaient suivit par Joesis (avec le Chevalier Flamboyant) et ses compagnons de la Garde du Prince (et leurs monstres). Puis venaient des barques remplies des présents de mariage portées par des hommes à masques de chien. C'était le Grand Prêtre d'Anubis, Piânkhi, et son Loup Sombre qui fermait la marche avec son enseigne.
Alors que tout ce beau monde se rendait à grand bruit et sous les regards émerveillés de la foule au temple, je m'éclipsais pour aller jeter un coup d'œil au cortège de la Princesse qui avait le même point d'arrivé mais qui passait par l'autre coté de la ville.
Dans ce cortège c'était des musiciens qui ouvraient la marche. Suivaient les danseuses sacrées. Ensuite venait les Grandes Prêtresses : Tiyi adoratrice d'Isis, Semna de Bastet, Ténet d'Hathor, Tahoser de Nekhbet, Ahmès de Meretseger et Mayada de Maât entourant la Princesse Astarté. Chacune d'elles était accompagnée de son monstre, bien que je ne les connaisse pas tous. Quand au monstre d'Astarté, il était entouré d'une cape qui rendait impossible toute tentative de reconnaissance. A moins que ce soit normal… Elles étaient suivies par des danseuses d'Irshary et un second groupe de musiciens. Après tout ce beau monde venaient des jeunes filles de la noblesse tenant de nombreux animaux qui seraient offerts à la nouvelle reine, chevaux, oiseaux de toutes sortes, chats et même de plus gros félins suivaient donc ce cortège, éblouissant surtout les plus jeunes. Il y avait également, comme dans le cortège royal de nombreux domestiques. Je fus soudain frappé par quelque chose. Le cortège d'Astarté était entièrement féminin (même les musiciens étaient des musiciennes, il en allait de même pour les monstres) alors que celui d'Atem était entièrement masculin. Je ne savais pas quelle importance pouvait avoir cette coutume mais je la trouvais intéressante.
Selon la coutume (ou du moins ce que j'en savais) le groupe d'Atem serait le premier à arriver et il se passerait suffisamment de temps avant l'arrivée de celui d'Astarté pour que tout le monde prenne la place qu'il devrait occuper durant la cérémonie.
Juste avant l'arrivée de la Princesse et ses compagnes au temple, les danseuses d'Irshary passèrent devant leur souveraine et les prêtresses. Elles se fondirent au groupe des danseuses sacrées dans un but qui m'échappa. En effet j'avais pressé le pas pour rejoindre l'intérieur du temple. Le Prince était à sa place, prêt de la statue d'Isis. Devant lui se tenaient son père et les Grands Prêtres. Tout le monde regardait l'entrée principale par lequel le second cortège entrerait d'une minute à l'autre alors que par les entrées annexe le peuple se bouscule pour entrer. Je me plaçais non moins du Pharaon mais un peu à l'écart, à un endroit réservé aux Prêtres.
Entrèrent alors les musiciennes qui s'écartèrent sur les cotés du temple sans cesser de jouer. Apparurent alors les danseuses, sacrées ou irsharienne confondues. Elles dansaient en tenant entre elles des voiles aux couleurs vives interdisant de voir ce qui se passait derrière elles. Toutefois, ce n'était pas ainsi qu'on les appréhendait car ils créaient un jeu de couleur complètement féerique. Celles qui n'avaient pas de voiles jetaient des pétales de fleurs et des plumes légères et colorées sur le sol. Arrivées devant le Prince les danseuses se mirent, comme l'avaient fait les musiciennes à se séparaient en deux groupes, chacun partant d'un coté du temple. Les voiles s'écartèrent alors et on eu l'impression que les rayons du soleil suivait le couloir qu'ils avaient ouvert. Et ce furent les Grandes Prêtresses et la Princesse qui apparurent aux yeux de tous.
Elles étaient toutes d'une beauté à couper le souffle, baignant dans une lumière féerique, mais Astarté éclipsait en beauté et en prestance toutes ses compagnes. Ceux, parmi le peuple et la noblesse, qui n'avait pas vu en elle une déesse lors de la fête de fiançailles, la virent clairement en cet instant. Elle s'avança vers son futur époux, laissant les adoratrices divines derrière elle. Je remarquais alors plusieurs choses dans sa tenue. On pouvait distinguer, bien qu'il ne fut pas mit en évidence, autour de son cou un pendentif représentant un dragon d'or entortillait autour d'une étoile de cristal. J'aurais juré avoir déjà vu un tel symbole quelque part sans parvenir à me souvenir où. Ensuite elle avait un bracelet d'or fin qui recouvrait à peu près la moitié de son avant-bras droit, montant le long de sa main et rejoignant la bague qu'elle portait au majeur. Et sur ce bracelet on pouvait voir le même œil qu'on retrouvait sur les objets du Millénium ainsi que divers symboles dont j'ignorais totalement la signification. Mais contrairement à ce qu'on aurait pu croire, ce bijou n'était pas trop lourd. La finesse avec laquelle il avait été fait le rendait étonnement discret pour un ouvrage de cette taille.
S'en suivi le mariage dans les règles des deux jeunes gens.
Mais, alors que tout le monde allait se retirer pour créer un seul et unique cortège accompagnant les nouveaux mariés au Palais, un soldat fit irruption dans le temple.
-Excusez moi, ô Pharaon, Prince, Princesse et vos Saintetés, mais nous sommes attaqués. Une armée sera sur nous dans moins de deux jours. Le peuple du Sud réclame de l'aide.
Une tension palpable se répandit alors dans le temple. Il ne s'agissait guère là d'un bon augure.
-Je suggère que l'armée parte sans plus tarder, Pharaon, intervint Astarté, à présente coiffée de la couronne de vautour, symbole de la Grande Epouse Royale.
Sa voix musicale porta dans tout le temple, surprenant le peuple comme les nobles et ramenant tout le monde à la réalité.
-Tu te fais là la voix de la sagesse, mon enfant. Nos armées partiront dès que possible, commandées par mon fils, le Prince Atem. Dames Prêtresses, ma fille, auriez-vous la bonté de bénir leur départ ?
Astarté regarda quelques instants ses Prêtresses avant de se retourner vers le Pharaon.
-Ce sera un honneur pour nous.
Et c'est ainsi, de façon très peu habituelle que se termina le mariage de ce qui deviendraient plus tard le Pharaon et la Reine d'Egypte.
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Fin du Chapitre Sixième
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Chapitre suivant : ''Affrontement lumineux'' : Atem part en guerre et il rencontre quelques problèmes.
