Chapitre Septième

Affrontement lumineux

Les soldats partirent rapidement après avoir reçu la bénédiction de leur Princesse et de ses Prêtresses. Atem en tête, ils s'élancèrent vers le Sud. Je n'eus pas le temps de me demander comment j'allais bien pouvoir faire pour les suivre. Je me retrouvais en moins de temps qu'il n'en fallait pour le penser dans un campement militaire visiblement égyptien en pleine nuit. Il me fallu quelques instants pour comprendre qu'il s'agissait de celui d'Atem et ses hommes.

Ce bond dans le temps et l'espace me rappela brutalement que je n'étais pas acteur dans tout ce qui se passait dans cet espace-temps. Je n'étais qu'un spectateur regardant le film de la vie des habitants de ce temps. Et comme lorsqu'on regarde un film, je me déplaçai sans avoir mon mot à dire là où ma présence était nécessaire.

Je trouvai vite Atem, entouré des généraux de son père, de sa Garde et des monstres de chacune des personnes présentent. Ils étaient en train de parler de diverses stratégies d'attaque auxquelles je ne saisissais par grand-chose voir rien.

Des cris se firent soudain entendre à l'extérieur de la tente de commandement. Atem bondit dehors avec une vitesse et une souplesse qui m'étonnèrent.

-Hemef ! On nous attaque ! cria quelqu'un.

Le Prince ne se le fit pas dire deux fois.

-Joesis, toi et ton escadron préparez-vous, nous allons partir. Général Nesimoutou, préparez l'infanterie. Que les Prêtres se tiennent également prêts ! Les autres nous suivront le plus vite possible. Nous partons !

-Oui, Prince.

En quelques minutes, tout le monde était prêt. L'infanterie à pied et les Prêtres en chars suivaient Atem et sa garde qui étaient les seuls à monter leur chevaux comme le voulait la tradition (1). Ils s'élancèrent tous dans le désert vers un point que je ne pouvais pas identifier.

Je me sentis alors soulevé du sol par une force invisible. Et très vite je me retrouvais dans le ciel à survoler l'armée. Ce qui allait s'avérer très pratique pour appréhender la bataille elle-même. Mais pour le moment, je ne voyais absolument pas l'ennemi. Pourtant en regardant Atem j'avais la certitude qu'il savait parfaitement où se tenaient ses adversaires. Je me rappelais alors qu'Astarté avait dit qu'il s'agissait d'être fortement maléfique et qu'Atem étant un magicien, il devait les sentir.

La suite me donna raison. En effet, le Prince ordonna à ses hommes de s'arrêter. Et quelques secondes plus tard des êtres émergèrent d'une dune, se trouvant face, à quelques mètres près, à l'armée d'Egypte. Je dis des êtres car on ne pouvait pas consciemment appeler des choses de Hommes. Bien qu'ils avaient du en être autrefois. Mais à présent, leurs visages étaient tellement déformés qu'il aurait été impossible de savoir quels avaient été leurs traits. Déformés par la haine, la peur, la colère ou la jalousie. Il émanait d'eux une noirceur à coté de laquelle le Royaume des Ombres semblait accueillant et lumineux. Je comprenais alors ce qu'Astarté avait voulu dire en disant que « chaos » n'était pas la bonne traduction… Et l'armée égyptienne semblait elle aussi en prendre conscience.

Le soleil ne se lèverait pas avant plusieurs heures donnant l'avantage aux soldats de Yuuw. Ceux-ci s'élancèrent dans un cri inhumain sur les égyptiens. La plupart des soldats, en rien préparés à un tel combat, fuirent rapidement. Et la panique étant communicative, il ne resta bientôt qu'Atem, sa garde, cinq Prêtres et une dizaine de soldats peu gradé. Le Prince serra les dents, en colère.

Je remarquai alors avec surprise qu'un des Prêtres encore présent – visiblement rattaché au culte d'Horus – portait un bijou qui m'était bien connu : l'Anneau du Millénium.

C'était étrange. Les objets du Millénium semblaient apparaître peu à peu sans que personne ne s'en rende vraiment compte. Peut-être n'avait-il pas conscience de ce qu'ils avaient entre les mains. Pourtant, le Pharaon avait l'air de savoir de quoi il en retournait lorsqu'il avait remis la Pyramide à Atem…

Je ne pus pas pousser mes réflexions bien plus loin. L'épée d'Atem venait de traverser de part en part un de ces êtres sans lui infliger le moindre dégât.

-Que Montou nous vienne en aide, murmura un soldat sans pour autant quitter sa position.

Deux de ses compagnons tombèrent dans un cri de douleur. Leurs monstres se volatilisèrent, comme déchiré. Je compris qu'une fois leurs maîtres tuaient ils étaient détruits.

-Que les soldats reculent ! ordonna Atem. On ne peut pas les vaincre avec des armes !

Le Prêtre à l'Anneau du Millénium s'avança à la hauteur de son Prince. Il mit une main sur son Anneau et tendit l'autre vers les êtres. Et des éclairs s'échappèrent alors de ses doigts tendus, détruisant les ennemis qu'ils touchaient et éblouissant les autres.

-La lumière ! cria un Prêtre. Ils craignent la lumière !

Atem ne se le fit pas dire deux fois. Un Prêtre venait de passer… Le Prince ferma les yeux et une aura rouge feu dans laquelle se perdaient des étincelles blanches l'entoura. Et alors, le corps du futur Pharaon devint lumineux. Il devint lui-même une lumière d'une pureté étonnante. On ne distinguait plus que ses yeux couleur améthyste, tout le reste n'était plus que lumière pure. Et cet éclat détruit les êtres du Yuuw. Les rares qui en réchappèrent prirent la fuite vitesse grand V. Mais la lumière qui entourait Atem ne disparu pas pour autant.

-Mes félicitations Altesse, objecta le Prêtre à l'Anneau.

Je devinais un sourire sur le visage de Prince.

-Et mes remerciements. Quel est ton nom ?

-Snéfrou, sire.

-Et bien Snéfrou, sache que tu as ma reconnaissance et mon amitié pour ton courage et ta bravoure.

-C'est un honneur.

Atem se retourna vers les autres personnes présentes. Il ne restait plus que deux Prêtres (Snéfrou compris), un soldat et cinq membres de la Garde

-Vous tous, sachez qu'une fois rentrés vous serez couvert de gloire. Quand aux déserteurs, ils seront châtiés. A présent, rentrons à la cité royale. J'aspire à retrouver la quiétude de notre ville.

Les paroles rencontrèrent une approbation générale.

§§

Le petit groupe des guerriers avait rejoint le camp avant de partir vers le palais qui se trouvait à plusieurs jours de cheval de là.

Ils arrivaient en vu lorsque Joesis se pencha vers Atem.

-Comment ça se fait que tu sois toujours lumineux ?

Il fallait dire que même si le Prince d'Egypte n'était plus entièrement fait de lumière et qu'on pouvait à présent distinguer ses traits à travers l'éclat dont il irradiait, il restait tout de même très lumineux.

-C'est à cause de la magie que j'ai utilisé, j'en ai encore pour un jour ou deux à être un luciole.

Joesis eut un sourire qui interpella visiblement son ami.

-Et épargne moi tes commentaires veux-tu.

-Comment ça, mes commentaires pertinents te gênerait-il ? s'exclama le lieutenant avec un air surpris.

-Pertinents, ça reste à voir.

-Alors là, tu me déçois Atem ! Vraiment, je suis vraiment déçu !

Sur ces paroles, Joesis leva le nez, pris un air de vierge effarouché et s'éloigna d'un Atem qui avait de mal à se retenir d'éclater de rire – ce qui aurait fait un peu désordre au milieu d'une armée. Snéfrou, qui cheminait près de son futur souverain souriait, visiblement amusé. Et c'est ainsi qu'ils entrèrent dans la ville, victorieux.

§§

Fin du Chapitre Septième

§§

Chapitre suivant : ''Yami'' : Epuisé par les derniers évènements, Atem va s'offrir un peu de répit… et peut-être même plus.


Notes :

(1) : encore une des nombreuses traditions tout droit sorties de mon imagination. J'espère que les puristes ne m'en voudront pas trop mais mes connaissances en l'Egypte ancienne étant limitées, je brode.