Chapitre Quatorzième
Seto
Nous étions le lendemain de couronnement. Toute l'Egypte était en fête. Et Astarté était dans le Grand Palais du Dragon. Elle souhaitait être seule. Je pouvais la comprendre.
Le soleil déclinait et j'étouffais un bâillement alors que les conseillers d'Atem lui présentaient divers problèmes qui commençaient à me donner la nausée. Pour rien au monde je n'aurais voulu être roi !
Même dans ces propres appartements, ce pauvre Atem n'était pas tranquille ! D'ailleurs j'avais appris que, bien que tout le monde l'appelle Atem, son véritable nom était Atemu. De plus, j'avais remarqué que depuis qu'il était Pharaon plus personne ne disait son nom. On utilisait ses titres. Sauf Astarté qui s'obstinait à l'appeler par son prénom – ce qui semblait beaucoup le plaire.
Je commençais à m'endormir lorsque les portes de la chambre du Pharaon s'ouvrirent dans un fracas monstre. Je sursautais, comme prit en faute avant de me souvenir avec un certain soulagement que personne ne pouvait me voir. Ce dont, à cet instant, je ne me plaignait pas.
–Seto ?
La voix d'Atem me ramena à la réalité. Je regardais avec surprise le nouveau venu. C'était le sosie parfait de Kaiba – quoique plus bronzé. Et il tenait dans sa main la Baguette du Millenium de Marek !
–Que… ? Que signifie cette intrusion ! s'exclama un vizir.
Seto pointa sa baguette vers lui, et avant que l'homme n'ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait il était changé en pierre.
–Seto ! s'insurgea Atem. Que fais-tu ?
–Je viens te renverser, mon cher ami !
–Quoi ?
La surprise la plus totale se lisait sur le visage du Pharaon.
–Tu es indigne d'être Pharaon ! s'énerva Seto. Tu as laissé ta sœur se faire tuer pour être sûr qu'elle ne gênerait pas ton entrée sur le trône et…
–Je t'interdis de dire ça ! rugit Atem.
Quand à moi, je compris que cette affaire allait mal finir. D'un coté se tenait Atem et ses conseillers, de l'autre Seto et ses sympathisants. Et au centre le feu grâce auquel la pièce était éclairée. Comme sur la stèle du musée. « Le nom du vainqueur a été effacé… » La voix d'Isis me revint à l'esprit.
Sans faire attention aux nouvelles paroles de Seto je m'élançais aussi vite que possible vers le Grand Palais du Dragon. La raison qui poussait Seto à défier Atem était Iranya et les circonstances de sa mort. Or il n'y avait qu'une personne qui pouvait clarifier l'affaire…
Je fis irruption dans la Salle de la Statue (faute de meilleur nom je l'avais baptisé ainsi) où se trouvait la Reine. Celle-ci sursauta.
–Haïbel ? Quelque chose ne va pas ?
A bout de souffle, je fus incapable de lui répondre sur le moment.
–Seto vient de défier Atem dans ses appartements. Je crois qu'il le rend responsable de la mort d'Iranya…
–Quoi ? s'exclama Astarté en se levant vivement.
Elle se mit à courir. Je soupirai songeant qu'il allait falloir que je refasse tout le chemin en sens inverse avant de me précipiter à sa suite. Nous croisâmes Snéfrou qui sursauta en nous voyant avant de se mettre à courir à notre suite. Lorsque nous entrâmes, le Magicien des Ténèbres et le Dragon Blanc aux Yeux Bleus s'apprêtaient à lancer leur attaque.
–Dragon ! Arrête toi ! cria alors Astarté.
Le pendentif qu'elle portait se mit à briller. Et devant les yeux ébahis de l'assistance, le Dragon obéit et se coucha sur le sol. Sans attendre l'aval de son maître, le Magicien des Ténèbres cessa son attaque. Seto se tourna vers Astarté, choqué. On pouvait lire une haine sans borne dans ses yeux. Il pointa sa Baguette sur la souveraine qui fit un superbe vol plané avant de rencontrer violement le mur et de retomber sur le sol.
–Astarté ! se récria Atem.
–Altesse ! s'exclama Snéfrou.
Seto sursauta, visiblement surpris. Sans doute n'avait-il pas reconnu sa Reine en ce Chevalier du Dragon qu'il haïssait tant. Toutefois, sa surprise passa vite et il pointa à nouveau sa baguette sur la jeune femme que Snéfrou aidait à se relever.
–Je t'interdis de la toucher ! rugit Atem en voyant son adversaire menacer son épouse pour la seconde fois.
La Pyramide brilla et le feu qui séparait encore les deux combattants sembla s'embraser. Il entoura rapidement Seto, lui interdisant tout mouvement sous peine de sévères brûlures. Mais alors que les partisans de Seto allaient entrer dans la bataille, Astarté qui avait entre temps retrouvé ses esprits s'écria :
–Arrêtez ! Arrêtez de vous battre ! Ca n'a pas de sens !
Tournant la tête vers elle, Seto la fusilla du regard.
–Qu'en savez-vous meurtrière ?
La réplique de Seto ne sembla pas plaire à Atem car les flammes entourant le jeune homme s'intensifièrent. Mais je compris vite que la colère du Pharaon lui avait fait perdre le contrôle de ses pouvoirs – Astarté m'avait déjà expliqué que le contrôle de ses sentiments était primordial quand on pratiquait la magie. L'attaque sur la Reine, les accusations de Seto, le souvenir de la mort de sa jumelle. On pouvait comprendre qu'Atem soit déboussolé. Surtout en apprenant que celle qu'il aimait avait tué (même involontairement) sa sœur chérie.
–Uranie, sort le de là ! ordonna la Chevalier du Dragon.
La Maîtresse des Etoiles s'élança dans les flammes. Et par un tour de passe-passe qui resta mystérieux pour moi en sorti un Seto légèrement assommé.
–Ca suffit, souffla Astarté. Ecoutez moi ! Tout ça n'a pas de sens…
Atem sembla retrouver ses esprits et le feu redevint normal alors que Seto se relevait, bousculant Uranie.
–Et comment pouvez-vous savoir que ça n'a pas de sens ? siffla ce dernier.
–Parce que je sais ce qui c'est passé ce jour là sous le dôme, alors que vous l'ignorez.
–Je sais ce qui s'est passé ! s'emporta à nouveau Seto. Vous avez tué la princesse !
–Seto, intervint pour la première fois un des hommes qui se trouvaient avec Atem avant l'arrivée de celui-ci, écoute ce que la Reine a à te dire. Feu Pharaon Akunumkanon l'avait écoutée et comprise, alors fais en de même.
Je reconnu alors le vieil homme. C'était le premier conseillé du père d'Atem ! Et si mes souvenirs étaient exacts, il était présent lorsque Pharaon avait parlé avec Astarté après le combat qui avait coûté la vie à sa fille.
Non sans montrer son avis sur la question (c'est-à-dire qu'il ne voyait pas ce que pouvait lui dire Astarté qui change la donne) Seto accepta l'ordre.
–La princesse Iranya est bien morte par ma faute. C'est moi qui aie ordonné à Uranie d'attaquer. Toutefois je ne pensais pas que cette attaque puisse être mortelle, et surtout, en acceptant ce combat je n'avais pas pensé une seule seconde que ce soit un combat à mort !
–Qu'est-ce que ça change ? fit avec mauvaise fois Seto.
–Vous êtes bouché ou quoi ? s'emporta Astarté, visiblement fatiguée et à bout de nerf. Quelqu'un voulait la mort d'Iranya ou la mienne ! Et c'est pour cela qu'il a fait en sorte que ce duel devienne un combat à mort.
–Vous dites n'importe quoi. C'est Râ qui a…
–Vous pensez vraiment que Râ apparaîtrait pour transformer un duel plus ou moins amical en un combat qui aurait pu engendrer une guerre ! Soyez réaliste !
–Une guerre ? hoqueta un vizir.
–Bien sûr ! Que pensez-vous qu'aurait fait mon père si j'étais venue à mourir dans l'arène ? Il aurait assuré que ce n'était qu'un coup monté par votre Pharaon dans le but de tuer l'héritière d'Irshary. Et si Akunumkanon n'avait pas été un aussi bon souverain qu'il l'était il aurait pu reprendre votre idée Seigneur Seto et attaquer Irshary. Pensez-vous vraiment qu'il ignorait qui j'étais ? Bien sûr que non ! Il le savait car je lui ai révélé mon identité tout de suite après le duel.
Le silence s'imposa dans la pièce. Seto dévisageait Astarté alors que dans son esprit, j'en avais conscience, se mettaient en place les pièces du puzzle entourant la mort de sa princesse.
–Mais… bredouilla-t-il tout de même avant d'être coupé par une voix furieuse.
« Je te conseille de te taire, humain, je n'accepterais pas que tu insultes mes deux maîtresses plus longtemps. »
Et à la surprise générale – même si Astarté et moi étions moins surpris que les autres – Adena apparu au près de la Reine. Je ne l'avais jamais vue ainsi. Elle qui respirait d'habitude la sérénité semblait être sur le point d'exploser. Quand à Seto, l'apparition de la Servante semblait lui avoir fait perdre sa langue.
–Que tout le monde sorte, ordonna Astarté aux vizirs.
Ceux-ci s'exécutèrent docilement. La Reine se tourna vers les partisans de Seto.
–C'est valable pour vous aussi.
Ils hésitèrent quelques instants avant de prendre la poudre d'escampette, bien content de quitter la pièce.
–Qu'est-ce que ça veut dire ? souffla Atem, qui semblait aussi ébahis que Seto de voir l'Elfe Mystique.
« Feu ma maîtresse a souhaité avant de mourir que je me mette au service de Dame Astarté. » répondit simplement Adena.
–Cela vous convainc-t-il Seigneur Seto ? s'enquit Astarté.
Sans répondre, l'interrogé se laissa tomber sur le sol. Je crois qu'il venait de réaliser l'ampleur de son erreur. La Reine semblait satisfaite et je pensais qu'elle se satisfaisait de bien peu. Elle sourit avant d'ajouter :
–J'avais un message à vous transmettre Seigneur Seto. Toutefois, je pense qu'Adena est mieux placée que moi pour le délivrer. Je vais vous laisser…
Sans attendre de recevoir un quelconque accord, elle sortit en compagnie d'Uranie qui la soutenait sans en avoir l'air.
–Est-ce bien sage de les laisser tous les deux tout seuls ? demandai-je en le suivant.
–Avant la mort d'Iranya, Atem et Seto étaient les meilleurs amis du monde, m'expliqua la Reine. Si je les ai laissé seuls, c'est pour qu'ils mettent tout à plat et qu'ils retrouvent cette amitié qu'ils ont bêtement perdue.
Je souris. Comment avais-je pu oublier qu'Astarté faisait rarement les choses sans avoir une idée derrière ? Sa capacité à analyser les situations et les solutions qui s'offraient à elle m'avait toujours étonné. Même si elle ne faisait pas toujours le bon choix…
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Fin du Chapitre Quatorzième
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Chapitre suivant : ''Bienvenu à la cour'' : La cour qui entoure les souverains a toujours été faite de la même façon, quel que soit le temps. Celle d'Atem et Astarté ne fait pas exception. Rumeurs (vraies ou fausses), mauvaises langues, courtisans et… conspirations ?
