Chapitre 8 : Le mariage de sa majesté

Artoria, n'avait guère le temps de s'ennuyer, elle devait composer avec plus d'un ennemi. Son seul répit venait de la mésentente affligeante entre Saxons et Pictes. Ainsi leurs vils assauts n'étaient jamais coordonnés. Le roi multipliait les campagnes guerrières afin de protéger son peuple qui souffrait non seulement de pauvreté et de famine mais aussi de la violence de ces voisins.

Elle passait donc bien plus de temps sur les routes et les camps militaires, qu'à son château. Sa seule présence, dissuadait les ennemis tant sa réputation les effrayait. Le dragon rouge de Bretagne engloutissait ses ennemis sans pitié. Nulle épée n'avait abrégé plus de vies que la sienne. Le peuple avait besoin d'un roi fort, confiant en l'avenir. Aussi sa succession, sujet tabou demeurait dans tous les esprits. A bien des reprises, Artoria évita le sujet éminemment politique de son mariage. Bien des rumeurs courraient sur le roi, pour certains le jeune éphèbe avait d'autres préférences, pour d'autre encore, il était juste un roi dénué de sentiments. On ne lui prêtait nulle passion ou maîtresse pendant plus de six ans de règne, alors que les propositions en tous genres ne manquaient pas.

Artoria avait depuis longtemps renoncé à l'amour, à une vie heureuse. Dans sa vision du roi idéal auquel elle aspirait et se rapprochait chaque jour, ce dernier agissait seulement pour la justice, le bien commun et non par sentimentalisme. Un roi ne pouvait se permettre d'aimer, il devait se placer au-dessus de ces sujets, pour les gouverner en parfaite équité. Un roi avait tous les pouvoirs mais aucun droit, et certainement pas celui d'aimer. Ce sacrifice, elle en avait conscience dès le jour où elle avait retiré Caliburn du rocher. Qui plus est, Artoria devait préserver son secret, car l'humanité dans sa grande majorité n'était pas prête à suivre une femme comme souverain.

Même si elle œuvrait chaque jour, à d'avantage d'équité entre homme et femmes, le monde demeurait toujours dominé par les hommes et leur ego sur dimensionnés. Pour preuve, elle avait du régler bon nombre de querelles entre ces propres chevaliers, qui se battaient parfois jusqu' à la mort pour une femme devenue l'espace d'une joute un trophée. Elle dut rappeler des lois séculaires et faire respecter sans ambiguïté ces dernières pour éviter des luttes internes. Ainsi nul chevalier n'avait le droit de courtiser, la femme d'un autres de ces confrères. Elle reconnaissait l'injustice criante de ces lois, ainsi le châtiment d'une femme violant son serment de fidélité la condamnait à mort, alors qu'un chevalier pouvait multiplier les maîtresses à condition d'éviter les femmes mariées. Peu de chevalier l'aurait suivi si elle interdisait ces plaisirs volages et amendait la loi sur l'adultère, péché exclusivement féminin dans l'esprit des hommes.

Certains méprisants murmuraient déjà que ce roi parfait, inhumain sans cœur, était dépourvu d'affect, incapable de comprendre les affres des mortels, de se lier à eux. Artoria ne prêtait guère ombrage à ce genre d'insinuation, en ces temps de souffrance, elle endurait leurs colères, leurs frustrations, car tel était son devoir de roi. Comme le disait si bien Viviane, faire évoluer les mentalités nécessitait du temps, peut-être même plusieurs générations. Régulièrement, le roi s'éclipsait pour se rendre chez la Dame du lac. Tout récemment, ces absences répétées pour rejoindre Viviane donnèrent naissance à une première rumeur de liaison sulfureuse, ce qui fit sourire Merlin. Ce dernier en revanche évitait au maximum de croiser le chemin de Viviane. Ce lac devenu le refuge du roi, était le seul endroit où la pression qui lui broyait les épaules disparaissait sous le regard azuré de la fée. Viviane lui donnait à la fois un avis externe, empreint de la sagesse féerique mais aussi quelques heures d'évasion et de facétie. Son amitié, sa tendresse, son sourire l'apaisaient.

A Camelot, seuls Merlin et Sir Kay,chevalier de sa table ronde connaissaient son secret. Ses consignes envers ses serviteurs étaient claires, connues de tous et sans concession, nul ne pouvait entrer dans les appartements du roi sans son accord. On disait de ce dernier qu'il était pudique, car depuis qu'il avait extrait de l'épée du rocher, il n'avait ni vieilli, ni grandi, conservant miraculeusement son apparente juvénilité. Merlin avait largement répandu cette rumeur, pour protéger le secret du roi. Un jour, elle eut la surprise de découvrir en entrant dans ses appartements une femme à moitié dévêtue, ayant eu l'audace de se glisser dans son lit. Cet incident n'amusa que Kay, Merlin et Viviane. Elle renvoya sans ménagement la jeune écervelée. Les gardes de ses portes furent expédiés à un avant-poste glacial de surveillance de la frontière nord. Le statut de célibataire du roi des chevaliers posait un problème politique, et nuisait à la stabilité de l'île qu'elle essayait d'instaurer. Lors des négociations, elle offusquait de potentiels alliés en refusant systématiquement une union politique. La conclusion de sa table ronde fut celle qu'elle redoutait, il y avait urgence à marier le roi, et de lui trouver le meilleur parti.

Artoria ne pouvait plus se dérober, ce qui la mettait dans un embarras sans précédent. Elle devait trouver une femme de confiance, qui accepterait une mascarade de mariage. Comment trouver une reine dans de telles conditions ? Une reine, à cette pensée un seul visage lui vint en tête sans qu'elle ne le veuille. Oui, si elle devait choisir une reine par seule affinité, sans hésitation son cœur choisirait Viviane, mais c'était impossible. Artoria bien qu'ayant immédiatement éliminer cette option, se demandait parfois quelle aurait pu être la réponse de sa fée, si elle avait eu l'audace de lui demander sa main. Le roi devait choisir une humaine, afin que son plan fonctionne. De plus, il lui fallait faire preuve de pragmatisme : imaginer Viviane et Merlin se côtoyer au quotidien revenait à prendre des risques inconsidérés pour son royaume tant l'entente entre les deux était désastreuse.

Artoria n'avait pas suffisamment confiance en Morgane pour lui faire une telle proposition. Elle se fit violence, pour demander à Sir Kay et Merlin, de lui sélectionner de potentielles candidates. Son frère adoptif n'eut pas le cœur à la taquiner à ce sujet, tant il savait que son roi prenait sur elle pour envisager une telle option. Le roi rencontra bien des femmes dans cette optique, ce qui enthousiasma toute la noblesse de l'île et son peuple. Pas une fois, Artoria ne leur fit la cour, ce qui en déçut plus d'une. Elle repoussa systématiquement toutes celles qui tentait de la séduire charnellement. Elle écarta les jeunes femmes qui la dévorait du regard, visiblement éprise d'une légende. Une seule femme Guenièvre, venant de l'ouest, la surprit. Elle ne chercha point à séduire son roi, non elle était venue demander pour son peuple l'aide de sa majesté. Artoria accepta et escorta avec une unité réduite Dame Guenièvre jusqu'à ses terres. Pendant le voyage, elles firent plus ample connaissance. Il n'y avait pas de rapport de séduction entre eux, Guenièvre ne pensait qu'à son peuple qui subissait les assauts d'un groupe de pillards.

Sur place, Artoria se rendit accompagnée de son escadron au repère présumé des bandits. Par son épée, elle régla le problème en moins d'une après-midi, pour la plus grande joie de la jeune noble. Artoria prolongea son séjour dans la région, faisant de Guenièvre son guide. Leurs idéaux étaient proches, on sentait une certaine connivence entre les deux femmes. Guenièvre se souciait de son peuple, sa conscience morale aurait eu sa place à la table ronde. Elle ne manquait ni de conviction, ni de courage, deux qualités rares chez les femmes que le roi avait rencontrées. Artoria sentait la sincérité de sa volonté de servir un roi qu'elle admirait. Au dernier jour de son voyage, dans les terres de l'ouest, Artoria prit sa décision lorsqu'elle vit Guenièvre, pourtant de noble extraction, délaissait naturellement son roi pour apporter son aide à vieil homme en guenilles qui n'avait plus la force d'extraire l'eau du puits. Ce fut cette bienveillance qui convainquit le roi dans sa décision.

Artoria l'emmena en promenade à l'écart des oreilles indiscrètes, dans une forêt clairsemée. Le roi prit une profonde inspiration et demanda à Guenièvre de l'écouter sans l'interrompre. Son discours était préparé, elle l'avait répété toute la nuit.

«-Sachez que ces quelques jours passaient avec vous ont été un plaisir. Je vous ai bien observé, votre courage, votre abnégation et par-dessus tout votre bienveillance m'ont impressionnée... Je dois avouer que je n'ai pas été entièrement sincère envers vous. Je ne suis pas tout à fait ce que je prétends. Pour porter cette couronne et réaliser mon utopie de royaume enfin heureux, j'ai dû me faire passer pour un homme. Seul quelques rares proches sont au courant de ce stratagème. J'ai confiance en vous, mon secret sera bien gardé. »

Guenièvre surprise et honorée par cette marque de confiance acquiesça. Elle ne regardait plus le roi de la même manière. Artoria crut lire dans ces yeux une pointe de déception et de tristesse. Artoria prit une profonde inspiration. Enfant jamais, elle n'aurait imaginé faire une pareille demande en mariage. Elle planta son regard dans celui de Guenièvre et déclara avec solennité :

«-Vous avez dit vouloir servir votre roi, m'aider à bâtir mon utopie. Vous en avez la possibilité mais cela n'est malheureusement ni sans risque ni sans sacrifice. Je comprendrais votre refus, et ne serez-vous en tenir rigueur, sachez que mon amitié vous ai acquise. Je suis un roi sans reine, ce qui limite ma marge de manœuvre, m'affaiblit politiquement. J'aimerais donc vous proposez de me rejoindre, en tout bien tout honneur, et de régner à mes côtés. J'ai conscience que c'est vous demander un grand sacrifice, que de vous marier non par amour, mais uniquement pour mon égoïste ambition de reconstruire notre royaume. Je ne suis sans doute pas ce que vous espérez, mais je puis vous garantir, qu'à défaut d'être un époux traditionnel, que je serai une amie fidèle. »

Artoria scruta la réaction de son amie. Il fallut presque une minute pour que la jeune femme assimile la demande du roi tant elle fut surprise. Jamais une minute ne parut si longue pour le roi des chevaliers qui attendait impatiemment à défaut d'une réponse au moins une réaction. Guenièvre prit une profonde inspiration, se mordit la lèvre comme si elle cherchait ses mots puis répondit :

« -Votre ambition ne saurait être égoïste, mon roi, et si je puis vous aider de quelques manières que ce soit, c'est avec le plus grand des honneurs que j'accepte.

-Vous êtes sûres, vous pouvez prendre le temps de la réflexion. Je comprendrais aisément...

-Non, c'est tout réfléchi, mon ro..

-Artoria, je m'appelle Artoria Pendragon, coupa le roi avec un sourire reconnaissant.

-Je suis ravie de vous rencontrer officiellement Artoria. »

La pression sur les épaules du roi retomba. Guenièvre lui demanda plus de détails sur son passé et sur son quotidien. Artoria soulagée s'avéra plus bavarde en une heure qu'elle ne l'avait été la semaine entière. Guenièvre rappela au roi, qu'il devrait à présent officiellement demander sa main à son père. Sa future reine lui précisa, qu'il valait mieux que ce dernier ignorât la véritable identité du roi. Artoria n'attendit pas et demanda dès leur retour au manoir du père de Guenièvre, la main de cette dernière. Le vieil homme bourru lança un regard à sa fille qui lui signifia d'accepter, ce qu'il fit sans attendre. Le maître de maison donna le soir même une fête pour les royales fiançailles de sa fille. De toute évidence l'ancien chevalier, appréciait son gendre. En aparté, il lui fit promettre d'honorer sa fille et d'attendre le mariage avait de consommer leur union.

Moins d'une semaine plus tard, Artoria était de retour à Camelot avec sa fiancée qu'elle installa juste à côté de ses quartiers. Le château entra dans une effervescence insoupçonnable. Guenièvre au centre de toutes les attentions s'adapta rapidement avec l'aide de Sir Kay à cette vie de château. Leur mariage était prévu au mois prochain, la moitié des têtes couronnées d'Europe y était invitée. Leur union devint l'événement politique de la décennie. La veille du grand jour, Artoria rappela à sa future épouse qu'elle pouvait toujours refusée, mais cette dernière ne changea pas d'avis. Le roi empli de doutes, ne sut pas si la réponse de Guenièvre fut une bonne ou mauvaise nouvelle. Demain, elle devrait jouer la comédie face à toute l'Europe.

Ses chevaliers de la table ronde avaient malheureusement planifié sa dernière soirée de célibataire avec une fête mémorable, un banquet composé des plats préférés du roi et un vin d'exception. Merlin faillit mettre le feu au jardin intérieur, deux de ces chevaliers détruisirent par mégarde un pan de mur, tandis que Tristan et Perceval animés la soirée avec des prestations vocale un peu douteuses. Gawain loua son roi, et le félicita pour son mariage avant même qu'il soit prononcé. Artoria devait à Sir Kay, son témoin le fait que son château ne subissent pas plus de dégâts, il était seul à prévenir les enfantillages de Merlin qui souvent viraient au drame.

Au terme de cette soirée bien arrosée, le roi s'isola sur le balcon qui offrait la meilleure vue sur les étoiles. Même si elle ne montrait rien, elle redoutait la journée de demain. Merlin la rejoignit sans un mot, il s'assit dangereusement sur le rebord du balcon et l'observa. Au jeu du silence gênant, Merlin était bien plus redoutable qu'elle.

«-Vous pensez que je fais une erreur, j'ai mêlé une innocente à mes problèmes...

-Je pense que vous faites au mieux aux vues des circonstances. La jeune femme que vous avez choisie, a accepté en connaissance de causes. Elle a fait son choix librement, vous n'avez pas à porter le poids d'une autre.

-Je ne pensais pas me marier un jour...

-Moi non plus je n'ai jamais pensé me marier, répliqua le mage avec un regard malicieux qui fit apparaître une esquisse de sourire sur le visage fermé du roi. »

La réputation de séducteur du mage aux fleurs était de notoriété publique, tant il avait causé de problèmes au roi. Ce dernier se pencha légèrement vers lui et le questionna sans ambages :

«- Vous hantez les songes de bien des jeunes femmes du royaume et même d'ailleurs. Pas une seule de vos conquêtes ne vous a incité à franchir le pas ?

Merlin toujours sous l'emprise de l'alcool prit le temps de la réflexion :

« -Je vais prendre le risque de vous offusquer : les femmes sont comme des fleurs, jamais le jardinier arrache la fleur qu'il apprécie, pour moi l'amour n'est pas possession, seulement appréciation... L'amour est quelque chose de très humain, je dois avouer que malgré mon expérience l'hybride que je suis, ne le définit pas, ni même le comprend... c'est pourquoi je l'étudie avec le plus grand sérieux. C'est l'amour qui rend l'humanité si intéressante. »

Rarement Merlin faisait référence à sa nature chimérique. Seul roi, savait qu'il était né de l'union d'un puissant incube vivant sur la lune avec une princesse humaine à la beauté ensorcelante. Être contre nature, il fut abandonné aux fées, mais une fois adulte il choisit de vivre dans le monde des hommes. Il s'était confié, le jour où le roi lui avait reproché de lui avoir caché sa prophétie, et le secret de sa naissance. Merlin ne s'excusa pas, il voulait laisser à Artoria la possibilité de choisir, et jamais il ne l'avait considérée comme une aberration. En effet, elle se distinguait des hommes, pour lui, la jeune femme concentrait en un même individu ce qu'il y avait de plus beau, de plus pure dans le genre humain.

«-Selon Tristan, il paraît que c'est normal de stresser la veille de son mariage...

-Je ne stresse pas, ma décision est prise, je ne reculerai pas. Me marier me paraît juste bien plus … périlleux que d'aller combattre.

-Le seul point négatif à mon sens, ce que demain vous qui valsez si peu, n'allait pas m'accorder une seule danse, se plaignit Merlin à la fois taquin et sincère.

-Sachez que ce n'est pas l'envie qui me manque, mais cela risque d'être mal interprété par nos invités, murmura le roi en observant les étoiles

Merlin resta encore une demi-heure en compagnie du roi sous les étoiles. Artoria essaya en vain de lui faire promettre d'éviter toutes surprises lors de la cérémonie. Merlin préféra tomber du balcon, sur un matelas de fleur que de répondre à son roi. Le jour fatidique, son mage fit office de maître de cérémonie. Sa première surprise fut de découvrir que son magicien s'était coiffé. Ses longs cheveux d'ordinaire en bataille étaient tressés et des papillons de fleurs multicolores en jaillissaient. Lorsqu'il demanda à son roi qui l'observait longuement si ce dernier voulait ce même genre d'enchantement, il reçut pour toute réponse un regard noir. Dame Guenièvre refusa également, ce qui le chagrina. Jamais le château du roi n'avait été si fleuris. Ce dernier accueillait en personne chaque délégation, Artoria se changea pour la cérémonie. Elle porta une épaisse cape d'un bleu royal orné d'une fourrure blanche. La confection du costume du roi avait occupé son tailleur pendant bien plus longtemps que pour la création de la robe de la mariée. Nul ne comprenait pourquoi le roi voulait garder son armure, ces chevaliers sacrés assuraient sa protection, de plus avec Excalibur et Avalon, Artoria ne risquait rien. Finalement, le roi renonça à ses jambières et ses gants mais il conserva, son plastron ainsi que ses épaulettes. Le caprice du roi, mis à rude épreuve le talent de son couturier, qui confectionna une chemise d'un bleu nuit couleur du fourreau d'Excalibur ornée à chaque manche de lys brodés en fils argent et d'or. Son pantalon d'un noir satiné allongeait la silhouette du roi.

Le mariage se déroula sans que nul s'y opposa. Son témoin, Sir Kay bien qu'au courant de la mascarade semblait ému du mariage d'Artoria, presque autant que Bédivère. Son frère lui confia en aparté qu'il était heureux qu'une amie partage le fardeau de son roi et ami. Il lui offrit une sculpture de chevaux en bois de prés de cinquante centimètres qu'il avait lui-même confectionné. Artoria jurait reconnaitre Eto, son premier cheval dans ce présent. Guenièvre se comportait en parfaite reine, et heureuse mariée. Juste après l'échange des vœux, Merlin éblouit les heureux mariés de lumières scintillantes. Les premières notes de musique retentirent, tous attendaient que le roi ouvre le bal. Par chance, Sir Kay avait inculqué le minimum vital à Artoria pour qu'elle puisse s'élancer sans crainte. Guenièvre s'avérait être comme pendant la répétition, une excellente partenaire, et une meilleure danseuse qu'elle. Merlin vola à tous les seigneurs et princes, la première danse de la soirée de Morgane. Cette dernière hypnotisait toujours aussi facilement les hommes. Artoria pria pour qu'elle ne provoquât pas une nouvelle querelle entre ses alliés. Au cœur de la soirée, une lueur dorée apparue au centre la salle de réception. Tous s'éloignèrent, Merlin au contraire semblait attendre son arrivée.

Artoria retint son souffle, tout comme Sir Kay qui reconnaissait dans l'expression du magicien qu'il préparait quelque chose d'important et donc de potentiellement dangereux. Artoria n'était qu'à moitié surprise, Merlin s'était montré bien trop sage pour être honnête. Il prit la parole :

« -Pas de panique, gentes dames et seigneurs. Mon roi, voici le présent d'Obéron, roi des fées, associé à celui de la Dame du Lac, et de votre serviteur. Je vous prie tous de garder votre calme et de rester immobile pour les trois minutes à venir. »

Artoria pâlit légèrement face à l'excitation de son mage. Le bâton de ce dernier toucha la lueur dorée, celle-ci la traversa puis se répandit au sol, sur les murs, sur le plafond. La lueur ne s'arrêta pas à la pièce. Artoria pouvait observer à travers les fenêtres ouvertes qu'elle se répandait à travers tout le château. Merlin les surprit en tapant trois fois le sol de son bâton.

Le château se mit à trembler, tel une plante qui poussait, la salle de réception s'éleva. Artoria vit une tour se formait sur l'aile gauche du château. Sans attendre, elle sortit au balcon observait de plus près la mutation du château. Ce dernier évoluait prenant la forme qu'elle avait imaginé et commençait à mettre sur papier. Cette architecture ressemblait à un Avalon miniature. Le roi s'était refusé de gaspiller l'argent de son peuple pour se construire son propre château ou même agrandir celui de son père. Artoria lança un regard à Merlin, qui la rejoignit.

«-Comment est-ce possible ?

-Vous savez, Obéron et Viviane, ont aussi une certaine folie des grandeurs. Obéron est un maître architecte, vous avez pu constater par vous-même à Avalon son sens artistique, et sa passion déroutante pour la géométrie. Ils voulaient vous faire une surprise qu'eux seul puissent accomplir. Votre serviteur leur a simplement fourni le plan que vous aviez dessiné, en ajoutant toutefois, un bel atelier près des Jardins pour votre mage préféré. De plus, la magie féerique de Viviane confère à votre château une protection de haut rang contre un large panel de sortilèges.

-Vous avez donc collaborer tous les trois en secret ? demanda le roi surprise par une telle entente.

-Mon roi, le temps de ce projet Viviane et moi avons convenu d'une trêve, j'ai risqué ma vie pour que vous disposiez enfin du château que vous méritez. »

Le château terminait sa métamorphose sous le regard ébahi du roi et de ses invités. Merlin prit une profonde inspiration ferma les yeux pour se concentrer, un champ de fleurs encercla la nouvelle forteresse. Des pétales s'envolaient et traversaient tout Camelot.

«- Je sais que vous ne voulez pas de surprise, mais je me voyais mal dire non à Viviane et Obéron aux vues du temps et des efforts pour vous offrir le château de vos rêves. Ne m'en veillez pas, s'il vous plaît.

-Je ne suis pas fâchée, mais vous auriez pu me prévenir...

-Cela n'aurait pas été une surprise et Viviane m'aurait tué, littéralement...

-Je ne sais que dire, merci, c'est beaucoup trop, murmura le roi ému à son mage.

-Votre sourire me suffit, et si cela peut vous rassurer, je n'ai plus d'autres surprises de prévue... enfin pour aujourd'hui. »

Le roi retourna à l'intérieur. Ce cadeau hors du commun du roi des fées, prouvait aux yeux du monde son soutien sans faille au royaume d'Artoria. Le roi des chevaliers venait de prendre une autre dimension dans l'esprit des grands de son monde. Jamais les fées ne s'étaient liées ainsi à un royaume humain. Chaque invité bien des années plus tard se souviendraient du marige dule roi des chevaliers. Tous se demandait comment cet homme d'apparence si frêle dégageait une telle aura, une telle puissance ? Comment pouvait-il être craint jusqu'à en orient ? Il y avait les hommes, et il y avait le roi Arthur Pendragon, un roi comme jamais il en avait existé, un être bien plus qu'humain.

La renommée d'Artoria ne reposait désormais plus uniquement sur Excalibur, son château entrait dans la légende, faisant de son propriétaire un roi au-dessus des rois.