Chapitre 10 : La bataille contre Vortigern
Le monde évoluait à son propre rythme, il eut d'abord le temps du chaos puis celui de la création. L'âge des dieux lui succéda et donna ensuite naissance à l'ère des fées, pour aboutir à l'âge actuel des mystères. Merlin avait prophétisé que la prochaine ère serait celle des hommes.
Vortigern, son oncle avait trahi sa famille, son rang, et son royaume. Dans sa quête de pouvoir absolu, il s'était abreuvé de tant de sang de dragon, qu'il en avait perdu chaque once de son humanité, faisant de lui l'avatar du dragon blanc. Sans remord, ni regret, Vortigern avait trahi, son roi, son propre frère dans l'unique but de prendre le contrôle de l'ile et empêcher l'avènement de l'âge des hommes. Réfractaire à l'évolution, jugeant l'humanité indigne de cet honneur, il défendaient ardemment l'ordre actuel et n'aspirait qu'à faire disparaitre l'humanité dans son intégralité.
La bataille finale s'annonçait, Artoria avait mobilisé tous ses effectifs, du simple garde au chevalier titulaire de la table ronde. Elle avait réunis suffisamment de guerriers d'exception pour compléter les douze sièges. L'affrontement serait une guerre totale contre la citadelle de Vortigern le dernier refuge de l'ennemi mais aussi le mieux gardé. La conjoncture des événements favorisait Artoria, qui depuis plusieurs années œuvrait à isoler Vortigern. Morgane pansait ses blessures à la suite d'un attentat avorté, il était donc peu probable qu'elle intervînt dans le conflit. Le soutien de Rome envers les Saxons s'était tari alors que celui d'Obéron et de Viviane pour Camelot n'avait jamais été aussi important.
Les troupes du roi assiégeaient depuis plusieurs semaines la citadelle ennemie. La bataille pour l'Angleterre avait débuté dès l'aube dans une effusion de sang. L'armée d'Artoria attaquait simultanément depuis trois positions. Le roi avait en charge la prise de la porte principale tandis que Lancelot et Gawain guidaient chacun leur troupe sur les portes secondaires. Artoria enfonça les premières lignes Excalibur à la main, elle ouvrait la voie à son armée. Les sorciers de Vortigern avaient transformé en sable mouvants les alentours de sa citadelle. Merlin s'avéra un soutien de poids dès le début de la bataille, en neutralisant les sortilèges adverses.
Il fallut plus de sept heures au roi, secondé de Bédivère pour détruire la porte principale. Les troupes d'Artoria pénétraient enfin au cœur de la place ennemie, l'air vicié mit à mal plus d'un soldat. Le roi ordonna à ses hommes de garder la porte, seule l'élite, ces chevaliers présentaient la résistance nécessaire pour s'enfoncer davantage dans le domaine de Vortigern.
Artoria fut rejointe en route par le groupe de Lancelot puis un peu plus tard celui de Gawain. Ils mirent quelques heures à se réorganiser, et à éliminer la plupart des sbires de Vortigern qui les guettaient aux détours des couloirs. Artoria apprit alors le décès de l'un de ces plus jeunes chevaliers sacrés de la table ronde. Le temps n'était pas au deuil ou à la mélancolie. Malgré la fatigue de ses hommes, Artoria ordonna à ses troupes de poursuivre l'assaut. La plupart des chevaliers même confirmés estimait que le plus dur avait été réalisé. Les défenses de la Citadelle de Vortigern avaient cédé. Le roi n'eut pas le cœur à les contredire, bien qu'elle redoutât l'affrontement avec l'assassin de son père, le précèdent roi. Si le pouvoir, la volonté d'un seul homme pouvait changer le cours d'une bataille, la puissance de Vortigern lui permettait de soumettre le monde.
Artoria, et ses meilleurs combattants firent irruption dans la tour principale, grimpant à toute vitesse l'escalier qui menait à la salle du trône. Vortigern, les attendait sans la moindre appréhension. En croisant, le regard ébène de leur ennemi pourtant seul et sans défense, une partie des chevaliers se figèrent. Il se dégageait de cet homme à la crinière d'un blanc immaculé accentué par sa peau sombre une aura sinistre qui n'avait rien d'humain.
Vortigern se leva, n'accordant d'attention qu'au roi, il l'apostropha avec autant de colère que de condescendance :
« - Vos pathétiques efforts sont vains. Acceptez dignement votre destin. L'Angleterre est vouée à disparaitre avec vous. Je ne laisserais jamais l'abjecte humanité porter atteinte à mon île. Je vais noyer ma Bretagne dans une mer de ténèbres. Privé de lumière, sur mes terres inhospitalières l'humanité sera réduite à néant. »
Artoria ne douta pas un instant des attentions de Vortigern, encore plus dément qu'elle ne l'imaginait. Son discours n'était ni une métaphore, ni un avertissement pour l'effrayer, tant il brulait de convictions. Vortigern serait capable de détruire l'île plutôt que de la laisser aux hommes. Sa carrure impressionnante rivalisait avec celle de Lancelot ou de Kay. Vêtu d'une armure complète noir et sang, il n'inspirait que terreur aux hommes qui avait l'audace outrageuse de porter un regard sur lui, il méritait sa réputation de dragon à forme humaine.
Avant qu'elle ne pût lui répondre, une sphère d'une dizaine de centimètres se forma devant lui d'un noir absolu, froid, hypnotique. Les yeux de Vortigern, n'avait plus rien d'humain, le même noir les recouvraient intégralement masquant ses pupilles. Le roi ne reconnaissait plus en son ennemi les traits de son oncle tant le sang de dragon l'avait endurci.
Il émana de l'orbe une sorte d'onde, de résonance qui engloutit en une fraction de seconde tout sur son passage. Vortigern avait détruit ce qui restait de sa citadelle, la quasi-totalité des chevaliers d'Artoria avait été projetée si loin qu'elle les voyait à peine. La terre, les murs comme les nuages se recouvrirent d'un brouillard noir asphyxiant. Plus aucun rayon de lumière ne traversait le ciel. Seule la lumière d'Excalibur permettait au roi d'éclairer son chemin. Elle vit à une vingtaine de mètres dernière une autre lumière vacillait, comme si elle agonisait. Elle provenait de Galatine, l'épée sainte confiée par la Dame du Lac à Sir Gawain, seul chevalier resté à proximité de son roi. A genoux, Gawain parvenait à peine à reprendre son souffle tant l'attaque l'avait ébranlée.
Vortigern déçu de ne pas avoir chassé tous les chevaliers par sa première frappe, le prit à parti, insultant la ridicule lumière que son jouet d'épée émettait. Artoria s'interposa, encouragea avec un sourire confiant son fidèle chevalier à se relever avant de s'élancer seule sans la moindre hésitation sur l'ennemi. Gawain fébrile, dépassé, assista à un combat inhumain : deux dragons s'opposaient dans une lutte à mort. Chacune de leur attaque déformait le paysage. Gawain peinait à suivre leurs mouvements, Excalibur flamboyante noyée dans l'obscurité affrontait la hache avide de sang de Vortigern. A cinq reprises, le roi protégea Gawain des attaques ennemies. Leurs affrontements dura plusieurs heures sans que aucun ne fléchissent. Le temps n'était plus au doute, le roi n'avait d'autre choix que de vaincre. Artoria usait de tout son pouvoir, son ancienne épée Caliburn, n'aurait pu supporter une telle charge de mana. Deux monstres de puissance se déchainaient sous le regard impuissant des quelques chevaliers encore conscients. Le soutient de Merlin prit la forme d'une aura protectrice autour de sa protégée. Bien qu'elle ne discernât pas aisément sa présence dans l'obscurité du théâtre de leur affrontement, elle sentait bel et bien sa présence à ses côtés.
Les ténèbres émises au début du combat par Vortigern absorbaient, dévoraient l'énergie du roi, la lueur de son épée faiblissait, pourtant pas une fois Artoria ne recula. Le roi n'avait pas le luxe d'écouter sa peur, de se préserver, elle seule pouvait mettre un terme au joug de Vortigern et la force de ses convictions rivalisaient avec celle de l'adversaire. Vortigern se métamorphosa, en un dragon plus immense que la citadelle elle-même, contrairement à ce qu'elle avait imaginé, il était d'un noir métallique recouvert d'une crinière blanche.
Elle n'avait pas cette capacité, comment pouvait-elle rivaliser face à cet être mythique ? La peur abyssale, une insondable terreur, submergèrent le cœur de chaque spectateur. Jamais l'obscurité n'avait eu cette profondeur, cette soif insatiable. Vortigern avait transformé ses terres, l'Angleterre si chère au roi en un paradis de ténèbres hostile au genre humain. Il se nourrissait de la magie intrinsèque de l'île, il la catalysait en lui, comme si le roi combattait son propre royaume. Lorsque Gawain se releva et supplia son monarque de se replier, Artoria se tourna vers son chevalier, planta son regard dans le sien et déclara avec une esquisse de sourire et toute la noblesse de ses convictions :
«-Soutenez moi juste un peu plus longtemps. Sir Gawain, que sont les porteurs d'épées sacré s'il ne peuvent occire les ténèbres qui envahissent le royaume qu'ils ont juré de protéger ? »
Sourire à l'ennemi lui permettait de repousser l'effroi que ce dernier lui inspirait. Artoria n'attendit pas de réponse, et faisant fi de sa peur, elle s'élança à nouveau sur la bête, tel un grain de sable resplendissant ambitionnant de pulvériser une montagne corrompue. Gawain émulé par le courage de son roi, la suivit avec son épée. Excalibur plus lumineuse que jamais s'enfonça dans la chair du dragon et cloua une aile de ce dernier au sol. Galatine imita l'épée sacré du roi, et immobilisa la patte avant du monstre. Gawain, atteignit ces limites, il s'effondra à genoux sur son épée clouée au dragon.
Le roi désarmé face à la fureur du dragon, embrassa sa peur, une lance étincelante apparut entre ses mains. Elle entendit la voix de Merlin l'invectiver de pourfendre l'ennemi avec tout ce qu'il lui restait de pouvoir. Sa consigne s'avérait inutile, le roi savait pertinemment ce qu'il avait à faire. Instinctivement, Artoria saisit la lance, son énergie se canalisa. Il s'agissait de la lance antique Rhongomyniad, forgée à l'âge des dieux, un pilier de lumière qui portait le monde, comme il soutenait la cité d'Avalon. Artoria reconnut immédiatement l'intervention de Viviane et d'Obéron.
La lance emmagasinant l'énergie du roi, s'entoura d'un vortex de lumière plus éblouissant que le soleil. Le roi hurlant son effort à en perdre la voix brandit la lance qui dévorait les ténèbres vers le dragon, toujours immobilisé par Excalibur et Galatine. Avec toute sa puissance et sa rage de vaincre, Artoria se propulsa dans les airs et transperça la cage thoracique de Vortigern avec la lance. Le temps s'interrompit à l'instant où la lance sacrée avait perforé le cœur de l'ennemi, son apparence dragonnique s'effrita, s'émietta jusqu'à ce qu'il ne restât plus que l'homme derrière le dragon. Vortigern agonisant braillait sa douleur, allongé au pied du roi, il sentait toujours la lance de ce dernier s'enfonçait dans sa chair. En pourfendant le cœur de l'adversaire, Artoria scellait la magie même de l'ile, mettant définitivement un terme à l'âge des mystères.
Malgré la douleur, la colère frénétique de Vortigern demeurait intacte, il maudit de toute son amertume Viviane, qui jadis fut son amie d'avoir offert au roi la divine lance annonçant la fin d'une ère : Rhongomyniad. Cette lance portait en elle la lumière de la destruction au même titre qu'Excalibur Elle pouvait faire basculer le monde selon la volonté de son porteur. Il blâma l'humanité une nouvelle fois, la condamnant à un enfer éternel. Ivre de rage et de douleur, il planta son regard dans celui du dragon rouge, protecteur de la Bretagne. D'un monstre à un autre, il lui prédit un sort funeste :
«Enfant de mon idiot frère Uther, élu de l'esprit dément du Lac, tu échoueras à sauver ce royaume. Tu ne peux pas gagner contre l'humanité, parce que...»
Artoria impassible s'avança d'un pas, enfonça un peu plus la lance dans sa poitrine, lui coupa la parole et lui déclara sans ambages :
« -Parce que l'âge des Mystères est déjà terminé, à partir de maintenant, débute le temps de la civilisation, l'âge de l'homme. Le pouvoir en votre essence est en contradiction avec les humains. Aussi longtemps que vous existez, l'île ne saurait prospérer. Maudissez votre destin, votre vielle Bretagne est tombée il y a longtemps de cela."
Le roi d'un geste sans compassion ôta sa lance de l'homme défraichi qui agonisait à ses pieds. Ces derniers mots prirent la forme d'un rire hantant à jamais chaque chevalier qui l'entendit, un rire dément, ébranlant la terre, détruisant les ultimes vestiges de sa citadelle. Au terme du combat la lance disparut en une pluie d'étincelles de lumière. Artoria rassembla ses forces pour récupérer son épée sacrée. Elle prit une profonde inspiration et hissa Excalibur le plus haut qu'elle put afin d'annoncer la fin de la guerre pour le plus grand soulagement de ses troupes. La bataille se concluait sur la victoire incontestable du roi des chevaliers, plus resplendissant que l'étoile polaire. Artoria sentit sur elle le regard des ses hommes, subjugués par la puissance divine de leur roi, plus que jamais sa renommée de dragon rouge protecteur du royaume lui rendait justice. Comment un être d'apparence si fragile pouvait vaincre cette créature infernale, et demeurait debout, si digne après un tel affrontement ? A cet instant, chacun savait que sous son règne, jamais l'Angleterre ne tomberait.
Nulle bataille n'avait autant consumé les forces du roi et de son armée que celle contre Vortigern. Trois des chevaliers de la table ronde avaient péri dans l'opération. Autour d'elle le paysage n'offrait plus que désolation. La ville, la forteresse n'existait plus. L'air lui-même semblait corrompu par l'énergie de Vortigern. Artoria avait tant puisée dans ses réserves, que même brandir Excalibur lui était à présent impossible. Son corps, son âme sortaient meurtris de cet affrontement inhumain.
Elle n'avait même plus la force de retourner au camp militaire pour y prendre un repos bien mérité. Le peu de chevaliers encore conscients luttait pour ne pas s'évanouir de fatigue. Merlin qui l'avait rejointe, s'assit à ses côtés, lui prit sa main toujours crispée sur le manche d'Excalibur, pour l'inciter à relâcher la pression. Ils s'assirent l'un à côté de l'autre contemplant le paysage défiguré qui les entourait. Exsangue, il n'avait plus la force de guérir son roi et s'assoupit à son tour sur l'épaule de sa protégée sans même le vouloir. Artoria ne devait sa résistance qu'à Avalon et sa magie régénérative surpuissante. De puissant rayons lumineux percèrent les nuages noirs et réchauffèrent l'atmosphère. Il fallut plusieurs minutes pour que le roi comprît la nature exacte de cette lumière, elle venait d'Obéron et de la cité des fées. Bien qu'elle ne les soignât pas, elle redonnait un sursaut d'énergie, de vitalité aux chevaliers survivants.
Quelques heures plus tard, le roi, Merlin et ses chevaliers eurent la force de se relever et de rentrer au camp militaire qui leur servait de base. Ce camp était dirigé par Galahad le fils de Lancelot qui accueillit le roi, son père et les autres chevaliers avec soulagement. Là-bas, ils reçurent enfin les premiers soins, un peu de réconfort tant matériel qu'humain avant de plonger dans un repos mérité. Sir Tristan y retrouva sa femme, qui se chargea de le soigner. L'épouse de Perceval avait également fait le déplacement, tout comme que la sœur de Bédivère. A sa grande surprise, Guenièvre l'attendait. Sans suivre le moindre protocole, lorsqu'elle vit Artoria, elle la sera de toutes ses forces contre elle, et faillit même étouffer son époux. Le roi voulut protester, mais la reine ne l'y autorisa pas. Contre ses recommandations, Guenièvre n'était pas restée à l'abri à Camelot alors que son roi risquait sa vie. Elle organisa avec Galahad les soins pour tous les blessés, allégeant ainsi la tâche de son roi épuisé. Artoria et ses principaux chevaliers, furent conduit dans la tente principale devenue une infirmerie de campagne. La reine avait prévu un espace isolé et gardé pour Artoria.
Avec son aide, le roi ôta son armure et reçut les premiers soins de Merlin toujours aussi pâle. Vu son état, son roi serait le seul bénéficiant de ses talents. Par chance, elle n'avait guère de grave blessure, juste un épuisement jamais égalé. Lorsque ses forces se dérobèrent, Guenièvre rattrapa son roi, et la porta semi consciente jusqu'à sa couche. Sa reine lui apporta au lit un copieux repas qui ne résista pas longtemps à l'appétit légendaire du roi des chevaliers. Artoria demanda à sa reine de prendre des nouvelles de ses chevaliers, cette dernière s'exécuta, et partit immédiatement en direction de Lancelot. Merlin, assis aux côtés de son roi, partageait le vin de sa protégée. Une fois le repas fini, il débarrassa le roi des plats vides et revint s'assoir à ses côtés pour surveiller son état. Le voir ainsi affaibli brisait le cœur de la jeune femme. Elle savait pertinemment que son mage ne trouvait que peu d'énergie dans la nourriture humaine. Sa nature de demi-incube nécessitait qu'il se nourrisse d'énergie spirituelle pour regagner son mana perdu. Seul le roi savait que Merlin dévorait les rêves comme les cauchemars. Sentant le regard inquiet d'Artoria sur lui, le mage toujours aussi facétieux voulut la faire rire. Pour toute réponse, Artoria lui attrapa la manche et le tira vers lui. Elle se décala légèrement au centre de son lit, laissant la place à Merlin pour s'installer à son aise.
« -C'est à moi de veiller sur vous, pas l'inverse murmura le mage en s'allongeant.
-Considérez cela comme un caprice de votre roi, retorqua Artoria en passant une main dans les cheveux ébouriffés de son mage.
-Dans ce cas, je n'ai qu'à m'en prendre à moi-même, je l'ai mal éduquée, taquina le mage avec un regard malicieux.
-Je ne vous le fait pas dire. »
Artoria pouvait deviner le sourire de Merlin alors que celui-ci épuisé fermait les paupières bercées par les allées et venues de la main du roi sur ses tempes. Son mage était fiévreux, visiblement plus fragile qu'il ne daignait bien le montrer. Au retour de Guenièvre, Merlin voulut se redresser, mais Artoria d'un geste de main l'en dissuada. Guenièvre sourit à la vue du mage à demi éveillé blotti dans le lit à la gauche de son roi. Elle voulut repasser plus tard, mais Artoria lui signifia qu'elle ne gênait pas. Guenièvre lui fit un bref résumé de l'état de ses amis. Gawain semblait le plus épuisé, il s'était déjà endormis lorsque Guenièvre était venue aux nouvelles.
La reine installa une couverture sur Merlin. Ce dernier émit une sorte de grognement d'approbation, qui amusa beaucoup les deux femmes. Lorsque Merlin ouvrit un œil, il s'emmitoufla dans les couvertures pour ne pas être ébloui par les lampes de la tente. Guenièvre les éteignit presque toutes générant une ambiance tamisée. Elle servit ensuite un plein verre de jus d'orange et de multiples brioches aux fruits confis qui plaisaient toujours énormément à sa majesté. Merlin ne vola au roi qu'une seule brioche. Guenièvre veilla à ce que son époux ne laisse aucune mienne des autres. Artoria, se plia aux caprices de la reine jusqu'à qu'elle lui apporte un troisième plateau opulent de fruits. L'appétit du roi avait atteint ses limites, elle savait pertinemment que Merlin presqu'ensommeillé ne lui apporterait nul soutien pour ce plat. Artoria lui concéda jusque une pomme, que la reine assise à sa droite découpa en quartier. L'appétit du roi la rassurait. Même si elle n'avait participé à aucune bataille, son épouse n'avait pas passée une nuit complète depuis le départ du roi de Camelot. La fatigue, les émotions trop longtemps contenues finirent par prendre le dessus. Guenièvre après quelques sanglots s'effondra à son tour de fatigue contre l'épaule de son roi. Artoria n'avait jamais été aussi serrée dans son lit, qu'importait le temps d'une nuit elle serait le gardien du sommeil de ses deux précieux amis. Ces pensées s'évaporèrent, à mesure que le roi à son tour s'endormait.
Merlin la réveilla en sursaut de son cauchemar, dans ses songes elle livrait encore bataille face à la puissance incommensurable du dragon blanc. Guenièvre dormait toujours, tandis que le roi reprenait ses esprits sous la protection du mage. Leur regard se croisèrent, confuse elle s'excusa de l'avoir réveillé. Pour toute réponse son conseillier la serra dans ses bras en la qualifiant d'idiote. Son étreinte absorbait les tensions qui s'étaient accumulées en elle.
«- Tu n'as pas à t'excuser, Artoria, rend toi compte ce que tu as accompli aujourd'hui dépasse l'entendement. Jusqu'à la fin, tu n'as rien fait d'autre que de persévérer. C'est normal d'être un peu bouleversée après un pareil affrontement. Je suis si fier de toi, extrêmement fier… »
Elle aurait préféré qu'il n'assiste pas à ces terreurs nocturnes, mais à cet instant Artoria n'avait plus la force de se montrer forte, infaillible. Sans un mot, elle se réfugia contre Merlin, serrant sa chemise plus fort que jamais, jusqu'à ce que le sommeil ne l'emportât de nouveau.
L'épée aussi puissante fut-elle ne suffisait pas à faire le roi, Artoria savait pertinemment, que c'était grâce à cet homme, son mage à la fois immature et protecteur qu'elle était devenue un véritable roi capable de protéger son royaume.
