Bonjour à tous.

Vous allez enfin voir mon personnage, mais... sous son plus mauvais jour. Elle ne sera pas tout le temps comme cela, je vous rassure.

Pour info, l'italique pour certains dialogues, indique qu'ils parlent en Sindarin et pas en Langue Commune.

Bonne lecture.

Note : chapitre relu et modifié en février 2022.


Réponses aux reviews :

megane : tu te poses les bonnes questions. Est-ce que c'est le même personnage que le prologue ou pas? Une partie de la réponse dans le chapitre prochain. Et pour le comment et pourquoi, tu n'auras la réponse que lors du chapitre à Lacville. Il va falloir attendre. Si tu as des idées, n'hésites pas à me les dire. A+


Elrond et Lindir arrivèrent sur la plate-forme au moment où la tourmentée tentait de monter avec beaucoup de difficulté sur son cheval. Ainsi en hauteur, Gandalf put enfin identifier l'auteur de cette agitation. Gandalf connaissait cette personne depuis de très nombreuses années. C'est d'ailleurs avec une certaine joie qu'il la reconnut. A ses côtés, il sentit Thorin se tendre.

Connaissait-il également cette personne ?


Lorsque le seigneur Elrond arriva, les trois elfes déjà présents s'inclinèrent devant lui.

- Nous sommes navrés, Seigneur Elrond, mais elle a quitté son lit sans que personne ne le sache, et…, dit l'un des elfes qui visiblement s'en voulait d'avoir failli à son rôle de garde malade.

- Ce n'est rien, lui répondit Elrond en levant sa main pour stopper la discussion.

Il se tourna vers la malade en question, qui avait enfin réussi à se hisser sur son cheval. Elrond était inquiet car il savait que ses plaies n'étaient pas encore refermées. Il en avait pour preuve les tâches de sang sur sa chemise, au niveau de l'abdomen. Son état émotionnel était perturbé et lui faire entendre raison aller être compliqué. Il n'allait pas perdre son temps dans des négociations qui étaient d'avance vouées à l'échec. Mais Elrond savait déjà comment faire. Il l'avait déjà fait.

- Ceci n'est guère prudent de repartir dans votre état, mon amie. Vos blessures étaient graves et malgré nos talents respectifs, vous avez encore besoin de repos, expliqua-t-il pour tenter de faire revenir à la raison la cavalière.

Elle se redressa avec peine, gardant un de ses bras fortement pressé le long du corps, pour mieux supporter la douleur. On pouvait tout de suite voir dans quels états de rage et de souffrance elle était. Vêtue uniquement d'un pantalon, de bottes et d'une chemise, elle n'avait pas pris le temps de se couvrir plus chaudement, mais elle s'était quand même emparée d'une arme.

- Ne me dites pas des choses que je sais déjà, Peredhel, dit-elle en gardant les dents serrées. Je dois y retourner. Je dois retrouver ces fils de chiens.

- Nous nous en sommes déjà occupé. Aujourd'hui même.

- QUOI ? hurla-t-elle. Et lui ? Vous l'avez eu également ? Ça j'en doute…

L'ambiance était de plus en plus tendue. Le cheval piaffait sur place. Les elfes présents tentaient plus ou moins de le calmer, mais la lame, sortie du fourreau, que brandissait la blessée, faisait barrage. Elle voulait les maintenir à distance ainsi qu'Elrond, car elle savait qu'il avait les moyens de l'empêcher de mener à bien sa vengeance.

- Amarthêl, dit Elrond d'un ton beaucoup plus sérieux, n'oubliez pas votre rôle.

Il avait touché à la corde sensible. Il voulait la pousser à bout pour que sa colère monte du plus profond d'elle-même, et la pousse à commette une erreur. Elrond attirait son attention sur lui et à la moindre baisse de vigilance, se serait terminé. Dans son état actuel, la raison n'existait plus. Une seule loi la guidait désormais. Une loi instinctive, inconnue des Elfes, mais bien caractéristique de sa race. La vengeance.

Ce nom et ce mot : rôle. Elle sentit une haine féroce rugir dans le creux de son ventre. Elle fit pivoter son cheval face à Elrond. Elle semblait avoir oublié ses blessures, mais c'était tout autre. La douleur, l'odeur du sang, l'envie de vengeance, tout cela mélangé, la rendait plus forte, plus dangereuse car hors de tout contrôle. Elle se tenait droite et fière sur sa monture, tenant son épée pointe vers le sol, bras tendu. À ce moment là, elle eut les elfes en horreur. De quel droit pouvaient-ils lui dicter ses gestes ? Elle voyait rouge.

- Un rôle. Mais quel rôle ? Ce n'est qu'une mascarade, siffla-t-elle. Tout est joué d'avance. Nous n'avons aucun rôle. Nous ne sommes que des marionnettes. Vos dieux n'ont que faire de nous. Et d'après vous, ceci est un don des Valar ? Leurs soit-disant présents ne sont que des façades pour mieux nous aveugler et nous manipuler. Je ne suis pas dupe, j'ai tout compris depuis bien longtemps. Chérissez les comme il vous plaira, mais ne m'imposait pas vos croyances.

C'était bientôt fini, elle était sur le point de craquer. Elle allait se mettre d'elle-même à sa portée.

Lâchant les rênes, elle leva la tête vers l'ouest et tendit les bras de chaque côté de son corps.

- Je sais que vous m'entendez ! POURQUOI ? Pourquoi me faites-vous autant souffrir ? Qu'ai-je fait pour mériter un tel châtiment ? N'en ai-je pas fait assez encore ? Reprenez votre cadeau, je n'en veux plus, JE N'EN AI JAMAIS VOULU !

Sur sa dernière phrase en direction des Valar, son cheval se cabra, agité par la nervosité ambiante. Ce fut le moment qu'Elrond attendait. L'attention de la-dite Amarthêl était ailleurs. Il s'approcha d'elle hâtivement. D'un geste assuré il posa sa main sur la cuisse de la cavalière et prononça quelques mots en Quenya. Le résultat fut instantané. Le cheval était toujours cabré, fouettant l'air de ses sabots. Le corps de l'humaine devint inanimé, il chuta en arrière. Elrond l'arrêta dans sa chute et la saisit dans ses bras. Son épée tomba au sol dans un bruit métallique, au moment même où les antérieurs du cheval retrouvaient la terre ferme.

C'était fini. Elrond la déposa sur le sol. Sa magie avait fait son effet. L'humaine était à présent endormie. Le seigneur voulut constater l'état de ses blessures. Gandalf, dont la curiosité avait été plus forte que la raison, arriva à ce moment.

- Que lui est-il arrivé ? demanda Gandalf.

- Ah ! Gandalf. Nous l'avons trouvé il y a trois jours de ça. Une attaque d'orques et de wargs, sans doute les mêmes qui vous ont attaqués plus tôt dans la journée.

Elrond souleva délicatement la chemise de la jeune femme. Des bandages recouvraient l'ensemble de son abdomen. Toute la partie droite était ensanglantée. Des soins allaient être de nouveau nécessaires. Il fit signe à un des elfes présents et celui-ci ramena la blessée dans sa chambre.

- Elle est redevenu de plus en plus difficile à gérer, Gandalf. Chaque jour passé est un supplice pour notre amie. Mais notre rôle est de nous garantir qu'Amarthêl assure le sien.

- Elle en est donc venue à se remettre dans des situations périlleuses, constata Gandalf en soupirant de peine.

Tout en continuant leur discussion, Elrond et Gandalf remontaient les escaliers pour rejoindre les nains.

- Sa condition actuelle est contre sa nature. L'ennui lui est devenu un fléau. Nous la perdons de vue pendant des années entières. De précieuses informations ont dû être perdues entre temps.

- Oh, je pense que vous vous souciez pour rien, Seigneur Elrond. Aucun de nos actes sont vains, les siens y comprit, avança Gandalf avec un léger sourire.

- Ne répétez jamais cette phrase devant elle, lui murmura Elrond avec le même sourire. Elle vous tuerait sur place.

Thorin avait épié toute la scène depuis la terrasse. Après le départ de Gandalf, Balin était venu à ses côtés.

- D'où vient tout ce raffut ? demanda Balin.

Thorin resta silencieux pendant que Balin observait l'esclandre.

- Hum, je ne pensais pas que des elfes pouvaient se comporter ainsi, dit Balin à propos de du spectacle qui se déroulait sous leurs yeux.

- Ce n'est pas une elfe, Balin.

- Oh, tu la connais ? questionna Balin en se retournant vers le prince nain, assez étonné.

- Non je ne la connais pas. Je l'ai déjà croisé, c'est tout, répliqua Thorin feignant d'être touché par ce qu'il voyait.

Thorin laissa son conseiller en plan et repartit s'assoir, alors que Gandalf et Elrond revenaient eux aussi, précédés de Lindir.

Ils reprirent tous trois leur place à la table et le repas put continuer, dans un calme somme tout relatif, compte tenu de la présence des nains qui souhaitaient mettre l'ambiance selon leurs coutumes.

La nuit arriva progressivement. De nombreuses torches et lanternes furent allumées, de sorte qu'aucuns couloirs ou lieux de vie ne soient dans la pénombre. Après le dîner, les compagnons de Thorin furent conduits vers leur lieu de séjour où ils purent profiter d'un repos bien mérité.

§

Un grand nombre de livres et de parchemins remplissaient les bibliothèques de cette pièce. Une légère brise faisait danser les fines étoles de tissus qui pendaient entre chaque voute de la salle. Gandalf avait demandé à Thorin et aussi à Bilbo et Balin de rejoindre le seigneur Elrond ici. Une compagnie de treize nains, un semi-homme et un magicien qui voyagent ensemble, cela paraissait bien étrange aux yeux d'Elrond. Connaissant bien le magicien, il se doutait que ce n'était pas le hasard qui les avait guidés jusqu'à la Vallée Cachée.

- J'ai demandé cet entretien avec le Seigneur Elrond pour solliciter son aide, annonça Gandalf.

Thorin et Balin se renfrognèrent instantanément, Elrond le vit de suite. En quoi des nains pouvaient-ils avoir besoin de l'aide d'un elfe ?

- S'il vous plait Thorin, montrez la carte au Seigneur Elrond, demanda Gandalf.

- Ce n'est pas une affaire qui concerne les elfes, dit d'un ton ferme Thorin.

- Mais enfin, Thorin, montrez lui la carte, insista Gandalf.

- C'est le legs de mon peuple. Je dois le protéger, ainsi que tous ses secrets.

- Épargnez-moi l'entêtement des nains, marmonna Gandalf dans sa barbe. Votre orgueil sera votre perte ! Peu d'êtres en Terre du Milieu sont à même de déchiffrer cette carte… Montrez-la au Seigneur Elrond ! insista encore le magicien énervé.

L'elfe se tenait face au nain. Il observait la discussion en restant de marbre. Ainsi il s'agissait d'une carte, se dit-il à lui-même. Balin se tenait à côté de son chef, faisant les cents pas pour tenter de calmer sa contrariété autrement qu'avec des paroles qu'il regretterait. Pourquoi ce magicien prenait-il le droit d'interagir dans leurs affaires ? Bilbo, quant à lui, se demandait pourquoi il avait été convié à cette réunion. Il ne souhaitait qu'une chose. Aller se reposer, enfin.

Malgré son aversion pour la race des elfes, Thorin savait qu'il n'avait pas le choix. Cette carte, que Gandalf lui avait remise quelques semaines plus tôt, était sa seule chance pour mener à bien sa quête. Gandalf l'avait reçu des mains de son père, Thràin. Elle était d'une grande valeur. Finalement, Thorin sorti la carte de sa poche, mais il se garda bien de montrer la clé qu'il avait reçue avec. Balin montra son mécontentement, mais Thorin le repoussa d'une main ferme. Il tendit la carte à Elrond. Ce dernier la prit et la déplia avec délicatesse.

- Erebor ! s'exclama-t-il. Pourquoi vous intéressez vous à cette carte ?

Thorin ouvrit la bouche pour répondre mais Gandalf le prit de court et répondit à sa place.

- C'est purement théorique. Ce genre d'objet renferme parfois un texte caché.

Elrond savait pertinemment que le magicien lui cachait la vérité. De telles cartes étaient rares en Terre du Milieu et c'était un honneur que d'en consulter une. Gandalf continuait de lui parler mais il ne tenait pas compte de ce qu'il disait.

Il inspecta le grain du parchemin, typiquement d'origine naine. Ensuite l'écriture. Une partie était écrite en langage commun. Elle n'apportait pas de réelles informations. Ce n'était qu'une carte qui décrivait la situation de la Montagne Solitaire. Il y avait également un petit encart qui semblait avoir était ajouté. Un ensemble de cirth indiquant la présence d'une porte secrète. Mais ce n'était pas ce qui intéressait le plus l'elfe. Il savait que les nains d'antan utilisaient une méthode très efficace pour dissimuler des informations précieuses. Une méthode qu'ils avaient mise au point, des siècles auparavant. Les Runes Lunaires. Cette méthode consistait à écrire le message avec une pointe d'argent. Après l'écriture, le message devenait complètement invisible. Elrond avait vu juste. Des runes lunaires étaient bien présentes sur la carte.

- Mais oui bien-sûr, s'exclama Gandalf. On passe facilement à côté.

- Là, ce fut le cas. On ne peut les lire que sous une lune de même forme et saison, que lorsqu'elles ont été écrites, rétorqua Elrond se retournant vers ses invités.

- Pouvez-vous les déchiffrer ? osa demander Thorin.

- Suivez-moi, répondit simplement l'elfe.

Tous suivirent le seigneur Elrond vers les hauteurs de la vallée. Ils débouchèrent sur un espace où une multitude de cascades les entouraient. Au bout, siégeait un immense cristal, taillé horizontalement, comme pour en faire une table.

- Ces runes ont été tracées une veille de solstice d'été, sous un clair de lune à son premier quartier, il y a près de 200 ans. Vous étiez destinez à venir à Fondcombe, Thorin Ecu-de-Chêne. La chance est avec vous, une lune identique brille au-dessus de nous ce soir, leur annonça Elrond.

Il avait déposé la carte sur le cristal. Le nuage qui camouflait la lune se dispersa de lui-même et on put voir les rayons remplir de leur lumière le cristal. Ainsi concentrée, la lumière de la lune fit apparaitre sur la carte les fameuses Runes Lunaires. Le message se dévoila enfin aux yeux de tous, mais il était écrit dans une langue très ancienne que seul l'elfe pouvait lire.

- Tenez-vous près de la pierre grise quand la grive frappera. Et le soleil couchant avec la dernière lueur du Jour de Durin, brillera sur la serrure.

Tel était le message caché de la carte. Thorin était perplexe, il réfléchissait.

- Le Jour de Durin ? questionna le hobbit.

- Le premier jour du Nouvel An des Nains, quand la dernière lune d'automne et le premier soleil d'hiver apparaissent ensemble dans le ciel, répondit Gandalf.

- C'est très fâcheux, dit Thorin.

Tous se retournèrent vers lui, étonnés. Ils venaient enfin d'apprendre comment entrer dans la Montagne, mais le prince nain trouvait encore à redire.

- L'été se poursuit. Le Jour de Durin approche à grands pas.

- Nous avons encore le temps, répondit Balin.

- Le temps pour quoi ? demanda Bilbo curieux.

- Pour trouver l'entrée. Nous devrons nous tenir au bon endroit, et aussi au bon moment. Là, et là seulement, la porte s'ouvrira.

Les nains venaient de se vendre. Comme Elrond s'en doutait, leur véritable but était d'entrer dans la Montagne. Thorin se rendit compte qu'il avait vendu la mèche et se renfrogna de nouveau. Elrond rendit la carte au nain, lui donnant au passage son avis sur le bien fondé de leur quête. La discussion fut close. Il conseilla à ses invités de bien profiter de leur séjour et partit de son côté. Il avait encore à faire pour cette nuit.

§

La nuit fut douce et calme pour Bilbo et la majorité des nains. De son côté, depuis que le secret de la carte lui avait été révélé, Thorin ne cessait de cogiter. Ils avaient encore une longue route à parcourir avant d'arriver aux pieds de la Montagne Solitaire et le temps allait sans doute leur manquer. Cette montagne avait été leur royaume. Mais depuis 171 ans Smaug régnait à la place des Nains sur Erebor et son trésor. Son père, Thràin, avait tenté de mener une expédition pour récupérer la Montagne. Mais cela faisait 100 années que l'on n'avait plus eu de ses nouvelles. Thorin était ainsi devenu le premier sur la liste des nains, qui pouvaient prétendre au titre de Roi sous la Montagne. Depuis quelque temps des murmures étaient venus jusqu'à son oreille. Le dragon n'avait pas été vu depuis une soixantaine d'années et beaucoup étaient ceux qui se demandaient si le trésor des nains était toujours gardé. De plus, les signes d'une ancienne prédiction avaient été repérés.

« Quand on verra les oiseaux d'antan, à Erebor s'en retournant,

le règne de la Bête prendra fin »

Les Grands Corbeaux de la Montagne Solitaire avaient, semble-t-il, été revus dans la région. Eux aussi avaient fui la Montagne lorsque Smaug était arrivé. Pour Thorin, c'était le moment. C'était lui qui allait reprendre la Montagne.

C'est ainsi, plongé dans ses pensées, que Gandalf vint le cueillir. Thorin était assis sur un banc de pierre dans un coin, à l'écart de tout passage.

- Mon cher Thorin, venez avec moi. Nous avons quelqu'un à qui nous devons parler.

- Et qui devons-nous aller voir ? Encore un de ces elfes ? rétorqua Thorin, visiblement toujours contrarié.

- Non. Une de mes connaissances. Et également une des vôtres, lui répondit Gandalf, tandis que le nain se levait de son banc pour suivre le magicien.


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Biz