Bonjour à tous,
Voici le chapitre 5.
Chapitre flashback - 108 ans avant la quête d'Erebor. "Première" rencontre entre Thorin et Azru. Le mot "première" est entre guillemets, c'est normal. Vous verrez pourquoi plus tard.
Enfin des réponses à vos questions.
Merci à tous ceux qui me lise.
Bonne lecture.
Note : chapitre relu et modifié en février 2022.
Réponse aux reviews sans MP:
megane : Ah Ah! Aurais-tu trouvé un des dons d'Azru? La réponse est dans le titre... cherche la traduction. Je ne sais pas si quelqu'un a déjà cherché la signification. Qui sera le premier à me le dire?
Concernant les 2 alliances, je peux juste te dire qu'Azru n'a aimé qu'un seul homme dans sa vie.
Non, ce n'est pas Azog. Je le laisse à Thorin.
Pour son épée, tu as la réponse dans ce chapitre.
Merci à toi et à Julindy, pour vos retours et pour me suivre depuis le début.
Année 2833 du Troisième Age
Dans les contreforts des Montagnes Bleues
Cela faisait plus d'une trentaine d'années que Thorin était venu s'installer dans la région des Ered Luin avec son père, Thràin, et une partie de la population naine, depuis la perte de leur royaume, Erebor. La vie dans les montagnes n'était pas des plus faciles. Les conditions y étaient rudes. Mais depuis leur exode, les survivants avaient été réduits à l'errance et à la misère.
Le Roi Thror, grand-père de Thorin, ne put supporter ses conditions et il finit par décider d'aller reconquérir une ancienne cité naine abandonnée depuis des siècles. Khazad-dûm. Ce fut malheureusement un échec total. La cité était occupée par des orques et le Roi Thror fut tué. Ce meurtre fut le prélude d'une guerre, entre les nains et les orques, qui dura six années. Les pertes naines furent immenses, mais lors de la bataille d'Azanulbizar, ils purent enfin crier victoire. Néanmoins, aucun nain n'osa pénétrer dans la Moria. Le Fléau de Durin, le Balrog, y était toujours présent.
C'est ainsi que Thorin et son père Thràin trouvèrent refuge dans les Ered Luin avec le reste de leur peuple.
En attendant des jours meilleurs, Thorin accepta un travail de forgeron dans un village des Hommes, aux pieds des Montagnes Bleues.
- Au moins, à la forge, le travail du marteau nous gardera le bras solide, jusqu'à ce que nous ayons à manier de nouveau, des outils plus acérés ! déclara un jour Thorin à ses frères nains.
C'était une après-midi d'automne comme les autres. Thorin travaillait, comme tous les jours, dans sa forge. Il vivait à l'arrière du bâtiment et ne comptait pas ses heures de labeur. Il était en pleine exécution lorsqu'une personne entra dans sa boutique. Elle était vêtue d'un long manteau en peau de bonne qualité, mais visiblement voyageait depuis un moment. On pouvait également remarqué que l'individu était armé. La pointe de son épée dépassait de son vêtement. Thorin fit attendre quelque temps son nouveau client, puis remit sa pièce de métal dans les flammes.
C'est dégoulinant de sueur que le forgeron se présenta devant son client. La personne avait gardé le capuchon de son manteau et Thorin ne put voir son visage. Quelle ne fut pas sa surprise en entendant le son de sa voix.
Une femme. Et une voix qui suscita un certain trouble chez le nain.
- Pourriez-vous réparer ceci ? lui demanda-t-elle en déposant devant Thorin un paquet.
Le nain s'essuya rapidement le front d'un revers de sa manche. Il ouvrit le paquet et y trouva une magnifique dague, malheureusement brisée. Cette arme était visiblement de conception elfique et Thorin sentit monter en lui de la colère, mais se reprit immédiatement. Il était peu courant d'avoir de telle arme en réparation, car leur solidité était réputée. Comment diable, avait-elle put la mettre dans cet état ? Serait-elle une elfe ? Non, cela était fort improbable. Les elfes ne sortent pas de leur territoire. De plus, elle n'était pas assez grande, ni assez fine pour en être une. En taille, elle dépassait Thorin d'une bonne tête, donc elle devait être humaine.
Thorin inspectât la dague mais le verdict était sans appel.
- Ce n'est pas réparable. La lame de votre dague est cassée trop près de la garde, répondit le forgeron.
- Je m'en doutais un peu, soupira la cliente, apparemment déçue. Pouvez-vous dans ce cas, m'en fabriquer une nouvelle… assez rapidement ? dit-elle en relevant la tête vers le nain.
Thorin ne pouvait toujours pas voir son visage en entier à cause de la pénombre causée par le capuchon, mais il distinguait maintenant son menton et sa bouche. Ses traits étaient tout en rondeur, légèrement enfantin. Définitivement pas elfique.
- J'ai déjà beaucoup de travail en cours. Il vous faudra patienter, répliqua Thorin.
- Bien, dit-elle en cherchant sous son manteau sa bourse. Voici un acompte.
Elle déposa sur le comptoir de Thorin trois pièces d'or. Le nain fut fort surpris. Jamais on ne l'avait payé d'avance et encore moins une telle somme.
- Je reviens dans quatre jours, ajouta-t-elle sur un ton suffisamment ferme.
Thorin n'eut pas le temps de répliquer qu'elle était déjà sortie.
Par Durin, pourquoi n'avait-il pas pu rétorquer plus tôt ? Quatre jours pour fabriquer une dague et avec tout le travail déjà en cours, il allait devoir œuvrer jour et nuit.
Quelle faiblesse s'était insinuée en lui ?
§
Thorin passa donc la nuit entière à travailler sur sa commande. Elle lui avait laissé le choix du modèle et Thorin choisit un alliage de métal particulièrement résistant mais également assez léger pour être manié par une femme. Après une nuit et une journée entière à travailler, Thorin s'offrit tout de même une pause à l'auberge du village. Il y retrouva d'autres nains qui travaillaient aussi ici.
Plus tard dans la soirée, après un bon repas chaud et plusieurs pintes de bières, Thorin se détendait, laissant de côté ses tracas. L'ambiance à l'intérieure de l'auberge était festive et les fortes doses d'alcool n'y étaient pas pour rien. La nuit était tombée depuis quelque temps déjà et c'est là que Thorin vit passer devant le comptoir la même silhouette que celle qui reçut dans sa boutique le jour d'avant. C'était elle…
Elle devait séjourner à l'auberge en attendant sa dague. Thorin, tout en continuant à tirer sur sa pipe, ne la lâcha pas des yeux. Elle s'installa à une table isolée au fond de la pièce. Une serveuse vint de suite prendre sa commande et repartit aussi vite qu'elle était venue. L'étrangère défit alors son manteau ainsi que son capuchon. Malheureusement pour Thorin, elle tournait le dos à la salle. Il ne put voir que ses longs cheveux châtains. Elle se débarrassa également de son épée, qu'elle posa sur la table, à portée de main. Puis elle prit place sur une chaise, toujours dos à la salle. Thorin prit conscience qu'il la matait littéralement. Il se redressa sur sa chaise et rattrapa le cours de la conversation avec ses compatriotes. Mais il garda toujours un œil sur elle.
La serveuse était venue lui apporter son dîner. Contrairement à tous ceux ici présents dans l'auberge, il était flagrant de constater, qu'elle avait de bonnes manières. Elle se tenait droite, mangeait sans précipitation et proprement. C'était de plus en plus intriguant pour Thorin. Une femme voyageant seule, avec des armes et sans doute d'origine noble voire plus encore… quelle rareté le nain avait-il sous les yeux ?
Une fois son repas achevé, il était temps pour elle de rejoindre sa chambre. La serveuse revint desservir sa table. Elles échangèrent quelques mots, pendant lesquels elle se leva de sa chaise et reprit ses effets personnels. Enfin, Thorin put la voir entièrement. Un visage amical avec de légères taches de rousseur. Une frange venait apporter de la douceur à ce faciès qui semblait rempli d'une profonde mélancolie. Et des oreilles normales. Thorin eut la confirmation de son intuition. Elle n'était pas une elfe.
Il la vit remercier la serveuse avec un large sourire qui disparu aussitôt que l'employée lui tourna le dos. Elle lui parut tellement jeune comparé à ce que sa prestance dégageait. Un mélange de profond respect et d'une terrible envie d'aller la rejoindre fut ce que Thorin ressentit. Il sut parfaitement se contenir.
Alors qu'elle s'apprêtait à partir vers l'escalier, situé derrière elle, pour rejoindre sa chambre, son regard fit le tour de la salle et sembla s'arrêter sur le forgeron. Thorin crut décelé une brève expression de surprise sur son visage fatigué. Mais elle tourna aussitôt les talons et disparut pour le restant de la soirée.
Ce prompt échange visuel n'avait duré qu'une fraction de seconde, mais cela avait semblait être une éternité pour le prince. Il avait été littéralement hypnotisé par son regard. Un regard clair, équivalemment à un ciel d'aube d'été, lorsque le soleil s'apprête à se lever.
Au nom de Durin, que lui arrivait-il ? Il n'avait jamais ressenti cela, même avec certaines naines dans sa jeunesse. C'était complétement différent, ce n'était pas une attirance physique, mais plutôt comme une sorte de lien. Une envie irrépressible d'être à ses côtés. Comme un aimant qui a besoin de son contraire pour être complet.
Il vida sa pinte d'une traite et donna congés à ses amis. Le manque de sommeil et l'alcool devaient lui avoir fait perdre la raison. Une bonne nuit lui ferait le plus grand bien.
§
Au matin du quatrième jour, Thorin eut fini la dague commandée. Il était fier de son travail, pour le peu de temps qu'il avait eu.
La journée était particulièrement pluvieuse et c'est sous une pluie battante que déboula la cliente dans sa boutique. Elle se secoua fortement les bras pour enlever l'eau présente sur son manteau mais garda encore son capuchon. Thorin vint à sa rencontre et lui présenta son travail. Dans un premier temps, elle observa l'arme attentivement, puis elle s'en saisit délicatement. La lame était parfaite. Un petit bijou pour le court délai imposé. Elle ne dit rien pendant toute son observation et le nain se tendit imperceptiblement.
Ce que ne savait pas Thorin, c'est que son travail servait également de test. Un test pour savoir s'il était suffisamment apte pour un autre travail.
En fait, elle était en possession d'une autre arme mais de bien plus grande valeur, à la fois matérielle et sentimentale. Finalement elle releva son capuchon et regarda sérieusement Thorin.
- C'est un excellent travail. L'aptitude des nains à la forge m'a toujours impressionnée, lui dit-elle.
Thorin ne doutait pas de son travail mais l'entendre de la bouche d'un client était toujours agréable.
- Par conséquent, j'aurais une autre tâche pour vous.
Elle détacha la ceinture de cuir qui tenait attaché son épée, puis déposa l'arme sur le comptoir sous le nez de Thorin.
- J'avais besoin de connaitre vos qualités de forgeron et j'ai pu constater que vous y excelliez, Maître nain.
- Vous aviez réellement besoin d'une dague ou bien ce n'était qu'un prétexte, questionna Thorin qui suspectait autre chose.
- Oh, n'ayez aucun doute sur la nécessité de votre dague. Je voulais également savoir si vous étiez assez compétent pour aiguiser mon épée.
- Vous êtes sérieuse ? demande le nain outré par sa demande. Vous pensez vraiment qu'un forgeron ne serait pas capable d'aiguiser une lame ?
- Cette arme est très précieuse à mes yeux. Elle est aussi spéciale et je ne permettrais pas qu'un simple forgeron de village puisse me l'abîmer, répondit-elle tout aussi sérieusement.
Thorin ne rétorqua pas et se saisit de l'arme. Il l'observa avec ses yeux d'expert. La poignée et la garde étaient fines. Bien trop petites pour des mains de nain ou d'homme, mais adaptée à celles d'une femme. Cela étonnât Thorin. Des armes adaptées aux femmes n'étaient pas légion. Celle-ci semblait avoir été faite pour sa propriétaire. La longueur de la lame était parfaitement ajustée à celle de son bras.
En y regardant de plus près, Thorin fut en mesure de dire que le fabriquant de cette arme était un nain. Il reconnaissait le travail de ses frères entre mille, mais là il ne pouvait dire qui l'avait conçu. D'après les motifs de la garde elle n'était pas récente. Les motifs étaient traditionnels des forgerons de la Moria, mais aucune arme n'étaient sorties de leurs forges depuis que la cité avait été abandonnée, neuf cent années auparavant.
L'étonnement de Thorin continua lorsqu'il sorti la lame de son fourreau. Une lame à doubles tranchants parfaitement équilibrée, légère et éclatante comme si elle avait été forgée le matin même. Le nain pouvait en conclure que le fer qui avait servi à sa fabrication avait été savamment mélangé avec une part non négligeable de mithril. Le précieux métal que l'on ne trouvait que dans les mines de Khazad-dûm. Elle disait vrai. Seul un maître forgeron nain pouvait prendre soin de cette arme. Le maniement du mithril était délicat et répondait à des règles bien précises.
Lorsqu'il remarqua la série de symboles sur le premier tiers de la lame, la confusion de Thorin fut à son comble. Le nain put sans aucun problème déchiffrer la phrase en Khuzdul. Les cirth ne mentaient pas. L'épée avait bien été forgée par un forgeron nain et qui plus est, un ancien Seigneur de la Moria.
« Pour notre alliée, un présent de et par Durin sixième du nom »
- D'où tenez-vous une telle arme ? demanda Thorin décontenancé.
- C'est un cadeau, donna-t-elle pour toute explication.
L'humaine avait enlevé son manteau pour le laisser s'égoutter, le temps que le forgeron finisse son travail. Il était hors de question qu'elle laisse son épée sans surveillance. Elle s'assit à même le sol en attendant.
Un cadeau ? Sa famille avait-elle eu des relations amicales avec les nains ? Les temps avaient changé depuis, mais des alliances avaient existées jadis. Thorin n'en revenait toujours pas. Cette humaine cachait bien des secrets.
La lame était toujours coupante mais Thorin s'appliqua à lui redonner un tranchant plus affuté encore. Il prit le temps d'exécuter son travail avec précision. Pendant tout ce temps, elle resta assise près du comptoir, profitant de la chaleur ambiante due au feu de la forge. Le regard tourné vers la rue, elle semblait perdue dans ses pensées. Elle avait cette même tristesse qu'il avait pu voir à l'auberge. D'après Thorin, elle devait avoir à peu près 25 ans, ce qui était très jeune pour les nains. Néanmoins, elle montrait une vraie confiance et une force d'âme pour ainsi voyager dans la région. De nombreux brigands rodaient dans la région. Ce n'était guère un endroit recommandé pour une jeune femme. Mais elle ne paraissait pas s'en soucier outre mesure. Thorin se demandait tout de même ce qu'il l'avait amené jusqu'ici.
Après une heure de labeur, Thorin eut fini. Elle vint le rejoindre au comptoir sur lequel il avait posé la fameuse épée. Elle vérifia rapidement le travail et ne fut nullement déçue.
- Vous excellez dans votre métier, Maître nain, déclara-t-elle. Je suis ravie d'avoir fait votre rencontre. On ne croise pas souvent des maîtres forgerons comme vous. Je regrette qu'ils se fassent rares.
- Nous avons perdu beaucoup des nôtres ces dernières années. Parmi eux des bien meilleurs que moi, je l'avoue, répondit le nain en repensant au passé. Évoquer ces jours de malheur lui fit de la peine, et une puissante rancune remonta en lui.
Sans perdre plus de temps, l'humaine enfila son manteau et remit ses armes en place. Elle paya son dû à Thorin et reparti de la même façon qu'elle était arrivé la première fois.
Un sentiment de vide se fit sentir. Malgré le – ou peut-être à cause du – mystère qui entourait cette jeune femme, sa présence avait été agréable pour Thorin.
Le soleil, qui avait réussi à percer les lourds nuages chargés de pluie, disparu avec elle lorsqu'il perdit de vue sa silhouette dans la foule.
Notes :
Concernant Durin. Il est l'un des sept pères des Nains, conçus par le Vala Aulë.
Chez les nains, leurs Pères ont la particularité de se réincarner.
Durin VI fut le Seigneur de la Moria au Troisième Age. C'est sous son règne que les nains réveillèrent le Balrog. Il fut surnommé le Fléau de Durin car il tua Durin VI.
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Le chapitre 6 sera également un flashback. "Deuxième" rencontre entre Azru et Thorin.
Biz
