Bonjour à tous,

J'espère que ce chapitre vous plaira autant que les 2 chapitres flashback.

On retourne dans le cours de l'histoire principale : Arrivée d'Azru dans la compagnie.

Il y aura d'autres passages sur le passé d'Azru, sous forme de rêves, souvenirs, flashback... mais un conseil, faites attention aux dates. Elles sont importantes depuis le début de la fic.

Bonne lecture.

Note : chapitre corrigé et modifié en février 2022.


Merci à Edenlight, Miyi, Balenthina, Vanariane et Julindy pour vos reviews.


Année 2941 du Troisième Age

Terre du Milieu

- Une dernière chose, Thorin ! Retenez ceci à propos de votre guide : La vérité est dissimulée à celui qui ne se fit qu'aux apparences. Oubliez vos préjugés et croyez en chaque parole qui sortira de sa bouche.

Et le magicien partit définitivement. Thorin n'allait pas le revoir avant quelques semaines. Mais qu'avait-il voulu dire ?


Avant que l'aube n'ait eu le temps de baigner de ses rayons la Vallée d'Imladris, la compagnie de Thorin Ecu-De-Chêne avait déjà repris sa route. Afin de rejoindre les Terres Sauvages, il leur fallait cheminer le long d'un escarpement étroit, pour retrouver le haut de la vallée.

L'absence du magicien avait estompé la bonne ambiance du groupe et c'est dans le silence qu'ils entamèrent le début du reste de leur voyage. Thorin ne jugea pas nécessaire de signaler à ses compagnons la future arrivée de leur nouvelle guide. Il pensait qu'elle les attendrait à la sortie de Fondcombe, mais il n'en fut rien. La matinée passa et toujours pas de guide en vue.

A la tête de la ligne de marcheurs, Thorin marmonna pour lui-même que cette femme n'était pas fiable et qu'elle avait encore fuit, comme elle semblait si bien savoir le faire.

Sous le rythme soutenu de leur chef, la compagnie avait parcouru une belle distance. La végétation de la plaine qu'ils traversaient, commença à laisser peu à peu sa place aux roches.

§

Alors qu'ils cheminaient le long d'une falaise creusée par le ravinement millénaire d'une rivière, un bruit métallique suivit d'un éboulement de pierre au-dessus d'eux, les mis en alerte. Thorin fit stopper net la compagnie, tendant l'oreille pour mieux analyser la source de ce bruit. Quelques mètres plus haut sur la falaise, le son semblait continuer son chemin. Le bruit était caractéristique du pas d'un cheval. Dans les Terres Sauvages, les voyageurs étaient rares et souvent emplis de mauvaises intentions.

D'eux-mêmes, tous les nains présents avaient sorti leurs armes, prêts à se défendre si besoin. Thorin leur fit signe de reprendre la marche silencieusement. Le but étant d'atteindre la sortie du canyon et prendre le cavalier à revers.

Le chemin bifurqua sur la gauche pour arriver sur une étendue plus plane. Dissimulés derrière un accotement rocheux, les nains, accompagnés du hobbit, attendaient armes au poing. Dwalin avait rejoint Thorin à l'avant. Protéger son prince était sa priorité.

Quelques instants plus tard, le cavalier passa à côté d'eux. Cachés par la pierre, les nains ne pouvaient être vus. Alors que Dwalin allait commencer l'assaut, Thorin l'en empêcha, lui barrant la route de son bras. Le prince voulait avant tout observer l'intrus, avant de combattre. Bien que l'ambiance soit tendue, il était hors de question d'engager une rixe si celle-ci pouvait être évitée.

Le cavalier s'arrêta peu après être passé à côté de la troupe. Toute la compagnie retint son souffle. Le voyageur resta un moment immobile, dos aux nains. Puis d'un geste lent, il ôta son capuchon.

- Vous vous êtes éloignés du bon chemin, Maîtres nains, déclara la voix féminine. Je vous cherchais plus au Nord.

Le cheval fit demi-tour et révéla un visage familier pour certains d'entre eux. Thorin baissa son bras et se détendit. Dwalin le perçut et sans abaisser entièrement ses haches, il relâcha un peu la pression.

- Je vous attendais à notre départ de Fondcombe. Où étiez-vous ? sermonna Thorin qui était sorti de sa cachette.

Il se posta devant le cheval, fier comme le prince qu'il était, attendant une excuse de sa part. Il put l'attendre longtemps, car la cavalière descendit de sa monture et ignorant complétement le nain, elle entreprit de décharger les sacs fixés sur la selle.

- Vos compagnons ne semblent pas avoir été avertis de ma présence parmi votre compagnie, dit-elle en vacant à ses occupations, sans lancer un regard vers Thorin.

Progressivement, les nains s'approchèrent vers la nouvelle venue.

- Ne vous voyant pas arriver, je n'ai pas jugé utile de les prévenir, grommela Thorin.

- Cette jeune personne n'est-elle pas celle que l'on a vue chez les elfes, Thorin ? demanda Balin arrivé à ses côtés.

Thorin n'eut pas le temps de répondre. L'humaine s'était relevée et se présenta d'elle-même.

- Azruphel. Pour vous servir, déclara-t-elle à la manière nanienne. Sur les recommandations du Magicien Gris, je serai votre guide jusqu'à votre destination.

L'ensemble de la compagnie la fixait avec des yeux ronds de surprise et d'incompréhension.

- C'est une blague ? gronda Dwalin. Thorin ?

- J'ai bien peur que non, soupira le chef.

- Une femme ! maugréa le nain aux tatouages, toujours tourné vers Thorin.

Devant eux, Azruphel écoutait sans broncher. Elle avait, maintes et maintes fois, entendu ce genre de commentaires misogynes. Elle connaissait sa valeur et elle n'avait rien à prouver à personne. De ce fait, elle ne répliqua pas.

Pendant que les nains exprimaient leur mécontentement, la jeune femme se retourna vers son cheval. Délesté de tous les sacs qui le chargeaient, le bel alezan aux crins lavés, suivit sa cavalière un peu plus loin. Posant son front contre son chanfrein, Azruphel lui parla. Des mots de remerciements. Des mots d'adieux. Ils avaient parcouru des milliers de miles ensemble. Mais le chemin qu'allait suivre la cavalière ne pouvait être suivit par son compagnon. Un repos bien mérité l'attendait maintenant. Toujours harnaché, le cheval parti seul en direction d'Imladris. La cœur d'Azruphel se serra mais elle ne laissa rien paraitre.

Après un dernier regard dans sa direction, Azruphel revint aux côtés des nains. La discussion était vive. Il y avait ceux qui ne voulaient pas d'une femme au sein de la compagnie, ceux qui ne disaient rien et Thorin. Le prince écoutait les revendications des plus virulents, comme Dwalin, Gloïn et Balin, mais il avait déjà accepté auprès de Gandalf le fait que l'humaine les accompagne.

De son côté, Azruphel s'équipa de son baluchon et observa devant elle, réfléchissant au chemin à suivre pour rejoindre la route qu'elle avait prévu de prendre.

- Messieurs, nous ne devons pas tarder à reprendre notre chemin, dit-elle en se retournant vers la compagnie.

Tous s'arrêtèrent de parler, la regardant pour certain d'un œil mauvais.

- La discussion est close, déclara Thorin à l'intention de tous. Reprenons la route.

Azruphel remercia Thorin d'un léger mouvement de tête. Elle prit dans ses bras un des sacs qu'elle avait emmené avec elle et se posta devant Gloïn, lui tendant la sacoche.

- Et en plus, on doit lui porter ses affaires ? ronchonna le nain à la barbe rousse en croisant les bras sur son torse.

- Ce sont des provisions, maître nain, répondit-elle d'un ton calme.

Une légère hésitation parut sur le visage du nain, mais ses bras ne se décroisèrent pas.

- De la viande… lui dit-elle plus bas en se penchant vers lui.

Et elle laissa tomber le sac aux pieds de Gloïn, repartant aussitôt, un léger sourire sur les lèvres. Elle savait pertinemment que le régime elfique qu'ils avaient suivi les derniers jours les avait laissés sur leur faim. Gloïn sa chargea immédiatement du premier sac ainsi que du deuxième au passage. Ces provisions étaient précieuses.

Azruphel prit la tête de l'expédition, Thorin derrière elle. Le reste de la journée se déroula dans le silence.

§

Arrivée à l'orée d'une forêt de pin, la compagnie s'arrêta pour y passer la nuit. La présence des résineux facilita l'allumage du feu. Gloïn entreprit d'ouvrir un sac de provision sous l'œil attentif de Bombur. Des lapins et des oies sauvages remplissaient le sac. Les bêtes avaient été préalablement vidées de leurs boyaux, pour éviter une éventuelle contamination de la viande. Le nain chargé de la préparation des repas, s'empara de plusieurs carcasses puis commença à les préparer.

Les membres de la compagnie s'organisaient dans le camp, préparant leur couchage, s'occupant du feu ou du repas, surveillant les alentours ou se détendant. Bref, chacun vaquait à ses occupations.

Thorin observait Azruphel, qui se tenait à l'écart du groupe, assise sur une pierre plate. La jeune femme était réapparut dans sa vie, aussi soudainement que les fois précédentes. Elle avait de nouveau fait raviver en lui des émotions inavouables. Bien que sa présence le dérangeait quelque peu, Thorin était tout de même curieux de savoir comment elle allait se débrouiller pendant leur voyage. Mais étant donné qu'aucun contrat ne les liait, à la moindre erreur de sa part, elle devrait partir.

La délicieuse odeur du dîner commença à se répandre tout autour du foyer. Enfin un repas convenable !

Alors que les nains se précipitaient sur la pitance, Bilbo, qui avait été discret pendant toute la journée, remarqua que leur guide était restée à l'écart. A la vitesse où la nourriture disparaissait, le hobbit se servit une deuxième portion d'oie grillée et quitta le groupe pour rejoindre Azruphel.

- Euh… Excusez-moi, ma Dame, parla doucement le hobbit en s'approchant de la guide.

- Oh ! Monsieur Bilbo, c'est vous, lui répondit-elle, surprise. Je ne vous ai pas entendu arriver.

- Je suis désolée de vous avoir dérangé. Vous… vous allez bien ? questionna-t-il en ayant remarqué son air absent.

Le hobbit vit qu'elle cachait l'objet qu'elle tenait dans les mains, derrière sa veste.

- Je me suis dit que vous auriez surement faim, lui dit-il en lui tendant une part de viande. Je voyage avec ces nains depuis un moment maintenant et je vous avoue que leurs bonnes manières sont à revoir, surtout concernant la nourriture, murmura le hobbit un ton plus bas pour ne pas être entendu par les concernés.

- Oh ! Vraiment ? demanda-t-elle d'un ton ironique.

- Ça je peux vous l'assurer. D'ailleurs je comprendrai que vous restiez à l'écart pendant les repas.

- Comment ça ? répondit-elle en croquant la cuisse d'oie offerte par Bilbo. Au contraire, j'apprécie la compagnie des nains. Il faut juste connaitre leurs coutumes.

Elle se leva et parti dans leur direction.

- De plus ce serait dommage de ne pas profiter de la chaleur du feu, ajouta-t-elle.

Bilbo resta sur place et ne comprit pas comment la jeune femme pouvait apprécier leur compagnie.

Finalement Azruphel prit place autour du feu et savoura la nourriture préparée par Bombur, qu'elle remercia chaleureusement d'avoir cuisiné. Quelques nains furent agacés par sa présence pendant le repas. Azruphel le remarqua mais les ignora. D'autres au contraire semblaient ravis. Surtout les plus jeunes. La seule présence féminine qu'ils connaissaient était leur mère et ils n'avaient pas eu le loisir de côtoyer beaucoup de naines. Celles-ci étaient rares. Même si Azruphel n'était pas de leur race, elle les intriguait. Sa façon de se déplacer, de parler et de manger, tout cela ne correspondaient à aucuns codes qui leur étaient familiers. Elle semblait tellement fragile à leurs yeux.

§

Après le repas chacun prit place non loin du foyer, pour dormir, nettoyer ses armes ou autre activité. Le premier tour de garde fut pris par Thorin, lui-même. Il prit place, dos à un arbre un peu excentré du groupe. Azruphel, quant à elle, avait repris sa place plus loin sur la petite pierre plate, le regard porté au loin. Thorin pouvait l'observer tout en surveillant les alentours.

La nuit était tombée depuis un moment maintenant et toute la compagnie dormait à poings fermés.

Tous, sauf Thorin et Azruphel.

Aucun des deux n'avait bougé depuis la fin du diner. Thorin se demandait pourquoi elle n'avait pas rejoindre les autres pour se reposer. Il ressentait à nouveau cette indicible envie de la rejoindre, d'être à ses côtés. Cette même faiblesse qui le prenait à chacune de leur rencontre.

Depuis son arrivée, personne à part le hobbit ne lui avait parlé et parmi les siens, il n'y avait que chez ses neveux qu'il avait perçu un semblant de sympathie.

Après un dernier regard vers le groupe pour s'assurer que tout le monde dormait, Thorin se décida enfin à se lever. Il n'alla pas directement en direction de la jeune femme, mais comme il ne perçut aucun mouvement de sa part, il finit par venir vers elle.

- Vous devriez aller vous reposer, déclara-t-il à l'intention de la guide, en regardant loin vers l'horizon. Nous reprendrons la route tôt demain matin.

- Merci de vous souciez de mon sommeil, mais je me suis suffisamment reposer ces derniers jours, lui répondit-elle en faisant allusion à sa convalescence.

Elle avait entendu le prince nain arriver jusqu'à elle et ne fut pas surprise par sa présence.

Azruphel ramena son regard vers Thorin. Il se tenait fièrement à quelques pas d'elle, les mains dans le dos.

- D'ailleurs, comment vont vos blessures ? Vous ne semblez plus en souffrir, questionna-t-il.

- Ah, oui. Vous faites bien de m'en parler, répondit-elle comme si elle avait oublié de faire quelque chose et que le nain venait de lui rappeler.

Azruphel commença par déboutonner son manteau et continua à parler avec le nain.

- Mes blessures vont bien. Je n'ai plus à m'en soucier maintenant, et vous non plus d'ailleurs. Je ne vous ralentirai pas à cause d'elles, n'ayez aucune crainte.

Thorin se tourna vers Azruphel, la voyant se bagarrer avec les lacets de son corsage, puis il se retourna vivement quand il vit qu'elle enlevait aussi son haut. Il ne lui restait plus que sa chemise. Elle le remercia intérieurement de sa politesse à respecter son intimité pendant qu'elle se découvrit.

Azruphel ne put retenir un long soupir d'aise, une fois qu'elle eut défait la couche de bandage qui lui recouvrait le ventre. Sa peau était encore rouge et gonflée mais les plaies étaient refermées. Le lendemain il n'y paraitrait plus rien. Pas même une cicatrice. Même si elle maudissait Mandos pour l'avoir choisi et condamné à vivre ainsi, elle admettait qu'elle lui était reconnaissante de lui avoir donné également ce don. Elle n'osait imaginer dans quel état serait son corps si toutes les blessures qu'elle avait subies avaient laissé des traces. Mais le fait de penser à cela la peinait également.

Cette fois ce fut un soupir de dépit que Thorin put entendre. Il osa se retourner. La jeune femme roulait soigneusement ses bandages, en vue d'une future réutilisation. Elle ne s'était pas encore revêtue entièrement et la vue était particulièrement agréable aux yeux du prince. Le ciel était dégagé et la lumière de la lune éclairait suffisamment pour pouvoir voir sans avoir besoin de torche. La jeune femme se tenait droite. Elle portait ses cheveux légèrement ondulés, enroulés sur eux même, retombant en cascade devant son épaule droite. Son profil gauche était ainsi découvert à la vision du nain. Sa chemise dévoilait la moitié de son épaule et sa nuque. Le regard de Thorin se posa sur chaque parcelle de peau disponible. De ses doigts qui pliaient consciencieusement les morceaux de tissus, à son épaule, son cou, sa bouche… tout était méticuleusement observé.

Lorsqu'Azruphel eut finit sa tâche, elle prit conscience du regard de Thorin sur elle, sans avoir eu besoin de le voir. L'ambiance était des plus étranges car le nain ne semblait pas vouloir détourner les yeux et Azruphel n'osait plus bouger. Elle avait l'impression d'être à la fois la proie d'un prédateur et un objet de fascination. Un frisson lui parcourut le corps. Thorin le remarqua et sortit de sa contemplation.

- Vous feriez mieux de vous couvrir, dit-il après s'être raclé la gorge. Et allez-vous reposer, c'est un ordre.

Thorin repartit à sa place, qu'il regretta d'avoir quitté. Il rageait contre lui-même et contre l'humaine. Sa présence était pour lui une torture. D'un côté il ne pouvait pas se permettre d'agir comme son esprit avait envie et d'un autre il redoutait qu'à un moment, durant le voyage, cette envie prenne le dessus.

Par Mahal, pourquoi agissait-il comme un jeune nain immature ? Surtout envers une humaine…

Il aperçut la jeune femme, qui s'était rhabillée plus chaudement, venir avec son baluchon près du feu et prendre place pour passer le reste de la nuit.

- Par Durin, que ce voyage va être pénible, pensa Thorin.

La nuit continua sans incident. Nori puis Gloïn avaient pris la suite des gardes.


Ça vous a plus? ou pas?

Une review...?


Note :

Mandos est l'un des Valar. Il est le gardien de la Maison des Morts où les esprits des elfes et des nains morts se retrouvent. Il est le juge des Valar. Presque omniscient et doté du don de prophétie.