Bonjour à tous,
Voici le nouveau chapitre, j'espère que vous aller l'apprécier.
Vu la fin du chapitre précédent, vous avez compris ce qu'il allait se passer par la suite...
Bonne lecture.
Chapitre relu et corrigé en février 2022.
Merci à aliena wyvern, MonaYsa et Elena pour leur review.
Pendant ce temps, personne n'entendit la petite porte de l'autre côté de la pièce s'ouvrir, car tous étaient bien trop attentifs aux paroles du magicien. Ainsi, ils furent tous surpris – hormis Beorn – d'entendre une voix familière couper le récit de Gandalf.
- Vous avez changé d'avis finalement. Avouez-le, vous ne pouvez pas vous passer de moi.
Gandalf, Bilbo et tous les nains présents, c'est-à-dire, Thorin, Balin, Fili et Kili, se retournèrent prestement. La partie de la salle derrière eux était sombre et ils ne distinguèrent qu'une silhouette. Néanmoins, tous avaient, plus ou moins, reconnu la voix.
La personne resta immobile, observant l'expression de chaque invité.
Balin forçait sur ses yeux pour tenter de mieux apercevoir l'invité surprise dissimulé dans l'ombre.
Fili arborait un petit sourire de satisfaction.
Kili s'était levé de son banc et l'expression sur son visage oscillait entre l'incertitude et la joie.
Et lorsque Thorin s'était retourné, la personne cru apercevoir un soupçon de soulagement, mais qui disparut presque immédiatement pour faire place à son air sombre habituel.
- Azru… ? Azruphel ? C'est bien toi ? Parla en premier Kili.
Ils entendirent un petit rire étouffé.
- Bien-sûr Kili. Qui veux-tu que ce soit d'autre ? Répondit la voix.
Elle s'avança vers eux et sortit de l'ombre. C'était bien leur ancienne guide.
Azruphel venait visiblement de prendre un bain car ses cheveux châtains étaient humides et son visage avait retrouvé sa fraîcheur que le voyage avec la compagnie avait dissimulée. Ses vêtements avaient eux aussi été nettoyé et elle revêtait un pantalon brun avec une chemise beige, ses bottes et son corset de cuir qui enserrait sa taille.
Elle marcha fièrement et les contourna en les ignorant royalement. Son comportement était inhabituel pour les nains et Bilbo, qui l'avait toujours connue aimable, souvent souriante mais constamment avec un air lasse.
Personne ne reprit la parole.
Elle alla s'installer sur l'un des accoudoirs de l'imposant fauteuil de Beorn, gardant un pied au sol et l'autre jambe négligemment posée sur la pièce de bois. Beorn dégagea son bras pour lui laisser la place de s'assoir, sans ronchonner et avec un air presque protecteur. Ce comportement intrigua Gandalf.
Azruphel faisait face aux invités, un bras en soutient sous sa poitrine, faisant se rappeler qu'elle était toujours blessée.
Elle reprit la conversation, fixant du regard Thorin avec un air de malice et de défit.
- Je répète ce que j'ai dit puisque vous ne semblez pas m'avoir entendu, dit-elle en reprenant les mêmes propos que Thorin lui avait tenu sur la corniche, après lui avoir asséné la gifle.
Ce souvenir lui fit serrer les dents. Azruphel aimait par-dessus tout rendre coup pour coup, œil pour œil, dent pour dent… Alors en attendant de pouvoir lui rendre la pareille, elle avait décidé de le titiller un peu.
- Vous ne pouvez vraiment pas vous passer de moi, continua-t-elle en le fixant toujours.
Thorin se raidit sur son banc. Il n'avait pas compris que sa première phrase lui était directement adressée, et lorsqu'il le comprit, le nain se renfrogna immédiatement.
- De quoi parlez-vous ? Répondit Thorin.
- Vous m'avez suivi jusqu'ici pour me demander de revenir parmi vous. Il n'y a pas d'autre explication pour votre présence en ce lieu, enchaîna Azruphel qui s'amusait à contrarier le nain, car elle savait très bien qu'ils n'étaient pas ici pour cela et qu'ils ignoraient qu'elle s'y trouvait aussi.
- Vous vous méprenez grandement. Ne croyez pas que je suis venu ici pour vous demander pardon et vous réintégrer au sein de ma compagnie, répliqua Thorin en se levant de son banc pour se donner plus de prestance.
Azruphel sourit en voyant que le nain commençait à s'énerver quelque peu.
Le comportement de la jeune femme irrita le prince. Même s'il ne voulait pas se l'admettre, il avait été heureux d'entendre à nouveau sa voix et de la revoir. Sa décision de l'exclure du groupe avait été faite sur une impulsion qu'il avait, au fond de lui, regretter, mais en même temps il avait espéré que le fait de ne plus la voir lui ferait taire ses sentiments déplacés.
- Vous pardonnez ? Vous rigolez ? Pourquoi vous pardonnerai-je pour les coups que vous m'avez portés ? Renchéri Azruphel.
Les autres personnes présentes écoutaient la discussion sans intervenir. Mais lorsqu'Azruphel parla « des coups » que Thorin lui aurait porté, ils s'étaient trouvés légèrement choqué. Surtout Kili. Il avait vu son oncle gifler l'humaine, mais n'aurait pas imaginé qu'il avait pu avoir des gestes plus brutaux envers elle. Cette idée le mettait hors de lui mais il se garda de le montrer, en attendant d'avoir plus d'information.
Thorin ne répondit pas, mais il serra fortement les poings à s'en faire blanchir les phalanges.
- Frapper une femme n'est pas très honorable, peu importe la race dont nous faisons partie, continua-t-elle. Pour quelqu'un qui prétend vouloir reconquérir le trône d'Erebor, je vous trouve assez déplorable.
Elle avait énoncé cette dernière phrase sur un ton irrévérencieux, ce qui ne fit faire qu'un tour au sang de Thorin.
Mais au moment où le prince allait répondre, des coups contre la porte d'entrée de la demeure de Beorn se firent entendre et coupa l'élan de Thorin. Ils avaient complétement oublié les autres nains à l'extérieur.
- D'autres de vos compagnons, j'imagine? Dit Beorn en direction de Gandalf.
- En effet, avoua le magicien.
- Inutile de continuer ce petit jeu. Faites les tous rentrer maintenant, autorisa l'homme.
Gandalf acquiesça et demanda à Fili d'aller les prévenir qu'ils étaient tous les bienvenus dans cette demeure.
De leur côté, Thorin et Azruphel ne s'étaient pas lâcher du regard. Un regard menaçant pour l'un, un air espiègle pour l'autre. Leur discussion était loin d'être terminée, mais pour le moment elle était en suspens.
Les nains entrèrent les uns après les autres dans la bâtisse, se présentant et remerciant leur hôte, comme leur avait conseillé Gandalf.
Beorn leur offrit le gîte et le couvert pour la nuit.
§
Le soleil était bas dans le ciel et il devait rester au maximum deux heures de clarté.
Le temps d'attendre l'heure du dîner, l'ensemble des invités s'était répartit dans la grande pièce principale. Ils pouvaient profiter de ce moment pour vaquer à leur occupation personnelle.
Beorn était retourné à l'extérieur pour s'occuper de son bétail avant la tombée de la nuit.
De son côté, Azruphel était également partie dehors, mais à l'autre extrémité de la bâtisse. De ce côté-ci, il y avait un appentis où Beorn rangeait du matériel et du bois de chauffe pour le feu de la maison. L'appentis était ouvert sur l'immense prairie à l'arrière de la demeure. Le groupe de poneys de Beorn s'y trouvait. C'étaient des animaux particuliers, d'une grande curiosité et intelligence, et obéissaient au doigt et à l'œil à leur maître. Azruphel les connaissait bien, car Beorn était un ami et elle lui rendait visite régulièrement. Leur haine commune pour les orques et gobelins les avait fait combattre souvent côte à côte.
Alors qu'elle caressait le chanfrein de l'un des poneys, elle entendit arriver quelqu'un derrière elle. C'était Kili.
Elle se retourna et vit l'air sombre du jeune nain. Le comportement et les paroles qu'elle avait eues précédemment l'avaient troublé. Kili avait retrouvé une Azruphel différente, presque insolente envers son oncle, chose qu'elle n'avait jamais été jusqu'alors. Mais en même temps, il pouvait la comprendre s'il s'avérait que Thorin avait eu des gestes violents envers elle.
Azruphel n'avait pas eu besoin d'entendre parler Kili pour comprendre ce qu'il le tourmentait, et ne voulant pas partir dans cette discussion, elle lui sorti son plus beau sourire. Cela eut l'effet escompté et Kili perdit son air sombre pour retrouver sa bonne humeur.
- Je ne pensais pas avoir la chance de te revoir un jour, déclara le jeune nain en s'approchant de l'humaine.
- Comment ça ? Répondit Azruphel. Tu as vraiment cru que je vous laisserai tomber ?
- Bin, mon oncle t'a exclu de la compagnie donc…
- Et tu crois que tout le monde obéit à tout ce que ton oncle ordonne ? lui dit-elle en se moquant légèrement. Saches que personne ne me donne d'ordre, et c'est bien mal me connaitre que de croire que j'abandonne aussi facilement une tâche.
Elle afficha un petit sourire en coin accompagné d'un sourcil relevé. En voyant son air, Kili ne put se retenir et combla rapidement l'espace entre lui et elle, pour la prendre dans ses bras. Dans son élan d'affection, Kili la souleva du sol en la serrant fermement. Mais il s'arrêta promptement lorsqu'il entendit Azruphel gémir. Il la reposa au sol et se décala d'elle. Le nain regretta son ardeur car il avait oublié que la jeune femme était blessée et son geste avait eu pour conséquence de la faire souffrir encore plus.
- Je… je suis vraiment désolé, Azru… s'exclama Kili confus.
- Non, ne t'inquiète pas. Ça va aller, répondit Azruphel pliée en deux qui cherchait à reprendre son souffle.
Après un court instant, elle releva la tête et se mit à rire.
- Bon sang! J'avais oublié que vous les nains, étiez aussi puissants. Même un geste tendre, peut se révéler vigoureux.
Kili était abasourdi par sa phrase et son attitude. Il s'était bien trompé quand il l'avait pris pour une frêle humaine lorsqu'ils s'étaient rencontrés la première fois. La frêle humaine, bien que de faible constitution comparé à un nain, était une redoutable adversaire au combat, dure à l'effort et endurait les blessures sans se plaindre.
En y repensant il se mit à rire avec elle.
C'est ainsi que Fili les trouva. Il cherchait son frère et avait regardé dans toutes les pièces sans succès.
- Que vous arrive-t-il tous les deux ? Demanda Fili en voyant son frère en plein éclat de rire et Azruphel les larmes aux yeux.
Il ne savait pas si la jeune femme rirait ou pleurait, car il l'entendait rire, mais il la voyait aussi se tenir douloureusement les côtes.
Finalement ils se calmèrent et Fili se joignit à eux pour discuter.
Au cours de leur conversation, les poneys étaient revenus en nombre autour d'eux, pour examiner les deux nains. Leur curiosité ne serait rassasiée que lorsque tous les museaux auront examiné les invités. A nouveau, Azruphel fut prise de rire à la vue des deux jeunes nains qui se faisaient renifler et mâchouiller les cheveux par les intrépides poneys.
Elle dut s'assoir sur une souche d'arbre car la douleur se fit plus vive, mais elle continua néanmoins à s'amuser des garçons.
Ce fut à ce moment qu'un nain ouvrit la porte qui donnait sur l'appentis où se trouver les trois compères. Son arrivée fit déguerpir la troupe de poneys, laissant Fili et Kili débraillés et décoiffés. En l'espace d'un instant, l'ambiance qui était gaie et riante, devint calme et silencieuse. Les deux jeunes nains se recoiffèrent rapidement sous l'œil inquisiteur de leur oncle, car oui, s'était bel et bien Thorin qui était venu interrompre leur amusement. Azruphel, quant à elle, stoppa son fou rire et tenta de retrouver une allure convenable face au prince nain.
Thorin s'approcha d'eux, le visage fermé et sans jeter un regard vers Azruphel, il donna l'ordre à ses neveux de les laisser seuls. Kili regarda la jeune femme et elle acquiesça d'un signe de tête, qui signifiait qu'il pouvait la laisser seule sans crainte. Il partit à la suite de son frère, mais il restait inquiet pour Azruphel, car elle avait provoqué son oncle et le connaissant, elle allait passer un mauvais moment.
Une fois la porte refermée, la conversation en suspens put reprendre son cours. Thorin reprit son regard menaçant et Azruphel son air espiègle.
La jeune femme était toujours assise sur la souche d'arbre. Thorin se retourna lentement vers elle et lui fit face. Il n'avait pas digéré les commentaires qu'elle lui avait fait et comme il n'avait pas eu le temps de lui faire ravaler ses paroles, il comptait bien le faire maintenant.
Lorsqu'il posa le regard sur Azruphel, Thorin fut décontenancé par son attitude assez décontractée, mais il ne le montra pas. Elle se tenait droite, jambes croisées et mains de part et d'autre de ses hanches en appui sur la souche. Ses cheveux avaient séché et avaient retrouvé leur volume. De légères boucles tombaient en cascade sur son épaule droite. Thorin ne pouvait se mentir en affirmant que c'était une belle femme, mais son allure détendue ne correspondait pas pour un moment pareil. Elle se jouait de lui et il s'en rendait bien compte.
- Qui êtes-vous pour avoir osé me manquer de respect ? Demanda sévèrement Thorin.
- Ne me considérez pas comme l'un de vos sujets, qui vous doit le respect dû à votre rang, répondit Azruphel qui avait pris un air plus sérieux. D'ailleurs, vous n'êtes pas encore roi.
- Merci de me le rappeler, dit-il amèrement. Mais j'ai des responsabilités envers mon peuple et je ne laisserai pas une simple humaine telle que vous, me tourner en dérision.
- Vous me prenez pour une « simple humaine » ? D'accord, c'est votre choix, mais vous m'avez laissé vous emmener jusqu'au-delà des Monts Brumeux sans discuter.
- Qui êtes-vous alors si vous n'êtes pas une « simple humaine » ? Questionna Thorin, qui depuis le début avez des doutes sur la véritable identité de la jeune femme.
- Oh, mais je suis une simple humaine, vu que je ne suis ni elfe, ni naine, répliqua Azruphel.
- Vous avez changé depuis votre départ. Vous n'êtes plus la même personne, déclara Thorin devant sa répartie.
- Je suis pourtant la même, mais vous ne semblez voir que ce qui vous arrange et lorsque l'on vous impose un point de vue vous ne l'admettez pas. Vous n'aimez pas que quelqu'un vous contrarie.
- Vous semblez avoir réponse à tout et je n'accepte pas que vous jouiez ce petit jeu avec moi. Qui êtes-vous réellement ? Rétorqua fermement Thorin, qui commençait à en avoir assez des répliques de la jeune femme.
- Je vous ai déjà dit que je ne pouvais pas répondre à cette question, dit Azruphel qui avait perdu sa prestance car elle ne pouvait lui dire la vérité.
- Et vous m'avez répondu que vous me donneriez la réponse un jour, alors je veux une réponse. MAINTENANT !
Azruphel sursauta légèrement en entendant le prince nain élever la voix.
- Comment pourrais-je faire confiance à une personne qui me cache des informations, que je devine importantes, à son sujet ? Commença à s'énerver Thorin.
- Pas maintenant, répondit Azruphel en baissant les yeux pour échapper au regard enragé de Thorin.
Le nain profita alors qu'elle ne le regardait pas, pour s'approcher d'elle rapidement. Il ne pouvait supporter son attitude et il avait de plus en plus de doutes sur la réelle identité de l'humaine. Pourquoi lui cacherait-elle si ce n'était pour ne pas dévoiler ses véritables intentions ?
Excédé, Thorin se saisit de son cou d'une seule main pour lui faire relever la tête. Se retenant de ne pas lui serrer la gorge plus durement, il lui fit rapprocher son visage près du sien.
- Qui es-tu ? Demanda une nouvelle fois Thorin d'un ton calme qui contredisait la menace de sa main sur le cou d'Azruphel.
Thorin avait perdu patience, Azruphel l'avait senti. Elle ne pouvait quitter le regard furieux du prince et la proximité avec le nain était excessive.
- Je ne peux pas répondre, osa répliquer la jeune femme.
Sa réponse déplut fortement à Thorin, qui resserra sa main sur sa gorge, mais pas assez pour empêcher l'air d'entrer dans ses poumons. Azruphel ne tenta pas de se défaire de l'étau et soutenait encore le regard du nain. Elle sentait son souffle chaud sur son visage si proche du sien.
- Vous aurez toutes vos réponses mais pas maintenant. Laissez-moi vous accompagner et je vous jure que je répondrai à toutes vos questions une fois que nous serons sortis de la Forêt Noire, put dire Azruphel pour calmer le prince.
- Pourquoi je te laisserai nous accompagner ? Si tu es un ennemi ayant pour but de m'empêcher de récupérer mon trône, qui me dit que tu n'essayeras pas de me tendre un piège, riposta Thorin en serrant encore plus fort, tout en se rapprochant d'elle plus que de raison.
Azruphel commença à sentir sa respiration devenir plus difficile, ce qui lui fit fermer les yeux en fronçant les sourcils.
- Si c'était le cas… je l'aurais déjà fait… à plusieurs reprises, réussit-elle à répondre.
Sa phrase fit prendre conscience à Thorin qu'il était allé trop loin. En y repensant, il était évident qu'elle avait eu de nombreuses occasions pour empêcher la compagnie de mener à son terme sa quête. La colère s'était emparée de lui et il l'avait laissé parler à sa place.
Thorin se ressaisit et relâcha lentement la pression autour du cou d'Azruphel, mais il ne la lâcha pas pour autant. Elle rouvrit ses paupières et plongea ses yeux gris-bleu dans ceux bleu profond de Thorin.
La proximité était telle que Thorin pouvait sentir l'odeur fleurie du savon qu'Azruphel avait utilisé pour se laver. Un parfum tellement féminin et agréable, qu'il fit oublier au nain toute sa colère et sa rancœur qu'il ressentait pour la jeune femme.
Le regard de Thorin se détacha doucement des yeux d'Azruphel pour la détailler avec assurance. Il avait fini par poser son autre main sur la souche où elle était assise, faisant ainsi se rapprocher son buste du sien.
Azruphel n'osa plus bouger et sa respiration devint saccadée. Le comportement de Thorin avait changé du tout au tout. Elle avait toujours l'impression d'être à sa merci, mais plus pour la même raison. Cette raison ci était plus légère et bien plus engageante.
Elle ne pouvait nier que Thorin était séduisant, malgré son habituel air sombre et le fait qu'il soit un nain. Par le passé, elle avait déjà connu un nain et elle savait plus ou moins à qui elle avait à faire. Un nain ne s'engage jamais à la légère et même s'il n'accepte pas les sentiments qu'il ressent, il ne peut les désavouer. Connaissant cela, Azruphel se sentait à la fois touchée et intimidée. Sachant le regard de Thorin la détaillant, elle ressentit une immense vague de chaleur la parcourir.
De son côté, Thorin étudiait sans aucune gêne, chaque parcelle du visage de la jeune femme. Le moindre pore de sa peau, la moindre tâche de rousseur étaient observés. Il n'avait plus conscience du temps qui s'écoulait et profitait du moment présent. Il ressentait l'effet que son regard avait sur elle, car sous ses doigts le rythme de son pouls se fit plus rapide et plus fort. Loin de lui toute idée de faire du mal à celle qui était en face de lui. Au contraire.
Lorsque ses yeux passèrent sur sa bouche, il fit remonter lentement les doigts de sa main qui piégeait son cou. Délicatement il caressa la ligne de son menton. Sa peau était tellement douce qu'il s'y attarda un peu plus longtemps.
La sensation des doigts de Thorin sur elle, donna à Azruphel l'impression d'avoir des milliers de papillons qui battaient des ailes dans son ventre. Malgré son âge, elle n'avait pas ressenti ces sentiments très souvent. Elle avait connu de nombreux hommes, certes, mais pour la plupart elle n'avait rien ressenti de comparable, hormis quelques exceptions.
Finalement, Thorin fit remonter ses doigts jusqu'à la bouche d'Azruphel. Avec une infinie lenteur, il traça le contour de ses lèvres rebondies avec son pouce, laissant ses quatre autres doigts sur sa joue. La couleur rosée qui ornait ses lèvres vira presque instantanément au rouge, enflammées par l'excitation de la situation.
Le temps semblait suspendu pour tous les deux, emportés par leurs émotions.
Thorin cessa le mouvement de son pouce et doucement il descendit sa main vers la nuque d'Azruphel, pour la forçait à relever encore plus son visage vers lui. Leurs souffles se mêlèrent l'un à l'autre, et arriva le moment où leurs lèvres se frôlèrent. Alors Azruphel sentit la poigne de Thorin sur sa nuque se raffermir et tout mouvement fut suspendu.
Azruphel avait rouvert les yeux de surprise et elle vit Thorin à quelques centimètres d'elle. Il semblait hésitant et incertain, alors que l'instant d'avant, ses gestes avaient été assurés et sûrs. Elle sentait qu'il luttait avec sa conscience, qu'il était tiraillé entre son envie et sa raison.
Et contre toute attente, il ôta sa main et se releva d'un air résigné.
Sans regarder Azruphel, il se dirigea vers la porte par laquelle il était arrivé.
- Je vais réfléchir à l'idée de vous reprendre comme guide, déclara-t-il avant d'ouvrir la porte. Je vous donne ma réponse demain matin.
Il passa l'encadrement de la porte et la referma derrière lui.
Azruphel était restée figé sur la souche d'arbre où elle était toujours assise. Immobilisée par tant d'émotions contradictoires, elle prit un certain temps pour se reprendre. Elle avait voulu se jouer de Thorin mais le nain avait réussi à retourner la situation.
Elle était à la fois chamboulée et agacée par le fait que Thorin l'ait émoustillée, pour ensuite la laisser sur sa faim.
Elle était contrariée car elle avait vu à quel point le nain pouvait être terriblement lascif et l'instant d'après, reprendre une attitude froide et distante.
Mais une chose était sûre désormais pour Azruphel, elle connaissait la raison pour laquelle Thorin agissait ainsi : il avait des sentiments envers elle et il ne les acceptait pas.
Azruphel soupira le plus profondément possible sans se déclencher de nouvelle douleur, se releva et se dirigea à son tour vers la porte. La main sur la poignée, elle secoua vigoureusement la tête pour tenter de chasser les images de ce qu'il venait de se passer. Actionnant la poignée, elle poussa la porte et prit aussitôt un visage neutre pour aller rejoindre le reste de la compagnie dans la salle principale.
§
La soirée se déroula sans heurts.
Lors du repas, Beorn écouta avec intérêt le reste du récit du voyage de la compagnie.
Kili avait pris place au côté d'Azruphel, mais il n'avait pas osé lui demander comment s'était déroulé l'entretien avec son oncle, car il avait entendu Thorin crier sur elle et il se doutait bien que la conversation avait été houleuse. Mais il ne pouvait s'imaginer comment cet entretien s'était terminé, et pour ne pas lui faire de mal, elle ne lui en parla pas. Elle savait que le jeune nain l'apprécier et même si leur amitié n'irait jamais plus loin, Azruphel gardera cet épisode pour elle.
Après le repas, ils s'installèrent auprès du foyer et ils écoutèrent les récits de Beorn concernant cette région de la Terre du Milieu, notamment sur la forêt qui leur barrait la route vers Erebor. La Forêt Noire, anciennement connue sous le nom de Vert-Bois. Mais elle avait changé et était devenue sombre et dangereuse. En entendant cela, les nains se dirent que la traversée sera aussi périlleuse que de récupérer Erebor des griffes du dragon.
Thorin réfléchissait à ce qu'il s'était passé entre lui et l'humaine. En tant que prince nain, il ne pouvait accepter ce qu'il avait tenté et trouvait ses gestes déplacés. Mais l'homme qu'il était, ne souhaitait qu'une chose, être de nouveau seul avec elle et continuer ce qu'il avait entreprit. Thorin n'avait pas encore décidé s'il la réintégrait dans la compagnie ou non. Mais au vu des récits de Beorn sur les dangers de la Forêt Noire, il se demandait si elle avait l'expérience de sa traversée et si elle allait pouvoir aussi bien les guider que ce qu'elle avait fait jusqu'à maintenant. Il l'observa discrètement lorsque l'homme-ours détaillait certains passages effrayants et il ne plut lire ni peur ni effroi en elle. Elle acquiesçait même à certain moment pour justifier les dires de Beorn.
Durant toute la soirée, Azruphel évita au maximum Thorin, baissant les yeux et n'engageant pas la conversation avec lui. Mais par moment, elle sentait le poids de son regard sur elle.
Puis ils allèrent tous se coucher, repus du copieux diner. Beorn posa une condition à leur séjour chez lui, ils leur étaient strictement interdits de sortir de la demeure jusqu'au lever du soleil.
Les nains dormirent dans la grande pièce principale avec Bilbo et Gandalf. Azruphel avait une petite pièce qui lui était réservée lors de ses séjours chez Beorn.
Mais pour deux personnes, le sommeil fut difficile à trouver.
Vous avez tous cru au baiser, j'imagine... et bin non. Plus tard...
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