Bonjour à tous,

Pour ce chapitre, remerciez tous MonaYsa pour son idée sur la rencontre entre Beorn et Azru. Je dois avouer que son idée m'a facilité l'écriture, car j'étais en manque d'imagination.

Bonne lecture.

Chapitre relu et corrigé en février 2022.


Merci à Elena, aliena wyvern, Julindy, Maurore, MonaYsa pour leur review. Merci les filles!


Puis ils allèrent tous se coucher, repus du copieux diner. Beorn posa une condition à leur séjour chez lui, ils leur étaient strictement interdits de sortir de la demeure jusqu'au lever du soleil.

Les nains dormirent dans la grande pièce principale avec Bilbo et Gandalf. Azruphel avait une petite pièce qui lui était réservée lors de ses séjours chez Beorn.

Mais pour deux personnes, le sommeil fut difficile à trouver.


Le lendemain matin, aux premières lueurs de l'aube, Beorn rentra de sa virée nocturne.

Durant la nuit, les invités avaient aperçu des bruits terrifiants venant de l'extérieur de la bâtisse, mais aucuns – hormis Gandalf et Azruphel – ne savaient ce qu'il s'y tramait.

Beorn était une sorte de gardien et dans cette région à l'Est des Monts Brumeux, il tenait à distance les orques et gobelins, les empêchant d'envahir de nouveaux territoires. Ainsi, chaque nuit ou presque, sous la forme d'un ours immense, il parcourait de grandes distances pour chasser les immondes créatures qui s'aventuraient sur son territoire.

Lorsque Beorn rentra, tout le monde dormait encore paisiblement. Il prépara pour ses invités un copieux petit-déjeuner, à base de lait, miel et fruits. Les uns après les autres, les nains se réveillèrent et comme à leur habitude, se ruèrent sur la nourriture. Bilbo vint les rejoindre un peu plus tard et Azruphel ne se montra pas.

Thorin, Gandalf et Beorn discutèrent de la suite du voyage de la compagnie. Malgré l'insistance des nains, Gandalf ne céda pas. Il avait d'autres affaires et ne pouvait les retarder encore plus. Il accompagnerait la compagnie jusqu'à l'orée de la Forêt, mais pas plus loin.

Beorn mit en garde Thorin à propos de la forêt. Il avait déjà insisté sur le caractère dangereux d'une traversée de Vert-Bois, et le prince en était conscient, mais le temps allait leur manquer s'ils décidaient de la contourner. Cela n'enchantait guère Thorin de se trouver sur le territoire de l'être qu'il détester le plus au monde – après Smaug, bien sûr – et il ne pouvait savoir s'il pourrait garder son calme devant ce roi prétentieux. Mais une chose était claire maintenant dans son esprit : il avait besoin de quelqu'un qui avait déjà traversé cette région et il se trouvait justement qu'une personne de ce genre lui avait proposé son aide le soir même. Il allait devoir ravaler son ego et accepter de reprendre Azruphel dans la compagnie.

Gandalf put lire dans le silence de Thorin que celui-ci réfléchissait à la possibilité de reprendre la guide.

- Vous n'avez pas le choix, Thorin, déclara Gandalf en coupant le court de la pensée du nain.

L'héritier de Durin se retourna surpris vers l'Istari. Il comprit que le magicien avait lu dans ses pensées.

- Ai-je le choix ? Demanda Thorin d'un air résigné.

- Nous avons toujours le choix. Mais refuser l'aide qui vous est proposé, ne serait pas judicieux, affirma Gandalf. Elle a une bien meilleure connaissance de cette région que moi-même. Je ne vous l'ai pas imposé sans une bonne raison.

Thorin soupira.

- Elle n'est pas encore en état pour poursuivre votre voyage, s'interposa Beorn. Je vous rappelle qu'Azruphel est toujours blessée. Elle récupère rapidement mais pas assez vite pour reprendre la route aujourd'hui.

- Oui, nous savons Beorn. Mais nous ne pouvons nous permettre d'attendre plus longtemps. Un long trajet attend encore la compagnie, indiqua Gandalf compatissant.

L'homme-ours ronchonna néanmoins. Il ne semblait pas apprécier que l'on impose cela à son invitée. Gandalf n'avait jamais rencontré Beorn mais il avait entendu parler de lui par d'autres personnes, notamment Azruphel. Il savait que l'homme était bourru et taciturne mais il ne se serait jamais douté qu'il pouvait être aussi protecteur envers un être autre que ses animaux. Gandalf profita du fait que Thorin s'était levé de son banc afin d'aller à la rencontre de la guide, pour poser des questions à Beorn.

- Vous semblez bien la connaitre ? demanda le magicien.

Beorn s'était réinstallé dans son fauteuil et regardait Gandalf de manière soupçonneuse. L'homme connaissait le secret d'Azruphel, mais il ignorait si le magicien était lui aussi dans la confidence.

- Je la connais suffisamment… répondit Beorn en restant vague.

- Oh je vois. Ne vous inquiétez pas, mon ami, vous ne risquez pas de briser son secret avec moi. Je connais Azruphel depuis de très nombreuses années. Et ses facultés ne sont plus un mystère pour moi, déclara Gandalf pour montrer à Beorn qu'il n'avait pas à craindre de lui.

Beorn grogna légèrement, puis s'adoucit progressivement. Elle lui avait déjà parlé du magicien gris et lui avait dit qu'il pouvait lui faire confiance. Mais Beorn n'était pas du genre à accorder sa confiance à des étrangers aussi facilement. Néanmoins, ce magicien avait tué le Roi Gobelin, un vieil ennemi de Beorn, et pour cela il concéda à lui parler de la jeune humaine.

- Notre première rencontre remonte à il y a fort longtemps, commença à raconter l'Homme-ours. A cette époque, mon peuple vivait dans les montagnes, cachait aux yeux des autres peuples. Nous avions remarqué une humaine qui parcourait les monts régulièrement pour aller vers le Nord, vers les Ered Mithrim et le Mont Gundabad. J'ignorais le motif de ses voyages, mais lorsque j'en appris la raison, il était trop tard.

Beorn se tut un moment, comme perdu dans ses pensées. Bilbo, qui adorait les vieilles histoires, s'était rapproché aux côtés de Gandalf. Puis ce fut au tour des nains de s'avancer pour mieux entendre le récit.

- Quel était son but ? Osa demander Gandalf pour réveiller Beorn.

- Les orques ! Répondit-il d'une voix grave empli de colère. Ces vermines ont été pratiquement décimées lors des Grandes Guerres du Nord, mais avec les années ils s'étaient multipliés et avec eux leur envie de reconquérir de nouveaux territoires. Le but de ses allers et retours était de mettre en échec leurs tentatives d'invasion, mais seule, la tâche était trop grande. Je sus plus tard qu'elle avait mis en garde les peuples elfiques, mais ils n'ont pas semblé vouloir intervenir.

Beorn serra fermement les poings. Puis il continua d'expliquer comment les orques prirent le contrôle des Monts Brumeux en l'espace de peu de temps. Son peuple continuait de se cacher dans les escarpements et ils observaient à distance sans oser intervenir. Malgré leur force, ils étaient terrifiés par cette invasion.

- Il n'y avait personne pour les empêcher de continuer leur marche. Personne, sauf elle. Plusieurs fois je l'ai observé tendre des traquenards et des pièges à ces immondes créatures. Elle était rusée et efficace, mais contre des centaines et des centaines d'orques, ses embuscades ne faisaient que les retarder et surtout cela commençait à les agacer. Mais au sein de mon peuple, ses actes étaient bien vus et accueillis de façon bienveillante, même si nous nous tenions encore à l'écart. Et bien-sûr, un jour arriva où le piège se referma sur elle… Je la vois encore se défendre seule contre une vingtaine d'orques, le long d'un chemin escarpé. Et lorsqu'elle fut mise à terre, gisant dans son sang, nous ne pûmes rester cachés et pour la première fois, nous sommes rentrés dans la bataille. Cet acte signa sans doute notre arrêt de mort, mais de toute façon, tôt ou tard, les orques nous auraient trouvé.

Beorn s'arrêta encore une fois et ce fut Bilbo qui l'encouragea à continuer.

- Et qu'est-il arrivé à Azruphel ? Demanda le Hobbit.

- Oh, elle a survécu. Peu de temps après l'attaque, un groupe d'elfes sorti de nul part, est venu la chercher, pour la soigner nous ont-ils dit, mais pour moi, c'était plus pour l'éloigner. Je ne l'ai plus revu pendant des années. Et durant tout ce temps, les choses ont empiré. A cause de notre attaque, notre existence fut connue des orques et nous fûmes traqués. Exterminés.

Il leva son bras gauche, dévoilant un épais bracelet de métal d'où pendaient encore deux anneaux.

- Ceux d'entre nous qui ne furent pas tués, furent capturés et enfermés dans les profondeurs des monts pour devenir leurs esclaves. Pas pour le travail, voyez-vous, mais pour leur plaisir. Les orques prenaient apparemment beaucoup de plaisir à torturer des changeurs de peau.

L'ensemble de l'auditoire était attentif à chaque parole de Beorn. Ils compatissaient à son malheur et à la souffrance qu'il avait endurée.

- Mais vous avez réussi à vous échapper ? Questionna encore Bilbo

- Oui mais je fus le seul. C'est grâce à l'intervention d'une personne que je n'aurais jamais cru revoir, que je pus m'échapper. L'humaine que l'on avait sauvé quelques années plus tôt, sema le trouble dans la garnison d'orques d'où j'étais prisonnier. Ainsi libéré, je pus entamer ma vengeance que je n'aie toujours pas cessée. Et depuis ce jour, je lui suis éternellement reconnaissant.

Beorn releva la tête à la fin de sa phrase car Thorin venait de revenir dans la pièce principale. Sa discussion avec Azruphel semblait avoir été difficile. Le prince resta à l'arrière du groupe, et demeurait dans l'ombre. Ce dernier préférait cacher sa joue rougie par une claque cuisante.

Beorn continua de répondre aux questions du hobbit, jusqu'au moment où Azruphel se montra enfin pour la première fois de la matinée.

- Messieurs, bonjour, déclara-t-elle sérieusement.

Quelques nains lui répondirent, mais tous la voyaient différemment, depuis qu'ils avaient entendu le récit de Beorn. Cette femme était bien plus courageuse et téméraire que n'importe lequel n'entre eux. Et cela leur imposait un certain respect.

Azruphel s'avança jusqu'à la table. Elle avait déjà revêtue tout son attirail de voyage, armes y comprises. Elle grappilla quelques restes du petit-déjeuner, mais resta debout.

- Tu as décidé de continuer à les aider, à ce que je vois, affirma Beorn en la regardant.

Il semblait assez triste de sa décision.

- Oui mon ami, lui répondit-elle. D'ailleurs, Messieurs, dit-elle en se retournant vers les nains, nous allons partir, alors ramassez vos affaires et préparez-vous.

La compagnie fut fort surprise par le ton autoritaire de la jeune femme. Certains se tournèrent vers Thorin pour confirmer ses dires. Azruphel le regarda fixement, et après un soupir il acquiesça d'un hochement de tête.

L'ensemble des nains ainsi que Bilbo quittèrent leur banc pour aller ranger leurs affaires. Gandalf resta avec Beorn et Azruphel. Cette dernière organisa le voyage et le ravitaillement de la compagnie pour les prochaines semaines.

§

Dans l'heure qui suivit, ils étaient tous à dos de poneys prêtés par leur propriétaire, et chargés de nourriture. Beorn n'avait pu rechigner à aider les nains, car son amie les accompagnait et il ne souhaitait pas qu'elle manque de quoi que ce soit.

Tout en l'aidant à monter sur sa monture, l'homme-ours donna ses derniers conseils à Azruphel avant le départ. Il l'informa que les orques qui les avaient pris en chasse dans les Monts Brumeux, étaient toujours sur leurs traces. Il avait pu les observer durant la nuit. La compagnie allait devoir aller grand train pour garder de la distance entre eux et leurs ennemis.

Thorin ne semblait plus avoir sous son contrôle la suite des événements. Ses compagnons nains avaient remarqué qu'il avait délégué son autorité à la guide et cela les surprenait grandement. Mais aucun d'entre eux n'était présent lorsque Thorin avait pris la décision d'annoncer à la jeune femme qu'il la réintégrait dans la compagnie, et donc ils ignoraient pourquoi leur chef agissait ainsi.

Après les remerciements d'usage et sous les ordres d'Azruphel, la compagnie quitta le domaine de Beorn, direction la Forêt Noire.

Ils n'avaient pas de temps à perdre et dès que le terrain le permettait, ils galopaient à vive allure. Les montagnes sur leur gauche et une épaisse et sombre forêt à leur droite, la compagnie devra chevaucher ainsi pendant les quatre prochains jours. L'été touchait à sa fin et la traversée de la Forêt Noire prendrait plusieurs semaines, les amenant de l'autre côté pour les premiers froids de l'année, en espérant qu'ils ne soient pas retardé de quelques manières.

La première journée du voyage fut relativement épuisante car ils ne firent aucunes pauses et le fait de savoir des orques et des wargs sur leurs traces, n'arrangeait pas le moral de chacun. Les poneys furent dessellés puis lâchés pour leur permettre de brouter l'herbe de la pairie. « Les bêtes ne s'échapperont pas », leur avait annoncé Beorn avant de partir. Un feu fut allumé et un repas chaud servit. Ne voulant pas se servir dans les vivres que Beorn leur avait fournis, ils préférèrent chasser, tant que du gibier était encore à leur disposition. Car une fois dans la sombre forêt, il sera difficile de trouver de quoi se nourrir.

Depuis leur départ de chez Beorn, la compagnie était restée relativement silencieuse. La peur d'être attaqué de nuit et les nombreux bruits peu avenants, ne les y aidant pas. Un tour de garde fut instauré comme depuis le début de la quête. Mais aucuns des nains n'avaient remarqué la présence dans les alentours, d'un énorme ours. Bilbo fit d'ailleurs part de sa découverte auprès de Gandalf dans l'après-midi. Mais hormis lui, le magicien et la guide, personne ne savait que Beorn les suivaient de loin. Pour garder un œil sur ses poneys, mais aussi pour tenir son rôle de gardien, notamment auprès d'Azruphel, qui rappelons-le n'était toujours pas guérie.

Durant la soirée, Kili se rapprocha d'Azruphel, qui s'était installée pour passer la nuit. Le jeune nain n'avait pas eu l'occasion de lui parler de toute la journée et entre le comportement de son oncle et celui de la guide, il se posait beaucoup de questions.

- Je suis content que tu sois de nouveau avec nous, lui dit Kili en souriant. Connaissant Thorin, je ne pensais pas qu'il accepterait de te reprendre. Il revient rarement sur ses décisions.

- J'ai su me montrer convaincante, répondit Azruphel en laissant planer le doute sur le comment elle avait pu convaincre Thorin.

Mais voyant la mine de Kili se décomposer, elle le rassura en lui expliquant que Thorin avait déjà décidé de la reprendre et qu'elle n'avait eu qu'accepter. Mais elle ne put lui raconter la totalité de leur discussion.

Discussion qui restera à jamais entre Thorin et Azruphel, peu fiers de leur comportement respectif.


une review...?

Dans le prochain chapitre, je vous raconte la discussion entre Thorin et Azru, que j'ai volontairement caché dans ce chapitre.

A bientôt.