Bonjour à tous,

Nouveau chapitre. Beaucoup de narration et peu d'action, désolée. J'ai un peu ramé pour retranscrire l'ambiance de la forêt.

Chapitre relu et corrigé en février 2022.


Annonce :

Nouvelle fic en cours : Nossëfinwë

Fandom : Hobbit, mais une connaissance du Silmarillion est bienvenue.

Résumé : Au Septième Age de la Terre du Milieu, une descendante de l'Esprit du Feu découvre un objet qui va la ramener dans le passé, pour racheter une bonne conduite à ses aïeux. Dans son sang, le serment des Dépossédés est toujours présent et mener sa tâche à son terme sera particulièrement compliqué. Son voyage en Terre du Milieu ne sera pas des plus faciles.

Venez la lire!


Merci à Elena, Maurore, Julindy, aliena wyvern, Vanariane et Miyi pour leur review.


Les quatre jours de chevauchée furent éreintants pour l'ensemble de la compagnie. Encore plus pour Azruphel qui devait encaisser les rebonds de sa monture. Avec la fatigue, cela n'aidait pas sa guérison, qui aurait dû être complète si elle avait pu passer ces derniers jours au repos.

Durant cette quatrième journée, l'ambiance se fit plus lourde. Le gibier ne se montrait plus et le chant des oiseaux était rare. La Forêt Noire s'étendait devant eux, sombre et inquiétante. Les nains comprirent que les récits de Beorn n'étaient pas des contes, mais bel et bien la réalité.

Ils arrêtèrent leurs poneys à l'orée de la forêt. Le soleil brillait encore haut dans le ciel, ce qui leur laisserait le temps de s'enfoncer dans les bois avant que la nuit tombe.

- Voici la Forêt Noire, déclara Gandalf, la plus grande forêt de toute la région Nord.

- Pas très accueillante, dit Bilbo en découvrant les premiers arbres, aux troncs énormes et tordus.

- Aucun signe des orques. Nous sommes chanceux, annonça Dwalin tout en descendant de son poney.

Les autres membres de la compagnie l'imitèrent et mirent pied à terre.

Azruphel était épuisée. Elle avait serré les dents durant le voyage, et là elle était complètement exténuée. Elle avait été assez silencieuse jusqu'à présent et avait délégué à Gandalf la tâche de les emmener jusqu'à l'entrée du chemin des Elfes. La guide savait que maintenant, le voyage serait plus difficile psychologiquement que physiquement. Ce qui n'était pas très rassurant, mais elle ne pouvait pas faire demi-tour.

Azruphel se laissa glisser le long de son cheval avec un maximum de douceur, mais lorsque ses pieds touchèrent terre, elle sentit ses jambes faiblir, incapables de supporter son poids. Elle se serait écroulée à même le sol, si elle n'avait pas eu d'aide. En effet, la jeune femme sentit un bras ferme la maintenir au niveau de la taille. Et alors qu'elle s'attendait à ce que ce soit Kili - qui avait toujours un œil sur elle - elle fut surprise de constater que le bras bienveillant était celui de Thorin. Depuis leur départ de chez Beorn, elle avait gardé une certaine distance avec le prince, mais il semblerait que celui-ci ne le souhaitait pas.

- Ça va aller, Thorin. Merci, lui dit-elle en se raccrochant à la selle de son cheval, pour réussir à rester debout.

- J'espère que tu vas tenir le coup, lui murmura Thorin, qui ne voulait pas que ses compagnons entendent ses paroles. Ton ami Beorn avait raison, en nous disant que tu n'étais pas encore en état pour continuer le voyage.

- J'avoue qu'il n'avait pas complètement tort, mais ça va aller maintenant. Plus de secousses, rien que de la marche, je vais pouvoir souffler un peu. Je tiendrai ma promesse, dit-elle pour le rassurer.

Thorin ne la crut qu'à moitié. Il se décala d'elle et conscient qu'elle pouvait tenir debout, il partit de son côté. Azruphel jeta un rapide coup d'œil aux alentours et tomba sur le regard noir de Kili. Celui-ci avait vu la guide flancher et il s'était rapproché d'elle pour l'aider. Mais son oncle était plus près et l'avait devancé. Le jeune Nain était retourné à son poney et s'occupait de le décharger lorsqu'Azruphel le regarda. Elle ne put soutenir son regard et préféra détourner les yeux pour s'occuper également d'enlever les sacs de provisions du dos de sa monture.

Puis elle s'avança jusqu'à l'entrée du sentier, déposa ses sacs et se laissa choir le long d'un arbre. Comme si sa peine ne suffisait pas, elle sentit les signes annonciateurs d'une vision : mal de tête et voile noir devant les yeux. Dans l'instant qui suivit, un flot ininterrompu d'images se déversa dans sa tête. Comme à chaque fois, elle avait l'impression qu'on lui avait assené un coup de massue.

Elle n'appréciait jamais les visions qui s'imposaient à elle de cette façon. Elle avait l'impression qu'on la forçait à agir d'une certaine manière, qu'on l'obligeait à exécuter des choses qu'elle n'avait pas envie de faire. Pour résumer, elle avait l'impression d'être un pantin.

Lorsque la vision cessa, Azruphel dut attendre un moment avant de pouvoir de nouveau voir correctement. Elle se tourna vers ses compagnons de route, et par chance, personne ne remarqua son moment d'égarement. Elle souffla. Maintenant, elle devait analyser les images qu'elle avait vues. Elle se remémora les séquences les unes après les autres.

D'abord l'errance de la compagnie dans la forêt pendant des jours et des jours. Pas de surprises à cela, elle savait que la traversée serait longue et pénible.

Ensuite, les monstres de Dol-Goldur, les araignées. Elle les avait déjà vu et combattu ailleurs, et savoir qu'ils allaient tomber sur elles pendant le voyage, ne l'enchantait guère.

Et puis, les elfes sylvains. Quelle malchance ! Elle aurait préféré les éviter eux aussi. Sa première et dernière rencontre avec leur roi, avait été une expérience particulière. Azruphel avait réussi à les éviter lors de ses précédentes traversées. Mais il fallait dire qu'elle ne l'avait parcouru, en tout et pour tout, que trois fois dans sa longue vie. La première fois, pour annoncer une prédiction au roi Thranduil. A cette époque, la forêt se nommait encore Vert-Bois. Il faisait bon vivre de se promener sous le feuillage de ses grands arbres. Les deux dernières fois ne remontaient qu'à quelques siècles, mais elle avait pu constater l'évolution de Vert-Bois, qui progressivement était devenu sombre, lugubre et ensorcelé.

Elle vit aussi, dans sa vision, que le roi sylvain allait les retenir prisonniers. Mais alors comment sortir des geôles ? Personne ne sortait des prisons sans l'aval du roi. Alors, Azruphel se concentra et chercha à connaître la façon d'en sortir. Elle vit une chose surprenante. Elle sourit. Ce hobbit cachait bien son jeu. Elle comprit par la même occasion, une autre série de visions qui lui était incompréhensible jusqu'à maintenant. Mais là n'était pas le sujet… pour le moment.

L'espoir de sortir des geôles reposait sur les épaules de Bilbo. C'était une bonne chose. Mais quelque chose troubla Azruphel, car elle ne se voyait pas dans les prisons avec les nains. Non, elle allait être l'invitée du roi. C'était prévisible, vu leur dernière rencontre. Mais alors comment allait-elle s'échapper de la cité souterraine, si elle était isolée de la compagnie ? Cherchant encore plus de détails, elle trouva le moyen. Elle en eut un frisson et rouvrit grands les yeux. Ce voyage n'allait pas être une promenade de santé. Elle allait devoir encaisser beaucoup de choses pour tenir la promesse qu'elle avait faite à Thorin.

Pendant ce temps, Gandalf, qui s'était aventuré dans les premiers mètres du sentier, revint vers le groupe. Comme il avait annoncé, il devait quitter le groupe, pour régler des affaires.

Gandalf donna ses dernières recommandations, et Azruphel qui était restée assise sous son arbre, profitait de ce moment de répit, mais quelque chose la chiffonnait. Ce qu'elle vivait en ce moment même, lui donnait l'impression de déjà-vu. Elle était déjà passée ici, mais le paysage était différent, alors que dans sa mémoire les arbres, les habits qu'elle portait, la présence des nains, tout était identique. Mal à l'aise, elle tenta de se relever, mais une de ses mains heurta un petit objet froid au pied de l'arbre. Elle regarda de plus près et déterra l'objet qui effleurait la surface du sol.

Mais oui ! Tout s'éclaircissait maintenant.

Lors de son précédent voyage, elle avait eu une vision de ce moment, et elle avait déposé cet objet à son intention. Cela remontait à plusieurs centaines d'années, mais elle se souvint.

L'objet en question était une petite fiole. Le liquide avait changé de couleur avec les années, mais elle savait que le produit était toujours efficace. Pour une fois que ses visions avaient du bon, se dit-elle. Elle n'hésita pas et bu d'une traite le contenu de la fiole.

Azruphel sentit progressivement la fatigue diminuer et ses douleurs s'estomper. La médecine elfique l'étonnait toujours, car c'était une science qui la dépasser complètement. La fiole en question, était un présent du seigneur Elrond. Il connaissait son caractère téméraire et régulièrement il lui offrait ce genre de gage, pour la soutenir dans ses allées et venues. Ce cadeau était plus que bienvenu et allait faciliter grandement sa récupération.

Lorsque Gandalf partit pour de bon, elle se releva pour lui souhaiter bon voyage, puis elle reprit les rênes de la compagnie. Chacun se chargea de son lot de provisions et ils s'engouffrèrent dans la forêt, Azruphel en tête.

§

Dès leur entrée sur le chemin, un silence oppressant les entourait. Pas un bruit ne leur venait aux oreilles. Pas un bruissement de feuilles, ni de cri d'animaux, rien, hormis le cliquetis des armes et les pas lourds des nains. Les branches des arbres formaient une voûte au-dessus de leur tête. L'enchevêtrement des ramures était si épais et dense que la lumière du soleil peinait à le traverser. Ainsi rien n'indiquait à la compagnie s'ils cheminaient bien dans la bonne direction. Mais peu leur importait, car ils ne pouvaient rien faire d'autre que de suivre le chemin pavé qui se déroulait sous leurs pieds.

Le chemin des elfes n'était plus aussi aisé à suivre qu'avant, car il y avait bien longtemps qu'il n'était plus emprunté et il était maintenant laissé à l'abandon. Les pavés qui le composaient étaient, soit recouverts d'une épaisse couche d'humus, soit détruits par les puissantes racines des arbres. Tout cela compliquait la progression de la compagnie.

Ils marchèrent jusqu'à la tombée de la nuit, ou du moins jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus continuer à suivre le sentier, sans prendre le risque de sortir des pavés. Avant que le noir complet ne s'installe entièrement, les nains allumèrent un feu pour le bivouac. Azruphel les laissa faire, car ils étaient encore proches de l'orée de la forêt et elle savait que les créatures qui hantaient ces lieux se tapissaient plus loin. Autant profiter d'un peu de réconfort pendant qu'ils le pouvaient. Ainsi après un léger dîner, bien trop frugal aux yeux de tous, les tours de garde furent instaurés et le repos leur fut accordé. Mais on était encore en été, et les nuits étaient courtes. La guide ne souhaitait pas perdre de temps, en prévision des embûches que la compagnie allait rencontrer par la suite, donc ils reprenaient la route dès l'aube.

Les jours passèrent ainsi, les uns après les autres, suivant le même rythme. Mais l'atmosphère de la forêt changea autour d'eux. D'abord ce fut l'impression d'étouffement qui les frappa. Écrasés sous la chape de plomb de la voûte du bois, la présence des rayons du soleil leur manqua cruellement. Pourtant les nains étaient habitués à vivre sous le sol, dans leurs tunnels. Mais le manque de luminosité, couplé la sensation désagréable d'oppression dû au silence ambiant, engendraient dans la compagnie un mal être général.

Puis le silence fit place à des bruits étranges et inaccoutumés. La seule chose qu'ils virent des auteurs de ces sons, était leurs yeux. Des yeux jaunes, rouges ou verts, visibles uniquement la nuit, qui semblaient attirés par le feu du bivouac, auquel la compagnie renonça, voyant que des centaines et des centaines de paires d'yeux les entouraient chaque nuit. Sans feu, les nuits se firent plus sombres et inquiétantes. Malgré la fatigue, plus aucun ne put dormir convenablement et tous somnolaient plus ou moins.

§

Cela faisait maintenant trois semaines que Thorin et ses compagnons étaient sur le sentier. La faim et la soif commençait à se faire sentir douloureusement. Les provisions, bien que rationnées dès le départ, diminuaient rapidement. Thorin s'inquiéta de savoir comment ils allaient pouvoir tenir jusqu'au terme de la traversée. Ses compagnons étaient résistants au manque et à la privation, mais dans une certaine limite. Pour le hobbit, c'était une véritable torture. Il n'avait jamais eu à se priver de toute sa vie et regrettait amèrement d'avoir laissé Gandalf l'embarquer dans cette aventure. Quant à Azruphel, grâce au contenu de la fiole, elle se savait guérie, et ne souffrait plus. Pour le reste… elle avait connu pire.

L'ambiance sombre et angoissante faisait maintenant place à une forme de folie constante, qui généra de fortes tensions au sein du groupe. Cela commença lorsqu'ils entrèrent dans la zone la plus profonde de la forêt. Une zone où ils auraient pu distinguer de vilaines choses. Des toiles d'araignées denses aux fils d'une épaisseur extraordinaire, qui s'étendaient d'un arbre à un autre. Mais comme aucunes d'entre-elles ne venaient en travers le sentier, personne ne les vit. L'air vicié dépourvu de souffle, infectait leur esprit, les empêchant d'agir de façon raisonné.

Azruphel avait le plus grand mal à garder ses idées claires. La seule chose encore censée qu'elle arrivait à suivre, était le sentier. Ne pas s'en écarter, rester sur la piste, voilà ce à quoi son esprit se raccrocher. Elle n'avait pas la constitution nécessaire pour résister à la sorcellerie de ces lieux. Celui qui s'en sortait le mieux était Bilbo, qui réussissait à garder un minimum de cohérence, même si ses yeux lui montraient parfois des choses complètement fantaisistes.

Concernant les nains, la forêt avait un effet particulièrement néfaste sur eux. C'était comme si tous leurs défauts se trouvaient augmentés et exagérés. Leur côté bagarreur, agressif, vindicatif et coléreux, rendait la marche encore plus pénible, et encore plus durant les pauses, qui ressemblaient plus à une mêlée de nains qu'au moment de repos souhaité. Les échanges entre membres de la compagnie se firent de plus en plus rares, hormis pendant les querelles.

§

Cela faisait maintenant un mois qu'ils marchaient, tant bien que mal, sur le chemin pavé. Mais il arriva le jour où ils finirent par laisser la faim et la folie dicter leur route.


une review?

Les bestioles arrivent dans le prochain chapitre

Biz