Bonjour à tous,
Nouveau chapitre : "Arachnides et Sindar"
Second chapitre relatant la traversée de la compagnie à travers la Forêt Noire.
Comme à chaque fois, pour les passages déjà connus, je résume au maximum pour vous éviter la redondance, et j'ai changé l'histoire (en m'inspirant du livre et des films). Bilbo est plus à l'honneur dans ce chapitre.
Bonne lecture
Chapitre relu et corrigé en février 2022.
Merci à Elena, aliena wyvern, Maurore et MonaYsa pour leur review.
Cela faisait maintenant un mois qu'ils marchaient, tant bien que mal, sur le chemin pavé. Mais il arriva le jour où ils finirent par laisser la faim et la folie dicter leur route.
Plus une goutte d'eau depuis plusieurs jours, et autant concernant la nourriture.
Azruphel peinait à garder un semblant de contrôle sur la compagnie. Entre la pénurie de vivres, les bagarres récurrentes entre les nains et l'atmosphère ensorcelée de la forêt, elle essayait tant bien que mal de suivre le sentier. Mais son esprit se jouait d'elle, et il lui fallait désormais toute son énergie pour réussir à mettre un pied devant l'autre, sur les pavés délabrés.
Ces pavés, unique ligne de vie et espoir de sortie pour la compagnie, dont il ne fallait en aucun cas en sortir.
En aucun cas… jusqu'au moment où tout dégénéra.
Ventres vides et nains éreintés, ne faisaient pas bon ménage. Et lorsqu'un cerf de belle taille, traversa le sentier à quelques pas d'eux, il n'en fallut pas plus pour que le cauchemar tourne à l'enfer.
En l'espace d'un instant et sans qu'Azruphel, ni Thorin - qui avait réussi à garder un minimum son esprit clair - ne puissent réagir, la compagnie s'ébranla armes en main, hors du chemin en direction du gibier. Rapidement, ils les perdirent de vue, et seuls leurs cris leur permettaient encore de les localiser.
Bilbo n'avait pas suivi le troupeau de nains affamés, et était resté sagement sur le chemin.
- Ils sont perdus, réussit à dire Azruphel en se tenant la tête des deux mains, affolée.
- On ne peut pas rester là. Nous devons les suivre, déclara Thorin abasourdi par le comportement de ses compagnons. Il y a bien d'autres moyens de sortir de cette maudite forêt, n'est-ce-pas ?
Il attendit une réponse qui ne vint pas. Se tournant vers la guide, il constata qu'elle était comme en transe, trépignant sur place, s'arrachant les cheveux. Il l'agrippa par les épaules et la secoua fortement, puis réitéra sa question.
- La forêt n'est plus la même, elle a beaucoup changé. Si nous sortons du sentier, je ne saurais dire combien de temps il nous faudra pour en sortir, répondit-elle dans un éclair de lucidité.
- Pas le choix, alors. Retrouvons-les ! s'exclama Thorin en quittant le chemin. Monsieur Sacquet, suivez-nous !
Ainsi, les trois derniers membres de la compagnie de Thorin Ecu-de-Chêne, s'élancèrent dans le cœur de la Forêt Noire, royaume du roi Thranduil, mais également lieu de résidence de monstres arachnéens.
Un nain affamé court vite, alors un nain affamé et désespéré…
Pendant de longues minutes, Thorin, Azruphel et Bilbo suivirent les échos des voix de leurs compagnons, cheminant à travers buissons épineux et troncs noueux. Essoufflés et épuisés, leur course fut éreintante. L'adrénaline leur avait donné l'impulsion nécessaire dans les premiers instants, mais l'air lourd chargé de maléfices, les avait rattrapés. Et bientôt, ils ne distinguèrent plus aucun son.
Ils s'arrêtèrent un instant pour tendre l'oreille, dans l'espoir de discerner à nouveau un son familier. Le hobbit n'eut que le temps de rattraper son retard et de souffler un peu, que des bruits se firent entendre. Mais cette fois, les cris étaient différents. Des bruits de combat.
Au quart de tour, Thorin et Azruphel partirent en direction de leurs compagnons. Bilbo tenta de suivre du mieux qu'il put, mais son pied se prit dans une traître racine et il tomba en avant. Il perdit connaissance sous le choc, s'étalant de tout son long dans le sol mousseux. Le prince nain et la jeune femme ne remarquèrent pas sa chute, et continuèrent leur course, sans un regard en arrière.
Bilbo se réveilla après une durée indéterminée mais la lumière du soleil, filtrée par le feuillage des arbres, était encore présente. Il était seul et le silence régnait tout autour de lui. Il se releva légèrement étourdi et regarda autour de lui, cherchant des yeux une présence amicale. Mais il ne vit rien, hormis les arbres tortueux. Il était perdu.
Comment allait-il pouvoir retrouver ses amis ?
Aucun bruit, aucune trace ni indication, pour l'aider à les rejoindre. Il ne pouvait pas rester là, sur place, à attendre qu'on le récupère, car il était improbable que cela puisse se réaliser. Bilbo prit la décision de partir en direction des derniers sons qu'il avait entendus avant de tomber.
Prudemment, il avança dans la sombre forêt, qui lui paraissait encore plus terrifiante, maintenant qu'il était seul.
Mais le paysage changea radicalement.
Un épais maillage de ce qui ressemblait fort à des toiles d'araignées, mais en plus dense et plus solide, se dressait devant lui.
« Mes compagnons d'infortune se seraient-ils perdus dans cet entremêla ? » Pensa le hobbit.
Son intuition lui signifiait que c'était fort probable. Alors, prenant son courage à deux mains, Bilbo sortit sa courte épée de son fourreau et se tailla un passage à travers les toiles.
La lumière se fit plus tamisée encore. Les réseaux de filaments camouflaient davantage la faible luminosité et la rendaient blafarde et pâle. Bilbo n'était absolument pas à l'aise et avançait à pas feutrés de peur de divulguer sa présence à des créatures peu recommandables. Et il eut raison de le faire, car il aperçut des ombres se mouvoir non loin de lui. Il ne pouvait préciser si ces silhouettes appartenaient à ses amis ou non, mais leurs mouvements n'étaient pas caractéristiques des nains ou d'un quelconque bipède.
La peur saisit le hobbit, lorsque suffisamment approché, il put clairement distinguer les monstres effroyables, qui lui barraient le chemin. Des énormes araignées, aussi immondes et répugnantes que dans ses pires cauchemars.
Caché derrière le tronc d'un arbre, Bilbo retint un cri lorsque l'une d'entre-elles passa dans son dos. Inconsciemment, il mit une de ses mains dans la poche de son veston. Le contact de ses doigts contre le métal froid de l'anneau doré - qu'il avait trouvé dans les grottes des gobelins - lui parut réconfortant. Grâce à lui, il pouvait quitter ce lieu épouvantable, sans être remarqué par les arachnides. Alors il sortit l'anneau de la poche, l'approcha de son majeur et le glissa lentement. Au moment où il disparut, Bilbo put entendre des voix nasillardes et sifflantes tout autour de lui, alors qu'il ne distinguait que les déplacements des monstres, l'instant d'avant.
Prudemment il sorti de sa cachette, son épée toujours à la main. Sa première intention avait été de déguerpir de la zone au plus vite, mais les voix qu'il distinguait désormais, provenaient des araignées elles-mêmes. Elles communiquaient, se parlaient, comme n'importe quel être vivant doué de paroles.
Les conversations que Bilbo interceptait, ne lui permirent plus de fuir. Toutes leurs paroles tournaient autour du même thème : manger ou non leurs prisonniers fraîchement capturés.
Leurs prisonniers…
« Combien de voyageurs traversent cette forêt en même temps que nous ? » Pensa Bilbo.
Ça ne pouvait pas être une coïncidence. Personne d'autre ne pouvait être retenu récemment prisonnier, hormis les membres de la compagnie de Thorin.
Alors le hobbit s'approcha encore plus du groupe d'araignées gigantesques, qui s'affairaient autour d'un ensemble de gros cocons de fils blancs. Bilbo n'aurait pu dire d'où lui venait tout ce courage. Lui qui appréciait tellement son chaleureux logis, et qui avait, dans un premier temps, refusé la proposition de Gandalf. Il était à des kilomètres de chez lui, bien loin de son confort et de son train-train quotidien.
Tout en se contorsionnant pour éviter les longues pattes velues des bestioles, Bilbo arriva au niveau du premier cocon. Son intuition avait été la bonne. Ces cocons contenaient bel et bien des nains, mais les araignées étaient bien trop près et trop nombreuses, pour qu'il puisse aider ses amis à s'échapper sans risque. Alors Bilbo revint sur ses pas et chercha le moyen de faire diversion.
A plusieurs reprises, il frappa sur le tronc de différents arbres, tout invisible aux yeux de tous. Le vacarme qu'il provoqua, eut l'effet escompté, et les araignées se désintéressèrent de leurs prisonniers, pour s'en aller vers la source du bruit. Aussitôt, Bilbo se précipita vers les cocons.
Malheureusement pour le hobbit, les prisons de soie dans lesquelles pendaient tête en bas les nains, étaient accrochées dans les branches des arbres. Il enleva alors son anneau et grimpa dans l'arbre le plus proche.
Après plusieurs minutes de périlleuses acrobaties, tous les nains retrouvèrent la terre ferme. Ils s'entraidèrent à se débarrasser des fils collants et poisseux, et récupèrent leurs armes qui traînaient négligemment, çà et là, autour d'eux.
Ce ne fut que lorsque tous eurent repris leur esprit et attendaient les ordres qui ne venaient pas, qu'ils prirent conscience qu'il leur manquait deux de leurs membres et qui plus est, les plus importants. Thorin et Azruphel n'étaient pas parmi eux.
- Où sont-ils ? s'exclama Dwalin paniqué.
- Je ne les vois nulle part ! Il n'y a pas d'autres cocons, continua Balin.
- Ils ont peut-être été emmenés plus loin, dit Bofur en cherchant une explication.
- Ils étaient partis à votre recherche après que vous ayez tous quitté le chemin, dit Bilbo qui était encore dans l'arbre. Mais je les ai perdus également.
Mais ils n'eurent pas le temps de les chercher, car les araignées étaient de retour et visiblement encore plus agressives.
Il était hors de question pour les nains, de se faire une nouvelle fois capturer par ses monstres. Ils se jetèrent dans la bataille, sans attendre qu'elles soient à leur portée. Bilbo tenta de descendre de sa branche, mais il trébucha et tomba dans un buisson. Ainsi caché, il observa ses compagnons combattre les araignées, fendant les carapaces de leur hache, coupant les pattes et autres atroces mises à morts.
Mais lorsque le nombre des arachnéens chuta de moitié, des flèches venues de nulle part achevèrent les survivantes. Bien caché dans son buisson, Bilbo aperçut ceux qu'il pensait être leurs sauveurs, mais se reprit aussitôt qu'il vit que les traits menaçaient dorénavant les nains.
Sitôt libérés, sitôt captifs.
Mais les nouveaux adversaires étaient bien plus dangereux et mortels que les descendantes d'Ungoliante. Les elfes sylvestres vivaient dans cette forêt, nommée auparavant Vert-Bois le Grand, mais les ténèbres s'y étaient répandues et avaient obligé les elfes à quitter ses bois, pour une cité souterraine.
Quelle ironie pour des elfes dits sylvestres que de vivre sous terre à la manière des nains !
Bilbo resta silencieux durant la capture et la fouille de ses compagnons, qui s'étaient plus ou moins laissés faire. Après tout, qu'auraient-ils bien pu espérer face à une vingtaine d'elfes armés. Puis, lorsqu'ils se mirent en marche, Bilbo sortit de son fourré, invisible grâce à son anneau et les suivit jusqu'à arriver à une immense porte taillée dans la roche. Il en fallut de peu au hobbit pour la franchir, car les sens sur-développés de l'un des elfes soupçonnèrent sa présence, pourtant discrète.
Une fois la grande porte close derrière lui, Bilbo continua son invisible voyage à travers les dédales de la cité. Son objectif était de trouver un moyen pour libérer une nouvelle fois, ses compagnons.
Mais comment allaient-ils faire pour continuer la quête si Thorin n'était plus parmi eux ? Et qu'en était-il de leur guide, Azruphel ?
C'était avec ces pensées que Bilbo suivit ses amis jusqu'à leur lieu de résidence, c'est-à-dire les geôles.
§
Ce qu'ignorait Bilbo, c'était que Thorin et Azruphel avaient été fait prisonniers plus tôt dans la journée.
Dans leur course à travers la forêt pour retrouver les nains égarés, ils s'étaient eux-mêmes perdus et finalement avaient été capturés par un autre groupe d'elfes.
Ainsi, pendant que dans les geôles de la cité elfique, les compagnons de Thorin se faisaient enfermés dans des cellules individuelles, leur chef était devant le seigneur elfe, pour un entretien entre « rois ».
Alors?
Oui je sais, c'est court. Mais le prochain chapitre vaudra son pesant de cacahuètes, donc continuez de me suivre.
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Merci d'avance pour vos retours.
Biz
