Bonjour à tous,
Vous avez été nombreux à lire mon chapitre précédent. Merci beaucoup.
Voici la suite. On avance un peu dans l'histoire. Idem que dans d'autres chapitres, je vous épargne les doublons et zappe au maximum les passages connus.
Y a aura une bonne nouvelle à la fin du chapitre.
Bonne lecture.
Chapitre relu et corrigé en février 2022.
Merci à Julindy, Elena, aliena wyvern, Vanariane, Maurore, Naewenn76, Maurore et Nimiria pour leur review.
Les nains comprirent d'eux-mêmes ce qu'il s'était passé. Kili s'énervait contre les barreaux d'acier, hélant son oncle pour obtenir des explications.
Mais Thorin ne répondait toujours pas. Il gardait son regard fixé sur le corps d'Azruphel, suspendue telle une prise de chasse, les dernières gouttes de son sang glissant jusqu'au sol pour former une flaque sombre.
Ainsi, pendant près de deux jours, Thorin resta plongé dans son mutisme, ne pouvant détourner son regard d'Azruphel. C'était sa punition pour n'avoir pas pu la protéger.
Un silence pesant régnait dans les geôles depuis le dernier entretien entre Thorin et Thranduil. Les négociations s'étaient révélées catastrophiques et funestes pour la compagnie des nains. Leur guide avait été la première à en faire les frais, et Thorin n'avait pas prononcé un mot depuis ce moment. Il savait la menace qui planait sur la tête de ses compagnons, mais il n'avait pas la force ni l'envie de leur dire.
Il se remémorait tous les instants passés avec Azruphel, depuis sa rencontre dans sa forge aux pieds des Ered Luin, à sa visite nocturne et sa sanglante blessure, jusqu'à son dernier sourire et ses derniers mots.
« N'oublie pas mes paroles, Prince d'Erebor ! »
Ses paroles. Comment pouvait-il les oublier ? Elles étaient gravées dans sa mémoire, mais leur sens lui échappait encore.
Et puis, il y avait cette révélation à propos de son âge. Plus de deux mille ans ! Il avait en premier lieu pensé à un héritage elfique, mais elle lui avait certifié que non.
Quel était alors son secret ?
Serait-elle comme le magicien ? Sans âge et envoyée des Valar.
Trop de questions, sans réponses, se bousculaient dans son esprit.
Le regret, le remords et le chagrin emplissaient entièrement son corps, ne laissant pas de place à la colère, ni à l'envie de vengeance. Non, il y avait juste un vide désormais, à la place de son cœur.
§
Deux jours s'étaient écoulés. Deux jours de recueillement pour Thorin, qui depuis n'avait pas prononcé un seul mot. Le reste des nains était démoralisé, mais lorsque les sons d'une grande fête vint jusqu'à eux, certain en furent choqués. Comment pouvaient-ils festoyer alors que dans leurs cachots, les nains eux, étaient à la peine ?
Mais cette festivité était l'occasion que Bilbo attendait pour pouvoir enfin se dévoiler aux yeux des nains. Depuis le début, il était avec eux dans la cité elfique, invisible, utilisant son anneau pour divaguer dans les couloirs de la cité. Durant tous ces jours, il avait appris les chemins, les habitudes des gardes et tout ce qui pouvait lui être utile pour escamoter un plan afin de sortir ses compagnons de prison.
Il lui avait fallu du temps, beaucoup trop de temps, surtout avec le dernier événement, auquel il avait assisté impuissant. Mais Bilbo savait qu'il n'aurait pas le droit à l'erreur, alors en ce jour il y vit l'occasion rêvée.
Les elfes festoyaient et les gardes étaient moins vigilants. De plus, lorsque le hobbit remarqua l'incessant trafic de tonneaux entre la cité et une ville des Hommes en dehors de la forêt, une idée germa dans son esprit. L'occasion s'offrit à lui lorsqu'il entendit une conversation entre un elfe préposé à la cave et celui qui était gardien des clefs des cellules. Il s'empressa donc de les suivre.
Les deux compères s'affairèrent à goûter les vins servis au festin du roi. Ils n'y étaient pas conviés mais comptaient bien en profiter.
Bilbo caché derrière un gros tonneau, fut surprit de voir les elfes boire à s'en rendre saouls.
Lorsque leur tête toute dodelinante finit par se poser sur la table, et que le son de leur ronflement se fit entendre, Bilbo sorti de sa cachette et s'accapara du trousseau de clefs.
Il remonta immédiatement vers les prisons et vérifiant une dernière fois qu'aucun elfe ne traînait dans les parages, il ôta son anneau.
- Bilbo ! s'exclama Fili qui aperçut le hobbit en premier.
Tous les nains sursautèrent et se présentèrent à l'entrée de leur cellule.
- Où étiez-vous ?
- Nous ne vous avons pas vu depuis notre arrivée ici.
- Chut, moins de bruits, s'il vous plaît, dit Bilbo méfiant.
Ils étaient excités et impatients de sortir mais ils firent silence. Enfin une bonne nouvelle en cette période de doute.
Bilbo se dirigea vers la première cellule face à lui, celle de Thorin. La mine déconfite du prince faisait peine à voir et le hobbit savait pourquoi.
Il chercha un long moment la bonne clef et Thorin fut enfin libéré. Aussitôt qu'il fut sorti, il posa une main amicale et remerciante sur l'épaule de Bilbo.
- Merci, dit le chef de la compagnie sérieux et le visage fermé. Bilbo, votre arme s'il vous plait.
Tous les nains avaient été délestés de leurs armes et seul Bilbo portait encore sa courte épée sur lui. Alors Thorin avait tendu son autre main vers lui et attendait qu'il la lui donne, Bilbo avait quelque peu hésité, mais dans le regard du nain il avait pu y voir l'accablement et la tristesse. Alors rapidement il la lui remit.
Puis Bilbo continua à déverrouiller les portes les unes après les autres.
Pendant ce temps, Thorin alla dans la cellule voisine à la sienne. Elle n'était pas verrouillée. Pourquoi verrouiller une cellule contenant un cadavre ? Inutile.
Il resta un moment arrêté devant le corps d'Azruphel, toujours suspendu. Il aurait tant espérer que ce ne soit pas elle, là, devant lui. Mais la réalité était cruelle.
Finalement, il s'approcha et d'un geste précis, tranchant les liens qui lui maintenaient les poignets liés. Il réceptionna le corps sans vie sur son épaule et délicatement il s'assit à même le sol, tenant dans ses bras Azruphel.
De sa main, Thorin dégagea les cheveux collés par le sang séché, qui barraient son visage blafard. Sa peau n'émettait plus aucune chaleur et son corps était aussi mou qu'une poupée de chiffon. Plus aucunes couleurs n'apparaissaient sur ses joues et ses lèvres, hormis les sillons carmins à ses commissures. Sans tous ces détails, il aurait pu dire qu'elle dormait. Elle semblait apaisée et sa mort n'avait pas laissé de traces violentes sur ses traits.
Thorin n'avait pas cessé de caresser les contours de son visage et malgré la présence de ses compagnons autour de lui observant le morne spectacle, il continuait. Mais lorsque ses yeux obliquèrent vers la large entaille zébrant sa gorge, il murmura :
- Pourquoi ? Pourquoi m'as-tu empêché de te sauver ? C'était inutile d'en arriver jusqu'à là.
Thorin posa son front sur celui d'Azruphel, cachant ainsi leurs visages grâce à ses longues mèches brunes. Ainsi, dissimulés, le prince continua à lui parler faiblement, sans que personne d'autre n'entende.
- Thorin, dit Balin calmement, que s'est-il passé ?
Le prince releva la tête mais garda les yeux posés sur Azruphel. Il prit une profonde inspiration puis leur expliqua dans les grandes lignes. Il termina son récit ainsi :
- C'est elle qui a insisté pour que je ne lâche rien au roi elfe. J'ai suivi ce qu'elle m'a dit et… voilà le résultat.
De son côté, Kili était resté à l'arrière du groupe, préférant ne pas s'approcher de son oncle. Et lorsqu'il entendit l'explication de Thorin, il serra fortement ses poings à s'en faire blanchir les phalanges. Il sentait une désagréable sensation dans son estomac, une charge lourde de colère et de douleur. La douleur d'avoir perdu Azruphel et de ne pas avoir pu lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur. La colère après son oncle et souverain, qui n'avait pu ravaler sa fierté envers le roi Thranduil, ce qui avait coûté la vie de la guide. Mais aussi parce qu'il avait à présent la confirmation, que son oncle et Azruphel s'étaient rapprochés de façon beaucoup trop forte à son gout.
A la fin du court récit de Thorin, l'ensemble des nains était attristé, mais également choqué par le comportement des elfes.
- Tu relates que tu as suivi ce qu'elle t'a dit, mais quels ont été ses mots ? Questionna Balin qui restait attentif aux détails.
- La première fois qu'elle m'en a parlé, je n'en ai pas compris le sens, et même encore à ce moment je n'en saisis pas tous les tenants et les aboutissants. En fait, cela ressemble fort à une prédiction et j'ignore comment elle a pu savoir ce qu'il allait se passer.
Thorin se tut à nouveau, mais Balin le somma de leur faire part de son message.
- « Ta compagnie trouvera la sortie de la Forêt, mais à aucun moment tu ne devras céder. Malgré le chagrin qui t'affligera, ne laisse personne derrière toi. » Voilà ce qu'elle m'a annoncé il y a plusieurs jours, alors que nous étions encore dans la forêt. Je n'en comprends qu'une partie, raconta Thorin visiblement encore perturbé par ses paroles.
- Si comme tu le crois ceci est une prédiction, il n'y a que celui qui reçoit le message qui peut l'interpréter. Mais tout porte à croire que tu as fait ce qu'elle attendait de toi, résonna Balin.
Cela rassura légèrement le prince, mais ce n'est pas ceci qui la ferait revenir.
- Si je puis me permettre, s'exprima d'une petite voix Bilbo qui s'en voulait de les déranger, il ne faudrait pas que l'on s'éternise ici. Les gardes risquent de venir d'un moment à l'autre.
C'était un fait que personne ne contredit. Ils étaient sorti de leur cellule et il fallait mieux éviter de s'y retrouver enfermé aussi rapidement. Ils n'avaient plus rien à faire dans ces lieux et ils devaient trouver la sortie au plus vite.
- Allez Thorin, viens, dit Balin à son chef pendant que le reste des nains suivait le hobbit hors des geôles.
Mais Thorin ne bougea pas, il ne pouvait se résoudre à laisser le corps ici. Dwalin était également resté près de lui. Voir son prince aussi affecté, le touchait énormément. Le nain tatoué n'était pas connu pour sa réflexion et son intelligence, comparé à son frère aîné, mais la dernière phrase de la prédiction l'avait frappé.
- Ne laisse personne derrière toi, déclara Dwalin.
Balin et Thorin ne s'attendaient pas l'entendre parler et ils furent surpris par sa déclaration.
- N'est-ce pas ce qu'elle a dit ? Continua-t-il.
- Si, affirma Thorin qui avait lâché du regard Azruphel, pour le regarder, incrédule.
- Alors dans ce cas…
Thorin resta sans voix lorsqu'il vit son compagnon se baisser pour prendre dans ses bras le cadavre de la jeune femme, aussi délicatement que si elle était encore en vie.
- … on l'emmène avec nous, termina Dwalin en se dirigeant vers la sortie, sans attendre la confirmation de son chef.
Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que Thorin réagisse et qu'il finisse par suivre Dwalin. Balin clôturait la marche. Ils rattrapèrent rapidement le reste de la compagnie, mais ils se demandaient pourquoi Bilbo les faisaient descendre et s'enfoncer dans les profondeurs de la cité elfique, au lieu de remonter vers la surface et les grandes portes.
Ils finirent par arriver dans une excavation qui contenait une quantité faramineuse de de tonneaux et autres récipients plus petits. Bilbo leur fit signe de le suivre en silence.
- La cave ! s'exclama Bofur stupéfié. Mais ce n'est pas la sortie !
- Je sais ce que je fais, lui répondit le hobbit.
A pas de loup, ils se dirigèrent vers un ensemble de tonneaux vides qui patientait là.
- Et maintenant, que fait-on ? demanda Dori.
- Maintenant, grimpez tous dans un tonneau.
- Quoi ! s'exclama Dwalin toujours avec Azruphel dans les bras. C'est une blague ?
- Faites-moi confiance, s'il vous plait et faites vite.
Au lieu de ça, les nains commencèrent à discuter entre eux pour savoir s'ils devaient suivre les conseils du hobbit ou bien chercher un autre moyen de sortir. Bilbo était dépité devant leur réaction. Ils n'avaient pourtant pas de temps à perdre car les elfes allaient remarquer leur évasion d'un moment à l'autre.
Alors désespéré, il regarda Thorin, derrière lui, visiblement un peu abattu. Mais devant le regard implorant de Bilbo, le prince reprit de sa prestance et ordonna à ses compagnons d'obéir. Il s'avança également vers un tonneau libre et en passant devant le Semi-Homme, il le remercia et lui rendit sa courte épée.
- Dwalin, murmura Thorin, je la prends avec moi.
Le guerrier n'y vit pas d'objection et laissa Thorin rentrer dans le baril pour ensuite glisser le corps de la jeune femme avec son chef. Du mieux qu'il put, Thorin cala Azruphel vers le fond du tonneau. Il ignorait ce que Bilbo avait en tête, mais ça risquait fort de bouger.
Lorsqu'il entendit le hobbit leur conseiller de prendre leur respiration, il sentit immédiatement que le sol pencher et son tonneau rouler. Il maintint Azruphel près de lui avec un bras, et de l'autre il se retenait à la paroi en bois pour éviter d'être bringueballé. Puis ce fut la chute et la réception dans une rivière. L'eau était fraîche et cela lui remit les idées en place. Sa priorité désormais, était de faire sortir tous ses compagnons sains et saufs, de cette maudite forêt. Ils avaient que trop traîné et perdu de choses précieuses. Thorin sortit la tête hors de son tonneau et constata que les siens étaient tous plus ou moins secoués par cette chute. Ils s'arrêtèrent un moment pour attendre Bilbo qui ne les avait pas suivis.
Le courant était fort et après avoir récupérer lehobbit, ils se laissèrent guider par le flot, à travers un dédale de galeries souterraines.
Puis le jour apparut devant eux. La vive lumière les éblouit un instant et ils ne virent pas les remous du torrent. Chahutés dans tous les sens, il leur fallut un moment pour pouvoir de nouveau s'orienter. Mais derrière eux les cors des elfes se firent entendre et au loin des dizaines d'oreilles pointues s'élancèrent à leur trousse.
Malgré la puissance du cours d'eau, la compagnie fut rapidement rattrapée. Et alors qu'ils s'attendirent tous à être interceptés, des bruits de lutte émanèrent des berges. Comme si la poursuite des elfes ne suffisait pas, la compagnie était maintenant prise en chasse par un bataillon d'orques.
La priorité des elfes changea et ils se concentrèrent sur les immondes créatures.
Pris entre deux feux, Thorin et ses compagnons réussirent tant bien que mal, à fausser compagnie à leurs ennemis. Ils se laissèrent ainsi voguer au gré du courant durant plusieurs heures et lorsque le débit faiblit, Thorin décida de rejoindre la berge.
Misérables et trempés jusqu'aux os, ils s'extirpèrent de leurs tonneaux. Thorin eut le plus grand mal à sortir Azruphel, qui tel un poids mort – ce qui était le cas – ne facilitait la tâche au prince. La voir ainsi, lui fendit à nouveau le cœur.
Qu'allait-il faire de son corps ?
Avait-elle de la famille ? Quelqu'un à informer de son décès ? Il l'ignorait complètement.
Il la prit dans ses bras et alla s'asseoir un peu plus loin sur la rive, pendant que le reste de ses compagnons finissait de s'extraire de leur canot de fortune.
L'eau avait nettoyé son visage, faisant disparaître toutes traces de sang. Seule l'entaille de son cou était encore visible. Mais l'absence de couleur de ses lèvres était encore plus flagrante désormais, et son corps glacé par le défaut de vie couplé à la froideur de l'humidité, fit replonger Thorin dans son tourment.
Il fut collégialement décidé qu'ils resteraient ici le temps de reprendre quelque force et qu'ils continueront leur voyage sans trop tarder. Chacun en profita pour essorer ses vêtements et vider ses bottes de toute l'eau qui s'y était accumulé.
Fili et Kili furent envoyés plus avant pour trouver un chemin qui les mènerait sur le bon trajet. Ils revinrent près d'une heure plus tard. Ils informèrent la compagnie que le Long Lac n'était qu'à quelques kilomètres et que le pont d'Esgaroth était relativement proche.
La décision fut prise de rejoindre la ville sur le lac et de trouver le moyen de rejoindre l'autre rive.
Balin s'approcha alors de Thorin, pour tenter de lui faire définitivement lâcher ce fardeau qu'était devenu le corps d'Azruphel. Car Thorin n'avait toujours pas bougé et était resté assis avec la jeune femme dans les bras. Mais quelque chose intrigua le vieux nain.
Sur la pierre claire de la berge, là où Thorin était assis, un fin filet rougeoyant suintait. En y regardant plus attentivement, Balin pensa de suite à du sang. Il remonta vers son prince et constata que des gouttes de liquide organique perlaient de son bras.
- Thorin ? Demanda Balin inquiet.
L'héritier de Durin releva la tête vers son conseiller, et attendit qu'il pose sa question.
- Es-tu blessé ?
- Blessé ? Non, pourquoi ? Répondit Thorin qui ne comprenait pas l'inquiétude dans la voix de Balin.
- Pourtant tu saignes, expliqua-t-il en désignant son bras droit.
Thorin remarqua de lui-même sa main poisseuse de sang. Il ne comprenait pas. Il ne sentait aucune douleur et n'avait pas souvenir d'avoir était blessé.
Il transféra Azruphel dans son autre bras – car il ne voulait toujours pas la lâcher – et se tâta l'avant-bras, là où le tissu était imbibé du liquide rouge. Mais aucune plaie n'était présente. Incrédule il chercha ailleurs sur son corps, mais rien.
Lorsque les autres nains entendirent Balin demander à Thorin s'il était blessé, ils s'inquiétèrent et se rapprochèrent de lui. Ils voyaient le sang présent en quantité et redoutèrent une grave blessure. Mais comme Thorin ne semblait pas avoir été touché par une arme quelconque, ils devinrent perplexes.
Ce fut Kili, toujours très affecté par la mort d'Azruphel, mais qui avait décidé de ne pas le montrer, trouva le premier la source de leur appréhension.
- Par Mahal ! Azruphel ! S'exclama Kili en se précipitant vers elle.
Il tomba à genoux devant le corps que tenait encore son oncle et d'une main tremblante il dégagea les morceaux de tissus et les boucles encore trempées.
Du sang ! Il y a avait du sang partout sur sa chemise.
Il releva sa main pour que tous puissent voir.
- Par ma barbe ! Elle saigne ? S'apostropha Dwalin.
- Mais… mais un mort ne peut pas saigner ainsi, s'exclama Ori apeuré par une telle constatation.
Sans qu'ils le sachent, Thorin et Kili ressentaient exactement la même chose, un élan de panique rapidement submergée par une vague d'enthousiasme.
- Comment est-ce possible ? dit Kili qui était resté figé par le choc.
- Je ne saurais le dire, lui répondit Thorin tout aussi décontenancé.
La vue de tout ce sang, Oin - en bon guérisseur – s'en pressa de venir ausculter les blessures. Thorin posa le corps d'Azruphel au sol et se décala pour laisser Oin travailler. La plaie du cou était bel et bien ensanglantée, ainsi que celle au-dessus de son épaule droite.
Seul un être vivant pouvait saigner de cette façon. Elle était pourtant considérée comme morte depuis plus de deux jours. Troublé par un tel état de fait, Oin chercha un pouls.
- Son cœur bat ! s'exclama-t-il.
L'incompréhension fut totale.
- Thorin, tu es bien sûr qu'elle avait… succombé à ses blessures ? Demanda Oin.
- Oui ! Tu l'as vu toi aussi, non ? Elle ne respirait plus et son corps avait perdu toute chaleur, expliqua Thorin.
- Et bien, cette petite est bénie des dieux, car elle a retrouvé son souffle, confirma Oin. Je n'ai jamais vu cela.
Kili rigola bêtement. C'était sa façon à lui de réagir, tellement la révélation était inattendue et brutale.
Chacun encaissa la nouvelle plus ou moins violemment.
- Nous assistons à un miracle, reprit Gloin. Un signe favorable pour notre quête.
Plusieurs nains acquiescèrent et la bonne humeur réapparut dans la compagnie.
- Comment va-t-elle ? s'enquit Thorin au près d'Oin, pendant que les autres membres se réjouissaient.
- Elle est très faible et j'ignore si elle va tenir, expliqua sérieusement le guérisseur. Son pouls est faible et son cœur bat beaucoup trop vite. L'hémorragie est sérieuse. Malheureusement je n'ai rien pour la soigner.
- Dans ce cas, il faut se dépêcher de rejoindre la ville des Hommes, mon oncle, intervint Kili qui avait entendu les paroles d'Oin.
Thorin approuva puis se releva pour faire face à ses compagnons et leur déclara énergiquement qu'ils partaient sur le champ pour Esgaroth.
Bilbo et les nains furent rassurés de voir que Thorin avait retrouvé sa détermination. Ils reconnaissaient bien là leur chef.
Pendant ce temps, Oin, Kili et Fili s'occupèrent d'Azruphel. Les deux frères fabriquèrent des bandages de fortune avec leurs propres vêtements et Oin se chargeait de panser les deux plaies, de façon à l'empêcher de perdre encore plus de son précieux liquide vital.
Lorsqu'elle fut préparée du mieux qu'ils pouvaient, Thorin s'approcha d'Azruphel pour la récupérer, mais Kili l'interrompit.
- Laisse-moi m'en charger, s'il te plait, implora Kili.
Thorin hésita à le laisser faire, car il savait que son jeune neveu s'était entiché d'elle. Mais c'était également une bonne raison pour accepter, car de ce fait Kili était sans doute celui avec qui, il était sûr qu'Azruphel serait en sécurité.
Il agréa et le regarda prendre précautionneusement le corps de la jeune femme à nouveau en vie, .
La compagnie reprit sa marche, Fili devant pour montrer le chemin vers le pont d'Esgaroth.
Kili, attentif à ne pas trop bousculer Azruphel, était en cet instant le plus heureux des nains.
Thorin, quant à lui, était soulagé certes, mais il se questionnait sur son retour à la vie.
Qui était-elle ? Des prédictions, une longue vie et une résurrection, cela faisait beaucoup de choses pour une seule personne.
Il était pressé de pouvoir lui parler et d'enfin obtenir des réponses.
Alors?
une review...
J'espère que j'ai réussi à rassurer les lecteurs qui ont été chamboulés par le chapitre précédent.
Biz
